Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Visites guidées

  • St martin prieuré cloitre 26 11 11 Prieuré Saint-Martin : le cloître

     

     

     

    En coopération avec l’association « CULTURE et PATRIMOINE »,  présidée  par Marie-Françoise Masféty-Klein, nous vous convions à la visite qui avait été reportée,

     

    AUTOUR DE L’ANCIEN BOURG SAINT-MARTIN ET DU PRIEURE SAINT-MARTIN-DES-CHAMPS

     

    Jeudi 24 octobre à 14h15

    Rendez-vous à la sortie du métro TEMPLE

     

    Notre guide, Sylvain Solustri, nous fera visiter une partie du vieux Paris presque épargnée par les percées Haussmann, l'angle nord-ouest des confins du Marais. De la fondation de l'Abbaye St-Martin de Tours dont on devine encore les vestiges, à notre actuel Conservatoire des Arts & Métiers, nous sauterons en quelques pas du Moyen-Age au XXe siècle, en passant par le Musée National des Techniques, né de la Révolution. Nous verrons la « fausse » plus vieille maison de Paris, des églises, des théâtres, un square, une fontaine au curieux parfum d’alchimie, des vestiges de remparts crénelés en plein Paris et une multitude de belles façades chargées d'Histoire et d'histoires…

    Pour cette passionnante promenade guidée, merci de vous inscrire auprès de Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par téléphone 01 42 72 61 41 et de prévoir une participation de 10 euros par personne à remettre en début de visite. Nous vous attendons nombreuses et nombreux et vous adressons nos fidèles amitiés.

                                                                               


  • Temple vue générale enclosL'enclos du Temple vers 1450. Une ville fortifiée dont il ne reste que des vestiges . Au fond, le donjon, à gauche la tour César, au centre l'église et les habitations. (Histoire du IIIe, Editions Hervas, par Philippe Sorel)

        

    "Vivre le Marais !", en association avec "Culture & Patrimoine", vous invite à une nouvelle promenade sous la conduite de notre guide Sylvain Solustri :

     

    Sur les traces des Templiers

    Le jeudi 13 juin 2013 à 14h30

    Rendez-vous 14h15 à la sortie du métro "Temple"

     

    Voulez-vous savoir par quelle sombre ironie de l'Histoire, la malédiction de Jacques de Molay – dernier Grand Maître de l'Ordre du Temple – a atteint les rois jusqu'à Louis XVI ? Sylvain Solustri, notre guide, propose une passionnante visite avec l'évocation de l'enclos du Temple, son donjon où fut emprisonnée la famille de Louis XVI, l'église du Temple, la tour César, les murs et les tours d'enceinte mais aussi l'histoire de la Rotonde et du carreau du temple. Puis un détour par le Boulevard du Crime et le lieu où s'est réunie la 1ère Internationale avant de voir le marché des Enfants Rouges, sans oublier la visite de L’Église Sainte Élisabeth et bien d'autres lieux.

    Comptez deux heures de promenade. Merci de vous inscrire auprès de Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr  ou par téléphone 01 42 72 61 41. Inscrivez-vous au plus vite car, pour le confort de tous, le nombre de places est limité.

    Participation aux frais : 10 euros par personne.

    A très bientôt.

     

  •  

    Victor-hugo
    Peinture de Victor Hugo

     

    Nous avons le plaisir de vous convier à la conférence annoncée dès septembre dernier  qui avait dû être
    reportée. Il s'agit de:

    Un illustre inconnu, Victor HUGO Peintre

    Samedi 25 mai 2013  

    Barbara Boehm, diplômée de l'Ecole du Louvre, conférencière, organisatrice
    de voyages culturels sur la peinture, nous présentera l'oeuvre picturale de
    Victor Hugo dont Théophile Gautier écrivait en 1862:

    "S'il n'était pas poète,
    Victor Hugo serait un peintre de premier ordre".

    D'Hugo, on connaît
    l'oeuvre littéraire et poétique, beaucoup moins l'oeuvre graphique composé
    d'environ 3500 dessins réalisés entre 1830 et 1876. Pendant presque 50 ans,
    Hugo pratique le dessin avec la plus grande liberté tant par les techniques
    employées (les "mixtures bizarres" dont parle Juliette Drouet) que par le
    choix des sujets (la mer, les burgs sur le Rhin, les ruines nappées de
    brume, les silhouettes fantastiques…). D'une grande originalité, loin de
    tout conformisme esthétique, Hugo qualifiait ses dessins de "simples
    délassements entre deux strophes"
    . Pourtant, du vivant du poète, cet oeuvre
    fascinant et unique fut encensé et qualifié de "visionnaire"… En 2002,
    sous la coupole de l'Académie Française, Pierre Rosenberg terminait son
    hommage à Victor Hugo par ces mots "Oui, Messieurs, Victor Hugo est notre
    plus grand peintre"
    … Vous verrez également d'incroyables dessins de
    l'au-delà spirite.

    Merci de réserver auprès de Marie-Françoise Masféty-Klein par mail
    mfmk@free.fr ou par téléphone au     01 42 72 61 41.

    Attention, le nombre de
    places étant strictement limité, nous vous  remercions de vous inscrire au plus
    vite.

     Rendez-Vous à 13h45 à la Maison des Associations du 4ème arrondissement

    38, boulevard Henri IV (entrée au 3, rue de Lesdiguières) 75004 Paris

                    

  • Cimetière picpus Entrée du cimetière de Picpus

     

    L'enclos de Picpus et la place de la Nation

    Les mémoires de la Révolution


    Jeudi 16 mai 2013

    rendez-vous à la sortie du métro Nation (sortie
    Faidherbe-Chaligny)

    à  14h15

    Au milieu d’un
    charmant jardin dont les fleurs seront écloses, notre guide, Sylvain Solustri,
    nous fera revivre les heures sombres de la Révolution. Unique
    nécropole privée de la capitale, l’Enclos de Picpus fera renaître les souvenirs
    de la Terreur
    et des guillotinés de la « Place du Trône Renversé » (aujourd'hui « Place
    de la Nation
    »). Nous situerons l'emplacement précis de la sinistre machine du docteur
    Guillotin, dressée à l'ombre des colonnes symboliques de la Barrière du Trône.

    Nous parcourrons le
    chemin exact, reconstitué par le conférencier, des tombereaux ensanglantés
    jusqu'à leur dernière demeure : le couvent des Dames Chanoinesses. Nous
    verrons les fosses communes et le cimetière attenant, véritable « gotha
    funéraire » de la noblesse de France, avec la tombe du général La Fayette où flotte le
    drapeau américain. Pour finir, nous retournerons place de la Nation pour y déchiffrer le
    symbolisme très fort du groupe statuaire de Dalou au milieu de la place. Une
    découverte de lieux historiques peu connus du vieux Paris.

    Merci de prévenir
    de votre venue et du nombre de personnes qui vous accompagneront
    Marie-Françoise Masféty-Klein par mail mfmk@free.fr ou par téléphone 01 42 72
    61 41. Merci de préparer une participation exceptionnelle de 15 euros par
    personne compte tenu du droit d’entrée que nous prendrons en charge. Parlez-en
    à vos amis qui peuvent être intéressés. Nous vous attendons nombreux pour cette
    visite et vous adressons nos fidèles amitiés.

     

  •  1255844382_2
    Porche d'entrée de la Bibiothéque Historique de la Ville de Paris rue Pavée (IVe) 

    Qui imagine en passant rue des Archives, au 24 rue Pavée, qu’il se trouve devant le lieu même où fut ouverte la première bibliothèque publique de la Ville de Paris, il y aura très bientôt 250 ans, le 13 avril 1763, date de son inauguration ? Cette institution a connu bien des vicissitudes mais elle a, malgré des déplacements au cours de sa longue histoire, miraculeusement retrouvé depuis bientôt 45 ans, son emplacement d’origine. La bibliothèque est installée dans un bâtiment historique, l’Hôtel Lamoignon que certains appellent d’Angoulême Lamoignon du nom de ses illustres occupants. Construit à la fin du XVIe siècle dans le style renaissance pour la fille naturelle d’Henri II, Diane de France, la bâtisse revient à son neveu Charles d’Angoulême, fils de Charles IX. A sa disparition en 1650, des locataires s’installent dans les lieux, notamment Guillaume de Lamoignon premier président du Parlement de Paris, la famille Lamoignon en deviendra ensuite propriétaire et entreprend des aménagements réalisés par le célèbre Robert de Cotte. On peut admirer les sculptures d’enfants nus au-dessus du portail construit au début du XVIIIe, l’échauguette à trois trompes XVIIe qui donne sur la rue des Francs Bourgeois et dont on retrouve une réplique plus simple dans la cour de l’Hôtel de Mayenne (cf notre article du 16 septembre 2012). Signalons au deuxième étage un salon orné de lambris à pilastres dans le style corinthien. Une salle au rez- de- chaussée est décorée d’un plafond à poutres peintes de flèches et de carquois. Les statues de Diane de France (1621) et Charles d’Angoulême 1681) sont exposées dans un pavillon de la cour. Elles étaient avant sa destruction à la Révolution dans l’ancienne église des Minimes de la place Royale. Tout cet ensemble est classé depuis 1937.

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    Façade de l'Hôtel d'Angoulême Lamoignon

    L’Hôtel fut un lieu de rassemblement et d’échanges d’idées des meilleurs esprits de l’époque, Bourdaloue, le confesseur de Louis XIV, ou Madame de Sévigné qui venait en voisine, ainsi que Racine sont les plus souvent cités. Lorsque les Lamoignon quittèrent le quartier devenu moins en vogue, un certain Antoine Moriau procureur du Roi et de la Ville de Paris loua l’ensemble pour y installer sa bibliothèque qu’il légua alors à la ville qui l’ouvrit ensuite au public. Peu après la Révolution, la bibliothèque est intégrée à celle de l’Institut. Après divers transferts, les collections intègrent l’Hôtel de ville où elles brûleront avec lui lors de la Commune en 1871. Durant cette période, l’Hôtel appartint à divers propriétaires qui le louèrent. C’est ainsi qu’Alphonse Daudet y résida et tenait salon, les dîners où étaient invités Flaubert ou Tourgueniev ont été décrits par son fils Léon Daudet qui naquit à cet endroit. L’ensemble fut finalement racheté par la Ville de Paris en 1928 et après d’importantes restaurations la bibliothèque actuelle y fut installée en 1968 ! Grâce à différents dons dont celle du bibliothécaire Jules Cousin, cette bibliothèque publique spécialisée sur l’Histoire de Paris est riche de 2 millions de documents.

     

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    L'échauguette à trois trompes (XVIIe)

    Elle est le pendant du musée Carnavalet où se trouvent les collections historiques de la ville de Paris. L’Hôtel de Lamoignon est richement doté, il détient 300 000 volumes dont certains du XVe siècle, 15 000 plans dont les plus anciens sont du XVIe, 500 000 photographies, 20 000 manuscrits dont certains du Moyen Age, un fonds important d’affiches dont certaines concernent la Révolution et des collections théâtrales. Les provenances de toutes ces richesses proviennent de grands noms, Georges Sand, Voltaire, Jules Michelet, Cocteau mais aussi les Fréres Jacques, France-soir, ou Jacques Hébertot qui a laissé son nom à un célèbre théâtre. Notons que le Bibliothéque participe à l'action de la Commission des Travaux Historiques de la Ville de Paris qui comptent depuis sa réinstallation en 1983 une quarantaine de volumes. Les inscriptions sont gratuites et valables pour toutes les bibliothèques de la Ville de Paris. Des visites, des conférences, des expositions sont organisées périodiquement. Il suffit de consulter le site pour trouver les informations correspondantes.

    Dominique Feutry

     

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    EUGNE_~1
    La pietà de Delacroix. Eglise Saint-Denys du Saint-Sacrement, 68 rue de Turenne (IIIe)

     

    Beaucoup de ceux qui empruntent la rue de Turenne et passent devant l’église Saint Denys du Saint Sacrement au N° 68 sont attirés par son péristyle à colonnades orné d’un fronton triangulaire décoré par le sculpteur Jean-Jacques Feuchère qui est aussi l’auteur de la statue dite « la loi » place de Palais Bourbon. Nous sommes en présence d’une construction typique du XIXe siècle due aux talents d’Hyppolyte Godde (1781-1869) architecte de la Ville de Paris qui l’acheva en 1835. On doit aussi à ce dernier les églises Notre Dame de Bonne Nouvelle et Saint-Pierre du Gros Caillou. Mais peu nombreux sont les passants qui peuvent imaginer que c‘est une peinture de Delacroix qui constitue aujourd’hui, de l’avis de tous les spécialistes, la pièce maîtresse, le chef d’œuvre de cette église. Cette célèbre pietà est située dans la chapelle Sainte Geneviève où est installée une statue de la sainte, exécutée en 1868,  due au burin de Jean-Joseph Perraud (Prix de Rome dont les plus belles réalisations sont visibles au Musée d’Orsay).

    La superbe Pietà, dite aussi "Déposition de la Croix" d’Eugène Delacroix, fait suite à une commande du Préfet Rambuteau. La réalisation de ce tableau avait été d’abord demandée à un autre peintre Robert-Fleury (dont les œuvres principales sont notamment exposées aux musées du Louvre, de Chantilly, de Versailles et de Pau) qui a préféré solliciter Delacroix pour l’exécuter. Comme les rapports entre Delacroix et l’Administration d’alors ne sont pas très bons, ce dernier doit batailler avec la Préfecture et notamment le chef des Beaux-Arts pour se voir confirmer la commande.

    Les atermoiements et les obstacles furent nombreux entre ceux qui donnaient des avis et ceux qui ne se pressaient pas pour signer. Il est vrai que le tableau fut payé 6 000 francs. Ainsi la commission des Beaux-Arts interrogée sur les esquisses demanda d’enlever des anges, le curé de la paroisse soutenu par son Conseil de Fabrique s’opposa au thème de la pietà trop courant. Des problèmes d’enduit non posé à temps, car la peinture à l’huile est exécutée à même le mur, retardent encore l’exécution du travail et ce n’est que 5 ans après la passation de la première commande que la pietà est présentée au public. Les critiques sont partagées. Certains parlent de charlatanisme, « …cinq ans d’attente pour arriver à un résultat aussi lamentable… ». D’autres écrivent que c’est «…une chose incroyable… ». Le mot de la fin est de la plume de Baudelaire pour qui «ce chef d’œuvre laisse dans l’esprit un sillon de mélancolie ».

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    Portait d'Eugène Delacroix

    La gageure n’était pas simple pour Delacroix car outre les arcanes de l’Administration et l’opposition du curé, il a dû composer aussi avec l’emplacement sombre de la chapelle. Il a travaillé en hiver les jours où la luminosité est la plus forte. Or il constate que son assistant a utilisé des couleurs trop sombres et doit reprendre son travail (plusieurs dizaines de séances seront nécessaires) même s’il ne parvient pas finalement vraiment aux teintes souhaitées. Le tableau est donc sombre dans un lieu sombre. Néanmoins en l’observant, surtout en l'absence d'éclairage artificiel, nous nous rendons compte de l’intensité de l’exécution, des contrastes voulus entre le fond obscur et la lumière de personnages principaux, la Vierge, bras étendus et le Christ, sur les genoux de sa mère, avec une utilisation très étudiée du rouge. Petit détail, on distingue dans le fond du tableau, le peintre et son assistant!

    Dominique Feutry

     

  • Vosges 9 ambroisie entrée 18 02 13 

    Sobriété et distinction. Sous les arcades de la place des Vosges, ce restaurant, qui fait partie du patrimoine du Marais, est digne en tout point du cadre exceptionnel qui l'entoure (photo VlM)

     

    Bernard Pacaud crée l'Ambroisie en 1981 quai de la tournelle dans le Ve. Très vite, ce chef surdoué s'attire les faveurs d'un public de connaisseurs. Dix mois plus tard il obtient sa première étoile Michelin, un an après sa deuxième.

    En 1986, il se déplace au 9 place des Vosges dans le IVe, où il prend possession du local d'un joaillier. Il obtient sa troisième étoile en 1988 et ne l'a jamais quittée depuis. Au sein du club prestigieux des trois étoiles de Paris (ils sont 10 à Paris et 27 en France), il est le plus ancien dans cette distinction.

    Bernard et son fils Matthieu (32 ans) règnent sur la cuisine. Danièle est à l'accueil et veille sur la salle avec le maître d'hôtel M. Vetaux.

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     Danièle Pacaud et le maitre d'hôtel à gauche (photo VlM), Bernard Pacaud à droite

     

    La carte est sompteuse. Renouvelée tous les trois mois, elle s'appuie sur les produits de saison. Entrées et plats recourent à la truffe en ce moment : oeuf en île flottante sur coulis de truffe, aspic de foie gras à la truffe, feuilleté de truffe et salade de mâche, Mont d'Or à la truffe. Les crustacés occupent aussi une place de choix : feuillantine de langoustines, noix de Saint-Jacques, fricassée de homard, matelote de baudroie aux écrevisses….

    La carte des vins fait tourner la tête avant même d'y goûter. Un choix de dix millésimes de Montrachet, le plus grand des blancs de Bourgogne, donc du monde ! Un Pétrus 1995, dans les Pomerol. De la Romanée-Conti, dans la Côte de Nuits, réputée introuvable …. Des vins inaccessibles au commun des mortels mais nous sommes ici dans la demeure des Dieux de l'Olympe, dont le nectar était la boisson et l'ambroisie la nourriture, à ce qu'on dit.

    Il faut bien sûr casser sa tirelire avant de s'y rendre. Les entrées sont à 100 € en moyenne, les plats varient de 95 à 240 €, les fromages/desserts autour de 30 €. Pour les vins, il n'y a pas de limite. Si une bouteille honorable peut coûter autour de 300 €, les plus prestigieux dépassent 10.000 € !

    Il ne faut pas s'en offusquer. Ces artistes de la table travaillent pour le rayonnement de la France et pour l'équilibre de nos échanges. Leurs clients viennent du monde entier. S'il existe encore une clientèle locale, on assiste au déferlement de ressortissants de pays qui sont devenus nos créanciers, tandis que la vieille Europe s'essouffle. Tant mieux dans le fond s'ils sont prêts, par snobisme souvent, à dépenser 30.000 € pour s'offrir un vin mythique qui est hors de notre portée. Cet argent entre dans notre économie et nous en avons bien besoin.

    Il convient d'ajouter que plus de vingt personnes extrêmement qualifiées sont nécessaires au fonctionnement de l'établissement. Un restaurant qui est condamné à l'excellence, faute de quoi les étoiles s'éteindraient les unes après les autres. Dire qu'il est cher n'a pas de sens : il coûte le prix de la perfection.

    La décoration participe au plaisir du repas. On le doit à François-Joseph Graf. Il respecte l'environnement XVIIème siècle de la place des Vosges mais ne s'en sent pas prisionnier. C'est ainsi qu'il n'a pas hésité à mélanger les genres pour le mobilier : l'art déco côtoie les styles anglais et viennois. Les tapisseries sont classiques et donnent au cadre de la chaleur et le sentiment d'être "chez soi", dans un décor irréel cependant, en attendant que résonnent les douze coups de minuit pour un retour à la réalité.

    Vosges 9 l'ambroisie-1Une des salles à manger (photo VlM)

    Dans ce restaurant d'exception, un évènement exceptionnel s'est produit. En 1997, Jacques Chirac alors président de la République, y a emmené son invité Bill Clinton. C'était une dérogation à la règle qui veut que les chefs d'Etat étrangers soient reçus à l'Elysée. Mais Jacques Chirac l'a voulu ainsi. Danièle Pacaud raconte que le quartier était envahi de gardes US armés, de fonctionnaires de la CIA, et les cuisines investies par une armée de goûteurs inquiets des risques que leur président soit empoisonné !

    Gérard Simonet

     

     

     

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     Une scène d'un vitrail de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine illustrant le miracle des Billettes 

     

    Qui imaginerait aujourd’hui que l’existence dans notre quartier de l’église et du cloître des Billettes (IVe) est le fruit d’un miracle qui s’est produit au cours du XIIIe siècle ?

    L’histoire rapporte qu’une femme désargentée voulant absolument obtenir restitution de ses vêtements mis en gage, auprès d’un prêteur juif du nom de Jonathas pour la fête de Pâques, avait dû donner une hostie consacrée en échange à ce dernier. Dès qu’elle lui remet l’hostie, l’homme poignarde l’hostie qui se met aussitôt à saigner. La plongeant aussitôt dans l’eau bouillante, celle-ci rougit et le Christ serait alors apparu.

    Les thèses sont divergentes ensuite. D’aucuns prétendent que malgré sa conversion et celle de sa famille, le prêteur fut brûlé en place de Grève. D’autres prétendent qu’il fut gracié en raison de sa conversion. Il est dit qu’à la suite de cette affaire et avant que leurs relations ne deviennent conflictuelles, le roi Philippe le Bel et le pape Boniface VIII autorisèrent la construction d’une chapelle expiatoire à l’endroit même où les faits s'étaient produits.

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    Le cloître des Billettes

     

    L’édifice religieux est confié aux Frères Hospitaliers de la Charité Notre Dame surnommés les Billettes, sans doute à cause de la forme rectangulaire de leur scapulaire qui ressemblait à celle des pièces plates de métal de certains vêtements d’armes appelées des billettes. La chapelle devint vite un lieu de pèlerinage très fréquenté et une nouvelle église doit la remplacer au début du XVe siècle financée par les nombreux dons des pèlerins. Le cloître lui fut adjoint en 1427. Il s’agit du seul de cette époque qui existe encore à Paris aujourd’hui. La rue qui le longeait s’appelait "la rue où Dieu fut bouillie". Les maisons que nous pouvons voir au-dessus du cloître sont des XVIIe et XIXe siècles.

     

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    La façade du temple des Billettes

     

    Des représentations du « Miracle de l’Hostie » ou « Miracle des Billettes » sont visibles sur des vitraux des XVIe et XVIIe siècles de Notre Dame du Mont, de l'église Saint-Etienne de Bar sur Seine, ainsi qu’au Musée des Antiquités de Rouen (les vitraux proviennent de l’église Saint Eloi de la ville) et sur une enluminure du XVIe siècle exposée au château de Saumur.
    Confié ensuite aux Carmes-Billettes au XVIIe siècle, la construction d’une nouvelle église est envisagée mais ce n’est qu’un siècle plus tard que les religieux font appel à Jacques Hardouin Mansart de Sagone, le petit fils de Jules. Il propose un projet et après bien des atermoiements liés à des querelles avec la paroisse voisine de Saint Jean de Grève qui voit d’un mauvais œil l’extension des Carmes, les travaux ne commencèrent qu’en 1754.

    Nous méconnaissons le nom de l’architecte qui a mené à bien les travaux, Mansart ayant abandonné entre temps, moyennant une indemnité.
    Le nom de Claude Navan un architecte dominicain est parfois avancé. A-t-il repris des idées de son illustre prédécesseur ? Certains détails nous le font penser car la façade est sobre et sur un plan rectangulaire classique prolongé d’une rotonde bien que de dimensions modestes. La présence de pots à feu et de fougères comme à Saint Louis de Versailles réalisé par le même Mansart est assez caractéristique de son style.

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    Intérieur du Temple des billettes

     

    Les Carmes sont chassés à la Révolution et les bâtiments vendus. Napoléon autorise l’achat de l’ensemble par la Ville de Paris afin de l’apporter à l’église luthérienne. Nous sommes en 1808. Des aménagements intérieurs sont entrepris à cette époque puis sous Louis-Philippe, après qu’une tribune supplémentaire ait été ajoutée en 1824. Mais le style est très dépouillé, nous sommes en effet dans un temple. L’église et le cloître ont été classés en 1862.

    A la fin du XIXe siècle les bâtiments conventuels ont été transformés en école.
    Tout en restant un lieu de culte, ce site attire les mélomanes qui assistent aux nombreux concerts qui sont organisés dans l’église. Elle dispose d’ailleurs d’un orgue Mülheisen qui a 30 ans (cf notre article du 27 novembre 2012) et présente la particularité, avec ses 29 jeux, de permettre de jouer tous les styles de musique. Quant au cloître, il est fréquenté par les passants surpris de le trouver derrière les deux petites portes qui ouvrent sur la rue des Archives et attirés aussi par les expositions fréquentes qui s’y tiennent.

    Une bien curieuse histoire tout de même !

    Dominique Feutry

     

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    Entrée de l'immeuble où se trouve le théâtre des Muses 117, rue Vieille du Temple (IIIe)

             

    Il existe au 6 de la rue de Saintonge ou au 117 de la rue Vieille du Temple, car le bâtiment possède deux entrées, un petit théâtre, classé monument historique depuis 1972, qui a été construit en 1796 sous le Directoire. Appelé le théâtre des Muses ou théâtre du boudoir des Muses, il présente plusieurs particularités. D’abord il est rare, puisqu’il est directoire, une période où peu de théâtres ont été construits. Ensuite, sa conception est intéressante car il est de forme circulaire avec des galeries où les spectateurs sont debout pour regarder le spectacle. Il semblerait que ce théâtre appelé aussi théâtre du Boudoir des Muses ait été fermé en 1807 sur ordre de Napoléon car « les dames qui s’y exhibaient auraient été de mœurs trop légères… ».

    Mais personne n’est certain de cette explication. Il est vrai que Napoléon, méfiant et souhaitant avant tout faire régner l’ordre, faisait surveiller les théâtres, ce que le Préfet Dubois et son ministre de tutelle Fouché se sont employé à appliquer avec zèle. Le Ministre de la Police n’écrivit-il pas que « Dans la succession des partis qui se sont tour à tour disputé le pouvoir, le théâtre a souvent retenti d’injures gratuites pour les vaincus et de lâches et de flatteries pour les vainqueurs. Le gouvernement actuel abjure et dédaigne les ressources des factions ; il ne veut rien pour elles et fera tout pour la République. Que tous les Français se rallient à cette volonté, et que les théâtres en secondent l’influence. (…) ».

    Boudoir-des-musesPhotographie ancienne du théâtre des Muses

    Excepté ces quelques éléments, nous savons peu de choses sur ce théâtre. Il aurait été « redécouvert » en 1965 au fond de la cour dans les bâtiments qui jusqu’à la Révolution abritaient le Couvent des Filles du Calvaire. Le Maire du IIIe, interrogé sur ce sujet, affirme que son propriétaire actuel, le photographe canadien connu, Grégory Colbert avait respecté ce lieu. La presse a parlé de cet endroit lorsque fin 2009, le bâtiment avait été occupé plusieurs semaines par la Mission Squat Médecins du Monde. Mais là s’arrête les maigres informations que nous possédons. Il serait intéressant de disposer de davantage d’éléments sur cet endroit, son état exact, ce qu’il pourrait devenir ? Il est dommage, même si Paris ne manque pas de théâtres et même s’il s’agit d’une propriété privée qu’il ne soit pas possible de le visiter faute de le faire revivre. Peut-être que certains de nos lecteurs pourront nous donner davantage de renseignements au sujet de ce petit monument caché ?

    Dominique Feutry

     

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    400px-Rue_de_Turenne_ancien_emplacement_statue_de_la_viergeNiche sans sa Vierge depuis juin 2011 à l'angle des rues de Turenne et Villehardouin (IIIe)

    Lorsque nous avons rédigé un article sur Marseille devenue en 2013 la capitale européenne de la culture (article du 5 janvier 2013), nous avons donné certaines caractéristiques concernant la ville sans citer parmi bien d’autres celle qui attire rapidement l’œil du touriste que parcourt les rues, à savoir la présence de nombreuses statues religieuses, le plus souvent représentant la Vierge dans des niches aménagées à cet effet dans les immeubles. Une sorte de multiplication à l’infini de la grande statue de Notre Dame de la Garde honorée par tous les habitants et les marseillais de cœur de toutes les religions. J’ai d’ailleurs eu le privilège de pénétrer à l’intérieur même de la Bonne Mère par l’escalier que cache sa robe et admirer, au travers de ses yeux, l’immense et unique panorama de Marseille et de ses environs.

    Si je parle de cette particularité de Marseille, c’est parce que nous la retrouvons de façon moins marquée dans d’autres villes, notamment à Paris. La seule différence est qu’à Paris les niches sont très souvent vides, la Révolution est passée par là, alors qu’à Marseille les statues sont toujours dans leur habitacle, même si elle a pu être remplacée au cours du temps. Sur la Rive Droite de la Seine les plus nombreuses sont dans le IIe arrondissement. On en trouve en effet face à Notre Dame des Victoires en face de l’église du même nom, rue Notre Dame de la Recouvrance, les femmes enceintes venaient la prier, ou rue Saint Sauveur à l’emplacement d’une église du même nom disparue.

    450px-Rue_Turenne-_Virgin_Statue           La même niche avec sa statue de la Vierge

    Le Marais a aussi ses statues de la Vierge. L’une d’elles, assez récente, est située au coin de la rue Aubriot et de la rue Sainte Croix de la Bretonnerie, on peut y lire d’ailleurs une mention inscrite « Ecce Mater Tua », ce qui veut dire Voici la Mère. Elle a été placée à cet endroit en 1936 par les Amis du Vieux Paris.

    Nous voudrions par contre attitrer l’attention sur une Vierge qui, jusqu’en juin 2011, trônait dans une jolie niche du XVIIIe, à l’angle des rues de Turenne et de Villehardouin. Malheureusement depuis le ravalement de l’immeuble durant l’été 2011, le logement de « Notre Dame de la rue de Turenne » reste désespérément vide. D’après le peu de renseignements que nous possédons, il s’avère que la copropriété a profité de ces travaux pour faire restaurer la statue, semble t-il  en plâtre, classée à l’ISMH et dont ce n’était pas la première remise en état.

    143907Statue en terre cuite à l'angle des rues Aubriot et Sainte Croix de la Bretonnerie (IVe)

    Mais qu’est –elle devenue ? Il est triste de ne plus voir « la jeune fille rieuse et couronnée qui saluait les passants » depuis son pied d’estale. Est –il prévu de la remettre ou d’en mettre une autre moins fragile ? Elle manque véritablement dans le paysage du quartier.

    Il est important que ces maigres témoignages du passé subsistent et que chacun s’emploie, lorsqu’il le peut, à ne pas les laisser disparaître trop facilement. Il est possible que l’un de nos lecteurs ait une réponse pour expliquer les raisons soit d’une attente qui nous apparaît longue, soit d’une véritable disparition. Mais alors qu’est devenue la Vierge de la rue de Turenne et où se trouve-t-elle ?

    Dominique Feutry