Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Vivre Paris !

  • Vartan weilRencontre entre le Maire du IVe Ariel Weil et Vartan Berbérian, l'inventeur de la boule de pétanque "professionnelle" normalisée

     

     

    En plein mois d'août, un moment où la pétanque bat son plein, et pas seulement en Provence, Vartan Berbérian nous informait depuis sa retraite de la Côte d'Azur du dépôt d'un nouveau brevet sur la fabrication des boules de pétanque.

    Il s'est pointé à la mairie avec trois de ses boules, finement usinées et décorées, et son tir est un carreau. Ariel Weil est convaincu de l'intérêt de promouvoir la pétanque, sport éminemment méridional, à Paris et pourquoi pas sur les berges… A l'horizon 2024, il se déclare prêt à agir aux côtés de Vartan et de ses amis pour qu'une discipline "pétanque" soit créée au Jeux Olympiques. Vartan n'a aucun doute sur le fait qu'il s'agisse d'un sport au même titre que le tir à l'arc par exemple car sa pratique implique concentration et adresse.

     

  • Berges rive droite pont marie 01 06 17
    Berges rive droite au Pont Marie. Calme et méditation face à l'Île Saint-Louis

     

     

    Beaucoup vont dire que la justice a été bafouée, puisque bien que l'arrêté de piétonisation des berges ait été rejeté deux fois en première instance et en appel par le Tribunal Administratif, la Maire de Paris Anne Hidalgo vient d’annoncer aux parisiens qu'en application d'un tout nouveau jugement les berges sont définitivement réservées aux piétons et aux circulations douces.

    La contradiction n'est qu'apparente et souligne qu'il n'y pas de justice absolue mais une justice relative. Dans cette affaire, pour son premier arrêté la Maire avait choisi comme fondement de sa décision l'amélioration des chiffres de la pollution. La méthode et les résultats fournis n'ont pas été jugés convaincants par le tribunal. On connait en effet le débat contradictoire qui existe autour de ces mesures que les uns et les autres se jettent régulièrement au visage…

    La Maire a donc choisi un autre fondement, qui avait de plus le mérite de ne pas nécessiter de décision du conseil de Paris : évoquer le classement des rives de Seine au patrimoine mondial de l'UNESCO et plaider que cette distinction n'était pas compatible avec la présence de véhicules motorisés dans le paysage. 

    Sur cette base-là le Tribunal l'a suivie.

    Sur le fond, on sait que le sujet divise même ceux dont on pense qu'ils devraient logiquement le soutenir, à savoir les riverains qui vivent au voisinage de la Seine. Et d'opposer le report de la circulation, dont ils souffrent notamment sur les quais hauts, à l'évaporation partielle du trafic dont se prévaut la mairie, et du raisonnement dans l'abstrait que les difficultés de circulation finiront inévitablement par modifier les comportements de tous les acteurs qui contribuent au respect de l'environnement.

    Loin de moi l'idée de me livrer à des comparaisons qui apparaîtraient saugrenues mais Albert Einstein a publié sa théorie de la relativité sur des supputations qui avaient le mérite de la logique, de la raison et de la beauté. C'est par la suite qu'il s'est appuyé sur des expériences qui en ont confirmé la pertinence. Des expériences dont la dernière sur les ondes gravitationnelles a eu lieu 100 ans après, en 2016 !

    Qu'en est-il réellement ? Bien malin qui peut le dire. Nous continuons cependant à faire le constat que la baisse du nombre de véhicules dans nos quartiers est une réalité et que toute mesure qui vise à réduire le nombre de véhicules thermiques (autos, camions, motos) contribue à l'amélioration de l'air que nous respirons et va ainsi dans le sens de l'Histoire. Une Histoire qui portera un jour un jugement définitif et absolu. Soyons patients !

    Il est amusant à ce propos de se dire que la Maire de Paris vient de faire un cadeau à ses opposants politiques. Chacun y allait de ses déclaration d'une bouche imitant le derrière des poules pour expliquer ce qu'ils feraient s'ils prenaient le pouvoir. Il leur suffit maintenant de répondre que la justice s'étant prononcée, ils regrettent de ne pouvoir revenir en arrière en affirmant bien sûr qu'ils s'y seraient pris autrement s'ils avaient été aux manettes

    Gérard Simonet

     

  • Terrasse carreau du temple 25 10 18

    Une terrasse parmi d'autres au Carreau du Temple (IIIe) où le piéton est déclaré non grata au point qu'il emprunte les pistes cyclables…

     

     

    A l'approche des élections municipales, le débat que nous avons soulevé depuis des années maintenant dans les arrondissements et au sein de la mouvance "Vivre Paris !", auprès de la Mairie et de la Préfecture de police se développe, se structure et s'affirme autant dans ses analyses que dans ses propositions.

    Le magazine d'information hebdomadaire l'Obs (ex Nouvel Observateur) publie une série d'articles signés de la journaliste Véronique Radier sur le thème des nuisances sonores et du retard de Paris sur certaines villes européennes comme Rotterdam, de la confusion entre musique et bruit et de la montée en puissance des défenseurs des riverains qui prônent une démarche rationnelle dans le traitement des conflits de voisinage avec les bars bruyants.

    La création de l'association "Habiter Paris" dirigée par le Dr Bertrand Lukacs est commentée ainsi que ses objectifs.

    De son côté, l'association nationale "60 Millions de Piétons" nous informe des règlements applicables aux engins électriques qui envahissent actuellement les trottoirs : hoverboards, trottinettes électriques, gyropodes, mono-roues". Une bonne nouvelle pour tous ceux qui trouvent désormais dangereux de se déplacer à pieds…

    A lire absolument :

     

     

     

     

  • Mairie IIIe paris centre 17 10 18

    La mairie du IIIe, vue depuis les jardins du square du Temple

     

     

    Enfin vous l'emportez et la faveur du roi

    Vous élève en un rang qui n'était dû qu'à moi (Corneille)

     

     

    C'est en d'autres temps et en d'autres termes ce qu'aurait pu dire la mairie du IVe qui perd la course au statut de mairie du nouvel arrondissement Paris-centre (nom choisi avec 56,7 % des suffrages) au profit de la mairie du IIIe qui s'impose avec une une courte majorité de 50,49 %. Les habitants des quatre arrondissements ont voté et comme on s'y attendait la lutte a été serrée entre ces mairies-là.

    Sur le fond, on n'a pas vraiment compris l'intérêt d'une mesure qui regroupe les quatre premiers arrondissements de Paris. On s'en est expliqué objectivement dans un article précédent. L'équipe municipale de l'Hôtel de Ville met en avant le caractère lilliputien du premier arrondissement  qui ne pouvait pas rester en l'état avec ses 17.000 habitants. Ferdinand Lop, candidat farfelu aux élections présidentielles dans les années 60, n'aurait pas désavoué cette décision lui qui proposait dans son programme la suppression de la voiture de queue dans le métro car c'est la plus bondée…

    En créant un arrondissement de 101.000 habitants, cependant, on met à l'index les VIIIe et VIe qui apparaissent désormais minuscules avec leurs 36.674 et 43.451 habitants (chiffres 2015). Quelqu'un suggérera-t-il qu'on les fusionne pour approcher le chiffre respectable de 100.000 ? C'est le Ve alors qui détonnera avec le chiffre dérisoire de 60.938 habitants… En poursuivant le raisonnement il y a fort à parier qu'on en arrive à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul arrondissement à Paris !

    Trêve de persiflage amical, il y avait un enjeu dans cette compétition qui opposait tout autant les mairies, leurs localisations et leurs caractéristiques, que leurs Maires et on aurait pu s'attendre à une forme de combat entre Pierre Aidenbaum qui peut se prévaloir d'un bilan respectable depuis 1995 et entend continuer à jouer un rôle, et Ariel Weil qui est servi par sa jeunesse, son dynamisme, son sens de la communication et la discrétion de son ambition politique. On a guetté ce combat mais reconnaissons qu'on ne l'a pas vu. L'un et l'autre sont restés sur la réserve et ils ont sans doute sauvegardé des avenirs politiques qui demeurent intacts.

    Fidèles à notre engagement de neutralité politique face à la compétition qui s'engage pour la mairie de Paris, nous aurons des entretiens avec eux et leurs concurrents pour faire savoir quelles sont les attentes des citoyens que nous représentons sur les sujets qui nous occupent : défense du patrimoine, résistance aux dérives sur la densification de Paris, tourisme de masse et son corollaire la location saisonnière ; lutte contre le bruit, l'accaparement de l'espace public et le tapage nocturne ; circulation et déplacements, combat pour que Paris n'ait plus à rougir de sa saleté et de ses rats, dénonciation de l'affichage sauvage sous toutes ses formes (qui vont jusqu'au marquage au sol…).

    Il faut absolument que ceux qui briguent le pouvoir et nos suffrages comprennent que Paris ne sera plus Paris si la ville est livrée à la fête débridée d'une déferlante touristique qui menace les sites où se concentrent des éléments importants de notre patrimoine collectif.

    S'agissant de l'emplacement de la mairie du nouvel arrondissement, il convient de rappeler que l'un de nos derniers souverains  a vécu des jours funestes avec sa famille dans la Tour du Temple, là où va se situer l'expression contemporaine du pouvoir populaire, la mairie du IIIe arrondissement qui s'apprête à changer de dimension pour représenter quelque 100.000 administrés .

     

    Temple vue générale enclosL'enclos du Temple, au XIIIème siècle. En haut à droite le palais du Grand Maître (actuellement square du Temple) et dans le fond la Grande Tour (emplacement de la mairie du IIIe)

     

    Cette tour a été sinistre à plus d'un titre. C'était une prison et le petit roi Louis XVII, âgé de 10 ans, y est mort dans des conditions indignes qui n'ont pas honoré la république naissante. On peut être attaché à notre République et reconnaître les sévices qu'elle a commis dans ses débuts en exécutant un roi plutôt débonnaire, une reine qui ne méritait pas la peine capitale et en laissant leur fils mourir, comme le dit Pierre Joseph Desault chirurgien et anatomiste de l'époque, «victime de la misère la plus abjecte, de l’abandon le plus complet, sur un être abruti par les traitements les plus cruels"

      Temple (tour du)

     

    La construction de la Tour et de l'enclos du Temple remonte au  XIIIème siècle. L'édifice comportait une tour principale de 50 mètres de hauteur, la Grande Tour, flanquée de quatre tourelles qui donnaient à l'ensemble l'allure d'un château fort. On peut dire d'elle comme pour la Bastille, que ces édifices avaient un côté patibulaire mais c'étaient des monuments. A ce titre, beaucoup pensent que l'une comme l'autre ajouteraient un attrait à Paris si on les avait conservées. 

    On sait ce qu'il en a été de la Bastille dont il ne reste que quelques pierres. La Tour du Temple a été démolie en 1808 sur ordre de Napoléon car elle était devenue un lieu de pèlerinage pour les royalistes. 

    De l'enclos du Temple et de la grande Tour, il ne reste que des gravures, contrairement au Prieuré Saint-Martin qui est tout proche, le long de la rue Saint-Martin, toujours dans le IIIe, et qui nous offre encore une chapelle, un cloître, un beau réfectoire, une tour d'enceinte à l'angle de la rue du Vertbois et une autre de même facture dissimulée rue Bailly dans les locaux d'une entreprise de matériaux de construction… 

    C'est mentir toutefois par omission que de dire qu'il ne reste rien de l'enclos du Temple : un pan du mur d'enceinte et une portion imposante d'une tour de guet sont dissimulés dans les immeubles existants entre les rues de Picardie et Charlot. On peut voir la tour et son extrados si on s'introduit au 73 de la rue Charlot et son intrados qui sert de banquettes à un café restaurant du 32 rue de Picardie !

    Les habitants des 2ème et 1er arrondissements sont les bienvenus dans le regroupement qui prend le nom de Paris-centre. Notre association, de par son nom, s'adressait plus spécifiquement aux habitants du Marais et par extension aux habitants des IIIe et IVe. Elle a désormais vocation à s'intéresser aussi aux deux premiers arrondissements. C'est pour cette raison et pour réagir aux requêtes des moteurs de recherche sur Internet qu'on  a introduit dans son en-tête le flag "Vivre Paris-centre !".

    Gérard Simonet

     

  • St martin

    Voisinage de la porte Saint-Martin (IIIe) (photo VlM)

     

     

    L'îlot en question est délimité par le boulevard de Sébastopol et la rue Saint-Martin avec une incursion à l'est dans l'impasse de la Planchette, le boulevard Saint-Denis au nord et la rue Papin au sud.

    Depuis longtemps, les riverains se plaignent du comportement des visiteurs du quartier. Voici ce qu'écrit l'un d'eux, président de l'association ARQAM (renaissance du quartier Arts & Métiers) :

    "Comment pouvons-nous accepter des gens en situation illégale qui narguent les policiers quand ils leur demandent leurs papiers pour les verbaliser pour consommation d'alcool dans la rue Saint-Martin et la rue Sainte Apolline en contravention avec l'arrêté préfectoral, qui répondent agressivement aux policiers qu'ils n'ont pas de papier et voient nos policiers qui s'en vont sans insister ?

    La pose d'une caméra permettrait de vérifier instantanément la pertinence de l'appel sur le 17 d'un habitant du quartier pour se plaindre d'un vacarme, d'un trouble à l'ordre public, etc…  L'installation d'une caméra à l'essai par le commissaire central du IIIe Vincent Gorre avait donné de bons résultats. Elle a été retirée depuis mais le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum nous assure qu'il maintient sa pression sur la préfecture de police pour que cette caméra soit enfin inscrite au budget d'investissement de la Ville et installée dans un avenir proche".

      355 rue Saint-Martin et 2 rue Blondel 4 9 2016
    Attroupement nocturne devant le 2 rue Blondel (Photo VlM/MA)

     

     Le fléau qui sévit ici c'est l'alcool et son corollaire la drogue. L'arrêté préfectoral du 16 février 2017 qui visait à limiter sa consommation est annulé pour laisser place à un nouvel arrêté du 9 octobre 2018 qui est plus strict dans sa définition.

    Si le périmètre reste le même, l'interdiction de consommer de l'alcool entre 16h00 et 07h00 est complétée par une interdiction de la vente à emporter de boissons alcooliques du 2ème au 5ème groupe. 

    Les attendus qui accompagnent cette annonce sont édifiants. Le plus significatif : "considérant le rapport du commissaire central du IIIe […. ] qui établit formellement un lien de causalité entre vente à emporter de boissons alcooliques, l'alcoolisation d'individus consommant de l'alcool sur la voie publique ainsi que les troubles et les nuisances générées par ces individus alcoolisés particulièrement en fin d'après-midi et la nuit dans le secteur Sébastopol/Saint-Denis/Saint Martin/ Papin/Planchette" et ceci : durant la période estivale 2017 les effectifs de police sont intervenus à près de 800 reprises."

    Les dispositions annoncées ne sont sans doute pas aptes à elles seules à ramener un calme absolu dans le secteur mais elle sont un signal positif donné aux riverains dont beaucoup pensent à quitter le quartier à la recherche d'un secteur plus paisible. En interdisant de plus la vente à emporter on attaque le fléau à sa source. Il est possible de l'éradiquer ou le déplacer, pour autant que contrôles et sanctions soient au rendez-vous.

     

     

  •  

    Préfecture de police vue aérienne

    De création récente, l 'association "Habiter Paris", dont "Vivre le Marais !" est membre, est présidée par le  Dr Bertrand Lukacs. Elle a pour premier objectif de défendre les parisiennes et parisiens des agressions sonores et des dérives nocturnes qui perturbent gravement leur vie quotidienne. Avec la "lettre ouverte" qui suit, adressée au Préfet de police et à la Maire de Paris, l'association propose une "feuille de route". Il est important que tous ceux qui subissent ces nuisances se fassent connaitre et apportent leurs témoignages. "Vivre le Marais !" est heureuse de diffuser cette lettre qui ouvre une voie nouvelle à la défense de la qualité de vie des parisiens :

     

      

    Pour une politique ambitieuse de lutte contre le bruit

    Lettre ouverte à Madame Hidalgo, aux prochains candidats à la Mairie de Paris,

    à Monsieur le Préfet de Police de Paris

     

     

    Nous demandons à l’équipe municipale de s’engager résolument dans une politique de lutte contre le bruit à Paris avec en priorité, le bruit la nuit.

    Dans la perspective du Paris de demain, la lutte contre la pollution ne doit pas se limiter à la seule pollution atmosphérique, elle doit intégrer activement la lutte contre le bruit, deuxième pollution des villes (OMS), avec en priorité le bruit la nuit. Bien dormir la nuit n’est pas une simple question de confort, c’est une nécessité physiologique. Les effets délétères de la privation de sommeil, largement documentés aujourd’hui, sont régulièrement relayés par les médias. Il s’agit d’un enjeu de santé publique que plus personne, habitants comme autorités, ne peut ignorer. Très récemment, le 10 octobre, le bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Europe a publié de nouvelles lignes directrices[i] relatives au bruit dans l'environnement et rappelé une nouvelle fois aux politiques combien il est important de mettre en place des politiques efficaces.

    A Paris, il y a urgence, car durant cette mandature, le niveau sonore de certains quartiers, certaines rues, certaines places, certains quais s’est très gravement dégradé rendant les nuits insupportables pour les habitants.

    Nous comprenons qu’il soit important pour Paris de développer une politique de la nuit. Cette politique devrait être équilibrée : permettre le développement de nouvelles activités nocturnes tout en assurant une meilleure protection de la qualité du sommeil des habitants. C’est tout à fait possible, ces deux axes ne sont pas contradictoires. Certaines grandes villes européennes comme Rotterdam ou Genève parviennent à les concilier.

    Force est de constater que la politique actuelle de la nuit privilégie de façon résolument asymétrique le développement de la vie festive nocturne sans régulation efficace pour le sommeil des habitants : non maîtrise des terrasses de café, musique amplifiée, occupation sauvage de l’espace public et augmentation considérable des incivilités, nuisances et accidents liés à l’hyper-alcoolisation et consommation d’autres substances. L’alcool désinhibe les comportements et est un puissant diurétique, aussi certaines rues se transforment la nuit en théâtres de vociférations incontrôlées et vastes pissotières à ciel ouvert. C’est insupportable pour les habitants et inacceptable car au delà des nuisances et des accidents, c’est laisser cette population souvent jeune devenir très vulnérable et se mettre elle-même en danger.  

    Un autre facteur contribue à notre désespérance, nous les habitants de Paris qui demandons juste à pouvoir dormir normalement. Il existe, aujourd’hui, une autre asymétrie particulièrement choquante : l’asymétrie de traitement entre ceux qui sont responsables des nuisances et ceux qui les subissent. Autant il est anormalement facile de créer des nuisances en faisant fi des réglementations existantes, autant il est extrêmement difficile pour ceux qui les subissent de se faire entendre alors qu’ils ne demandent que le respect de la réglementation. Pourquoi cette asymétrie, comme si, au regard de ce qui fait le socle de la démocratie, le respect des lois et règlements, il existait deux poids deux mesures.

    Il est urgent de prendre en compte les plaintes des habitants et de mettre fin à ces dérives afin d’éviter des phénomènes extrêmes de radicalisation ou des manifestations de rejets massifs comme à Barcelone ou Budapest.

    Diverses tentatives de régulation sont expérimentées à Paris (Conseil de la nuit, Pierrots de la nuit, Commissions de régulation des débits de boissons). Aucune ne fait preuve d’une efficacité perçue par les riverains, avec pour résultat un effet contraire à celui escompté : les espoirs déçus engendrent de nouvelles frustrations ; les riverains sont de plus en plus nombreux à durcir leur attitude et à rejeter les politiques mises en place auxquelles ils ne croient plus. 

    De ces tentatives et de l’étude de modèles adoptés par des villes européennes comme Genève et Rotterdam, nous faisons quatre propositions pour rétablir la confiance et essayer de mettre en place un dispositif de régulation plus efficace.

    • Clarifier les responsabilités : Il faut un maître d’œuvre unique, responsable de la régulation du bruit et de la tranquillité. C’est d’autant plus important à Paris où règne une segmentation quasi ubuesque de répartition des tâches entre mairies, Préfecture de Police, DPSP [mairie de Paris], commissariats d’arrondissement et même syndicats professionnels… Nous, nous pensons que c’est au premier élu, au Maire, en relation étroite avec la Préfecture de Police de Paris, que revient la responsabilité de réunir les parties concernées par la résolution des problèmes. Sans une réelle volonté politique de rééquilibrer les nuits et de mettre en place une véritable politique de lutte contre le bruit à Paris, rien ne changera et nous continuerons à être « promenés » d’une administration à l’autre avec le sempiternel refrain : c’est pas moi, c’est l’autre.
    • Transparence : La transparence est indispensable : l’identification des problèmes et le suivi des actions mises en œuvre doivent se faire en toute transparence. Cela implique une réelle collaboration avec les habitants pour établir – ou rétablir – la confiance entre autorités et administrés. La cartographie des lieux à problèmes ainsi que le suivi précis et daté des actions entreprises par chacun (mairies, police, DPSP) doit se faire en partenariat étroit. La transparence, en d’autres termes la bonne information des habitants, permet de désamorcer les conflits et les frustrations qui naissent souvent de la méconnaissance des actions entreprises par les autorités. Rien ne peut être équitablement mis en place sans ce premier relevé. Ce maillon manque à Paris. Le mettre en place est aujourd’hui une urgence.
    • Un circuit court : Fonctionner en circuit court, c’est-à-dire raccourcir le temps des démarches administratives et de l’application des sanctions est indispensable : les nuisances subies par les riverains doivent être prises en compte dès leur signalement et traitées sans délai. Non seulement cela évite qu’elles dégénèrent ou s’aggravent et deviennent de plus en plus difficiles à combattre, mais le poids ainsi donné à la parole des riverains et le rétablissement de l’ordre créent un climat de confiance et d’apaisement. C’est l’intérêt de tous, y compris de ceux qui sont responsables des nuisances. L’exemple de la ville de Rotterdam est à ce titre riche d’enseignement. Il doit y avoir un temps de conciliation, mais sa durée doit être limitée et connue de tous. Passer ce délai, si aucune amélioration n’est constatée, des sanctions doivent être appliquées, progressives, par paliers, sur un modèle (adapté à notre législation) du « permis à point » mis en place à Genève. Ce couple « phase de conciliation limitée dans le temps puis, à défaut d’amélioration, sanctions graduées connues de tous » est absolument nécessaire. 
    • Des indicateurs de résultats: Nous en avons assez de nous entendre dire, inlassablement, que nous sommes entendus alors que nous constatons que la situation s’aggrave. Nous voulons des indicateurs de résultat pour mettre fin à ces palabres interminables qui ne s’appuient sur aucune mesure objective. Il existe des indicateurs indirects très performants pour mesurer les incivilités dans les rues. Le nombre de passages en cellule de dégrisement ou d’hospitalisations pour coma éthylique devrait être connu. Enfin et surtout le niveau sonore dans les rues devrait être plus largement mesuré pour tenir compte des seuils préconisés par l’OMS. L’expérimentation mise en place en partenariat par Bruitparif et la Mairie de Paris [ii] permettant de suivre en temps réel le niveau sonore de certains quartiers va tout à fait dans ce sens, c’est un premier pas positif ; nous attendons maintenant d’analyser ensemble les résultats de ces mesures et de connaitre les décisions de régulation qui en découleront.

    Sur ces propositions, nous souhaitons être un partenaire de travail avec la Mairie de Paris et la Préfecture de Police de Paris. 

    Parce que nous pensons que la lutte contre le bruit à Paris doit être un axe important de la politique à mettre en place demain, nous souhaitons en discuter avec tous les prochains candidats à la Mairie de Paris.

    Et nous appelons tous les habitants de Paris qui souffrent du bruit à nous rejoindre et nous transmettre leur témoignage : ass.habiterparis@gmail.com.

    Docteur Bertrand Lukacs

    Association Habiter Paris

    ass.habiterparis@gmail.com

     

    [i] http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0008/383921/noise-guidelines-eng.pdf?ua=1

    [ii] https://medusa-experiment.bruitparif.fr/

     

  • Who's attroupement 10 10 18

    Attroupement autour du Who's, soirée du 10 octobre rue Pierre au Lard (IVe) (Photo AG)

     

     

    Hier soir mercredi 10 octobre, une fois de plus, une grande agitation régnait autour du Who's. Les agents du maintien de l'ordre sont intervenus pour dresser pas moins de six verbalisations pour tapage nocturne, urine et jet de mégots sur la voie publique.

    Aujourd'hui, la Commissaire de police Laetitia Vallar du IVe concédait qu'en dépit de l'avis défavorable qu'elle a donné, la préfecture a décidé d'accorder  au Who's une autorisation temporaire de un mois à partir du 4 octobre, suivie d'une nouvelle autorisation temporaire de trois mois. C'est une très mauvaise nouvelle pour les riverains de cet établissement qui multiplie les nuisances sonores depuis l'ouverture de son extension il y a maintenant un an et quelques jours. 

    De son côté, le Maire du IVe Ariel Weil déclarait hier en réunion de conseil de quartier St Merri qu'il s'y est opposé aussi malgré une intervention "de haut niveau" de l'Hôtel de Ville. Comprenez Frédéric Hocquard, en charge du "conseil de la nuit", voire la Maire Anne Hidalgo elle-même, ce qui montrerait une fois de plus si c'était avéré qu'elle se préoccupe beaucoup plus des fêtards de Paris que de ses habitants. Nous lui rappelons qu'il serait judicieux qu'elle fasse cette distinction car les habitants sont des électeurs, les fêtards pas forcément.

    En même temps, comme dit notre Président, l'action judiciaire dont nous avons parlé dans notre article du 2 octobre suit son cours. 

    Le collectif  "Pierre au Lard"

     

    Post-scriptum du 15 octobre

     

    Frédéric Hocquard et Ariel Weil, par sa directrice de cabinet, réagissent tous deux à cet article.

    Frédéric Hocquard : contrairement à ce que vous affirmez ni moi ni la Maire de Paris ni le Maire du IVème n’avons soutenu l’autorisation de nuit du Who’s. Or votre article le sous entend.
    Je vous demanderai donc de le faire savoir aux lecteurs de votre blog.

    Isabelle Knafou, directrice de cabinet d'Ariel Weil : Je crois que les personnes qui étaient présentes lors du conseil de quartier de mercredi dernier ont mal compris les propos du Maire. Ariel Weil a dit qu’il avait été suivi par la Maire et par F. Hocquard malgré les interventions de Frédéric Hervé [le pétitionnaire – NDLR] à haut niveau à la Mairie de Paris. Frédéric Hocquard a d’ailleurs soutenu très clairement, en commission de régulation des débits de boissons, l’avis défavorable émis par la mairie du 4e.

    Pourriez-vous publier cette correction qui a son importance ?

     

    Nous sommes heureux en effet de publier ces mises au point car elles montrent que nos dirigeants sont sensibles à l'émotion que la décision de la préfecture a produite et entendent montrer qu'ils sont toujours prêts à défendre la tranquillité et la santé de leurs administrés. 

     

  • Quincampoix 37 dr feelgood 09 10 18

    Bar "Dr Feelgood", 37 rue Quincampoix (IVe)

     

     

    Après une accalmie qui avait donné de l'espoir aux riverains, le "Dr Feelgood" est reparti de plus belle en suscitant une avalanche de protestations des habitants de l'immeuble concerné et des immeubles voisins, en direction du Maire du IVe Ariel Weil, de la Commissaire de police Laetitia Vallar et du directeur de la DPSP Matthieu Clouzeau (prévention, sécurité et protection) de la Ville de Paris.

    Est mise en cause, notamment, la "commission de régulation des débits de boissons" perçue comme une source d'attitudes dilatoires vis à vis d'infractions nettement caractérisées comme :

    • stationnement de grosses cylindrées sur espace piétons
    • portes de l'établissement diffusant de la musique amplifiée maintenues ouvertes  
    • dépassement de l'heure d'ouverture de nuit (02h00 du matin), en particulier les week-ends
    • attroupements et éclats de voix des clients qui stationnement devant le bar tard dans la nuit

    On trouve dans ces échanges ces déclarations fréquentes des forces de l'ordre qui annoncent "s'être rendues sur place et n'avoir rien constaté". La répétition de ce type de réponse à des plaignants qui n'ont aucune raison d'inventer leurs souffrances est vécue de façon amère et crée une défiance des citoyens à l'égard de l'autorité. 

    Comment rester insensible à cette mère de famille qui écrit au Maire : "Toute cette fin de semaine, nous avons peu ou mal dormi. Épuisée, ma fille étudiante en double situation de handicap, n'a ainsi pu se rendre en cours ce matin".

    Dans un dernier échange, la directrice de cabinet du Maire indique que l'établissement a été verbalisé par la DPSP et que l'aide du commissariat sera sollicitée si nécessaire. Cette précision jette une lumière sur ce qui a probablement été une erreur : la répartition de la responsabilité du maintien de l'ordre à Paris entre la police nationale et cette police municipale qui n'a jamais voulu dire son nom et qui donne encore le sentiment de se chercher.

    Dirigée par le Commissaire Divisionnaire Matthieu Clouzeau, qui nous a reçu à diverses reprises, elle était à l'origine porteuse d'espoir qu'il y ait moins de laisser-aller dans Paris. On se perd dans les chiffres mais son effectif tourne autour de 3.000 dont 1.000 agents de sécurité dont la définition de fonction incite à penser qu'il suffit de les appeler pour régler définitivement un problème comme celui de notre Dr Feelgood.

    En fait il n'en est rien car le pouvoir de décider d'une fermeture administrative, d'une suppression d'autorisation de nuit, d'un retrait de licence est du ressort exclusif de la préfecture de police. En coupant l'autorité en deux on l'a affaiblie et il ne serait pas inutile de repenser la pertinence de ce qui a été fait en 2014 pour amorcer la mandature de 2020.

    GS

     

  • Rats hôtel de vill 05 10 18

     Esplanade de l'Hôtel de Ville (Photo RM)

     

     

    René, un habitant du IVe, nous envoie ce message et quelques photos prises par lui :
     
     
    "En rentrant vers minuit vendredi soir 5 octobre, je suis passé devant la fontaine de la place de l’Hôtel de Ville. J’ai constaté avec surprise que les parties qui ont été engazonnées et même fleuries par le passé, sont complètement labourées par les rats.  Des dizaines de petits rongeurs couraient partout, disparaissant dans un trou de galerie pour réapparaître un peu plus loin. Les quelques passants qui se sont aperçus de ce spectacle insolite ont réagi avec effroi pour certains, en traitant ces petites bêtes de "mignonnes" pour les autres. Le plus inouï est que ce spectacle se produise sous les fenêtres de la Maire Madame Hidalgo.
     
    Vu l’état dans lequel se trouve cet ex-gazon, on peut supposer que ce spectacle dure depuis un certain temps. Personnellement je n’en ai jamais entendu parler avant cette découverte nocturne."
     
     
    Voila qui risque de relancer le buzz sur les rats à Paris. Anne Hidalgo et son entourage, pour leur image en période pré-électorale, seraient bien inspirés de réagir. Nos colonnes leur sont ouvertes.
     
      
    Postscriptum # 1 du 8 octobre
     
    Isabelle Knafou, Directrice de cabinet du Maire du IVe Ariel Weil, nous apporte une précision :
     
    "Pour votre information et celle de vos lecteurs, il est bien prévu de rénover les jardinières de la place de l’Hôtel de Ville en installant sous la pelouse des filets « anti-rats ». Ce dispositif semble assez efficace. Nous l’avons d’ailleurs testé il y a quelques mois dans la cour de la mairie du 4e , sous les pavés, et avons déjà pu en apprécier les effets positifs.

    Les travaux de la jardinière située côté Rivoli seront réalisés en octobre ; la jardinière côté Seine quelques mois plus tard.

    Les travaux pour chaque phase devraient durer deux semaines."

     

  • Tourisme de masse 50 beauboug 04 10 18
     Le syndrome du tourisme de masse touche Venise, Dubrovnik, Prague, Barcelone, Santorin. Prochaine victime Paris ?

     

     

    La France a des sujets tabous dont on ne peut parler qu'avec des pincettes. Condamner le tourisme, c'est porter atteinte aux touristes, à des étrangers donc et ce n'est pas conforme à la doctrine humaniste que nos pays européens brandissent à toute occasion.

    Nous nous sommes pourtant hasardés sur ce terrain il y a deux ans en déclarant que certains sites ont dépassé les limites soutenables. Parmi eux Venise évidemment, mais aussi Pompéi, et bien d'autres où les responsables locaux cherchent des solutions pour faire face au sinistre.

    Nous nous sommes posé la question à propos de Paris, conscients dès cette époque de la proximité d'une vague prête à déferler. Aujourd'hui c'est le quotidien "Le Monde" qui y répond, en des termes qui ressemblent de près à ceux, prémonitoires, que nous utilisions. Dans son éditorial du 5 octobre 2018, il analyse la situation et nous livre des réflexions qui n'ont pas fini d'alimenter les débats, à commencer par ceux qui vont animer la campagne des élections municipales de Paris. A lire avec attention :

     

    "La France n’est pas seulement championne du monde de football, elle l’est aussi en tant que destination touristique. Ce mantra des pouvoirs publics a été une nouvelle fois répété, mercredi 3 octobre, par Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat chargé du tourisme, lors de la présentation du bilan de la dernière saison estivale, en annonçant que le cap des 90 millions de visites devrait être dépassé cette année.

    Cette « troisième étoile » mérite toutefois d’être relativisée. D'abord, du fait de la situation géographique centrale de la France en Europe, un visiteur sur cinq ne passe qu’une nuit sur notre territoire, avant de rejoindre sa destination finale dans un autre pays. Par ailleurs, lorsqu’on prend en compte les dépenses des touristes, l'Hexagone n'occupe que la troisième place, derrière les Etats-Unis et l’Espagne.

    L'enjeu économique reste néanmoins essentiel. Même si le secteur éponge 27 % de notre déficit commercial, cette activité a été longtemps négligée, le luxe, l'agroalimentaire ou l'automobile étant considérés comme des piliers plus respectables de notre économie. Certes, l'approche est en train de changer, mais les recettes touristiques ne représentent toujours que 2,3 % du PIB, contre 5,2 % en Espagne, selon les statistiques d’Eurostat. I1 y a donc une marge de progression.

    Cette nécessaire course à l'attractivité ne doit toutefois pas faire perdre de vue la montée des conséquences négatives du tourisme de masse. Comme la plupart des destinations les plus courues, la France est désormais confrontée a un phénomène que les professionnels désignent sous le néologisme de « surtourisme ».

    Le développement des voyages à bas coût, l'accession d’une part de plus en plus grande de la population mondiale a la classe moyenne et l'arrivée d'Internet ont généré une croissance exponentielle du nombre de touristes, qui, en 2017, a dépassé 1,3 milliard de personnes, dont la moitié à destination de l'Europe. Le premier secteur économique mondial n'est plus l'industrie pétrolière ou l'automobile, mais le tourisme.

    Le fait que davantage de gens puissent voyager est plutôt une bonne nouvelle pour la croissance et l'emploi. Le problème est que ces foules de voyageurs ont tendance à se concentrer sur un nombre limité de destinations, au point de saturer les infrastructures de transport et d’accueil et de créer d’importants déséquilibres au niveau local.

    Un peu partout, les autochtones expriment leur ras-le-bol face a cette invasion incontrôlée, alors que la manne financière apportée par les touristes a du mal a compenser les dégâts collatéraux. Les prix de l'immobilier s'envolent, l'emploi se concentre sur des métiers saisonniers et mal payés, l’environnement se dégrade, les villes se transforment en musées, en parcs d'attractions ou en lieux de beuverie permanente.

    Au-delà de l’objectif louable de faire venir plus de touristes, il devient urgent de réfléchir à la canalisation de flux de visiteurs qui commencent à inquiéter les professionnels. Il ne s’agit pas de contester aux Chinois ou aux Indiens le droit de prendre part à cette démocratisation du voyage. Toutefois, une régulation relève du bon sens. Certaines villes ont commencé à mieux encadrer les plates-formes Internet de location saisonnière. La promotion de nouveaux points d'attraction ou l'étalement de la fréquentation grâce à l’organisation d'événements hors saison peuvent aussi contribuer a ce que les vacances des uns ne deviennent pas un enfer pour les autres."