Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Vivre Paris !

  •  

    Quincampoix 101 résid; hôtelière 25 04 18Rue Quincampoix au n° 101 (IIIe) : un local commercial qui se destine désormais à l'hébergement hôtelier

     

     

    Le propriétaire de ce local commercial qui comprend un rez-de-chaussée et un entresol sur rue se dispose, comme beaucoup d'autres, à le transformer en "résidence hôtelière". On va devoir s'habituer à ce concept qui s'inscrit aux côtés de la location saisonnière de la résidence principale. Celle dont on a beaucoup débattu à propos des 120 jours…

    En réalité, tandis que ce sujet occupait la scène, de nombreux propriétaires de locaux commerciaux dans nos quartiers, ceux-là dont on s'est beaucoup plaint dans les années 2000 car ils géraient des entrepôts d'articles inflammables et alimentaient un trafic de camions de livraisons préjudiciable à la tranquillité des résidents, se retrouvent aujourd'hui avec de larges espaces disponibles.

    Ils ont réalisé, avec l'explosion du tourisme de masse et la demande d'hébergement qui en résulte, qu'ils disposaient là d'une nouvelle source potentielle de revenus, pourvu qu'ils fassent les transformations nécessaires. A leur égard les contraintes municipales qui visent les propriétaires de leur résidence principale ou les investisseurs de logements locatifs meublés dont le statut "commercial" est quasiment impossible à obtenir, ne les concernent tout simplement pas.

    Car ils ont déjà le statut commercial.  Il n'est donc pas nécessaire pour eux de l'obtenir de la mairie de Paris, avec à la clé des compensations qui sont une course d'obstacles digne d'un steeple chase. Il n'y pas lieu non plus d'affronter le syndicat des copropriétaires qui peut s'opposer à l'exercice d'une activité de nature commerciale dans des logements dont la destination originelle est l'habitation.

    En clair pour eux la voie est libre, pour autant qu'ils respectent les dispositions nouvelles qui obligent le loueur à se déclarer en mairie et cela va de soi à déclarer ses revenus et payer ses impôts.

    Faut-il s'en alarmer ? A priori pas nécessairement. Les activités du passé, la vente en gros essentiellement, n'étaient pas propices à la qualité de vie et à l'environnement. Elles se sont largement déplacées vers des territoires qui, comme Aubervilliers, offrent un cadre beaucoup plus favorable à leur épanouissement qu'il s'agisse de la place disponible ou des facilités d'accès. L'accueil de touristes ne comporte pas que des avantages mais c'en est fini au moins de ces nuisances-là et on peut penser que d'autres destinations, la restauration par exemple, auraient aussi leurs inconvénients.

    Il faut rappeler que les résidents ont toujours leur mot à dire contre un comportement de nouveaux venus non respectueux de leur tranquillité. Ils peuvent le faire sur la base du règlement de copropriété qui généralement inclut des dispositions qui protègent les résidents et par référence au code de la santé publique avec intervention de la Préfecture de police si les niveaux de bruit constatés sont passibles de procès-verbaux.

     

  • Justice-balanceDura lex, sed lex…

     

     

    <Service-public.fr>, le site site officiel de l'administration française, a publié le 13 avril une information qui intéresse ceux qui, locataires, souffrent de troubles de jouissance du bien dont ils ont la disposition. Le propriétaire est responsable envers le locataire des troubles de voisinage causés par les autres locataires ou occupants de l'immeuble.

    C'est ce que rappelle la Cour de Cassation dans une décision du 8 mars 2018.

    La décision concerne, si nous comprenons bien, un bailleur social qui a la charge d'un immeuble dont un locataire se plaint de nuisances sonores causées par un autre locataire. Le cas ne doit pas être rare mais la jurisprudence ainsi créée devrait être applicable aux nuisances causées par un immeuble adjacent ou voisin dont le propriétaire est différent.

    La question n'est pas innocente car elle concerne la rue Pierre au Lard (IVe). Les nuisances proviennent d'une extension du bar-restaurant le Who's, 14 rue St Merri et elles affectent des résidents du 16 de la rue, dont l'immeuble est propriété du bailleur social Paris-Habitat, et des résidents du 12 rue St Merri et du 24 rue du Renard. Il y a dans ces adresses un immeuble adjacent et deux immeubles voisins mais séparés par le boyau que constitue la rue Pierre au Lard.

    Si l'on se fie à la décision de la Cour, Paris-Habitat peut être mis en demeure de conduire de son côté une procédure à l'encontre de l'exploitant visé par la plainte des riverains, pour autant que l'affaire entre dans le champ de l'affaire jugée.

    Le collectif  Pierre au Lard

     

     

  •  

    Braque 11

    Le Braque", 11 rue de Braque (IIIe), une des rues les plus silencieuses du Marais, et qui entend le rester…

     

     

    Dans un courrier en forme de "lettre ouverte" dont nous avons eu communication, quatorze riverains du 11 rue de Braque dans le IIIe, regroupés en collectif, dénoncent les nuisances sonores, olfactives et sanitaires que provoque selon eux cet établissement qui a ouvert ses portes au début des années 2000 sous le nom "Les Arches du Marais" et avait opté à l'époque pour la privatisation de sa salle très caractéristique du Marais, avec ses pierres apparentes et ses poutres.

    Le propriétaire se défend des accusations qui le visent : il affirme qu'il répond à toutes les obligations qui lui sont imposées par la préfecture de police. Il reconnait néanmoins avoir subi des fermetures administratives mais assure qu'il est un élément modérateur d'un secteur très agité la nuit en raison des night-clubs environnants.

    Nous sommes obligés de constater qu'il s'agit là d'un nouvel abcès dans les relations entre résidents et commerçants auquel nous sommes confrontés dans le IIIe. Les forces de police de la mairie de Paris, la DPSP, sont concernées au titre des incivilités qu'elles ont la charge de réprimer mais c'est surtout la police et la préfecture qui sont impliquées.

    Pour les riverains, qui doivent être reconnus dans leur droit à la tranquillité et au sommeil, ce sont des démarches en perspective qui sont éprouvantes même quand on sait qu'elles finissent par aboutir. Ce sont quelques fois aussi des actions en justice au pénal et au civil qu'il faut conduire.

    Il serait préférable dans les conditions présentes qu'une conciliation ait lieu et que les parties prenantes s'y tiennent. On sait que c'est généralement là qu'est la difficulté.

     

  •  

    Bourg tibourg place 03 04 18La rue (qu'on appelle improprement "place") du Bourg Tibourg, dégagée dans sa partie évasée piétonne qui a de tout temps suscité l'avidité des établissements qui la bordent et l'occupent en la défigurant. (photos VlM, clic gauche pour agrandir)

     

     

    Le nouveau maire du IVe, Ariel Weil, est très déterminé quand on l'entend : l'espace public doit rester public et "aucune occupation, autres que celles admises par les règlements de la Ville, ne doit y être constatée".

    S'agissant de cette "place", outre les bars-restaurants qui en ont pris possession, de façon pas toujours licite puisque des actions en justice ont eu lieu, le cœur de l'espace attire les motos et des sans-domicile-fixe qui occupent les banc publics avec leur barda.

    A leur sujet, le maire a un discours cohérent, ferme et humaniste : il n'accepte pas l'occupation mais se prévaut d'avoir libéré dans l'arrondissement un maximum de places d'hébergement. Ainsi, la "Maison des Associations du IVe" boulevard Henri IV, qui n'en est plus une maintenant, leur a été affectée avec 70 places et une priorité aux familles. Il reste des points de fixation, notamment rue des Barres, mais il nous assure qu'un dialogue (pas forcément facile) a débuté avec les personnes concernées pour que l'occupation anarchique cesse enfin.

     

    Bourg tibourg sdf nettoyant 03 04 18

     

    Cette photo montre le banc d'entrée, côté Rivoli. Il y avait ce jour-là un homme en hardes qui y séjournait dans la bonne humeur en cassant la croute. Quelque aliment est tombé au sol. Il s'est mis devant nous en demeure de nettoyer la dalle. Nous n'avons pas hésité à filmer et publier cette scène car elle possède à nos yeux un certain pouvoir de réconciliation des uns à l'égard des autres.

    GS

     

  • Motos stationnées 24 renard 07 08 16
    Deux-roues motorisés stationnés sur le trottoir rue du Renard (IVe) à hauteur du centre Georges Pompidou

     

     

    "Le Figaro" d'aujourd'hui nous apprend que deux villes du Val de Marne ont décidé de faire payer le stationnement des deux-roues motorisés. Il s'agit de Charenton-le-Pont et de Vincennes. L'article du Figaro.

    Nous avons tous de la sympathie pour les motards, qu'il s'agisse des "vrais" ou de conducteurs de scooters que les pilotes de motos traitent avec condescendance. Nous en avons dans notre famille ou parmi nos amis. Nous les aimons et les respectons. Il y a cependant des choses à dire à la population qu'ils constituent, des choses qu'ils peuvent admettre sans se déjuger et sans en prendre ombrage, car elles sont tout simplement vraies.

    Un mot d'abord à ceux qui les représentent chaque fois qu'ils ont la vedette : la "Fédération Française des Motards en Colère". Elle devrait changer de raison sociale. Comment peut-on être statutairement "en colère" ? A quoi sert de discuter, de négocier, de convenir avec des gens qui sont "en colère" ? Et dont on sait que quoiqu'on leur accorde ils seront toujours "en colère" ?

    Parlons de justice ensuite. Est-il convenable que certains se refusent à payer la part d'espace public qu'ils occupent alors que d'autres y sont contraints comme les bars avec leurs terrasses, les commerces avec leurs étalages, les voitures avec leurs parkings ? Un deux-roues occupe moins d'espace qu'une voiture ? soit ! Qu'il acquitte sa quote-part, la moitié ou le tiers de ce que paie une voiture par exemple…

    Les autos sont soumises au contrôle technique tous les deux ans. C'est une disposition qui vise à limiter les risques d'accidents liés au mauvais état des véhicules. C'est aussi une obligation communautaire en Europe. Les deux-roues y sont pareillement soumis mais les motards français s'y sont toujours opposés au motif qu'ils auraient le souci plus que tout autre de surveiller l'état de leur engin !

    Ce serait pourtant une manière de contrôler plus sérieusement les pots d'échappement défectueux ou frelatés qui transforment ces engins en machines à faire du bruit de jour comme de nuit et de vérifier l'état de carburation des véhicules qui polluent fortement quand ils sont mal réglés ou mal équipés.

    La Ville de Paris, qui tremble face aux motards et à leurs manifestations bruyantes et perturbatrices de l'ordre public, signait avec les motards "en colère" le 19 mars 2007, avec la complaisance de Denis Baupin et du Maire de Paris Bertrand Delanoë, une charte scélérate (car déclarée illégale au regard du code de la route par le Préfet de police) qui autorisait leur stationnement et le cheminement sur les trottoirs pour s'y garer, ainsi que la remontée des files dans le flot des voitures. 

    Depuis, la Fédération Française des Motards en Colère fait barrage à toute forme de progrès : NON au contrôle technique, NON au stationnement payant, NON à toute contrainte sur les utilisateurs de véhicules qui n'ont que deux (ou trois) roues !

    Il s'agit pourtant de la sécurité de nos compatriotes, de santé publique et de justice. On sait qu'à l'Hôtel de Ville Christophe Najdovski, en charge des déplacements et de la voirie, lui à qui on doit la "reconquête" des berges de la Seine par les piétons, serait prêt à appliquer la même logique que ses homologues du Val de Marne, mais à ce jour la Maire Anne Hidalgo craint de se mettre à dos les motards et leur propension à manifester agressivement.

    C'est pourtant là aussi "le sens de l'Histoire" qu'elle se plait à évoquer quand il s'agit de pénaliser les conducteurs de voitures évincés de la voie Georges Pompidou…

    GS

     

  • Lecteur

     

    Ouvert en 2006, le blog "Vivre le Marais !" a vu sa fréquentation croitre régulièrement sous l'effet du référencement dans les moteurs de recherche, notamment "Google" et des alertes que nous émettons pour faciliter la tâche de nos lecteurs. La fréquentation s'était stabilisée ces derniers mois autour de 400/500 visites par jour. Elle rebondit depuis quelques semaines avec un pic à 4.905 visites le 30 mars et un chiffre courant de 1.500 à 2.000 visites/jour.

    Les connexions Facebook et Twitter jouent probablement un rôle dans cette dispersion mais il est probable que les lecteurs se déterminent essentiellement sur le titre du sujet proposé.

     

    Capture d'écran 2018-04-01 08.40.11

    Diagramme de fréquentation (hébergeur)

     

    Nous sommes désireux de savoir ce qui les motive en cliquant dans le lien qui leur est proposé. La rubrique "commentaires" est à leur disposition en bas de cet article pour s'exprimer et nous aider ainsi à ajuster notre communication. Nous les en remercions vivement.

    Gérard Simonet

     

  •  

    PalImplantation de l'extension du Whos' sur la rue Pierre au Lard (IVe)

     

     

    Cette photo est parlante : pour accueillir leurs activités d'établissement recevant du public le soir et la nuit, les exploitants du Who's, la société MOOVMENT SAS, ont choisi cette construction légère, une ancienne galerie d'art, qui occupe le centre de l'image, faite de poutrelles métalliques et de verre soutenant une toiture en zinc.

    Elle a été aménagée fin 2017, sans préjudice des interrogations qu'on est en droit d'avoir sur les travaux d'urbanisme entrepris et la translation de la licence IV en zone protégée (écoles), afin de prolonger le bar-restaurant du 14 rue St Merri et d'ouvrir l'extension à des activités festives longuement décrites sur Facebook. Sont concernés les riverains de la rue Pierre au Lard, les habitants des immeubles de la rue du Renard dont une façade donne sur la rue Pierre au Lard et naturellement l'immeuble du 16 rue St Merri d'où la photo est prise, qui est mitoyen de la verrière.

    On comprend aisément que le bruit généré par une foule alcoolisée en liesse et par les amplificateurs de musique rendent le sommeil et la vie impossible aux gens qui vivent autour.

    La mairie du IVe et la police ont été très actives sur ce dossier. L'autorisation de nuit a été retirée à l'exploitant. Il fait en ce moment appel de cette interdiction mais le nombre impressionnant de plaintes déposées lui laisse peu de chances d'être entendu. Une étude d'impact a été exigée par la préfecture. Ses conclusions sont imminentes. Le bon sens laisse penser que c'est seulement au prix d'un investissement hors de mesure que l'isolement de cette extension pourrait être imaginé.

    Dans un tel contexte, l'exploitant décidait curieusement en février d'assigner le plaignant en justice ! Sans doute pour l'impressionner et le déstabiliser. Il a seulement réussi à remobiliser le collectif Pierre au Lard autour de la principale victime.

    Bien que la SAS MOOVMENT ait choisi depuis de retirer son assignation, le plaignant a chargé son avocat d'assigner l'exploitant en retour devant le Tribunal de Grande Instance de Paris et de réclamer la mise en œuvre, sous astreinte, des mesures préconisées par l'étude d'impact, la pose d'un limiteur de pression acoustique et l'interdiction en attendant de diffuser de la musique amplifiée.

    Le collectif Pierre au Lard

     

  •  

    Contrescarpe terrasse scandaleuseTerrasse place de la Contrescarpe (Ve)

     

    Branle bas de combat hier 21 mars chez tout ce que Paris compte d'associations de défense de la qualité de vie des habitants et du droit à circuler librement sur les trottoirs ! Un vœu déposé devant le conseil de Paris qui siège actuellement, signé d'un groupe de maires d'arrondissements  "Les Républicains" et les "Indépendants" des  IXe, Ve, XVe, VIe et 1er arrondissements a mis le feu aux poudres.

    Le groupe, animé par Florence Berthout, Maire du Ve, propose "la dépénalisation des incivilités relatives à l'encombrement, les étalages et les terrasses" et demande au gouvernement de légiférer.

    La réaction a été telle que le Maire du VIe Jean-Pierre Lecoq annonçait dans la journée qu'il retirait sa signature…

    En ce qui nous concerne, notre stupéfaction nous a conduits à imaginer qu'il manquait au texte une page. Nous avons donc ingénument demandé le vœu intégral dans un message adressé à Mme Berthout. Elle nous a répondu sur le champ et notre perplexité s'est accrue en constatant que texte dont nous avions eu connaissance était bel et bien complet (voir le texte).

    Florence Berthout nous dit ceci : " Le vœu du groupe LRI fait en effet l’objet d’une incompréhension que j’ai souhaité dissiper. Vous l’avez bien compris la dépénalisation permettrait en réalité au maire de fixer le niveau de l’amende. Aujourd’hui, le montant de l’amende reste souvent très peu dissuasif au regard du chiffre d’affaires supplémentaire généré par un dépassement d’autorisation de terrasse ou d’étalage. Il s’agit donc de le rendre plus opérationnel.

    On voit donc où le groupe LRI veut en venir et nous ne sommes pas loin de partager son point de vue. Dans un article daté du 24 décembre 2015, nous dénoncions le fait que le Parquet, saisi d'infractions à l'urbanisme, classait systématiquement les procès-verbaux en provenance de la direction de l'urbanisme ou des Architectes des Bâtiments de France. Pourquoi l’État entretient-il des structures couteuses si leurs démarches se heurtent à l'attitude du Procureur de la République qui considère sans doute que ces dossiers ne sont pas prioritaires ?

    Notre conclusion, dont avions parlé avec nos députés de l'époque, était qu'il paraissait de simple bon sens de dépénaliser ces infractions et de les remplacer par des sanctions administratives dissuasives à l'initiative des autorités territoriales qui, à l'inverse des magistrats, possèdent les compétences et le savoir techniques ad hoc.

    Dans l'affaire qui nous occupe, l'intervention du groupe LRI aurait sans doute été comprise si la proposition était allée jusqu'au bout car chacun voit bien que la pénalisation telle qu'elle existe conduit à l'impuissance des services de maintien de l'ordre et à l'insolence des exploitants de cafés qui dressent leurs rangées de tables interdites au nez et à la barbe de responsables municipaux qui n'en peuvent mais !

    GS

     

  • Locations saisonnières st antoine valises roulettes floutée 12 03 12Valises à roulettes symptomatiques de la location touristique, rue Saint Antoine (IVe)

     

     

    Les Maires des IIIe et IVe, Pierre Aidenbaum et Ariel Weil, ont rassemblé le 14 mars une quarantaine de personnes place Baudoyer pour les informer de la situation des locations saisonnières dans leurs arrondissements et faire le point des dispositions réglementaires et législatives qui visent à les maitriser. Jean-François Martins, Maire-Adjoint de Paris en charge du tourisme (et du sport, notamment des JO de 2024 !) était à leurs côtés, sans doute pour prendre la température d'un dossier qui ne peut le laisser indifférent au regard de sa mission.

    Pierre Aidenbaum a annoncé en préambule que les décisions en la matière ne sont pas du ressort des mairies mais du législateur. Encore faut-il que les décrets d'application soient publiés et on sait que c'est souvent très long ! On a compris par exemple que le principe de l'imposition directe des loueurs avait été voté mais que Bercy tardait à finaliser… C'est dans cette voie que se trouve pourtant la parade à l'évolution anarchique de cette activité caractéristique de l'économie numérique. Il a constitué jusqu'à présent une source d'évasion fiscale sur laquelle il semble pourtant aisé d'agir dans la mesure où les plateformes ont l'obligation de communiquer les données dont elles disposent, à savoir l'identité des loueurs et le montant des sommes réglées.

    Les Maires ont rappelé leur souhait de voir le nombre de nuitées autorisées alignées sur Barcelone et Amsterdam (60 nuitées) ou même New York qui n'en autorise que 30, alors que le chiffre est de 120 à Paris.

    Cependant, on l'a dit à plusieurs reprises, cette contrainte ne s'applique qu'à la location de la résidence principale. Il est vrai qu'on peut avoir des doutes sur la réalité d'une résidence principale qu'on est capable de louer quatre mois dans l'année… La dérive générale qui pousse le marché vers la location saisonnière et dépeuple nos quartiers de ses habitants n'est vraiment pas due à la location des résidences principales mais à la transformation du parc immobilier en locations hôtelières.

    Cette mutation a deux composantes. La première est le fait de propriétaires non résidents qui s'écartent de la location traditionnelle nue ou meublée pour louer aux touristes de passage. Si leur copropriété l'accepte et s'ils sont déclarés, ils contribuent au tourisme et alimentent la caisse de la mairie par la taxe de séjour et de l’État par leur imposition sur le revenu. Ce que nos  présumons, c'est que l'évasion est forte parmi eux car l'administration municipale et l’administration fiscale ont pour le moment des moyens de contrôle et de poursuite limités. P. Aidenbaum a cependant fait état d'une augmentation sensible du nombre de contrôleurs.

    Le Premier Adjoint du IIIe Gauthier Caron-Thibault a regretté une situation qui ne favorise pas la mixité sociale. Il a raison mais pourquoi ne pas reconnaitre qu'on s'est acharné depuis 1982, loi après loi, à rendre la location traditionnelle non attractive pour celui qui loue. La mixité sociale n'est  pas pour le propriétaire un but en soi. En convenir est un premier pas dans la bonne direction.

    L'autre composante est plus préoccupante. Nous en avons déjà parlé car nous suivons de près le Bulletin Municipal Officiel et nous voyons bien la progression du nombre de locaux commerciaux qui déposent une demande d'autorisation de travaux en vue de réaliser du logement hôtelier. Le maire du IIIe a révélé que 75 locaux se sont transformés ainsi dans le centre de Paris depuis le début de l'année.

    La location saisonnière est qualifiée d'activité à statut commercial. Si des investisseurs décident d'affecter les logements dont ils sont propriétaires à la location touristique, ils doivent obtenir de la mairie une autorisation de changement de statut d'habitation à "commercial". La mairie de Paris a tout fait pour rendre ce changement impossible et on ne peut pas lui en vouloir au nom de la préservation de l'habitat. Mais si les locaux sont déjà commerciaux, aucune demande autre que d'urbanisme n'est nécessaire et aucun contrôle ne peut s'appliquer au-delà de la déclaration d'exercer qui est maintenant obligatoire.

    Pierre Aidenbaum s'en est plaint en révélant des chiffres : 250 plateformes de location à Paris, 50.000 annonces rien que pour Airbnb, augmentation du pourcentage de résidences secondaires (de 17,8 % à 22,4 % dans le IVe), 1.500 logements transformés pour la location courte durée à Paris qui enregistre tout de même 15.000 déclarations d'entrée sur ce marché…

     

    Grossiste cartons temple

     

    L'exposé de la situation et les chiffres laissent un sentiment de grande confusion. Mais dans un désordre comme celui-là une forme de créativité peut se manifester. On s'est plaint longtemps dans le Marais de la surface affectée à l'entreposage de marchandises généralement inflammables, et du va-et-vient continu des camions de livraisons dans nos ruelles étroites. On entrevoit maintenant d'autres usages, qui n'ont pas tous les avantages mais peut-être moins d'inconvénients.

    Le nombre de ces locaux commerciaux n'est d'ailleurs pas illimité et la demande de logements "résidence principale" reste élevée chez nous si on en juge par les prix. Le chaos d'aujourd'hui pourrait être la voie vers un nouvel équilibre entre le résidentiel, les hôtels de tourisme, la location hôtelière, l'entreprise (y compris le co-working) et le commerce de détail et de gros. Il est probable que la population de nos quartiers continue de baisser mais dans des proportions qui n'ont rien de préoccupant étant donné la forte densité de notre habitat, la plus élevée d'Europe.

    GS – PM

     

     

  • Vieille du temple foule dimanche 28 06 10 zoomLa rue Vieille du Temple (IVe) un dimanche en 2012. L'hôtel Amelot de Bisseuil (Ambassadeurs de Hollande) à droite au 47 n'était pas encore restauré (Photos VlM)

     

     

    On est souvent tentés, c'est une des caractéristiques de l'espèce humaine, d'idéaliser le temps passé. Georges Brassens lui a consacré une de ses chansons avec un refrain qui nous dit qu'il "est toujours joli le temps passé ". Il n'est donc pas inutile de rétablir une vérité quand manifestement le souvenir qu'on a des choses et des évènements est altéré par le temps.

    Ainsi en est-il de nos rues. Dans leur livre "Seize promenades historiques dans Paris", éditions Du Retour, Maurice Garden et Jean-Luc Pinol brossent un tableau sans complaisance de divers quartiers qui vont des Champs Elysées à la rue Vieille du Temple en passant par la rue Moufetard, la Butte aux Cailles ou la rue d'Oberkampf…

    Notre vieille rue du Temple y occupe une bonne place. Il est intéressant de revoir ce qu'elle était, avec toujours ce rôle important de lien entre le IIIe et le IVe, entre le nord et le sud, entre la Seine et les anciens marécages qui ont donné leur nom à notre Marais, entre Saint-Paul résidence des rois et l'enclos du Temple, siège des Templiers.

    La restauration du secteur sauvegardé touche à sa fin. Cet Hôtel des Ambassadeurs de Hollande qui en en est un des plus beaux fleurons n'a plus la mine triste que nous lui avons connue.

    Vieille du t 47 façade sur rue Façade sur rue de l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande en 2018, 43-45-47 rue Vieille du Temple (IVe)

     

    Au-delà de notre observation toute récente, que nous apprennent les auteurs des "16 promenades" ?

    Qu'au début du XXème siècle, tous les immeubles de la rue Vieille du Temple ont au moins une boutique sur rue avec souvent un  atelier sur cour, et un nombre considérable de commerces alimentaires et notamment celui qui peut paraitre extravagant : le débit de vin, associé à un autre produit comme le tabac ou le charbon.

    Sur 120 adresses ouvertes au public, 74 boutiques vendent du vin ce qui, compte tenu de la longueur de la voie (855 mètres) revient à un débit de vin tous les 12 mètres.

    Le vin n'est jamais vendu seul. Ces boutiques proposent les produits nécessaires à la vie quotidienne, ce qui nous fait dire aujourd'hui, par contraste, qu'on manque de commerces de proximité.

    Il y avait un revers à cette médaille : une forte densité de population vivant dans des immeubles insalubres fortement dégradés par la présence d'activités industrielles et commerciales. Elles ont quitté le Marais pour s'installer ailleurs ou disparaitre. La population on le sait a socialement changé. La moitié des habitants de la rue sont partis et la moitié restante s'effrite au profit de touristes qui ont recours aux locations saisonnières.