Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Vivre Paris !

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    LondonLondon Tower Bridge by night

     

     

    La "règle d'antériorité" est comme le Phoenix, un sujet dont on pense qu'il est mort tant il était usé mais qui réapparait ici ou là et qui conjugue mythologie et mythe. La mythologie c'est l'oiseau qui renait de ses cendres. Le mythe c'est l'entretien de l'idée que l'impossible est possible.

    De quoi s'agit-il ? Des exploitants de lieux musicaux : discothèques, bars, salles de concerts…. Des établissements bruyants par construction. Leurs voisins subissent les nuisances sonores qu'ils produisent, se plaignent et obtiennent quelques fois condamnation et réparation.

    Le phénomène existe en France comme ailleurs. Depuis les "États Généraux de la Nuit" en 2010 nous en entendons parler comme d'une revendication de base des industriels de la nuit. Elle repose sur le sophisme qu'un habitant n'a pas le droit de se plaindre s'il s'installe près d'un établissement bruyant qui était là avant lui. A ce titre, les exploitants de lieux musicaux réclament une loi qui protège leur activité.

    C'est impossible mais ils feignent de l'ignorer. Impossible, comme le mouvement perpétuel, car la loi ne serait pas la même pour un résident de longue date et pour celui qui vient d'arriver. Aucun pays civilisé, aucun État de droit ne peut admettre que la loi ne soit pas la même pour tous.

    Comment se fait-il alors que leurs confrères anglais, qui affirment que 35 % des salles de concert ont fermé durant ces dix dernières années, crient victoire en ce moment ? Pour faire valoir ses revendications, le secteur a réclamé le soutien des députés de la Chambre des communes. Suite à une manifestation devant le Parlement, le gouvernement britannique a annoncé l’arrivée imminente d’un projet de loi qui protégerait ces institutions, parfois mythiques qui se disent "l’âme des quartiers".

    Les anglais auraient-ils découvert le mouvement perpétuel ? Non et leur euphorie devrait être modérée car le projet, s'il voit le jour, ne concernerait que les nouveaux programmes immobiliers dont les promoteurs choisiraient une surface à proximité d'un espace musical. C'est l'ensemble de l'immeuble dans ce cas qui serait frappé d'alignement, avec l'interdiction de se plaindre.

    Le principe qualifié  "d’agent de changement" dispose que les promoteurs immobiliers devraient prendre en compte l’environnement préexistant avant de construire leurs logements et ne pourraient plus réclamer un changement par la suite. La pression serait mise sur eux pour qu'ils insonorisent leurs constructions.

    UK Musik qui représente l'ensemble du secteur exulte et déclare : "C’est un soutien fabuleux pour l’industrie de la musique live". Ils ne devraient pas se hâter de se réjouir car il y longtemps qu'on parle de l'affaire et elle n'est toujours pas aboutie. Transposée à la France et à l'Union Européenne, qui ont des lois pour lutter contre le bruit, on ne voit pas nos parlementaires instituant une loi scélérate et le Conseil Constitutionnel approuvant un défaut de justice dans le traitement des citoyens.

    La justice telle que nous la concevons et telle que nous la défendons c'est celle du "pollueur payeur" qui impose aux espaces musicaux une étude d'impact et l'insonorisation de leurs locaux pour le respect des lois en la matière.

    GS

     

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    HidalgoAnne Hidalgo (Photo Europe 1)

     

     

    Le conseil de Paris de février 2018 se tient du lundi 5 au mercredi 7. La propreté y occupe une place importante comme en témoigne cet article d'Europe 1.

    La Maire y condamne l'incivisme des parisiens eux-mêmes. Elle n'a pas tort de les mettre face à leurs propres responsabilités et contradictions. Elle oublie cependant de dire que la mairie de Paris, depuis 2014, joue les pompiers pyromanes. En faisant à grands frais la promotion de la fête et de la nuit, en ouvrant les parcs 24h/24, alors que le maintien de l'ordre et de la propreté sont inexistants, elle a fait le lit des débordements qu'on constate aujourd'hui. Au petit matin, lors des beaux jours, ce sont des tombereaux d'ordures que les agents de la Ville récupèrent dans les espaces verts avec l'obligation incompatible avec leur dignité de ramasser déchets et excréments.

    A chacune de nos rencontres avec Mao Péninou, le Maire-Adjoint à la propreté à l'Hôtel de Ville, nous avons apporté le message qu'au delà de la propreté objective, il y a une "propreté perçue" qui résulte de l'état de l'ensemble du mobilier urbain, qui croule sous les graffiti, affiches, affichettes et autres autocollants. Armoires électriques, boitiers de commande de l'éclairage urbain, bancs publics, plaques de rues, boites aux lettres,… sont visées par les vandales mais ignorées des services de la propreté.

    Tout n'est pas négatif cependant. Si Paris souffre à l'évidence d'une insuffisance (ou d'une faible productivité) des agents de nettoiement, quelques progrès sont enregistrés çà et là. On ne peut pas nier par exemple que le service d'enlèvement des graffiti et des affiches sauvages est devenu plus réactif. Le week-end dernier, la direction de la lutte contre les incivilités de la mairie de Paris (la DPSP) est intervenue pour retirer la forêt d'affiches sauvages "Tapis d'Orient" qui avaient fleuri aux carrefours principaux des IIIe et IVe arrts, et dressé procès-verbal.

    Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, s'est fait lyrique pour son intervention à la tribune en citant Jacques Dutronc et son fameux "Il est cinq heures, Paris s'éveille…". Extraits :

     

    "C’est d’abord à ces agents que je veux rendre hommage, leur exprimer ma profonde gratitude, celle d’un Maire d’arrondissement …. qui sait ce qu’il doit à l’intervention quotidienne des services de la propreté : cantonniers, conducteurs d’engins, ripeurs, chefs d’équipes, qui balaient, nettoient les rues, déblaient les marchés, collectent les ordures".

    Quant aux parisiens :

    "… Ils ont une très grande attente. Elle est légitime. Paris doit être propre. Et je dirais, encore plus propre qu’elle n’est aujourd’hui…. Hors de question en effet pour moi, pour nous, majorité municipale, de fermer les yeux, de nier les problèmes qui existent".

     Des mesures concrètes selon lui ont été mises en œuvre.

    "Je pense à l’extension des horaires saisonniers, du week-end et en soirées…. particulièrement dans le Marais….Je pense au renforcement de la lutte contre l’affichage sauvage, aux équipes transverses (propreté, voirie, espaces verts) qui seront en place en 2018, pour agir rapidement …

    Je pense également qu’il faudra mieux responsabiliser les superettes et grandes surfaces alimentaires, ainsi que les cafetiers qui ne sont pas suffisamment respectueux de l’espace public.

    Je pense enfin aux nouveaux matériels avec un effort d’investissement très conséquent.

    Et puis, il y a la verbalisation".

     

    Le thème de la propreté est appelé à occuper le devant de la scène jusqu'aux élections prochaines, en principe 2020. Est-ce une assurance que la situation va s'améliorer ? On veut le croire et il faut que chacun participe activement. Nous le disons régulièrement : n'hésitons pas à enlever des affiches sauvages ; si une bouteille ou un sac plastique traine par terre ne répugnons pas à les ramasser et à les déposer dans la corbeille la plus proche….

    GS

     

  • KleinPub "Le Klein Holland", 36 rue du roi de Sicile (IVe) (photo SOS Conso)

     

     

    Cette affaire hors du commun n'a pas échappé à la plume avisée de Rafaële Rivais qui dirige SOS Conso, le blog du quotidien "Le Monde".

    Elle relate sept années de procédure judiciaire dont le pub "Le Klein Holland", un établissement bruyant, est la cause involontaire quoique active. Les évènements sont décrits par le menu dans deux articles successifs de R. Rivais (article du 5 février et sa suite le 6 février). Nous nous contentons de les résumer en espérant cependant qu'ils ne perdent rien de leur sel.

    En 2011, M. X visite plusieurs fois un appartement au-dessus du Klein Holland en vue de son acquisition. Il voit bien qu'il est au-dessus d'un bar mais il n'entend pas de bruit et l'agence immobilière l'assure qu'il est insonorisé. La promesse de vente est signée mais le jour-même il retourne à l'appartement et cette fois il y du bruit. Il fait faire un constat d'huissier étendu au relevé des SMS du téléphone du gérant. C'est là qu'il découvre le pot aux roses : à chaque visite, les filles du vendeur ont téléphoné au bar pour lui demander de baisser le son…

    En décembre, l'acheteur assigne le vendeur en justice en vue d'annuler la vente.

    Le 30 mai 2012, le TGI de Paris annule la vente et prononce le versement à l'acquéreur de dommages-intérêts.

    Le 12 décembre 2013, en appel, la Cour infirme le jugement de première instance estimant que l'acheteur aurait pu savoir qu'il y avait du bruit…

    L'acheteur va en cassation. La Cour statue le 7 avril 2015 en annulant le jugement et en renvoyant les parties devant une Cour autrement constituée. Cette deuxième Cour d'appel, le 16 septembre 2016 rejette la décision d'annulation.

    L'acheteur se pourvoit de nouveau en Cassation le 21 décembre 2017. Sa demande est définitivement rejetée.

    A l'issue de ces sept années de procédure, M. X se trouve donc propriétaire d'un logement dont il avait voulu se débarrasser considérant qu'il a subi un dol de la part du vendeur qui a triché sur la marchandise. La justice ne l'a pas suivi dans sa démarche et cette procédure lui a probablement couté fort cher.

    Devons nous pleurer sur son sort ? A ce stade nous n'avons pas de commentaire à faire car il s'agit d'une affaire civile entre deux personnes, l'acheteur et le vendeur. La véritable question qui se pose pour nous aujourd'hui est de savoir si le pub est dans son droit ou non.

    Si le bruit qu'il fait est dans les limites de ce que la loi a établi, il faudra soit que le nouveau propriétaire du logement s'en accommode soit qu'il déclenche une action "au civil" contre le gérant du pub cette fois en apportant des éléments convaincants sur la gêne subie.

    Mais il est malheureusement possible que le bruit causé par l'établissement dépasse la norme de 5 décibels d'émergence le jour et 3 décibels la nuit. Le riverain pourra le faire valoir, au civil s'il le décide, mais aussi au pénal en faisant intervenir le nouveau service de la Préfecture de police qui répond désormais au sigle P.E.C (pôle études et contrôle).

    GS

     

  • ZenithLe Zénith

     

     

    Le 17 mars 2017, le Zénith de Paris, et son gérant, M. Daniel Colling ont été condamnés par le Tribunal de Police du XIXe arrondissement à 81.000 € d’amendes contraventionnelles, et à verser 31.000 € de dommages-intérêts à une plaignante, “pour avoir manqué à la réglementation sur la diffusion de musique amplifiée et avoir ainsi porté atteinte à la santé et à la tranquillité des riverains” (voir article Le Monde du 7 avril 2017).

    Cette salle de spectacle, aux “murs” en toile, implantée en 1984 au cœur du Parc de La Villette générait depuis des années d’insupportables nuisances sonores des heures durant, répétitions l’après midi, concerts le soir.
    L’étude d’impact finalisée, pourtant obligatoire, n’avait jamais été faite…

    Les victimes constatent que ce jugement n’a rien changé, les nuisances continuent, des aménagements totalement insuffisants afin de protéger le voisinage ont été entrepris, alors que tous les spécialistes savent que, sans d'importants travaux, les soirées du Zénith de Paris feront souffrir un grand nombre de locataires de la Ville de Paris, puisque certains immeubles concernés appartiennent à des bailleurs sociaux, qui se gardent bien de soutenir leurs locataires.

    Qui aura réagi à cet état de fait inadmissible ? Aucun de ceux qui, à un titre ou un autre, représentent l'autorité publique : ni la Direction de La Villette, ni le Ministère de la Culture, tutelle du Parc, ni le nouveau commissaire central d'arrondissement, ni la Préfecture de Police – dont le Bureau d’Action contre les Nuisances (BACN) a été "opportunément" mis sous la férule de la Mairie de Paris (*) – et pas davantage M. François Dagnaud, Maire du XIXe, qui a fait la sourde oreille quand l'Association des Riverains du Parc lui a demandé de porter ce jugement à la connaissance du conseil municipal.

    En revanche, nous avons bénéficié d'un soutien et d'un engagement exceptionnels de la part du Commissaire Central Jacques Rigon tant qu'il a été Commissaire central du XIXe arrondissement. Il a aussi marqué de son passage le IVe dont il a été le Commissaire Central il y a une dizaine d'années.

    Pendant ce temps, le Zénith, lui, a fait appel…

    L’audience se tient mardi 6 février 2018, à 9 heures, au Palais de Justice de Paris, Escalier A, Rez de chaussée, chambre 11, Pôle 4. Les victimes iront défendre leurs droits avec confiance en la Justice et en espérant une réaction future des autorités publiques.

    Magali Bérenger

    Contact : 06 83 95 06 53 

     

    (*) NDLR : Ce service, jadis très performant, a été effectivement éclaté entre Mairie de Paris, Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection, et Préfecture de Police, Pôle Études et Contrôle, sans que leurs attributions respectives aient été clairement différenciées.

     

  •   Canal st martin foule 22 04 14Foule et "fête" la nuit au Canal St Martin – Xe –

     

     

    Des représentants du réseau "Vivre Paris !" et de "Vivre le Marais !", le 31 janvier,  ont rencontré Frédéric Hocquard, Adjoint à la Maire de Paris en charge de la nuit entouré d'Alexandre Tiphagne et Anaïs Boutard respectivement directeur et chef de cabinet. Le rendez-vous avait pour but de trouver les moyens d'un meilleur dialogue entre les riverains et les élus en charge de la nuit, notamment en matière de bruit et de montée de l'hyper alcoolisation, très préoccupante chez les jeunes.

    Frédéric Hocquard a souligné "combien les questions de régulation sont complexes et estimé que le renforcement des brigades de propreté  commence à porter ses fruits car les verbalisations vont bon train et représentent un changement… Sur la question des bars, l'action prend du temps, l'exemple des commissions de régulation mises en place dans les Xe et le XIe arrondissements donnent des résultats. Mais il reste le problème de l’occupation de l'espace public". L'ouverture des parcs la nuit a été critiquée et pourtant, selon lui, les nuisances sont mineures du fait du renforcement de la présence des patrouilles … Nous ne partageons malheureusement pas ce jugement quand nous constatons les incivilités et dégradations qui en résultent sur le terrain.

    Pour notre interlocuteur, la politique menée sur la nuit est validée par la Maire de Paris qui n'est d’ailleurs pas « vendue aux alcooliers » comme cela a pu être dit. Nous pensons nous qu'elle doit en tout cas se garder de donner cette impression !

    "Vivre Paris !" répond que les intérêts des uns et des autres sont différents, mais il faut trouver un terrain d'entente en se donnant les moyens d'apprécier ensuite les progrès accomplis. D'autant que le décalage est important entre le discours officiel et la réalité quotidienne vécue par les parisiens qui ont l'impression qu'elle s'aggrave.

    Aussi est-il utile que des représentants de "Vivre Paris !" soient entendus et participent notamment à la conférence intéressante sur la nuit qui s’est déjà tenue une première fois voilà quelques mois. Elle ne se résumait pas à une confrontation riverains/exploitants et allait au-delà. Ceux qui veulent travailler la nuit, et nous pouvons le comprendre, doivent respecter le sommeil de ceux qui pendant ce temps doivent dormir.

    Il n'existe pas de politique active de la nuit s'il n'est pas affiché une politique de lutte objectivée contre le bruit. La politique menée à Rotterdam est assez symptomatique, les autorités ne veulent pas que des quartiers entiers soient vidés de leurs habitants en raison d'une politique de la nuit qui ne serait pas régulée.

    Nous préconisons de désigner au sein de notre organisation un représentant qui remonterait les problèmes rencontrés par les riverains dans leurs arrondissements pour en débattre lors d'une réunion semestrielle dans laquelle assisteraient un représentant de la nuit, un représentant de la mairie d'arrondissement et un représentant du commissariat. Les riverains sont las que les administrations « se renvoient les problèmes » ce qui fait que rien n'est résolu et personne n'est responsable !

    Les dérives doivent être mesurés (indicateurs de mesure du bruit avec les pieuvres de BruitParif, prise en compte des indicateurs de l’hyper alcoolisation de nuit, de prise de drogue,…) et objectivés.

    Frédéric Hocquard se donne une semaine de réflexion pour répondre à notre proposition.

    "Vivre Paris !"

     

  • AH

    Anne Hidalgo (Photo Le Monde)

     


    "Le Monde" rapporte l'interview du 23 janvier que la Maire de Paris Anne Hidalgo a accordée à Stéphane Mandard sur la place de la voiture dans Paris et sa volonté de lutter avant tout contre la pollution.

    Le réseau "Vivre Paris !" dont "Vivre le Marais !" est membre, a décidé d'y répondre par une lettre ouverte qui reprend les thèmes de l'interview pour attirer l'attention de la Maire sur les questions qu'elle a jusqu'à présent éludées à propos de la lutte contre le bruit. En voici un condensé :

     

    Madame la Maire,

    Nous avons lu avec beaucoup d’attention votre interview dans le journal  "Le Monde" concernant votre politique de lutte contre la pollution.

    Vous avez raison de lutter contre la pollution des villes.

    Mais le fléau ne se limite pas à la seule pollution atmosphérique ; le  deuxième en importance est la pollution sonore (source Organisation Mondiale de la Santé). Elle a un impact important sur le quotidien des habitants et leur santé, par le stress et les troubles nocturnes du sommeil qu’elle engendre. Cette pollution sonore est mal vécue par les habitants  comme le montre l’enquête récente conduite par le CREDES (Centre de Recherche, d’Études et de Documentation en Économie de la Santé – devenu l'IRDES)

    Pour lutter contre cette pollution sonore, votre Plan de Prévention du Bruit et de l'Environnement  (PPBE) est très insuffisant car il prend principalement en compte le bruit généré par le trafic routier. (Nous avons développé ce point dans  un article daté du 25 janvier).

    La nuit, la pire gêne pour le sommeil des habitants ce sont les bruits générés par les établissements qui s'abstiennent de respecter la législation concernant les niveaux sonores et qui refusent de  réguler le comportement de leurs clients lorsqu’ils sortent dans la rue.  Ce sont aussi les vacarmes induits par la désinhibition des comportements liée à la consommation d’alcool et autres substances addictives et dangereuses.   

    Non seulement  votre politique de lutte contre ces incivilités n’est pas clairement définie, affirmée et mise en pratique, mais vous les favorisez par votre politique de développement de la vie nocturne, totalement asymétrique au bénéfice des alcooliers et industriels de la musique et de la nuit.

    Nous sommes 35 associations parisiennes réunies dans "Vivre Paris !" qui vous demandons d’avoir pour le bruit la nuit, la même détermination, le même discours que celui que vous avez pour la pollution atmosphérique. Nous vous rappelons votre déclaration à ce propos :

    Le sujet de la pollution est tellement grave ! Les questions de santé publique sont cruciales pour moi. Peut-être parce que j’ai été inspectrice du travail, que j’ai vu les maladies professionnelles, l’amiante… J’ai une sensibilité particulière, comme beaucoup de Parisiens et de Parisiennes d’ailleurs. Si bien que je me suis dit : « OK, tu vas prendre des coups, mais tu n’as pas le droit de ne pas y aller » 

    Les troubles du sommeil et autres pathologies induites par le bruit ont aussi des conséquences graves en matière de santé publique : aussi nous vous demandons d’avoir exactement les mêmes préoccupations de protection de la santé des  habitants.

    Vous avez dit :

    "Un acteur éminent d'un des lobbies est venu me voir au début de mon mandat en me disant : « Vous allez changer de discours. Et si vous ne changez pas de discours, je vous rendrai responsable de la baisse de l’emploi dans le secteur automobile.   J’ai répondu à ce monsieur : « Vous êtes sans doute très puissant. Mais moi, je préfère être du bon côté de l’Histoire car vous aurez sûrement affaire un jour à tous ces gens qui vont mourir des particules. Je ne veux pas être celle qui, en connaissance de cause, laisse un scandale de santé publique se développer".  

    Nous répondons que c’est exactement le même discours que nous attendons de vous concernant les alcooliers et les responsables d’établissements de nuit peu scrupuleux qui ne respectent pas la législation. 

    Vous ne luttez pas efficacement contre les méfaits de l'alcoolisation la nuit, véritable fléau notamment pour les jeunes. Combien de comas éthyliques, combien de morts, combien d’accidents et de viols induits par la consommation d’alcool la nuit. Comment pouvez-vous laisser des sites comme le canal Saint Martin avec 2,5 tonnes de bouteilles, canettes et autres déchets à ramasser le matin ? et des rues à bars et autres lieux où une foule tapageuse accapare la voie publique et crée des désordres dont souffrent ceux qui vivent là ?

    "Les maires étrangers avec lesquels je travaille sont confrontés à des pressions similaires. Peut-être que ces lobbies ont compris que les édiles des grandes métropoles sont des prescripteurs. Si Paris, New York, Montréal, Los Angeles ou Mexico disent stop au diesel, cela change la donne"

    Pourquoi Paris ne serait pas justement en pointe pour la lutte contre la pollution sonore ? Pourquoi Paris ne fait-elle pas comme New York qui vient d’investir des centaines de millions de dollars pour identifier et traiter les sources de bruits parce que c’est un enjeu majeur ? Pourquoi Paris ne s’inspirerait pas  de ce que fait la ville de Rotterdam : une politique de développement de la vie nocturne équilibrée, très attentive et respectueuse des riverains, pour éviter la désertification possible de certaines rues  devenus invivables du fait des nuisances.

    Ma bataille n’est pas contre la voiture, mais contre la pollution. C’est un changement de modèle. Certains le voient comme une contrainte, comme s’ils perdaient une part de leur confort. Or c’est une opportunité, y compris économique. On ne peut pas s’accrocher à un modèle du passé au nom de l’amortissement d’investissements massifs dans le diesel et au détriment de la santé. Je sais que c’est compliqué car cela nécessite des changements de modèle économique et industriel, de comportements personnels. Et ça ne se fait pas naturellement pour certains. Donc il faut les accompagner. 

    Oui et c’est exactement transposable, mot pour mot, pour la lutte contre le bruit. Il existe un grand potentiel économique dans le développement du secteur de la lutte contre le bruit  avec certainement l’émergence de nouveaux matériaux,  de nouveau outils de mesure et de régulation intégrant des nouvelles technologies. Les centres de recherche sur la ville de demain ne s’y trompent pas : tous intègrent la recherche d’une ville plus silencieuse dans leurs objectifs prioritaires avec de nouveaux modèles économiques : il faut juste une vision politique privilégiant la santé des habitants et ne pas rester dans une logique à court terme fortement influencée par les lobbies de l'alcool et de la nuit.

    S'attaquer à la pollution des villes en ne traitant que la pollution atmosphérique peut avoir des conséquences paradoxales désastreuses. Le plus triste exemple est la transformation de la place de la République. En organisant vous-même des concerts gigantesques, en refusant toute régulation efficace du bruit, vous avez rendu cette place invivable pour les riverains. Et la très grande majorité d’entre eux regrette le temps ou la voiture était beaucoup plus présente !

    Madame la Maire, nous les 35 associations du réseau "Vivre Paris !" vous demandons d’engager résolument la Ville de Paris dans  une politique affirmée de lutte contre le Bruit.

    Nous vous demandons, enfin,  de rééquilibrer votre politique de développement de la nuit en prenant en compte la nécessité de respecter la qualité de nos nuits. A cet effet nous demandons que soit complétement mises  à plat, avec la Préfecture de Police, les modalités de constat et de résolution des situations à problème que nous identifions ; c’est aujourd’hui beaucoup trop compliqué, avec trop d’interlocuteurs,  beaucoup d’opacité et beaucoup trop lent.  Nous voulons, comme à Rotterdam,  un circuit court, totalement transparent, reposant sur des mesures objectives de niveau sonore avec des degrés de sanctions progressifs inspirés de ce qui existe à Genève.

    Concernant ce dérive qu'est l'hyper alcoolisation, nous vous demandons que soient publiées les statistiques regroupées de l'APHP, des Pompiers, de la Préfecture de Police concernant les hospitalisations, les accidents, les arrestations sur la voie publique. C'est indispensable pour que chacun prenne la mesure de ce fléau beaucoup trop banalisé et tellement plus grave que les mégots jetés sur la voie publique.

    Réseau "Vivre Paris !"

     

  • Who's pierre au lard 12 01 18Le Who's 14 rue St Merri (IVe) : son extension du 3 rue Pierre au Lard soulève des objections et de nombreuses plaintes des riverains (Photo VlM)

     

     

    Le gérant de cet établissement, qui n'est autre que celui du Cox-Bar et du Freedj, discothèque de nuit du 35 rue Ste Croix de la Bretonnerie, a de la suite dans les idées mais il n'est pas le seul. A vouloir trop nier les réalités auxquelles il est confronté, il met un fois de plus le feu au quartier et les pouvoirs publics le rappellent à l'ordre.

    Dans l'immédiat, il est confronté à deux procédures différentes mais complémentaires : pour donner suite aux plaintes de riverains pour tapage nocturne récurrent, le service "Pôle Études et Contrôles" de la Préfecture de police exige de lui sous deux mois une étude d'impact de sa sonorisation sur les immeubles voisins. Ce genre d'obligation peut conduire l'exploitant à insonoriser ses locaux, s'il en a les moyens et la volonté, ou à ne rien faire mais renoncer à la diffusion de musique.

    Dans l'intervalle, le Préfet de police, logiquement, lui retirait l'autorisation de nuit.

    Loin de se tenir tranquille, ce que la plus élémentaire prudence aurait conseillé à quiconque, il a continué à organiser des évènement dans les locaux du 3 rue Pierre au Lard, qui sont présentés sur Internet comme des salles privatisables. De nouvelles manifestations ont eu lieu, très dérangeantes pour le voisinage, il y eu dépôt de nouvelles plaintes et le résultat ne s'est pas fait attendre : le Who's vient d'écoper de 15 jours de fermeture administrative (lettre du 22/01/18 du Préfet de police au Député du IVe).

    Il est possible que le gérant ait la mémoire courte. Ce n'est pas le cas des gens qui vivent à proximité des foyers de nuisances sonores qu'il se plait à créer. Voici ce qu'ils entendent lui rappeler :

    • En 2009, la Préfecture saisie d'un projet de translation de licence IV du 14 rue Saint-Merri vers le 3 rue Pierre au Lard, lui signifiait un refus sur le fondement de la proximité du local avec un école maternelle et primaire (moins de 75 mètres). Le Préfet dans sa notification faisait savoir au gérant que l'avis du Procureur de la République avait été sollicité et que le Parquet s'y était opposé, confortant ainsi la position du Préfet.
    • Ce refus de transfert lui était rappelé en 2011 avec l'indication que cette licence ne pourrait pas non plus faire l'objet d'une extension de son exploitation à un périmètre plus étendu grâce à la liaison qu'il se proposait de créer entre le 14 rue Saint-Merri et le 3 rue Pierre au Lard, toujours dans le cadre de la législation des zones protégées. 

    C'est pourtant la voie que l'établissement a choisie en s'engageant depuis la rentrée 2017 en fin de semaines (du mercredi au dimanche) dans des soirées endiablées qui ont créé les désordres qu'on a vécus dans le quartier. Il n'en avait pas le droit.

    Il convient de rappeler qu'à ces sanctions motivées par le maintien de l'ordre d'ores et déjà appliquées, sont venues s'ajouter des suspicions d'infractions liées à l'urbanisme. Les travaux de réaménagement du 3 rue Pierre au Lard, notamment sur les ouvertures, n'ont pas fait l'objet de demandes d'autorisations. La direction de l'urbanisme et l'Architecte des Bâtiments de France se sont déplacés pour constater et établir un procès-verbal dont les suites pèsent sur les responsables.

    Ultime détail qui n'est pas le moindre : le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, révisé en 2013, a qualifié l'espace entre les bâtiments de la rue St Merri et de la rue Pierre au Lard de "tache jaune" à détruire au bénéfice d'un espace vert. On attend avec attention que cette prescription se concrétise.

    Le Collectif "Pierre au Lard"

     

     

  • Bruit en idf

    Près de 9 franciliens sur 10 se montrent préoccupés par le bruit de leur environnement et plus de la moitié s'en inquiètent très fortement.  6 franciliens sur 10 considèrent que le bruit affecte leur santé (Enquête IFOP 2014 pour le Ministère de l’Écologie)

     

     

    Fanny Mietlcki, directrice de Bruitparif, et Michel Riotto, président d'honneur de France Nature Environnement Île-de-France (FNE), se sont unis pour dresser un bilan de la lutte contre le bruit à fin 2017. Il a été diffusé par le magazine "Liaison" et par Internet.

    Paris est au cœur de l'Île-de-France mais les attentes des parisiens en la matière ne sont pas forcément identiques à celles des franciliens en général. Pour ces derniers, les transports en commun comptent plus dans les nuisances qu'ils subissent que les bruits de la circulation urbaine et du voisinage, qui caractérisent Paris.

    Dans les conclusions de FNE, l'effet du bruit sur la santé est rappelé avec force : troubles du sommeil, stress, risques cardiovasculaires et baisse voire perte des facultés auditives avec apparition de troubles comme les acouphènes ou les bourdonnements. Les scientifiques estiment que le bruit est la cause de 10.000 décès prématurés en Europe chaque année.

    OreilleNotre oreille est si complexe. Par pitié, épargnez la !

     

    Les troubles de voisinage que nous subissons dans les arrondissements parisiens et contre lesquels nous sommes plus de trente associations à lutter, au sein du réseau "Vivre Paris !",  sont essentiellement ceux qui résultent du comportement d'établissements recevant du public (ERP) et à plus forte raison ceux qui sont ouverts la nuit.

    Le code de la santé publique limite à 5 décibels de jour l'émergence d'un bruit au-delà du bruit ambiant. Ce chiffre est ramené à 3 décibels la nuit (rappelons que 3 décibels correspondent à un doublement du bruit). Il y a donc des références objectives pour intervenir contre un établissement bruyant si le bruit vient de l'intérieur. C'est plus difficile à identifier et à réprimer si des gens dans la rue ou même en terrasses se livrent au tapage comme le font la nuit des consommateurs alcoolisés qui hurlent et s'invectivent. Il n'y a alors qu'un recours, la police, si tant est qu'elle accepte de se déplacer.

    Bruitparif a mis au point toutefois un dispositif qui offre la faculté de déceler l'origine, l'ampleur et l'heure du bruit. Ils l'ont baptisé "Méduse" à cause de sa forme. Une expérimentation est en cours, avec le soutien de la mairie de Paris, dans cinq quartiers dont le Canal St Martin (Xe), la place Ste Catherine (IVe) et le quartier des Enfants Rouges (IIIe).

      Nuit

     

    On peut se demander s'il existe une pression sur les pouvoirs publics, indépendamment des électeurs, pour que le traitement du bruit soit pris en charge méthodiquement avec des échéances. Il existe une directive européenne de 2002 que chaque pays doit décliner dans sa propre loi et prendre des mesures adéquates mais elle vise essentiellement les transports : trains, avions, autoroutes… Elle exige que chaque agglomération de plus de 100.000 habitants produise son "plan de lutte contre le bruit" mais pour ce qui est de Paris ce plan a été décliné des statistiques de trafic automobile, au prétexte qu'il existe une forte corrélation entre bruit et trafic… mais en oubliant les bruits de voisinage.

    C'est donc vers le gouvernement et la municipalité de Paris que nous nous tournons pour leur dire qu'il y a urgence de santé publique et que toute disposition doit être évaluée à l'aune des nuisances sonores qu'elle crée ou qu'elle supprime.

    FNE recommande une série d'actions. Une première catégorie concerne le trafic routier : diminution de la vitesse, création de "zones 30", ondes vertes (feux rouges synchronisés), transformation des carrefours en rond-points, réduction du trafic avec report modal vers le vélo (une lapalissade…), création de parcs de stationnement en bordure des villes, restriction du nombre des poids lourds, remplacement des véhicules thermiques par des électriques, développement des transports en commun, optimisation de la gestion des véhicules de livraisons, adoption de revêtements routiers moins bruyants…

    Un véritable inventaire à la Prévert contre lequel on n'a pas de prévention mais il ressemble à un vœu pieux pour des mesures  d’ailleurs plus ou moins lancées déjà.

    Casque

     

    On a gardé la douzième pour la bonne bouche car enfin on se sent un peu plus concernés : "Lutter contre les comportements inciviques" : usage inapproprié du klaxon en ville, deux-roues motorisés mal réglés, pots d'échappement frelatés, tolérance coupable à l'égard du refus des "motards en colère" d'accepter le contrôle technique en vigueur pour les voitures et faiblesse incompréhensible à l'égard de motos comme les Harley Davidson qui produisent un bruit d'enfer.

    Cette dernière recommandation rachète à elle seule la platitude des précédentes qui de notre point de vue enfoncent des portes ouvertes. C'est un message que nous adressons à la Maire de Paris, au Préfet de police de Paris, au Ministre de l'intérieur et à ceux qui œuvrent dans les instances européennes car c'est à ce niveau qu'il faut agir aussi, et pour finir au Président de la République car il traite beaucoup de sujets chez nous…

    Gérard Simonet

     

  • Jp2Le "Jackpot", 10 rue des Haudriettes (IIIe) – Tél. 01 42 71 61 46 – ouvert tous les jours (Photo VlM)

     

     

    Il prend la suite du "Café Marais" au 10 de la rue des Haudriettes dans le IIIe, à l'issue de travaux de transformation en profondeur. Le propriétaire est Julien Agobert, déjà connu dans le IVe pour tenir le restaurant "Monjul ", 28 rue des Blancs-Manteaux.

    Julien Agobert est considéré comme un chef créatif "qui allie saveurs et textures". C'est aussi ce qui caractérise la nouvelle adresse "Le Jackpot". Il y propose des tapas. Il s'agit plus du "concept" de tapas, à savoir des petites préparations variées et pas forcément espagnoles comme on a l'habitude de les rencontrer.

    Voici comment il se décrit lui-même : "Après l'école hôtelière Jean Drouant et mon service " militaire" aux cuisines de l'Elysée, la cuisine a été pour moi l'aboutissement  d'une expérience acquise dans les palaces, relais et châteaux  aussi bien à Paris, qu'en province ou à l'étranger.
    Après la cuisine semi-gastronomique du MONJUL, j'ai cherché à faire une cuisine plus simple mais quand même gourmande et avec une touche d'originalité.
    " Ma " cuisine, c'est un métissage culinaire des saveurs et des textures venant du Monde entier qui bousculent et étonnent mais c'est, avant tout, une passion et une envie de faire plaisir".

    Le cadre est intimiste avec pierres et poutres à foison. La musique est discrète, comme le souhaitent la plupart des clients qui vont au restaurant pour parler et généralement pas pour se retrouver noyés sous une une avalanche de décibels. Les habitants, qui sont nombreux à vivre dans les immeubles qui bordent la rue, sont eux aussi rassurés de constater qu'il n'y pas a priori avec le "Jackpot" de risque potentiel de nuisances sonores.

    Jackpot 15 01 18Vue de la salle

     

    Pour y avoir dîné, nous recommandons cet établissement à ceux qui soignent leur ligne et sont attentifs à l'authenticité des produits et à la qualité et la tranquillité du cadre. L'addition est assez douce : 20 à 25 € si vous ne faites pas trop bonne chère et n'abusez pas de la dive bouteille…

     

  • Le Parisien

    Projet phare de l'exposition, le "village global" de Paris-Saclay (Jacques Ferrier/Manuelle Gautrand – architectes) Illustration du journal "Le Parisien"

     

     

    Tous les médias s'en sont fait l'écho ce dimanche 21 janvier 2018 : le Premier Ministre Édouard Philippe annonce le retrait de la candidature de Paris pour l'exposition universelle de 2025.

    Le quotidien "Le Figaro" publie un sondage de ses lecteurs. Ils ne représentent certes pas la France mais tout de même 85,49 % d'entre eux en sont ravis ! On peut, sans prendre trop de risques, extrapoler et dire que cette nouvelle est un soulagement pour un grand nombre et sans doute une majorité de Franciliens.

    Il est utile de rappeler que nous devons nous préparer à faire face successivement à Paris aux Jeux Olympiques Gay (Gay Games) de 2018, à la coupe du monde de rugby de 2023, aux J.O. de 2024… et l'exposition universelle se profilait pour 2025 !

    Paris et sa région n'ont plus le droit de monopoliser l'activité en organisant en France tous les évènements, dans l'espace surchargé dont elles disposent. Si Paris intra-muros est parvenu dans ses 100 km² à maintenir sa population entre 2 et 3 millions d'habitants du XIXème siècle à nos jours, il n'en est pas de même du reste de l'Île-de-France qui a vu sa  population bondir de 1 à 10 millions d'habitants.

    Dans ces conditions, si la France devait prétendre encore à l’organisation de tels évènements, c'est en province qu'il conviendrait de les situer de façon à rééquilibrer l'occupation d'un territoire urbanisé qui souffre de macrocéphalie notoire (*).

    Mais il y a d'autres questions qu'il importe de se poser de nos jours. En 1889, nous étions en pleine révolution industrielle et il était de bonne stratégie d'afficher son savoir-faire dans les domaines de la construction, des machines-outils, du transport… Construire la Tour Eiffel, même si elle a été décriée, répondait à une logique de rayonnement sur le monde. A l'inverse, le XXIème siècle, qui s'ouvre sous le signe de la dématérialisation, n'exige plus comme par le passé qu'on montre ce qu'on sait faire.

    La révolution que nous vivons en ce moment c'est celle qui résulte du traitement, de la transmission et du stockage de l'information avec des performances qui doublent tous les 18 mois (**), de la colossale banque de données (big data) qui se constitue dans les mémoires électroniques de la planète et dans l'espace et de l'inépuisable capacité des individus à développer des applications toujours plus ingénieuses qui transforment notre existence. Au point que nul n'est capable de prédire ce que sera notre quotidien dans les dix ans qui viennent.

    Face à ce défi, nous nous sentons fragiles quand nous comparons la France aux États-Unis ou à la Chine car ces deux États à eux seuls possèdent la technologie (composants, processeurs, mémoires, fibre optique) et des applications quasi exclusives à l'échelle de la planète (Google, Facebook, Amazon, Uber, Twitter….).

    Dans ce contexte, nous avons heureusement un rôle à jouer, ne serait-ce qu'être une pièce majeure (le fou, la tour ou le cavalier plutôt que le pion) sur l'échiquier économique global. Mais pour s'y préparer, c'est sur l'éducation de haut niveau qu'il faut miser, sur les échanges, sur la liberté d'entreprendre et sur la reconnaissance de la réussite et l'estime à l'égard des entrepreneurs.

    Pour cet ensemble de raisons, une exposition universelle, symbole de la Belle Époque et de l'empire colonial, n'avait pas sa place… Il est heureux que le Premier Ministre et son gouvernement aient décidé de se défausser, en évitant par là-même l'hémorragie financière qui en aurait comme d'habitude résulté avec un nouveau gonflement de la dette de l’État.

    Quel dommage qu'il soit difficile pour les J.O. de 2024, malgré les déboires qui viennent de nous être annoncés sur les transports et ces lignes de métro qui ne seront pas prêtes à temps, d'envisager un renoncement qui viendrait nous soulager d'un fardeau dont on n'a pas fini de supporter le poids.

    Gérard Simonet

     

    (*) macrocéphalie : (étymologiquement "grande tête" en grec) désigne l'hypertrophie de la ville la plus peuplée d'un territoire.

    (**) Cette loi pourrait se voir remise en question à cause de l'échauffement des circuits, mais la physique quantique pourrait prendre le relais en ouvrant de nouveaux horizons pour les performances