Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Vivre Paris !

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    Temple 80 erdilin 16 04 21Carrefour Temple/Haudriettes, 84 rue du Temple (IIIe)

     

    S'il en demeure dix, je serai le dixième ;

    Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !

    "Ultima verba" – Les Châtiments – Victor Hugo

     

    Ils étaient très nombreux dans le Marais il y a vingt ans encore ces grossistes importateurs de maroquinerie made in China. C'était l'époque où la mono-activité sévissait. Le commerce d'ERDILIN en était. Son propriétaire, le sympathique Christian LIN, a vu ses pairs partir les uns après les autres en direction d'Aubervilliers. Ils ont trouvé en lisière de Paris l'espace vital dont ils étaient cruellement privés dans les rues étroites et les immeubles anciens du Marais, inadaptés à leur type de commerce.

    Christian quant à lui, tel la chèvre de Monsieur Seguin, s'est battu jusqu'au bout pour demeurer là mais il vient de céder aux réalités économiques. Nous espérons que c'est pour son bien et pour le succès de ses affaires.

    ERDILIN entretenait depuis toujours des relations de bon voisinage avec les riverains. Il est probable cependant que les habitants du secteur se réjouissent en apprenant que des travaux sont en cours pour transformer ce commerce en boulangerie-pâtisserie dont la couverture s'étendra au local adjacent du 86 rue du Temple.

     

    Temple 84 façade 16 04 21

    Il s'agit du rez-de-chaussée d'un immeuble qui date du XVIème/XVIIème siècles, de taille modeste, mais qui surprend par l'élégance de ses fenêtres et la présence sur la façade de petites têtes sculptées qui s'apparentent à des mascarons.

    On ne pourra pas dire cette fois qu'un commerce de bouche laisse sa place à un marchand de fringues. C'est plutôt le contraire qui se produit. Le carrefour, qui devrait légitimement porter la référence historique "d'Échelle du Temple" (**) plutôt que le nom de Renée Vivien (une illustre inconnue, poétesse disciple de Sapho), est en train de vivre une large rénovation avec l'ouverture de "Galleria Continua" (Temple/Michel le Comte), le décor (discutable il est vrai) du gymnase et la galerie d'art Sabine Bayasli au 99.

    Trois branches sur quatre sont heureusement réhabilitées. La quatrième mériterait elle aussi de l'être : il s'agit du petit square au pied de la grande fresque de Christian Hours/Catherine Feff  "l'Esprit des Lieux" (1996). L'entretien du jardin laisse beaucoup à désirer et la mairie serait bien inspirée de décourager les nourrisseurs de pigeons dont le comportement irresponsable rend cet espace insalubre.

    Gérard Simonet

     

    (**) L'Échelle-du-Temple : L'Ordre des Templiers avait érigé en ce lieu, hors de ses murs, un échafaud, une sorte de gibet où les condamnés de Haute Justice, à des peines non capitales, étaient exposés aux insultes et quolibets du public

     

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    Gare estLa gare de l'Est, vue depuis le boulevard de Strasbourg

     

     

    L'association aurait pu s'appeler "Vivre Paris Xe !". Elle a décidé de cibler davantage en choisissant un nom très proche d'un terrain que ses fondateurs occupent depuis longtemps : boulevard de Strasbourg et les faubourgs St Denis et St Martin . Elle a tenu le 13 avril un nouveau café-rencontre sous la forme d'une visio-conférence rassemblant ses premiers adhérents. La présidente Delphine Martin nous y a conviés. Nous partageons un objectif commun, la protection de la qualité de vie des habitants, et nous sommes géographiquement voisins.

    Delphine considère que son association est le fruit d'une "incroyable histoire". Voici ce qu'elle en dit :

    "Eté 2018. Gil et moi-même, amoureux du quartier et vivant sur le boulevard de Strasbourg, sommes contraints de quitter notre appartement avec nos petites filles de 4 et 8 ans car nous sommes soumis à d’importantes émanations toxiques émises par des ongleries au rez-de chaussée de notre immeuble.

    Soutenus par des voisins, nous lançons alors une pétition. Très vite, elle suscite l’intérêt et l’engagement d’habitants qui veulent se mobiliser et agir à nos côtés. Début octobre 2018, une première réunion de quelques habitants du boulevard de Strasbourg se tient dans un bar du quartier. Un collectif se crée de manière informelle et regroupe rapidement une trentaine d’habitants.

     

    Mairie Xe

    Ce collectif engage un dialogue constructif avec les pouvoirs publics : la mairie et le commissariat du Xe, les élus, la ville de Paris, la Préfecture de Police, le Député de la circonscription, tous les candidats aux municipales 2020… Les rendez-vous se multiplient. Ils sensibilisent et font des propositions dans tous les domaines qui concernent la vie de leur quartier : environnement, pollution, propreté, aménagements urbains, diversité commerciale, circulation, sécurité, nuisances, culture…

    L'intérêt ne cesse de croître. La pétition atteint 1500 signatures. Pour répondre à la demande générale, ils décident, fin 2020, de fonder une association : Vivre bd de Strasbourg – Fg St-Denis St-Martin ! L’objectif reste la même : améliorer la qualité de vie et l’environnement de leur quartier".

    Elle dépeint ainsi l'association :

    "Comment synthétiser l’objet de notre action ? « VIVRE » s’est naturellement imposé. Le point d’exclamation souligne notre ambition et lui donne un accent tonique. Enfin, le verbe « vivre » fait également référence à un mouvement d'associations de riverains qui agissent depuis 2011 de manière constructive pour l’amélioration de la qualité de vie des Parisiens. Notre association s’inscrit pleinement dans cette démarche.

    Notre identité quant à elle souligne la richesse historique et culturelle de notre territoire, à réhabiliter.

     

    Porte_st_denis_couleurPorte St Denis

     

    Le boulevard de Strasbourg, prolongement de Sébastopol, est souvent considéré comme une simple sortie automobile de la ville vers le nord. Notre point de vue est tout autre. Notre regard d’habitant s’oriente vers le centre de Paris, vers ses théâtres, avec la perspective historique du Tribunal de Commerce sur l’île de la Cité. Suggérant l’entrée dans la ville, notre logotype est constitué de deux carrés représentant les très anciens quartiers historiques Saint-Denis et Saint-Martin identifiés par les deux portes. L’axe central symbolise le Boulevard de Strasbourg. Ce trait d’union entre ces deux quartiers est la raison d’être de notre association.

    Logo

    Une autre lecture du logo illustre un rideau de scène qui s’ouvre sur notre quartier, historiquement celui des théâtres, que l’on veut faire redécouvrir et renaître !

    Enfin, les couleurs sont celles de nos fameuses plaques de rues parisiennes, accompagnées de “l’or” couleur des pierres des Portes de Louis le Grand. Le style graphique est sobre et contemporain".

    Delphine Martin

     

     


  • Boite lettres taguéeRestaurant tagué

     

     

     

     

     

     

     

     

                                                                                           Portail tagué

    Temple 64 atsuko matano 26 03 21

    Temple 77 tagué 09 02 20

     

    Le décor parisien tristement défiguré par quelques vandales !

     

    Il est membre de l'association, familier d'Internet dont il exploite les immenses possibilités en France et à New-York. ll est choqué que Paris dont il est citoyen soit depuis des années livré aux vandales qui le souillent consciencieusement et l'enlaidissent sans que les gestionnaires de la Ville et les forces de l'ordre ne bougent le petit doigt pour le combattre. Il a connu cette situation à New-York et souligne que les autorités ont su y mettre un terme par la mise en place de mesures dissuasives.

    A la tête d'un collectif d'habitants et de commerçants excédés, il lance aujourd'hui une pétition pour soutenir sa démarche. Nous vous invitons à la signer et à l'appuyer par des commentaires à cet article. Tous les destinataires de ce message, toutes les associations qui se reconnaissent dans le mouvement "Vivre Paris !" sont invités à la diffuser auprès de leurs contacts. Consulter et signer la pétition.
     
    Le message sera publié sur Twitter et Facebook sous le "hashtag" #nonauvandalisme. L'objectif est de susciter un large mouvement de soutien à la création de la task-force que les organisateurs proposent à la Maire de Paris Anne Hidalgo et à ses adjoints pour venir à bout d'un phénomène qui déshonore Paris.
     
    Nous comptons sur votre soutien !
     
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    Anne hidalgo dans la tourmenteAnne Hidalgo, (Photo Olivier Corsan, Le Parisien)

     

     

    Ce "hashtag" saccageparis  a mis le feu au poudre. Son auteur affirme qu'il n'a pas de lien avec les milieux politiques ou associatifs. Il a twitté récemment pour se plaindre de la saleté de Paris  comme le font des milliers de personnes mais lui a touché le jackpot car son message, et le fanion  qu'il a choisi, ont fait mouche. On rapporte qu'il a été partagé des dizaines de milliers de fois !

    Canal st martinCanal St Martin défiguré par les tags

     

    Les commentaires qui foisonnent autour de ce mot-clé (cf  Le Figaro) concernent tout autant la saleté et les déchets sur la voie publique que les affiches, les tags et l'état du mobilier urbain. En transformant de la sorte un acte banal de défoulement en buzz qui a mis en émoi les médias et le monde politique, notre agitateur a réussi en quelques heures à obtenir des dirigeants de la mairie de Paris l'attention que nous leur réclamons depuis des années….

    C'est dire si notre admiration lui est acquise !

     

    Temple tags devanture

    Comme lui nous dénonçons l'état des rues et du mobilier urbain dont la mairie semble se désintéresser : bancs publics, jardinières, armoires et boitiers électriques, boites aux lettres, parcmètres, poteaux et potelets, abribus…. Le long de la Seine, les coffres des bouquinistes que nous avons réussi à faire entretenir souffrent régulièrement des méfaits des vandales. Les murs, les portes et les rideaux métalliques des boutiques revêtus de tags immondes enlaidissent le milieu urbain et créent une ambiance anxiogène.

     

    Banc bois en série république 24 11 20 Banc bois isolé république

     

     

     

     

     

     

     

    Pour compléter ce tableau avant de finir sur une lueur d'espoir, nous sommes obligés de dire aux élus Verts que nous n'apprécions pas du tout la politique qu'ils imposent à la mairie de Paris à propos du nouveau mobilier en bois de récupération. On se demande parfois quels démons  ou quel goût pour la facétie les poussent à faire dans la laideur absolue. Il faut impérativement que les élus sensés (ils sont certainement majoritaires à l'Hôtel de Ville) arrêtent ce massacre !

    On voit qu'il y a du pain sur la planche à Paris et la Maire Anne Hidalgo et son Premier adjoint Emmanuel Grégoire, qu'on sent déjà en ordre de marche pour la présidentielle, seraient bien inspirés de corriger rapidement le tir.

    Ils peuvent s'appuyer d'ailleurs sur des signes encourageants qui nous sont donnés depuis quelques semaines par les services de la mairie, en dépit de la campagne actuelle qui ne fait pas de cadeau à ceux qui sont aux manettes. Colombe Brossel (**), Maire-adjointe en charge de la propreté marque des points. Il n'y a plus de "flyers" sur notre territoire et les affiches sauvages ont disparu. L’effacement des tags a repris de la vigueur, avec des tronçons entiers de rues nettoyés et des interventions ponctuelles qui se font dans les 24/48 heures. On attend toujours la nomination des agents de quartiers dont l'annonce a été faite il y six mois mais nous savons que leur recrutement est en cours.

     

    Terrasse éphémère charlotTerrasse éphémère rue Charlot (IIIe)

    C'est donc un message d'espoir que nous voulons diffuser. Avec une mise en garde sérieuse de notre part cependant pour dire que ces réunions de concertation lancées par l'Hôtel de Ville à propos de la "nouvelle esthétique parisienne" ne doivent en aucun cas servir la volonté maniaque de quelques idéologues activistes de faire approuver, comme ils savent le faire, des décisions loufoques et nuisibles à l'image de Paris et à son rayonnement. Il en est de même pour le devenir du règlement des terrasses et le sort des "terrasses éphémères".

    GS

     

    (**) Colombe Brossel vient de twitter : "Les graffitis doivent faire l’objet d’une réponse pénale. J’ai écrit au Procureur afin que la  préfecture de police effectue un travail d’identification de ceux qui souillent les murs de Paris et que ces actes de dégradation ne demeurent impunis".

     

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    Berges de seine 24 03 21(1)

     

    A la condition de ne pas s'y rendre les samedis et dimanches après-midis car la foule y est dense, on peut parler en effet d'un havre de sérénité, d'un Éden, d'un site idyllique, du paysage urbain le plus beau du monde, patrimoine mondial de l'UNESCO…. Des torrents d'éloges !

    Notre objectif a saisi la portion comprise entre le Pont Louis-Philippe et le Pont de Sully (clic gauche pour agrandir les images).

     

    (1) Restaurant guinguette qui attend son heure en vendant des plats à emporter, sur fond d'Île St Louis, (2) Confidences au bord de l'eau près du Pont Marie, (3) Hôtel Lambert, propriété de l’Émir du Qatar, à la pointe Est de l'Île St Louis et (4) Île de la Cité autour du chantier de reconstruction de Notre-Dame. Juste au centre, la "maison d'Héloïse et Abélard"… (**)

     

    île st louis 24 03 21Pont marie 24 03 21

     

     

     

     

     

                                           (2)                                                                           (3)

     

    Notre dame(4)

     

    (**) Natif de Nantes, Abélard vint à Paris en 1100 pour y suivre l’enseignement de Guillaume de Champeaux. Devenu professeur, il accepta de donner des leçons à Héloïse, la nièce du chanoine Fulbert. La jeune fille était âgée de 18 ans Abélard en avait 39. Ils tombèrent éperdument amoureux l’un de l’autre. Redoutant la fureur du chanoine, les amants s’enfuirent en Bretagne, où Héloïse donna naissance à un fils, puis revinrent à Paris. Des hommes de main envoyés par le chanoine s’emparèrent d’Abélard et le châtrèrent. François Villon en parle dans son poème "Ballade des dames du temps jadis", mise en chanson par Georges Brassens.

    Dès lors Abélard se consacra à des activités purement spirituelles. Il devint moine et fonda l’oratoire du Paraclet. Héloïse prit le voile. Lorsque Abélard s’éteignit en avril 1142. Elle-même disparaîtra vingt-deux ans plus tard et rejoindra Abélard dans son cercueil. Le scandale traversa les siècles puisqu’en 1630, une abbesse s’avisa de trier soigneusement puis de séparer les ossements des amants. Ils sont aujourd’hui ensemble au cimetière du Père-Lachaise. [Paristoric]

     

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    Arts & métiersCarrefour des Arts & Métiers, mars 2021 (Photos VlM)

     

     

    La mairie de Paris lance une enquête sur Internet à propos d'une "nouvelle esthétique à Paris" auprès de tous ceux qui peuvent et souhaitent y répondre. Elle porte principalement sur le mobilier urbain. Je vais m'exprimer à ce sujet en étant conscient qu'il est impossible de le faire sans plonger peu ou prou dans le débat politique. Je demande à nos lecteurs de ne pas m'en tenir rigueur et relever que notre jugement à l'égard de nos élus quels qu'ils soient est toujours en nuances.

    Mon premier commentaire est qu'il n'y a pas d'esthétique possible dans un cadre souillé.  La photo du carrefour des Arts & Métiers montre que la laideur est installée sur les murs et c'est par là qu'il faut commencer en effaçant ces graffitis immondes et en s'assurant qu'ils ne reviennent pas. Les américains ont une expression savoureuse pour décrire un effort qui sans discernement serait futile et  inutile : "lipstick on a pig", ce qui veut dire "du rouge à lèvres pour un cochon".

    On est peut-être sur la bonne voie à ce propos : Colombe Brossel, Maire-adjointe de Paris pour la propreté, assure qu'elle a augmenté les budgets dédiés au service "DansMaRue" et elle a annoncé (pour bientôt ?) la création de postes d'agents chargés de veiller à l'environnement dans chaque quartier. Les résultats sont d'ores et déjà visibles : les affiches sauvages sont en voie de disparition et l'effacement des tags/graffitis est nettement plus performant.

    On est loin encore d'avoir nettoyé Paris. Mais si on se préoccupe de son esthétique, il faut progresser dans cette voie et attaquer pour cela le problème à la base : accroissement des sanctions, vidéo-surveillance, suivi des réseaux sociaux, contrôle de la distribution et du transport des bombes de peinture…

    Certains feront peut-être observer qu'il s'agit de mesures liberticides. Si une majorité de français le pensent, retirons nous sous la tente et laissons le fléau prospérer. Inutile alors de s’interroger sur l'esthétique de la Ville,  installons nous dans la laideur et buvons la avec délectation. On fera en plus des économies qui pourront subventionner par exemple des écoles d'enseignement du street-art et fournir gratuitement des bombes à leurs adeptes !

    Mais si comme je le crois nous sommes nombreux encore à désirer préserver le cadre de vie que nous ont laissé des générations de parisiens, si nous avons encore le goût de ce qui est beau, accentuons l'effort pour qu'il en soit ainsi comme nous y invite "La Tribune de l'Art" de Didier Rykner.

    Il faut observer néanmoins que la Ville, avant même que ses citoyens se soient exprimés, a pris des mesures visibles, notamment pour les bancs publics. On en trouve place de la République ou sur les berges de la Seine, faits de madriers ou de traverses de récupération. Déjà tagués comme il se doit.

     

    RépubNouveaux bancs publics place de la République

     

    Sur un sujet comme celui-ci, on peut s'attendre à des frictions au sein du conseil de Paris. Les élus de "Paris en commun", regroupés autour de la Maire Anne Hidalgo, ne nous semblent pas dévorés du désir ardent d'épater les citoyens avec des mesures provocatrices voire boutefeu. En revanche leurs alliés les Verts (EELV) bénéficient d'un soutien relatif pour leur politique en matière de voirie et de déplacements mais on les considère capables d'accès de folie dès que leur idéologie se met en branle.

    J'encourage nos lecteurs à répondre au questionnaire de la mairie de Paris néanmoins, mais sans illusion. Les décisions sont déjà prises, certaines exécutées comme on vient de le voir. Si la consultation était sincère, on pourrait compter sur les activistes de service pour faire pencher la balance. Il n'est pas inutile cependant de savoir quels sont les mobiliers urbains concernés et quels sont les choix proposés. Il n'y aura plus ensuite qu'à croiser les doigts pour que les décisions les plus absurdes, les moins soucieuses de notre culture et les plus préjudiciables à notre cadre de vie, ne nous soient pas imposées.

    Paris doit rester la plus belle ville du monde ! Que la sagesse, la sobriété, le goût et le discernement soient avec nous pour que l'esprit des lieux soit respecté !

    Gérard Simonet

     

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    Temple 83 cour intérieure 11 03 21Dans cette résidence de la rue du Temple (IIIe) des ateliers d'architectes ont été transformés en résidence hôtelière, louée sur le mode Airbnb. (Photos VlM)

     

     

    On peut lire aujourd'hui dans le quotidien "Le Parisien" un article pleine page de Delphine Denuit sur les locations saisonnières, qui révèle enfin la véritable dimension du problème vécu par les citadins.

    On a amusé la galerie pendant des années avec les fameux 120 jours qui sont la durée de location maximale autorisée pour la location de sa résidence principale. Certains en ont fait un paramètre important alors qu'il est marginal : combien de parisiens résident hors de chez eux plus de quatre mois par an ?

    De façon plus efficace, la mairie de Paris s'est intéressée aux résidences secondaires et autres pied-à-terre qui représentent 9% des logements à Paris et sensiblement plus dans les arrondissements du centre. Il est interdit de les mettre en location touristique type Airbnb s'ils n'ont pas le statut "commercial". Le changement de statut d'habitation à commercial est semé d'embuches au point qu'il est devenu virtuellement impossible. Cette source de locations touristiques s'est quelque peu tarie et Ian Brossat, Maire-adjoint communiste de Paris en charge du logement, peut légitimement s'en féliciter.

    Mais Ian Brossat qui n'est pas naïf reconnait que le sujet est ailleurs. Nous en avons pris conscience nous-mêmes au temps où la mairie diffusait le BMO (bulletin municipal officiel) qui donnait régulièrement la liste des demandes de permis de construire et d'autorisation de travaux. Ce document n'est plus disponible mais nous avons eu tout le loisir il y a 3 à 5 ans d'observer qu'il incluait de nombreuses demandes d'autorisations de travaux chaque quinzaine pour la transformation d'entrepôts, d'ateliers et autres espaces commerciaux en "résidences hôtelières".

    Le phénomène a peu de raison de s'être éteint, car il existe encore dans nos quartiers des locaux de ce type et la mairie par la bouche de M. Brossat déclare qu'elle est impuissante à domestiquer la tendance.

    Ce n'est pas totalement vrai. Nous sommes en secteur sauvegardé (SPR ou site patrimonial remarquable). La direction de l'urbanisme qui délivre les autorisations avec le visa conforme de l'ABF (architecte des bâtiments de France) pourrait si elle s'en donnait la peine veiller au minimum au respect de notre patrimoine collectif et mettre ainsi quelques contraintes à la poursuite d'une démarche endiablée vers ce qui est perçu comme un eldorado.

    Location coute durée charles V 05 04 14Quand allons-nous revoir dans les rues de Paris le stéréotype de la location saisonnière, le touriste et ses valises à roulettes ?

     

    Au but du compte, que faut-il penser de la situation ? D'abord, raison garder. La location saisonnière est au point mort en ce moment, à cause du COVID mais aussi en raison des mesures restrictives appliquées par la mairie de Paris au parc de résidences secondaires. Il reste le risque de prolifération des "résidences hôtelières" (voir à ce propos notre article du 6 novembre 2019 et l'interview du propriétaire d'un hôtel traditionnel du Marais qui nous dit ce qu'il pense d'une concurrence qui peut être déloyale.

    On ne peut pas s'opposer à tout. Il est très positif tout d'abord de constater la disparition progressive d'activités de grossistes qui causaient d'énormes nuisances dans nos quartiers avec des livraisons incessantes qui bloquaient les rues, provoquaient des concerts de klaxons, polluaient et faisaient courir des risques élevés d'incendie à la population. On doit aussi souligner le peu de considération de leurs gérants pour l'esthétique du Marais (devantures, enseignes…)

    Il n'est pas choquant qu'une activité économique en remplace une autre. Il faut simplement que la nouvelle venue obéisse à des règles et des contraintes : acceptation des travaux par la copropriété, vigilance de la direction de l'urbanisme et de l'ABF sur les transformations, respect des règlements en matière d'hygiène, de sécurité, de confort et d'accessibilité. Nous comprenons que les textes sont en cours d'élaboration par l'exécutif. Ces règles seront les bienvenues. A défaut c'est la profession de l'hôtellerie qui aura son mot à dire et qui ne s'en privera certainement pas.

    Gérard Simonet

     

     

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    Berges dimanche matin 22 04 18Berges de la Seine  au soleil levant, avant la période du couvre-feu. De quoi se convaincre qu'il y a chez nos concitoyens un nombre significatif de sagouins, pour qui l'environnement compte peu. La mairie de Paris qui tient au succès de sa décision d'offrir (ou de rendre) les berges à la population, déploie des trésors pour qu'elles apparaissent propres à ceux qui les fréquentent de jour. La photo n'est pas de nous. Énigme : compte tenu du sens de l'ombre portée, où a-t-elle été prise ?

     

     

    Depuis le 22 février 2021, un arrêté de la préfecture de police de Paris interdit la consommation de boissons alcooliques à partir de 11h00 et jusqu'à 18h00 dans le Ve, place de la Contrescarpe et rue de Buci. A partir de 18h00 le couvre-feu est censé prendre le relais.

    Cet arrêté vient d'être étendu aux berges rive droite et gauche de la Seine et des îles St Louis et Cité, du pont des Arts au pont de Sully, ainsi qu'aux places des Invalides et de la Concorde. On a craint un moment que la place du Marché Ste Catherine, qu'on sait sensible aux attroupements, serait oubliée mais le Maire de Paris-centre Ariel Weil y veillait : il a demandé et obtenu que cet écrin de charme fasse partie du secteur protégé ! Tout comme la Fontaine des Innocents, le place Joachim du Bellay, les rues du Bourg-Tibourg, des Hospitalières St Gervais et des Petits-Carreaux.

    Police bergesFort déploiement des forces de l'ordre en amont du Pont Neuf

     

    Que faut-il en penser ? Nous connaissons ces arrêtés dont certains sont toujours en vigueur notamment dans le IVe ou le XIe. Ils visent les secteurs les plus chauds, ceux où la BRP (brigade de répression du proxénétisme, l'ancienne "Mondaine") a la main en matière de surveillance. On peut en discuter les contours et critiquer les effets de seuils, ils ont leur utilité quel qu'en soit le rendement.

    En la circonstance, l'arrêté est plus permissif car il concerne "la consommation de boissons alcooliques sur la voie publique" mais n'interdit pas "la vente à emporter", comme les autres. S'il est aisé de verbaliser un commerçant qui visiblement ne le respecte pas, quel agent de la force publique est prêt à fondre sur un individu dans une foule sous prétexte qu'il consomme ?

    Il y a donc un aspect irréel dans cette mesure, comme beaucoup de celles prises contre l'épidémie de COVID, mais soyons raisonnables : tout ce qui va "dans le bon sens" doit être pris pour ce que c'est : une "contribution" à la lutte contre les débordements et l'inconscience de certains de nos concitoyens.

     

    IMG_3147La place du Marché Ste Catherine est l'illustration des dérives à éviter : le samedi 21 février, deux restaurants étaient ouverts et pratiquaient la vente à emporter. C'est autorisé, mais les consommateurs stationnaient et  pique-niquaient en nombre sur la place sans se préoccuper des distances à respecter… ni des riverains en bordure.

     

     

  • écoleCarrefour Archives/Plâtre. A droite l'école primaire de la "maison Jacques Coeur" au n° 40 (IVe) (Photo VlM)

     

     

    La politique "Vélos" de la Ville de Paris n'est pas en cause. Redistribuer l'espace public en faveur des "circulations douces" dont les piétons et cyclistes font partie, au détriment des voitures est une politique à laquelle nous ne pouvons qu'adhérer. A quelques conditions cependant : la  première est que les motos soient visées au même titre que les voitures. Elles font un bruit insupportable, polluent, roulent très vite, menacent la sécurité et occupent les trottoirs. Les "motards en colère" ont beau manifester avec leur fédération corporatiste, leur comportement est détestable.

    Il faut parler des cyclistes aussi et autres utilisateurs d'engins souvent motorisés comme les trottinettes et les gyropodes : ils ont peu de respect pour les piétons et n’hésitent pas à les défier sur l'espace qui est affecté à leur protection : les trottoirs.

    Hugues Mellanger est père de famille. Lui et sa femme viennent de vivre le traumatisme du renversement de leur petit garçon par une cycliste sur la voie publique, devant une école et sur un passage piétons. Il en parle sans pathos mais pose clairement la question de la protection des gens fragiles et des enfants dans cette ville livrée à trop de fous !

    *********

    Je suis en colère, très en colère. Hier, notre petit garçon, qui vient tout juste de souffler sa quatrième bougie, s'est fait renverser par un vélo. Sur un passage piétons juste devant l'école des Archives, à 50 centimètres de sa maman qui tenait notre fille ainée par la main. La scène m'a été rapportée par mon épouse au téléphone, ce qui la rend encore plus insoutenable. Le petit corps projeté sous la violence du choc, la tête qui vient heurter la chaussée, et pour finir le vélo qui roule sur notre fils allongé au sol, impuissant.

    Tout cela à quelques pas des panneaux de la ville affichant fièrement "Refuser la priorité à un piéton est passible de bla bla bla…". Tremblez, assassins roulants, la ville affiche… en attendant, peut-être, un jour, de passer à l'action ? Fichu couvre-feu, qui transforme une jeune femme stressée (maman elle aussi, sans doute) en zombie-rocket à vélo.

     

    Camion ter

    La faute à pas-de-chance, me direz-vous ? Depuis des années que nous empruntons les petites rues du Marais pour déposer nos enfants à l'école et à la crèche, la même question me hante : à quel endroit le drame se produira-t-il ? Au carrefour des rues du Temple/Blancs-Manteaux/Simon Le Franc, où le marquage au sol est fait de petites lignes qui partent dans tous les sens, aux trois-quarts effacées, et que personne ne comprend ? Une "expérimentation temporaire", nous expliquait-on à l'époque. J'invite ceux qui ont expérimenté à laisser un commentaire.

    Pour ma part j'ai déjà failli m'y faire renverser par un vélo. Rue des Archives, où les motos jouent au dragster jour et nuit ? Pour une fois, l'installation d'un radar pourrait potentiellement sauver des vies. Je ne parlerai même pas de la rue de Rivoli, pionnière des "coronapistes", dont la simple traversée devient un jeu de roulette russe : gauche, gauche, droite, gauche, droite sont les directions dans lesquelles vous devez regarder à minima pour rester vertical. La moindre erreur et boum ! Deux pistes vélo côte-à-côte, il fallait le faire !

    Je me demande également pourquoi, à l'heure de la sortie des écoles, aucun employé de la mairie ne se trouvait présent pour sécuriser les deux passages piétons devant l'école de la rue des Archives. Cela restera sans doute un mystère…

    DragonLe Dragon protecteur du petit garçon

     

    On nous dira probablement que la ville manque de budget. Il est vrai que l'argent de nos impôts vogue sur la Méditerranée pour des causes beaucoup plus nobles que la sécurité de la voie publique. Personnellement, à la place du responsable de la Voirie, je courrais dans la minute avec mon pot de peinture pour remettre en état tous les passages piétons actuellement à l'abandon (**). Juste par peur de me retrouver mis en cause lors d'un prochain drame. "Ne hoc ignorat", afin que nul ne l'ignore. En attendant, mon fils peut toujours compter sur son gros dragon violet, qui le protège des cauchemars, des vipères et des vélos. Et surtout, de l'incompétence des adultes.

    Heureusement cet accident n'a pas eu de graves conséquences, il va bien. J'en profite pour rendre en vibrant hommage au professionnalisme de Mme Hamm, la directrice de la crèche des Blancs-Manteaux, qui a prodigué les premiers soins et a su, comme à son habitude, apporter les gestes et les mots justes.

    Hugues Mellanger

     

    (**) Comme en 2019 quand sur instruction comminatoire de l'Hôtel de Ville, il a toute affaire cessante bariolé des couleurs de l'arc en ciel des passages piétons sélectionnés des IIIe et IVe arrts, sans se soucier du code de la route et de l'opinion générale [NDLR]

     

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    St merri porche 02 03 21Façade gothique flamboyant de l'église Saint-Merri  (XVIème siècle)
     (Photos VlM, cliquer gauche pour agrandir)

     

     

    L'église est à la rencontre des rues St Martin et de la Verrerie (IVe). Son architecture et sa décoration s'inspirent largement de Notre-Dame au point d'apparaitre comme la "cathédrale bis" de Paris. Son nom vient de Médéric, mort en 700 et canonisé, contracté par la suite en St Merri (ou St Merry), dont les restes reposent dans la crypte.

    Elle abrite depuis 1975 le "Centre Pastoral St Merry" qui assure la promotion d'un "catholicisme de gauche", progressiste, à côté d'une activité pastorale ordinaire au bénéfice des fidèles du quartier. Chaque population a sa messe le dimanche : 10h00 pour les paroissiens ordinaires, 11h15 pour les progressistes qui "célèbrent l’Eucharistie dans un esprit de recherche, de liberté et de création liturgique" Le progrès n'est pas allé jusqu'à mélanger les ouailles !

     

    St merri nef

     

    Depuis le 1er mars, cette existence duale a cessé d'être. L'archevêque de Paris, Mgr Aupetit, "a mis fin à la mission confiée par le cardinal Marty en 1975" dans une lettre adressée aux paroissiens et aux personnes engagées dans le centre pastoral.

    On pouvait lire dans Le Parisien du 1er mars un article détaillé de Lola Dhers qui célèbre les activités hors norme de cette sorte de communauté dissidente et fait état de la surprise des catholiques des deux communautés à l'annonce de la décision.

    Tout le monde n'est pas surpris cependant par ce qui vient d'arriver. Ceux qui savent nous disent que la situation était ingérable. Deux curés se sont succédé à la tête de la paroisse pour essayer de s'entendre avec les animateurs du centre pastoral sans y parvenir. Dans le milieu ecclésiastique, on indique que ces curés ont cédé au burn out et remis leur démission à l'archevêque à cause du "climat violent et des attaques envers eux de la part d'une partie des membres".                                                                                                                                                                         

    St merri chaises tablesTables et chaises de jardin pour créer l'ambiance

     

    Un résident membre de notre association, Hugues Mellanger, qui habite tout près de l’église, nous envoie ce témoignage :

    "Habitant à 50 mètres de l’église St Merry, nous sommes particulièrement concernés. Et en effet, je constate de temps en temps des distributions matinales de café et sandwichs par des bénévoles, à l’extérieur rue de la Verrerie, à des personnes visiblement en errance. A part cela je n’ai rien remarqué de particulier. Il est possible que cela induise des troubles à l’intérieur, mais j’avoue que je la fréquente trop rarement pour en avoir connaissance.

    Le diocèse reste évidemment souverain de décider qu’une église ne doit pas se transformer en annexe de Beaubourg ou en lieu de libations ou d’agressions, en remerciement de ses bonnes œuvres ! J’ignore s’il y a des raisons politiques (cachées ou non), mais si les curés démissionnent à la pelle, j’aurais plutôt tendance à soutenir la position de l’Eglise plutôt que celle de Lola Dhers.

    Peut-être d'autres confessions accepteraient-elles de prendre la relève ? Ce serait un geste d’ouverture sympathique.

    En tous cas, St Merry mérite mieux que son état de délabrement autant intérieur qu’extérieur, et je salue d’ailleurs les travaux de rénovation en cours, tout en regrettant que les subventions douteuses allouées à certaines associations nous privent de budgets qui permettraient de faire mieux. Même chose pour Saint Leu-Saint Gilles, passer devant sur le boulevard Sébastopol est un vrai crève-cœur.