Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Catégorie : Voirie/Déplacements

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    Paris vue générale seineMagnifique vue du Paris qu'on aime. Au premier plan le Pont St Michel

     

     

    La Maire de Paris Anne Hidalgo n'a pas fini de surprendre. Qu'elle se lance ou non dans la course à l’Élysée, son nom restera associé à des changements profonds de Paris dont elle gère le sort depuis 2014, et même 2008 en tant que Première adjointe en charge de l'urbanisme.

    Ses orientations ne font pas l'unanimité mais la devise de Paris, Fluctuat nec mergitur, s'applique à elle-même puisqu'elle nous a habitués à traverser des tempêtes sans sombrer. Il en est ainsi de la campagne "saleté de Paris" qui a commencé avec les rats et prospéré en 2016-17 pour faire long feu en 2020 au moment des élections qui ont consacré sa victoire. Il en est de même de sa politique de déplacements et de son attitude à l'égard des voitures qui est souvent décriée chez nous mais montrée en exemple à l’étranger.

    Alors que critiques et pamphlets à son égard sont légion chez nous, le magazine américain Time dans son édition du 23 septembre 2020 lui rendait hommage en la rangeant parmi les 100 personnes les plus influentes du monde aux côtés de Joe Biden et Ursula von der Leyen. L'ancien vice-président Al Gore lui consacrait quant à lui un texte qui disait d'Anne Hidalgo qu'elle a fait de Paris "un exemple éclatant de la manière dont les villes peuvent mener à bien la transition vers des sociétés plus propres, plus saines et plus prospères".

    Elle pourrait donc mettre à profit ce dicton des gens du désert, puisque tout lui a jusque là si bien réussi : "le chien aboie, la caravane passe…". Et faire ce qu'elle et ses alliés communistes et Verts ont décidé sans trop se soucier du qu'en dira-t-on.

    Elle a pourtant décidé d'agir autrement. Nous-mêmes et de nombreuses associations du mouvement "Vivre Paris !" avons reçu ces jours-ci des invitations à participer à des réunions de travail sur des sujets importants : l'esthétique de Paris et de son mobilier urbain, la révision du PLU (plan local d'urbanisme) et la préparation d'un nouveau règlement en vue de l'intégration des terrasses éphémères et des autorisations "provisoires" d'occupation de l'espace public.

    Banc bois isolé républiqueMobilier urbain en bois de récupération. Le rejet est large et sans appel !

     

    Nous avons répondu présent parce que c'est notre tradition d'accepter le contact et la discussion mais nous suspectons la Maire et ses alliés de se livrer au jeu de bonneteau démagogique qui consiste à leurrer les parisiens sous prétexte de démocratie participative. Il n'y a aucun doute pour nous : les décisions sont déjà prises et pour certaines mises en musique. Le mobilier urbain et son esthétique se sont insérés insidieusement avec ses bancs en bois de récupération, les terrasses "éphémères" sont incrustées dans le paysage et sont visiblement des ouvrages en dur.

    Le PLU sera modifié sans que les foules s'en émeuvent car elles y sont peu sensibles. Il y sera question de logements sociaux et de mixité sociale, des sujets sur lesquels tout le monde est d'accord par définition tant qu'on n'en subit pas les conséquences sur sa vie personnelle. Les implications financières seront passées sous silence car l'argent coule à flots en ce moment : on sait que la mairie de Paris a préempté la vente du bâtiment TATI de Barbès et s’apprête à transformer 60.000 m² de locaux commerciaux vacants en logements. Pour qui et à quel prix ?

    Autre question délicate mais qui ne sera pas abordée : Paris souffre d'hyper-densité et d'un manque de respiration. Elle est connue pour être la ville la plus dense d'Europe. Il faudrait donc que la population baisse. Que va-t-on faire des nombreux locaux commerciaux délaissés au profit du télé-travail ? On connait la réponse : des logements, donc des habitants en plus. On cherche désespérément la logique… Existe-t-il d’ailleurs une logique, sauf à changer de discours et dire que Paris va désormais miser sur le tourisme de masse et augmenter dans ce but sa capacité hôtelière ?

     

    Poitou quilles jaunes 21 04 21 Saintonge 29 terrasse 21 04 21

     

     

     

     

    Gel des places de stationnement rue de Poitou. Terrasse éphémère 29 rue de Saintonge (IIIe)

     

    On en vient au troisième sujet : la voirie et les terrasses. On sait bien ce que la Maire veut faire : remplacer les places de stationnement, donc les voitures, par de l'espace piétons et des terrasses de bars-restaurants. Les syndicats de l'hôtellerie applaudissent, les associations de riverains protestent. Voici ce qu'on entendait à l'issue de la visioconférence qui s'est tenue  le 20 avril : "On a passé une bonne soirée… c'est Olivia Pokski qui en a pris pour son grade ! Tout le monde est vent debout sur cette affaire de terrasses. Bien argumenté par les associations de riverains présentes qui ont fourni un travail de préparation considérable. Ça promet pour la suite… (NDLR : Mme Polski est Maire-adjointe de Paris en charge du commerce)"

    Ce constat témoigne de l'inutilité d'organiser un combat singulier entre des débatteurs dont les intérêts sont irréconciliables, dans le seul but de se prévaloir d'une concertation. Anne Hidalgo doit se le tenir pour dit : personne n'est dupe, les citoyens ne sont pas des enfants à qui on fait mine de donner un rôle ; il vaut mieux qu'elle exprime clairement ce qu'elle veut faire en nous ayant écoutés au préalable dans un échange qui peut être informel. Elle se rendra compte que la tentation de rendre perpétuelles les mesures d'exception décidées en raison de la pandémie et les nuisances qui vont avec n'est pas acceptable par les citoyens.

    S'agissant des terrasses éphémères, nous avons bien compris qu'elle entend offrir de la place aux piétons en échange des voitures dont la disparition laissera aussi de l'espace à des extensions de terrasses. On ne peut pas être pour ou contre cette mesure dans l'absolu. On peut seulement exiger que le règlement dans ses dispositions essentielles ne donne pas de nouveaux privilèges aux cafés au détriment de la circulation des piétons et de la tranquillité des riverains.

    C'est une affaire de curseur. Il nous semble raisonnable d'en confier la responsabilité au Maire d'arrondissement. Il est le mieux à même d'apprécier la qualité des projets présentés et de s'y opposer si nécessaire, comme l'a fait chez nous le Maire Ariel Weil avec la place du Marché Ste Catherine, la terrasse de La Fronde ou celle du Café Charlot. Il lui revient d'apprécier quel équilibre il faut assurer entre les uns et les autres. Il est aussi un élu qui devra le moment venu rendre des comptes à ses électeurs.

    GS

     

  • écoleCarrefour Archives/Plâtre. A droite l'école primaire de la "maison Jacques Coeur" au n° 40 (IVe) (Photo VlM)

     

     

    La politique "Vélos" de la Ville de Paris n'est pas en cause. Redistribuer l'espace public en faveur des "circulations douces" dont les piétons et cyclistes font partie, au détriment des voitures est une politique à laquelle nous ne pouvons qu'adhérer. A quelques conditions cependant : la  première est que les motos soient visées au même titre que les voitures. Elles font un bruit insupportable, polluent, roulent très vite, menacent la sécurité et occupent les trottoirs. Les "motards en colère" ont beau manifester avec leur fédération corporatiste, leur comportement est détestable.

    Il faut parler des cyclistes aussi et autres utilisateurs d'engins souvent motorisés comme les trottinettes et les gyropodes : ils ont peu de respect pour les piétons et n’hésitent pas à les défier sur l'espace qui est affecté à leur protection : les trottoirs.

    Hugues Mellanger est père de famille. Lui et sa femme viennent de vivre le traumatisme du renversement de leur petit garçon par une cycliste sur la voie publique, devant une école et sur un passage piétons. Il en parle sans pathos mais pose clairement la question de la protection des gens fragiles et des enfants dans cette ville livrée à trop de fous !

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    Je suis en colère, très en colère. Hier, notre petit garçon, qui vient tout juste de souffler sa quatrième bougie, s'est fait renverser par un vélo. Sur un passage piétons juste devant l'école des Archives, à 50 centimètres de sa maman qui tenait notre fille ainée par la main. La scène m'a été rapportée par mon épouse au téléphone, ce qui la rend encore plus insoutenable. Le petit corps projeté sous la violence du choc, la tête qui vient heurter la chaussée, et pour finir le vélo qui roule sur notre fils allongé au sol, impuissant.

    Tout cela à quelques pas des panneaux de la ville affichant fièrement "Refuser la priorité à un piéton est passible de bla bla bla…". Tremblez, assassins roulants, la ville affiche… en attendant, peut-être, un jour, de passer à l'action ? Fichu couvre-feu, qui transforme une jeune femme stressée (maman elle aussi, sans doute) en zombie-rocket à vélo.

     

    Camion ter

    La faute à pas-de-chance, me direz-vous ? Depuis des années que nous empruntons les petites rues du Marais pour déposer nos enfants à l'école et à la crèche, la même question me hante : à quel endroit le drame se produira-t-il ? Au carrefour des rues du Temple/Blancs-Manteaux/Simon Le Franc, où le marquage au sol est fait de petites lignes qui partent dans tous les sens, aux trois-quarts effacées, et que personne ne comprend ? Une "expérimentation temporaire", nous expliquait-on à l'époque. J'invite ceux qui ont expérimenté à laisser un commentaire.

    Pour ma part j'ai déjà failli m'y faire renverser par un vélo. Rue des Archives, où les motos jouent au dragster jour et nuit ? Pour une fois, l'installation d'un radar pourrait potentiellement sauver des vies. Je ne parlerai même pas de la rue de Rivoli, pionnière des "coronapistes", dont la simple traversée devient un jeu de roulette russe : gauche, gauche, droite, gauche, droite sont les directions dans lesquelles vous devez regarder à minima pour rester vertical. La moindre erreur et boum ! Deux pistes vélo côte-à-côte, il fallait le faire !

    Je me demande également pourquoi, à l'heure de la sortie des écoles, aucun employé de la mairie ne se trouvait présent pour sécuriser les deux passages piétons devant l'école de la rue des Archives. Cela restera sans doute un mystère…

    DragonLe Dragon protecteur du petit garçon

     

    On nous dira probablement que la ville manque de budget. Il est vrai que l'argent de nos impôts vogue sur la Méditerranée pour des causes beaucoup plus nobles que la sécurité de la voie publique. Personnellement, à la place du responsable de la Voirie, je courrais dans la minute avec mon pot de peinture pour remettre en état tous les passages piétons actuellement à l'abandon (**). Juste par peur de me retrouver mis en cause lors d'un prochain drame. "Ne hoc ignorat", afin que nul ne l'ignore. En attendant, mon fils peut toujours compter sur son gros dragon violet, qui le protège des cauchemars, des vipères et des vélos. Et surtout, de l'incompétence des adultes.

    Heureusement cet accident n'a pas eu de graves conséquences, il va bien. J'en profite pour rendre en vibrant hommage au professionnalisme de Mme Hamm, la directrice de la crèche des Blancs-Manteaux, qui a prodigué les premiers soins et a su, comme à son habitude, apporter les gestes et les mots justes.

    Hugues Mellanger

     

    (**) Comme en 2019 quand sur instruction comminatoire de l'Hôtel de Ville, il a toute affaire cessante bariolé des couleurs de l'arc en ciel des passages piétons sélectionnés des IIIe et IVe arrts, sans se soucier du code de la route et de l'opinion générale [NDLR]

     

  • BretagneRue de Bretagne (IIIe) (Photos VlM – clic gauche jusqu'à 2 fois pour agrandir)

     

     

    Le quotidien Le Parisien publie ce mercredi 17 février un article signé Cécile Beaulieu avec interview de Gilles Pourbaix, président de l'association "Réseau Vivre Paris !", à propos des terrasses qui se sont créées au printemps 2020 à l'instigation de la Maire de Paris pour permettre aux bars-restaurants de recevoir du public à l'extérieur de leurs établissements.

    Elle analyse parfaitement la situation en ces termes : "Elles ont poussé par milliers dans les rues de la capitale. De toutes les tailles, faites de palettes  parfois protégées par des bambous, ou des bâches en plastique, avec sol en moquette vert gazon. Dès que la Ville a autorisé les cafetiers et restaurateurs à se doter de terrasses éphémères, ces deniers, cruellement touchés pas la la crise sanitaire ont rivalisé d'ingéniosité pour s'offrir un espace extérieur. Il en existe 8.000 aujourd’hui à Paris !".

    Gilles Pourbaix enchérit : "C'est abominable ! Certaines installations sont devenues de véritables poubelles. Elles enlaidissent les rues, donnent à certains de nos quartiers des airs de bidonvilles. Les déchets s'y accumulent, favorisant la prolifération des rats. Elles confisquent des places de stationnement, celles réservées aux personnes handicapées, aux vélos et aux livraisons."

    En conclusion, le Président de Réseau Vivre Paris rappelle que son association a annoncé qu'elle porterait plainte. Il précise "en référé, pour occupation de l'espace public". Sa crainte est que ces aménagements "soient pérennisés cet été à l'occasion de la révision du règlement des étalages et des terrasses. On se souvient que les représentants du mouvement "Vivre Paris !" avait été associés à sa rédaction et à son approbation par Élisabeth Borne, alors Directrice de l'urbanisme à la mairie de Paris, il y a dix ans en 2011.

    PicassoRue Vieille du Temple, sur fond de musée Picasso (IIIe)

     

    Les exemples ne manquent pas dans Paris-centre mais le pire a été évité car le Maire Ariel Weil a été vigilant et sensible à nos interventions. La place du Marché Ste Catherine a été évacuée, la terrasse-pergola du "Café Charlot" rue de Bretagne a disparu et la terrasse-palissade de la brasserie La Fronde a connu un début de rabotage sur sa longueur (il faut poursuivre !), débarrassée de son enseigne racoleuse. Les autres établissements, dans leur ensemble, ont eu une attitude raisonnable et responsable qui augure positivement de ce qu'il adviendra au sortir de la crise.

    Gérard Simonet

     

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    République revisitéeUne autre vision de la place de la République

     

    Exaspéré comme beaucoup de parisiens par l'usage qui est fait de cette place et son décor, Quentin Divernois vient de déposer ce 8 février un dossier dans le cadre du "budget participatif" en vue de "redonner ses lettres de noblesse à cette place devenue une gigantesque dalle sans âme" dont il regrette le caractère exclusivement minéral, l'absence de fontaines et de jeux d'eau, l’indigence du mobilier urbain devenu la cible des tags, l’exposition aux souillures et dégradations de la statue centrale et l'inadaptation aux familles. Il précise qu'il ne remet pas en question l'objectif de réduire la place de la voiture.

    Il estime la dépense à 10 Millions d'€

    Il nous invite à consulter son dossier sur : une vraie place de la république – Budget Participatif

     
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    La configuration actuelle de la place de République et l'usage qui en est fait soulève de nombreuses protestations des gens qui vivent autour ou y font commerce. On les encourage à prendre connaissance de ce projet, à partager et à le soutenir s'il est jugé pertinent.
     
     
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    St merri barrière gérardLa barrière rue Saint-Merri, côté rue du Temple (Photo VlM). Présence paradoxale de véhicules à l'arrêt…


     

    Nos entretiens avec le Maire Ariel Weil sur le sujet de la piétonisation de Paris-centre ont toujours été sans ambiguïté de part et d'autre : nous sommes favorables à la limitation du trafic des voitures et des motos, à l'élimination de la circulation de transit, pour autant que l'accès aux riverains et aux véhicules de service et de livraisons soit assuré. Le Maire nous a donné sa garantie sur ce point fondamental.

    Un premier pas vient d'être franchi avec la fermeture sélective de certaines rues qui abritent des écoles primaires et maternelles. Parmi elles, la rue St Merri qui assure le lien entre la rue du Temple et la rue du Renard. Les riverains s'expriment. Il n'y pas de contestation de principe contre la mesure mais, le diable étant dans les détails, ils demandent dans la tribune qui suit, des assurances que les engagements du Maire soient réellement tenus dans toutes ses implications.

     

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    Il n’y a pas que des écoliers dans les “rues aux écoles” !

     

    Cela s’appelle des “rues aux écoles”, et c’est un engagement de mandature. Depuis la rentrée des classes 2020, des dizaines de rues se sont vues ainsi interdites à la circulation automobile par des barrières pivotantes fermées par cadenas dans l’objectif proclamé d’apaisement de l’espace public. On nous explique qu’il s’agit par là de sécuriser le cheminement des familles aux abords des écoles et de limiter la pollution de l’air et la pollution sonore.

    Nul ne peut décemment aller contre de si louables préoccupations, mais on aurait pu penser que la transformation des rues accueillant des écoles en aires piétonnes eût pu suffire. Dans ces zones, nous dit le Code de la route (article R 110-2), le piéton a la priorité sur la chaussée sur tout véhicule et la circulation de transit est interdite ; mais la desserte interne reste permise aux véhicules autorisés, qui doivent circuler au pas ainsi d’ailleurs que les cyclistes. En effet, l’aménagement piétonnier d’une rue ne saurait légalement interdire l’accès par des véhicules au domicile des riverains (…) car le libre accès des riverains à la voie publique est une liberté fondamentale (Conseil d’État, décision du 14 mars 2011, n°347345).

    Qu’apporte donc de plus une barrière physique ? Il est sûr qu’elle empêche absolument la circulation de transit, mais elle fait obstacle en même temps au libre accès des riverains à la voie publique. Or la circulation de transit est déjà interdite et la municipalité est parfaitement au courant du droit des riverains puisque qu'elle indique sur son site que "les rues St Merri, Poulletier et du Fauconnier ont fait l'objet d'une implantation de barrière mi-décembre pour limiter la circulation à la seule desserte locale".

     Elle reconnaît donc que la desserte locale est autorisée et doit se faire librement. De même, la Direction de la voirie a répondu à un riverain qu’au cas où « un système de fermeture serait mis en place (…), les riverains connaîtront et posséderont les modalités d’accès. »

     

    école st merri 08 02 21L'école primaire/maternelle "avant-gardiste" et la piscine de la rue St Merri, carrefour St Merri/Renard (IVe) (Photo VlM)

     

    Cependant, la réalité des faits et des décisions est tout autre. S’agissant de la rue Saint-Merri, où les riverains n’étaient pas opposés à des fermetures courtes de la barrière aux heures d’entrée et de sortie des classes sous réserve qu’ils continuent à avoir un libre accès à leurs domiciles, « aucune remise de clefs ne sera à priori effectuée. » Tout au plus, la Directrice de cabinet adjointe propose-telle que des membres de la communauté éducative assurent une présence à la barrière lorsque celle-ci est fermée pour laisser passer les riverains. Quelle garantie a-t-on du respect d’un tel engagement sur la durée ? On croit rêver… Dans les “rues aux écoles”, il n’y a pas que des écoliers !

    Le libre droit d’accès des riverains à leurs domiciles doit être respecté. Il faut également que ces barrières, si elles doivent être maintenues pour la sécurisation des abords des écoles, soient impérativement ouvertes hors des heures de classe : le soir, les week-end, pendant les vacances scolaires. Car l’apaisement de l’espace public ne passe pas seulement par des mesures de diminution drastique de la circulation automobile. Il passe aussi par une politique ferme de limitation des nuisances sonores liées à l’envahissement de la chaussée par toutes sortes d’activités bruyantes et à l’installation sauvage de terrasses et étals sur l’espace public, auxquels la fermeture de ces barrières le soir et les week-ends constituerait malheureusement une invite involontaire.

    Car voyez-vous, dans les “rues aux écoles”, il n’y a pas que des écoliers, il y a aussi des habitants !

    Le collectif St Merri/Pierre au Lard

     

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    Ramb motosCluster de motos/scooters stationnés (Photos VlM)

     

     

    Le sujet ne date pas d'aujourd'hui. Quand la mairie de Paris vira à gauche avec l'arrivée de Bertrand Delanoë, la guerre contre la voiture commença sous l'impulsion de deux élus de l'Hôtel de Ville, Denis Baupin et Yves Contassot. Elle déclencha une réaction qui en surprit plus d'un – elle était pourtant bien prévisible : l'explosion du nombre des deux-roues motorisés (on va dire "motos" pour simplifier, mais ce sont souvent des scooters). "On n'a pas vu le coup venir !" reconnut Denis Baupin.

    La mairie est restée sans voix. Tout au plus annonça-t-elle que le nombre de places de parking serait significativement augmenté. Mais les motards, rassemblés dans une association, la "Fédération des Motards en Colère" se montrèrent exigeants. Il leur fallait les trottoirs. La mairie transigea. Vainement, car on ne peut rien espérer d'un partenaire qui est institutionnellement en colère et qui le reste quoiqu'il arrive. Elle céda du terrain en signant en 2007 une "charte scélérate", déclarée illégale par la Préfecture de police car contraire au code de la route, autorisant le stationnement sur les trottoirs, le déplacement sur ces mêmes trottoirs pour s'y garer et la remontée des files de circulation.

    Motos enlèvement 09 04 19Rare : verbalisation/enlèvement de motos (photo VlM)

     

    On vit depuis avec cette situation ambiguë. Les motards stationnent abondamment sur les trottoirs au nom d'une "tolérance" qui découle de la charte et la police nationale et municipale (DPSP) verbalisent par ci par là sans conviction en consacrant leurs soins aux véhicules les plus gênants.

    La "résistance" des motards va plus loin que leur revendication de stationnement gratuit. Ils s'opposent depuis toujours au contrôle technique des véhicules, une exigence communautaire qui vise à s'assurer du bon état de leur machine dans le souci d'assurer leur sécurité et protéger l'environnement contre la pollution de l'air et le bruit. La mise en œuvre de ce contrôle nous protègerait des véhicules trafiqués ou mal réglés qui pétaradent et enfument. L'association des Motards en colère  continue de s'y opposer.

    Dès qu'une voix s'élève du côté des pouvoirs publics pour mettre de l'ordre, des centaines de motards se retrouvent dans Paris pour défiler bruyamment avec leurs engins qu'ils font vrombir pour simuler le fauve qui rugit et leurs klaxons stridents qui agressent les tympans comme des cris d'orfraie.

    La Maire de Paris a annoncé qu'elle s'attaquerait à ce dossier dès le début de cette année. L'heure est venue et ses partenaires, les Verts de l’Hôtel de Ville avec à leur tête David Belliard, piaffent d'impatience de voir ce dossier enfin traité car c'est un de leurs chevaux de bataille. Mais la politique pourrait bien contrecarrer les progrès attendus en la matière. Les motards font savoir qu'ils sont prêts à semer la pagaille et le désordre dans Paris au moment où Anne Hidalgo prépare les esprits à une probable candidature à la présidentielle….

     

    Motards ffmc rivoli 16 01 17Manifestation de motards le long de l'Hôtel de Ville

    Cette attitude des motards a un nom : le chantage. Anne Hidalgo aura-t-elle le courage de l'affronter ? Ce serait une façon de montrer qu'elle a l'étoffe d'un chef d’État ! En attendant, Delphine Bürkli, Maire LR du IXe, lui brûle la politesse en annonçant qu'elle déposera un projet d'arrêté en conseil de Paris pour instaurer le stationnement payant pour les deux-roues motorisés dans son arrondissement. "A titre de test", dit-elle. Comme si on avait les moyens d'objectiver les résultats d'une telle mesure – de bon sens – et d'en tirer des conclusions !

    La quotidien Le Parisien, sous la plume de Florent Hélaine, consacre ce 29 janvier 2021 un article bien documenté sur cette affaire dont on n'a pas fini de parler…

    GS

     

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    FrondeBar-brasserie "La Fronde", 33 rue des Archives (IVe), son immense palissade en forme d'écran total enveloppe le commerce voisin et s'étendait au-delà de la porte d'accès de l'immeuble (Photo VlM, clic gauche pour agrandir)

     

     

    Quand il a eu connaissance de la création, un brin facétieuse, de cette palissade genre far-west avec son décor racoleur inspiré d'avatars du street art, le Maire Ariel Weil s'est adressé à la gérante de l'établissement pour lui signifier ses excès. Anne Hidalgo a certes lâché la bride provisoirement  sur les terrasses, mais il existe des limites de bon sens et de bon goût qu'il ne faut pas dépasser.

    La gérante s'est engagée à réduire la longueur de la palissade et à supprimer la décoration. Ce que nous découvrons aujourd'hui c'est qu'elle a grignoté un mètre sur la longueur et fait appliquer un badigeon couleur coca-cola qui  laisse apparaitre le spectre du dessin. Un regard sur la photo de l'aménagement suffit à apprécier à quel point cette réalisation nuit à la qualité du paysage du "Site Patrimonial Remarquable" (SPR) qui caractérise le Marais. On imagine que l'Architecte de Bâtiments de France en aura un haut-le-cœur !

    Cette initiative est d'autant plus choquante qu'elle est heureusement une exception dans Paris-centre. Le bar-brasserie qui fait pendant à "La Fronde" au carrefour Archives/Blancs-Manteaux, "Le Bouquet des Archives", a pris des dispositions pour fonctionner avec le COVID mais il a su rester sobre et nous l'en remercions.

    Il va sans dire que nous souhaitons que le Maire reprenne son dialogue avec La Fronde pour qu'une nouvelle orientation plus respectueuse de notre environnement soit prise.

    Gérard Simonet

     

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    Terrasse vito

    Accaparement massif du trottoir par plusieurs cafés à hauteur du 12 rue des Archives (IVe) (photo VlM, clic gauche pour agrandir)

     

     

    Le mouvement associatif "Vivre Paris !", "pour le droit de dormir la nuit et de circuler sans entrave de jour sur l'espace public", est né en 2010 en réponse à l'annonce par le Maire de Paris Bertrand Delanoë de l’organisation "d'états généraux de la nuit" dont Ian Brossat s'était fait le promoteur. Constitué de façon informelle d'associations de quartiers comme Accomplir, les riverains de la Bute aux Cailles, les Droits du Piéton, XVIème Demain, Défense de Montmartre, Jean-Pierre Timbaud, "Vivre le Marais !"… nous sommes parvenus à avoir voix au chapitre de cet événement qui s'est tenu en 2011.

    Il y eut ensuite le déroulement de négociations sur le "Règlement des étalages et terrasses" avec Élisabeth Borne alors Directrice de l'urbanisme à la mairie de Paris, où nous avons pu collectivement faire entendre la voix des riverains qui souffrent des excès des rassemblements de personnes sur l'espace public et du bruit et nuisances qui en découlent.

    Une trentaine d'associations parisiennes ont rejoint le mouvement. En 2018, une partie d'entre elles se sont groupées en association formelle loi de 1901 sous le nom de "Réseau Vivre Paris". D'autres comme "Vivre le Marais !" sont restées autonomes bien qu'attachées aux mêmes objectifs.

    Évoquant les abus constatés autour de l'autorisation donnée par la mairie de Paris aux cafés-restaurants d'occuper à leur gré, moyennant la simple signature d'une "charte", l'espace public environnant – trottoirs, places de stationnement et de livraisons, chaussée… – l'association "Réseau Vivre Paris" vient d'annoncer sa décision individuelle d'assigner la mairie de Paris devant le Tribunal Administratif, pour autorisations abusives sans fondement juridique et absence de contrôle et de sanctions pour ceux qui ne respectent pas plus les règlements existants que la charte qu'ils ont signée.

    Nous avons pris acte de cette décision en la comprenant car tout le monde dans Paris n'a pas eu l'écoute des autorités locales, maires d'arrondissements et police, dont nous avons bénéficié pour corriger les dérives les plus graves. Elle traduit le niveau de découragement de ceux qui ne sont pas entendus et qui souffrent. Nous souhaitons que la justice leur fasse droit et que la mairie et ses services en tirent des enseignements pour que la qualité de vie des parisiens devienne le guide permanent de leur comportement.

    GS

     

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    RosiersAprès-midi de décembre rue des Rosiers (IVe) (Photo VlM/SM)

     

     

    Je ne peux m’empêcher de partager avec vous l’inconséquence des gens et le mercantilisme du gouvernement : comment peut-on laisser faire cela alors que l’Angleterre se re-confine devant la montée en puissance du COVID, que l’Italie, l’Irlande, l’Allemagne font de même ? Quel est donc ce niveau de débilité qui nous accable en tant que français ?

    Sophie

     

  • Charlot
    La brasserie "Le Café Charlot", 38 rue de Bretagne (IIIe) accumule les proscriptions

     

     

    Les mesures transitoires dont bénéficient les bars-restaurants pour se refaire une santé financière après leur fermeture forcée pour cause de COVID, s'entendaient jusqu'à fin septembre 2020. La poursuite de l'épidémie a conduit Anne Hidalgo a annoncer leur prolongement jusqu'au 21 juin 2021.

    Nous français qui sommes friands d’État de droit sommes contraints d'accepter que l'occupation de l'espace public par les terrasses soit devenu quelque peu anarchique. On est bienveillants toutefois par solidarité avec ces bars-restaurants que nous fréquentons avec plaisir et qui sont devenus pour certains des amis. On a toutefois de sérieuses réticences à l'égard de ceux qui manifestement abusent de la situation et jouent les matamores.

    Les services de la mairie nous suivent dans cette attitude. Nous nous en sommes entretenus avec eux. Il en ressort que le Maire de Paris-centre Ariel Weil est très sensible au respect des obligations de la charte : la hauteur des aménagements extérieurs qui ne doit pas dépasser 1,30 mètre, l'absence de couverture (pergola), le renoncement au chauffage externe (parasols de chauffage gaz), la liberté de passage et d'accès pour les passants, l'obligation de s'en tenir à des structures mobiles qui puissent être retirées aisément, le respect souhaité des places "livraisons" tout comme le centrage de la terrasse étendue sur l'établissement (pas de terrasses déportées).

    La palme de la légèreté revient au Café Charlot dans le IIIe (voir photo au-dessus). Il a installé deux pergolas sur deux trottoirs (rue de Bretagne/rue Charlot), d'une hauteur de 2,50 mètres, les chaufferettes au gaz ne sont pas loin et le passage des piétons rue Charlot s'annonce problématique.

     

    Fronde bouquetDeux établissements qui se font face ; "Le Bouquet des Archives", à gauche, est resté sobre et respectueux de son environnement dans l'adversité. "La Fronde" en a trop fait. On apprécie toutefois qu'il en soit convenu  et qu'il ait accepté de revoir maintenant sa copie… 

     

    Il faudra qu'ils s'en expliquent avec le Maire. Comme vient de le faire la gérante de la Fronde dont nous avons regretté les excès dans un article précédent. Nous apprenons à ce propos qu'elle vient de s'engager auprès du Maire à réduire la taille de la palissade et à revoir le décor racoleur, un "graf" publicitaire en forme de "street art" qui n'a pas fait l'unanimité parmi les habitants du Marais très attachés au respect de son unité esthétique.