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Étiquette : bal comédie française

  • Le bal retrouvé de la Comédie Française

     

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    Le bal de la Comédie Française peint par Victor-Gabriel Gilbert

     

    Nous débordons du périmètre du Marais pour relater un évènement exceptionnel qui a reçu un écho si discret qu’il mérite que l'on s'y intéresse. La Comédie Française vient de remettre à l’honneur une tradition perdue depuis 75 ans qui renoue avec une coutume qui remonte au XVIIIe siècle.

    Il s’agit de son bal annuel qui s’est tenu le 4 juillet dernier. Forme de mécénat avant la lettre, celui-ci a retrouvé tout son sens en cette période de réduction des crédits accordés à la vénérable institution qui emploie 450 personnes et dont le budget est de 38 millions € financés à hauteur de 63% par l’argent public. Nos anciens avaient déjà bien compris tout l’intérêt de cette forme de sponsoring de prestige. 500 invités, des personnalités, des bienfaiteurs, des amoureux de la Comédie Française ont découvert les lieux autrement.

    Pour l’événement, la Garde Républicaine était présente, de magnifiques fleurs décoraient la montée d’escaliers et les différentes pièces rendues accessibles aux invités habituellement fermées mais ouvertes pour l’occasion. Même le bureau de l’administrateur pouvait être visité. Un récital de violon, une courte pièce de théâtre étaient au programme. Bien entendu, il était possible d’échanger avec les comédiens et, suprême privilège, de danser sur la scène de la salle Richelieu au son d’un orchestre commandé pour l’occasion. Une vente aux enchères de costumes était prévue. A la sortie, grâce au concours d’un mécène avisé, la façade du Français n’était que lumière…

     

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    Gravure XIXe du bal de la Comédie Française

     

    Le décalage peut paraître excessif entre cette fête grandiose réservée à quelques « happy few », à l’image des « charities » anglo-saxons, et ceux qui aujourd’hui sont bien loin de ce type de contingence. Pourtant la Comédie Française comme l’Opéra Garnier qui lancé une grande campagne pour la restauration de ses réverbères extérieurs, mais aussi Versailles, le Louvre, tous les grands monuments et les grandes institutions culturelles vont devoir, à l’instar de ce qui se passe dans de nombreux pays, développer plus encore le mécénat pour pallier la baisse des crédits en provenance de la sphère publique.

    Finalement cette coopération nouvelle encourage souvent la symbiose entre le public, les donateurs, les artistes et les responsables de ces grands établissements. Le château de Versailles et le Louvre y réussissent à merveille et servent d’exemples pour de nouvelles initiatives. Et pourquoi pas demain d'autres institutions qui pourraient aussi s’inspirer de cet événement et de ce qui existe déjà telle la Société des Amis du Musée Carnavalet créée par le Maréchal Lyautey et qui participe à l’enrichissement des collections.

    Dominique Feutry

  • Les deux très beaux Hôtels de Jean Thiriot

     

     
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     Façade de l'Hôtel d'Hozier 110, rue Vieille du Temple (IIIe)

    Un des grands architectes de Louis XIII qui a oeuvré sur plusieurs grands chantiers de cette époque, du Louvre aux Tuileries, en passant par la fameuse digue de La Rochelle, Jean Thiriot, est aussi à l’origine de l’édification de deux hôtels particuliers de la rue Vieille du Temple et quasiment voisins. L’Hôtel d’Hozier et l’Hôtel Mégret de Sérilly.

    Au 110, l’imposant Hôtel d’Hozier qui forme un angle avec la rue Debelleyme a été construit pour un favori d‘Henri III. Il appartint par la suite à un conseiller de Louis XIII, Robert de Marigny, saisi et loué il revint ensuite à la famille Bauyn de Bersan puis à Pierre d’Hozier, juge d’armes (à ne pas confondre avec le grand généalogiste), qui l’occupa durant une grande partie du XVIIIe siècle. Il convient de préciser qu’un juge d’armes, officier du roi, tenait le registre des armes et blasons de quiconque avait le droit d’en porter et réglait les contestations à ce sujet. Pierre d’Hozier et son fils sont à l’origine de la rédaction d’un armorial célèbre qui comportait 10 volumes.

     

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    Hôtel d'Hozier, détail du porhe et des ses portes avec Mars et Minerve

     

    D’un plan assez classique cet édifice comprend un bâtiment central auquel sont accolées deux ailes. Un pavillon relie celles-ci au corps central. Malheureusement les proportions de la façade très stricte se sont trouvées changées à la fin du XIXe siècle du fait d’une surélévation sur 2 niveaux. Le grand portail n’a par contre pas été modifié, les personnages qui y sont joliment sculptés figurent Mars et Minerve. Comme beaucoup d’immeubles il devint aussitôt après la Révolution un atelier. Il a été très bien restauré, et a été inscrit au titre des monuments historiques en 1987 au même titre que la cour, l’escalier d’honneur et sa rampe, ainsi que les caves.

     

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    Hôtel Mégret de Sérilly  106, rue Vieille du Temple (IIIe)

    L’Hôtel Mégret de Sérilly date de 1620, il est situé au N° 106 de la rue. Il a appartenu à Nicolas Malebranche, le secrétaire du Roi, avant de devenir Trésorier général des Fermes de France. Après avoir été la propriété du marquis de Bussière, il passa entre les mains de différentes célébrités littéraires et politiques. Un autre fermier Général l’occupa à partir de 1776, Mégret de Sérilly. Il fut guillotiné 18 ans plus tard du fait de ses fonctions qui étaient alors honnies par la population. Confisqué puis vendu un des propriétaires de l'Hôtel fut Corbeau de Saint Albin, le fondateur du journel "Le Constitutionnel".

     

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    Boudoir de Mme de Sérilly au Victoria and Albert Museum

     

    Le fronton est de forme triangulaire où apparaissent des lions, le porche disposant dans sa clé d’un mascaron représentant une femme avec une couronne de laurier. Un des décors d’une des anciennes pièces de l’Hôtel, le boudoir de Mme Mégret de Sérilly, est aujourd’hui exposé au Victoria and Albert Museum de Londres. Beaucoup de pièces de mobiliers ont en effet pris le chemin de l’Angleterre après la Révolution suite aux ventes aux enchères massives organisées alors, aux pillages et à l‘installation dans ce pays des émigrés fuyant la répression.

    Ces deux Hôtels rénovés sont aujourd’hui privés. Les façades s’offrent à nous, n’hésitons donc pas, lorsque nous nous trouvons devant eux, à les scruter pour mieux admirer tous leurs détails. Peut-être qu’alors une heureuse coïncidence fera que l’un ou l’autre des porches s’ouvrira, permettant de prolonger le regard à l’intérieur ?

    Dominique Feutry