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Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : béatrice cotin

  • Hôtel de coulanges occupé sept 2010

    Cour intérieure et terrasse à balustres de l'hôtel de Coulanges, 1bis place des Vosges (IVe), occupé depuis le 28 octobre 2009 par le collectif "Jeudi Noir" (Photo VlM)

                                                                                                                                                   

    Il y a dix mois, le 2 novembre 2009, nous sortions d'une visite guidée par l'animateur de "Jeudi Noir" à l'intérieur du déjà célèbre squat (accéder à l'article). Il y a eu entre temps une décision de justice qui condamne les jeunes occupants à des sommes très lourdes et hier, 16 septembre 2010, l'affaire a été jugée en appel.       

    Nous nous sommes rendus sur place, à l'invitation de Christophe Driesbach, pour recueillir leurs impressions. Ils sont 35 installés dans l'immeuble, 25 étudiants et 10 jeunes salariés.

    Il faut souligner incidemment, que leur engagement de conserver les lieux en bon état a été respecté. On ne perçoit aucune dégradation particulière, seulement quelques arrangements qui paraissent plutôt loufoques dans le cadre classique de ce prestigieux hôtel du XVIIe. Rien en tout cas qui ne soit irréversible, comme cet aménagement du bassin de la cour intérieure, fait de caisses en bois brut.

    L'immeuble est alimenté en courant électrique et en eau, "mais on sait pas qui paye". En revanche, il n'y a pas d'eau chaude. Cependant, le confort est tout à fait convenable puisque la propriétaire, Mme Béatrice Cotin, avait réalisé une quinzaine de petits logements, notamment sous la terrasse, construite récemment en pierres et dans les règles de l'art. C'est tout à fait satisfaisant car il s'agit d'appartements dont la rénovation est pratiquement achevée.

    Le Président de la Cour d'Appel a paru se soucier de ne pas accabler les squatters. Il aurait fait une remarque sur la dureté des dédommagements infligées en première instance. Pour finir, il a demandé aux parties de  rechercher un accord amiable d'ici le 27 septembre. En l'absence d'accord, le jugement sera prononcé le 22 octobre.

    Selon notre guide Jonathan Duang, les occupants voudraient que la propriétaire renonce aux poursuites et consente à les héberger tant que les travaux de reprise de la rénovation n'auront pas commencé. Lui et ses amis doutent cependant que les avocats de Mme Cotin acceptent un tel arrangement et abandonnent leur créance de gaité de coeur.

    Tout dépendra alors de la décision de la Cour d'Appel. Gautier Caron-Thibault, élu du IIIe, écrit sur son blog à propos des jeunes : "leur attitude est illégale mais légitime". L'ennui c'est qu'il n'existe pas dans notre Etat de droit, de code de la légitimité. Si la justice confirme partiellement ou totalement la décision de première instance, la notion de trêve hivernale ne s'appliquant pas aux occupants illégaux, ils risquent pour de bon l'expulsion et, pour les quinze parmi eux qui ont décliné leur identité devant le tribunal, une dette qui pourrait les poursuivre toute leur vie.

    De façon plus optimiste, le soutien qu'ils ont obtenu auprès des plus hautes instances et jusqu'au Conseil Régional (Jean-Paul Huchon s'est déplacé en personne) laisse penser que des logements leur seraient trouvés et leur dette épongée.

     

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    Post scriptum # 1 du 30 septembre : les avocats de Mme Cotin ont refusé le règlement amiable que les occupants demandaient. Le juge de la Cour d'Appael rendra son verdict le 22 octobre comme prévu.

    Post scriptum # 2 du 22 octobre 2010 : la cour d'appel vient de rendre son jugement. Elle confirme l'expulsion des occupants et le paiement de pénalités de 10.000 € pour occupation illicite jusq'au 25/01/10. A partir de cette date, les indemnités ont été allégées par rapport au jugement de première instance. La somme due à ce jour atteint 72.000 €. Les squatters ont déclaré qu'ils ne bougeraient pas.

    Post scriptum # 3 du 23 octobre 2010 : dans le nuit du 22 au 23 octobre, la préfecture de police a procédé à l'évacuation des occupants.

    Gérard Simonet

     

  • Vosges 1 plaque jeudi noir Façade de l'hôtel de Coulanges, 1bis place des Vosges, occupé depuis le 28 octobre par un collectif d'étudiants.

     

    Cet hôtel jouxte le "Pavillon du Roi" (1 place des Vosges), qui ouvre sur trois porches l'accès de la rue de Birague à la célèbre place. Sa construction date de 1607. Une plaque rappelle que Marie de Rabutin Chantal , marquise de Sévigné, y est née le 6 février 1626.

    Il appartient actuellement à Mme Béatrice Cotin. Beaucoup plus jeune alors (elle est âgée aujourd'hui de 87 ans), elle entreprenait la réhabilitation du vaste ensemble que constitue l'hôtel, dès 1964, dans le but de le rendre habitable. L'intérieur porte les traces des travaux effectués, dont certains restent inachevés.On dit qu'elle s'est usée dans une relation difficile avec les Bâtiments de France. Chacun était dans son rôle : elle pensait confort et rentabilité, les architectes du Ministère de la Culture, au nom de la sauvegarde et de la mise en valeur du Marais, ne voulaient rien sacrifier du patrimoine exceptionnel qu'abrite l'hôtel.

    Le résultat de cet affrontement, voué malheureusement à l'échec, est un bâtiment en déshérence où des pigeons ont réussi à nicher dans les recoins et à répandre leur fiente, des canalisations percées et des armoires électriques éventrées. Les chantiers de l'époque sont restés en l'état. En le parcourant, on est dans l'univers de le Belle au Bois Dormant.

    Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, qu'une quarantaine de jeunes gens, tous étudiants, dont 5 en architecture, qui ne parviennent pas à se loger dans des conditions décentes, aient eu l'idée et l'ont exécutée, d'occuper l'ensemble du bâtiment en annonçant qu'ils veilleraient au respect de son patrimoine (il est interdit, par exemple, d'y fumer).

    Nous proposons à nos lecteurs de faire avec eux une visite commentée des lieux, sous la conduite de Laurent Dubouchet, l'un de ces étudiants

    Vosges 1 entrée birague  Entrée 11bis rue de Birague

                                                            

    Vosges 1 écuriesCour intérieure et écuries

     

                Vosges 1 escalier             Vosges 1 ascenseur         

     

     

     

     

     

     

     

     

    Escalier avec rampe en fer forgé (gauche) et ascenseur remarquablement dissimulé (droite)

                                    

    Vosges 1 poutres peintes magnifiquesPoutres et solives peintes, une véritable merveille.

                                                                     

    Vosges 1 cheminée détailVosges 1 grande salle

    Grande salle et cheminée (le détail, à gauche, est peut-être "Empire" mais un lecteur attentif et compétent pense que la cheminée est de style "école de Fontainebleau", XVIème siècle, et serait donc d'époque).

     

    Quelle sera l'issue de l'affaire ? En tout état de cause, l'objectif du collectif est atteint : faire un coup d'éclat pour sensibiliser les pouvoirs publics et l'opinion à leur situation. Une procédure en référé est en cours. Il est possible que le juge ordonne l'expulsion. Est-il réaliste, du reste, que les étudiants restent là, sans eau, sans chauffage, sans sanitaires, sans électricité ? La réponse est évidemment : non. Ils auront montré, toutefois, leur sens des responsabilités et du respect du patrimoine collectif. Cette attitude les assure de notre estime et, nous l'espérons, l'engagement des pouvoirs publics pour une solution durable à leurs difficultés.

    Qu'en sera-t-il ensuite de la sauvegarde de ce lieu prestigieux ? l'arrivée d'un investisseur ou d'un mécène éclairés ? l'intervention de l'Etat ou de la Ville (très pauvres en ce moment !) ? On a du mal en tout cas à imaginer le statu quo.

     

    Post Scriptum #1 du 6 janvier 2010 : L'affaire est passé au tribunal d'instance du Ve aujourd'hui. Le délibéré sera rendu le 18 janvier. La propriétaire (87 ans), représentée par sa tutelle, a demandé l'expulsion sous astreinte et des indemnités par jour d'occupation. La trêve hivernale ne s'applique pas ici car il y a eu occupation sans bail, avec effraction.

    Post sriptum #2 du 18 janvier 2010 : le délibéré a été rendu par le tribunal du Ve le 17 janvier 2010. Les squatters sont condamnés à être expulsés, si besoin est en faisant appel à la force publique. Il leur est laissé une semaine par partir de leur plein gré. Ils devront payer une indemnité de 3.400 € par mois d'occupation depuis le 31 octobre 2009. A partir du 26 janvier, s'ils occupent toujours les lieux, l'indemnité passera à 25.000 € par mois. Les dédommagements réclamés par la propriétaire étaient beaucoup plus importants, de l'ordre de 150.000 €.

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    Post scriptum du 1er octobre 2010 :

    Un nouvel article a été publié en date du septembre 2010. Lire l'article.

    Post scriptum du 22 octobre 2010 : la cour d'appel confirme le décision d'explulsion et le paiement d'indemnités. Toutefois, celles-ci sont allégées par rapport à la décisoin de première instance

    Post scriptum du 23 octobre 2010 : la préfecture de police a procédé dans la nuit à l'évacuation des occupants

    Gérard Simonet