Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : donjon du temple

  • Plan turgot temple

    La perle disparue du Marais : l'enclos du Temple. A la place du donjon à cinq tours, on trouve aujourd'hui la mairie du IIIe. L'hôtel du Grand Prieur, en bas à droite, se situait au fond du square du Temple actuel. L'église est à la place de Carreau du Temple, en cours de transformation. Dans le coin, en haut à gauche, on aperçoit une tour d'enceinte. C'est celle qu'on a dénichée dans notre article du 16 mai 2010. On en reparlera bientôt car, dans la rénovation des immeubles qui l'entourent, elle a tout simplement été "escamotée".

     

    On doit à Michel-Etienne Turgot de pouvoir aujourd'hui, avec l'appui de nos ordinateurs, se promener dans les rues du Paris de cette époque. Alors prévôt des marchands de Paris (équivalent du maire), il confia en 1734 à Louis Bretez l'exécution d'un plan de Paris au 1/400 en perspective isométrique (point de fuite à l'infini). Il fallut deux ans à Louis Bretez pour finaliser ce plan ou chaque immeuble, chaque monument est dessiné d'après nature.

    On peut aujourd'hui naviguer dans ce plan grâce au site "cartocassini" (figure aussi en fin de rubrique "liens utiles" sur la page d'accueil de notre blog). Les 19 planches PDF qu'il comporte vous transportent dans ce qu'était Paris au temps de Louis XV. On y découvre le visage de toutes les façades d'immeubles mais aussi le nom ancien des rues et leur tracé. La place des Vosges s'appelait "place Royale". L'Hôtel de Ville de Paris ressemble à ce que nous connaissons mais il faut se souvenir qu'il a été agrandi sous Louis-Philippe, incendié pendant la Commune de Paris en 1871 et reconstruit (presque) à l'identique entre 1874 et 1882. De nos jours, seul le pavillon central reproduit l'ancien bâtiment de la Renaissance.

    La place de Grève (IVe actuel) se dévoile telle qu'elle était avec un bord de Seine "au naturel" et des barques dédiées au transport de marchandises. On découvre que les ponts de la Seine (voir ci-dessous le Pont Notre-Dame) sont majoritairement dotés d'immeubles résidentiels assez haut qui leur donnent un air de Ponte Vecchio florentin.

    Plan turgot hôtel de ville                                                                                                                                  

     Cliquez gauche dans les images pour une meilleure résolution.

    Intéressé par l'association : Cliquez ICI

                         

  • Louis XVII, tante soeur

    Représentation de la pièce de Dominique Sabourdin-Perrin :" Les Enfants du Temple". En scène, le dauphin, Louis-Charles Capet (Louis XVII), la Reine Marie Antoinette, la soeur du roi Louis XVI Madame Elisabeth, la fille du roi Marie Thérèse, et un garde municipal (photo Marais-Temple).

      

    Il y avait quelque chose de surréaliste à voir cette pièce donnée dans la salle des fêtes d'un haut-lieu de la république, une mairie d'arrondissement, en l'occurrence celle du IIIe, érigée sur l'emprise du donjon du Temple, pièce maîtresse de l'enclos de l'Ordre des Chevaliers du Temple, créé en 1118 et dissout en 1314 avec le supplice par le feu du  grand maître Jacques de Molay. C'était un bourg fortifié avec des murailles et des tours, le palais du Grand Prieur, une église et des habitations. Il s'étendait en gros de la rue du Temple à la rue de la Corderie, pour revenir en biais vers la rue de Bretagne en coupant la rue de Picardie, telles qu'on les connaît aujourd'hui (voir articles du  1er février 2009 et du 15 décembre 2009)

    L'histoire nous enseigne que la famille royale de Louis XVI y fut emprisonnée en 1792 et que le dauphin Louis-Charles y mourut en 1795 dans des conditions indignes. Un débat a longtemps agité les historiens et quelques contradicteurs sur l'identité de l'enfant mort au Temple (cf thèse de Jean-Claude Pilayrou) et sur l'appartenance du coeur déshydraté conservé par des fidèles puis admis avec réticence dans la crypte de Saint Denis, dans un quasi anonymat, pour être finalement validé comme étant celui du dauphin Louis XVII et reconnu comme tel, tout récemment, à la suite d'une analyse d'ADN (dont certains néanmoins contestent les conclusions).

    L'association Marais-Temple s'est intéressée à ce drame et en connaît tous les détails. Un de ses membres, Dominique Sabourdin-Perrin en a fait une pièce en cinq actes, qui met en scène le roi Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, la soeur du roi Madame Elisabeth, la fille du roi, alors âgée de 17 ans et le dauphin Louis-Charles qui n'avait que 10 ans.

    La pièce est poignante. On vit successivement l'exécution de Louis XVI, de Marie Antoinette, de Madame Elisabeth (pourquoi ?) et la lente agonie du petit Louis XVII, reclus et abandonné sans soins. Seule sa soeur Marie-Thérèse en réchappera et fut libérée par la Commune.

    Il y avait dans la salle des sympathisants royalistes mais aussi des passionnés de l'Histoire de France et des français au grand coeur que les mauvais traitements infligés aux enfants quels qu'ils soient scandalisent. Nous vivons dans un quartier où des enfants ont payé un très lourd tribut à la barbarie des hommes pendant la seconde guerre mondiale, où des milliers d'écoliers juifs furent déportés et tués. Ils ont rejoint le petit roi au paradis des enfants martyrs où l'on ne connaît pas de barrières sociales ni d'aucune sorte.

    Le Maire du IIIe, dont on connaît l'engagement politique, doit être loué pour la générosité d'esprit dont il a fait preuve en acceptant que la salle des fêtes soit mise gracieusement à disposition des organisateurs, une façon très réaliste et apaisante de montrer qu'il a tiré un trait sur les querelles du passé entre royalistes, bonapartistes et républicains.

    Une nouvelle représentation de  la pièce sera donnée le 20 mars, à 20h00, salle Saint Léon, place du Cardinal Amette, Paris (XVe), M° La Motte Picquet Grenelle, réservations 06 50 62 33 11 ou par Internet, entrée 12 €, enfants et groupes 8 €.

     

     

    On trouve, par ailleurs, un excellent reportage sur l'énigme Louis XVII dans une  émission sur Dailymotion  de Jean-Louis Remilleux, présentée par Stéphane Bern, que nous vous recommandons vivement.