La Gaîté Lyrique (IIIe) (Photo Daily Mail)
Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris
La Gaîté Lyrique (IIIe) (Photo Daily Mail)
Façade du Théâtre de la Gaité depuis le square Émile Chautemps signé Davioud, 3 bis rue Papin (IIIe) (Photo VlM – clic gauche deux fois pour agrandir)
Temple de l'opérette, ce théâtre "à l'italienne" garde vivant le souvenir du grand Jacques Offenbach qui le dirigea de 1873 à 1875 et y donna sa "Vie Parisienne". Il a connu depuis sa construction en 1835 un nombre incalculable de déboires mais de succès aussi.
Des personnalités aussi variées que l'empereur Napoléon III, son épouse Eugénie, Luis Mariano et les Compagnons de la Chanson s'y sont affichées, en passant par Camille Saint-Saëns et Serge Diaghilev, jusqu'à sa fermeture pour difficultés financières en 1963.
Jacques Chirac, Maire de Paris, fit mine de s'y intéresser en 1977, promit de l'argent mais inaugura finalement une pratique qui fera florès, celle des promesses non tenues…
Le site est à l'abandon jusqu'en 2001 où Bertrand Delanoë, nouveau Maire de Paris, s'en saisit pour créer un "centre culturel consacré aux arts numériques et aux musiques actuelles". Il a fallu une dizaine d'années pour que ce nouveau projet voie le jour. Nous sommes incapables de dire s'il a atteint son but : les activités de la Gaîté-Lyrique nouvelle formule sont rapportées dans un langage si ligneux qu'on n'y comprend goutte. (Exemple : Elle permet de comprendre les relations entre les progrès techniques et l’évolution des formes artistiques en assurant la rencontre de la culture, de l’histoire et de la modernité. Elle témoigne ainsi de l’hybridation des médias propre à l’expression artistique du XXIe siècle). Dont acte !
Quoiqu'il en soit, au terme d'un appel à candidatures lancé en avril 2022, la Ville de Paris annonce : " La Gaîté Lyrique ouvre un nouveau chapitre de son histoire avec la Fabrique de l'époque, un projet porté par une alliance inédite de quatre structures associées : l’association culturelle Arty Farty, l’association de mobilisation makesense, l’ONG internationale citoyenne SINGA, le média européen ARTE France, ainsi qu’un grand partenaire éditorial : la maison d’édition Actes Sud.
Pour s’ancrer dans son territoire et participer à la vie du quartier, la Gaîté-Lyrique "souhaite se mettre au service de ses habitantes et habitants de manière à encourager les initiatives collectives, favoriser les rencontres et la créativité. La Gaîté Lyrique souhaite inventer un lieu de vie d’un nouveau genre, tourné vers la création et l’engagement, par et pour celles et ceux qui font ce quartier si particulier du centre parisien". (Mairie de Paris-centre)
Les habitants du quartier et au-delà sont invités par le Maire à s'exprimer pour ré-inventer ce lieu. Rendez-vous à la Gaîté-Lyrique le 22 mars 2023 de 09h00 à 11h00 pour un petit déjeuner ou de 18h00 à 20h00 pour prendre un verre.
GS
Le magasin Hermès avenue Georges V (VIIIe)
Inattendu et étonnant, les artisans de dix métiers de la célèbre maison parisienne vont quitter le temps des ateliers itinérants le secret des ateliers Hermès pour le Carreau du Temple (IIIe) pour travailler devant le public du vendredi 18 au samedi 26 novembre, afin de partager leur expérience, leur passion, le maniement des outils.
Le Carreau a été retenu cette année pour le festival "Hermès hors les murs" qui existe depuis 2011, une manière de montrer à tous toute la richesse de notre artisanat et du savoir-faire français,
L'affiche de la manifestation au Carreau du Temple (IIIe)
Avec 15 sites de maroquinerie en France et 10 métiers spécifiques (cuir, verre, soie….), il est difficile de trouver mieux en matière d’excellence.
Une librairie, des conférences, des tables rondes et autres événements sont prévus.
Tous les jours de 11 heures à 20 heures, le 26 novembre de 11 heures à 17 heures. Nocturne les 18 et 24 novembre jusqu’à 22 heures. Fermeture le 22 novembre
Vue récente rez-de-chaussée du 59 de la rue Quincampoix (IVe) (Photo PC)
La rue Quincampoix existe depuis au moins le XIIe siècle disent les livre d'histoire. Elle a la particularité d'être bordée par de nombreux édifices remarquables souvent classés. Elle a été aussi le témoin d'épisodes historiques importants notamment en 1720 celui de la banqueroute de Law, "l'inventeur" du billet de banque qui y avait établi le siège social de son établissement, la Banque Générale. La pittoresque passage Molière qui la relie à la rue Saint Martin débouche sur cette voie étroite si caractéristique du vieux Paris.
Mais abandonnée à son sort la rue est devenue au fil du temps et plus encore récemment une rue à l'abandon, des commerces sont à vendre, signe des difficultés économiques que nous connaissons et elle est surtout très sale. Là où les immeubles sont en retrait par rapport à l’alignement général, des dépôts sauvages d'ordures occupent le terrain, des tags multiples ont été apposés sur les murs qui les entourent. Une situation désespérante pour ceux qui habitent juste à côté où qui passent devant. "Vivre le Marais !" a alerté les services de la propreté.
Bernard Picart (1673-1733), Graveur.- Monument consacré à la Postérité en mémoire de la folie incroyable de la XXe Année du XVIII. Gravure, allégorique et satirique avec un texte descriptif en français et en hollandais, relative à la banqueroute du système bancaire et monétaire du ministre des finances de la France, John Law de Lauriston, et représentant un défilé, rue Quincampoix, en 1720. La scène se passe sous la régence de Philippe, duc d'Orléans (1715-1723).
Les pollueurs sont les plus coupables et peut-être seront-ils pris sur le fait mais le pire est que cette saleté, l'insalubrité qui en découle, l'attrait qu'elle représente pour les rats, le manque d'hygiène ne perturbent pas l’indifférence des autorités qui semblent, en pleine préparation de l'Euro de football, plus soucieux d'organiser des fêtes, d'ouvrir les parcs et jardins la nuit que de s'intéresser à endiguer la malpropreté que chacun s'accorde à penser qu'elle devient le talon d’Achille de la mairie de Paris. Notre capitale détonne de plus en plus dans ce domaine en comparaison d’autres grandes villes françaises et étrangères où des efforts très significatifs ont été entrepris pour des résultats tangibles.
Le mur tagué du 76 rue Quincampoix (IIIe) (Photo VlM)
Nous sommes face à un défi, un de plus, qu’il fait relever. Ce weekend avait lieu l'édition 2016 de "Paris fait toi belle", une action de prévention louable mais qui doit s’inscrire dans la bataille qu'il faut conduire et savoir mener pour revenir à un standard de propreté qui fait aujourd'hui franchement défaut dans notre capitale. La rue Quincampoix en est l’illustration parmi bien d'autres exemples.
Dominique Feutry
La "Gaîté Lyrique" vue depuis le parc, rues Papin et Salomon de Caus, dans le IIIe
Nous sommes ici dans une partie du IIIe dont on parle peu mais qui est probablement l'une des plus fascinantes du Haut-Marais (*), celle en tout cas qui porte la marque la plus forte du passé et de notre Histoire. Elle s'étend du Prieuré Saint Martin des Champs, jusqu'à l'Enclos du Temple, qui était tout proche.
En partant du Square du Temple, où s'élevait le palais du Grand Prieur de l'ordre des Templiers, on se rappelle que c'est Napoléon III qui le fit démolir, parachevant ainsi l'action préventive de son oncle Napoléon Ier qui avait décrété l'éradication des vestiges de la tour du Temple, prison de la famille de Louis XVI, devenus lieu de pélerinage pour les royalistes.
On atteint rapidement l'église du prieuré de Saint Martin des Champs, qui héberge aujourd'hui une partie du musée des Arts & Métiers. Le trajet n'est que de 200 mètres environ le long de la rue Réaumur. Une promenade assez plaisante, d'ailleurs, car elle permet de voir, dans un alignement d'immeubles post haussmanniens, côté impair, quelques bâtiments dans le style "Art Nouveau" (du n° 35 au n° 41), caractéristique des constructions parisiennes du début du XXème siècle.
Ce prieuré, dont les origines remontent au XIème siècle, est doté d'une enceinte du XIIIème siècle dont il nous reste aujourd'hui des murs et une tour à l'angle de la rue du Vertbois (IIIe). Une deuxième tour se cache non loin de là à l'intérieur d'un immeuble privé situé 7 rue Bailly (IIIe). Elle abrite un escalier hélicoïdal qui a réussi à se lover dans son diamètre.
Tour d'enceinte rue du Vertbois Intérieur de la tour rue Bailly – photo JPD
Dans cet ensemble de bâtiments prestigieux, qui abritent actuellement le CNAM (conservatoire national des arts & métiers), tour d'enceinte, église, cloitre, réfectoire, qui virent se succéder pas moins de 65 prieurs dont quelques cardinaux, les époques se superposent et les styles se mélangent. On trouve du roman, du gothique, des signes de la renaissance sur les ouvertures de l'église et pour finir des bâtiments de la fin du XIXème siècle.
A gauche, réfectoire du XIIIème siècle d'un gothique épuré (qui devient bibliothèque du CNAM en 1845) et entrée monumentale du musée. A droite, le cloitre (encombré de nombreuses constructions parasites)
Plus au sud, mais toute proche dans la rue Saint Martin, se dresse l'église dans le style gothique flamboyant de Saint Nicolas des Champs. Louis Braille, l'inventeur de l'écriture tactile pour aveugles et mal-voyants, y a tenu l'orgue autour de 1850.
On voit que le secteur est riche en monuments, riche par son histoire. Le musée des Arts & Métiers à lui seul, qui constitue un pôle d'attraction, ravira ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la science et à l'industrie. Une curiosité y est présentée plusieurs fois par jour, dans l'abside de la chapelle, l'expérience du fameux "pendule de Foucault", qui met en évidence la rotation de la terre sur son axe.
Église(chapelle) du prieuré de St Martin des Champs. A gauche le chevet roman (rue Réaumur) et à droite la façade gothique (rue St Martin)
C'est dans ce cadre d'une grande richesse intellectuelle, architecturale et historique, à hauteur du CNAM rue St Martin, mais de l'autre côté de la rue, que s'élève le théâtre de la Gaîté Lyrique.
Il borde le square qui s'étale entre les rues Denis Papin et Salomon de Caus (IIIe). L'édifice, dans sa version actuelle date de 1861. Il devient en 1873 le "temple de l'opérette" sous la direction de Jacques Offenbach. Les œuvres d'Offenbach sont légères, bouffes même, mais sa musique et les livrets qui l'accompagnent en font l'émule de Rossini et même de Mozart. La Gaîté Lyrique garde aujourd'hui la mémoire de son génie. Serge Diaghilev et ses "ballets russes" prirent la suite à la fin de la guerre de 14-18 en imprimant eux aussi au monument la marque de leur prestige.
Le théâtre connut ensuite une série de déboires et de faillites. Il végète jusqu'en 2001, date à laquelle le Maire du IIIe Pierre Aidenbaum et Bertrand Delanoë, devenu Maire de Paris réfléchissent à sa reconversion et décident d'en faire un centre culturel dédié aux arts numériques et aux musiques actuelles.
Dans cet esprit, les organisateurs des "états généraux de la nuit" qui se sont tenus en 2010, proposent que le square et son jardin soient ouverts toute la nuit pour accueillir des festivités musicales.
On imagine aisément les dégâts, le bruit et la difficulté d'en assurer la sécurité.
Les abords du square : dans cet alignement d'immeubles haussmanniens, l'hôtel trois étoiles "Golden Tulip", qui se sent responsable de la tranquillité de ses clients, et un centre de détention de la préfecture de police destiné aux jeunes délinquants, dont la gestion est particulièrement difficile.
Face à cette perspective, une association de défense des riverains de la Gaîté Lyrique s'est constituée et s'oppose au projet d'ouverture du parc la nuit. A l'Hôtel de Ville, Mao Péninou, Maire-Adjoint chargé du suivi des "états généraux" et instigateur de cette initiative, que nous avons rencontré le 22 novembre, reconnait qu'elle pose de sérieux problèmes pratiques et qu'elle pourrait bien ne jamais voir le jour (ni la nuit !). Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, donne l'impression de se hâter lentement vers cette nouvelle exubérance de la Mairie de Paris. On dit même qu'il serait carrément contre et qu'il l'aurait fait savoir.
Inutile de dire que nous le soutenons dans cette attitude.
Gérard Simonet
(*) On n'est pas ici strictement dans les limites administratives du Marais, telles que les fixe le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais mais on en est proche et par leur caractère d'anciennes villes fortifiées dans la ville, les deux communautés du prieuré St Martin et de l'enclos du Temple font partie intégrante de l'histoire du Marais.
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