Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : graffs

  • Street art STREET ART – poésie urbaine par Sophie Pujas, Edition TANA
    Illustration OAK  OAK, Spiderman – Saint Etienne – 2012 –

     

    Le sujet divise la population. D'un côté ceux qui défendent l'appropriation de la rue par des artistes clandestins qui agissent masqués, la nuit, dans la rage et dans la hâte, de l'autre les tenants d'un certain académisme dans l'art et du respect de la propriété. En d'autres termes, des provocateurs face à des conformistes.

    Avant de décider de quel bord on se situe il convient de savoir de quoi on parle. S'il s'agit des "tags", signatures cabalistiques qui doivent autant aux spaghetti qu'à l'écriture bantou, souvenir non sollicité qu'un chenapan ou un soixante-huitard attardé laisse sur la blondeur vénitienne de la façade d'un immeuble, il s'agit sans discussion de vandalisme pur et simple. Même les tenants du "street art"  le reconnaissent. A ce stade, le sujet ne divise pas.

    Les collectivités réagissent souvent en dépêchant des entreprises spécialisées qui viennent les effacer. C'est le cas notamment à Paris. Notre sentiment est que le législateur devrait durcir les sanctions car il est aberrant de fermer les yeux sur des dégradations et dépenser ensuite l'argent du contribuable pour les réparer !

    Un peu plus haut dans la hiérarchie de l'art de la rue, il y ces grosses lettres imbriquées qui forment un mot, sans doute une signature, dont les formes et les couleurs ne sont pas forcément détestables. On les trouve à foison dans les gares et le long des voies ferrées. Quand elles ne sont pas elles-mêmes défigurées par des tags de la pire espèce, on peut aimer ou pas, il y a dans le travail de l'auteur une forme de création.

    On trouve ensuite les fresques de rues. Ce sont de véritables peintures. Là encore, il y a celles qu'on aime et celles qu'on déteste. On en a fait l'expérience dans le IIIe à l'angle Archives/Haudriettes avec le Don Quichotte de Combas, qui a déchainé des passions sur fond de misogynie car il représente une femme aux gros seins qui fait office de lampadaire du héros de Cervantès. 

    FartoFemme
    A gauche, Wonderland Paris, Christian Guémy alias C215, à droite Alexandre Farto Aka Vhils, Walkland Talk – Portugal

     

    Enfin, au sommet de la hiérarchie, on dispose d'un éventail infini de créations qui relèvent autant de la sculpture que du dessin ou de la peinture ou d'une discipline inclassable.

    Un "beau livre" vient de paraitre sous la signature de Sophie Pujas, journaliste au Point, aux éditions TANA., directrice d'ouvrage Laurence Basset.

    L'un des mérites de Sophie Pujas est de proposer une  monographie des thèmes. Son classement nous éclaire sur la motivation des artistes : il y a ceux qui veulent "pirater la ville", "écouter la ville", "réinventer le mobilier urbain", "enchanter la ville", "réveiller la ville", "détourner la signalisation routière" , libérer les panneaux publicitaires", "redessiner l'espace" ….  et bien d'autres, qui témoignent d'une imagination qu'on ne soupçonne pas.

      HommeCarreaux
    A gauche, Isaac Cordal, Nature, Bruxelles, à droite Joe Iurato, Crazy legs, Brooklin – New York

     

    Le sujet mérite qu'on s'y intéresse. Sophie Pujas nous y invite. La presse l'a fait sien depuis longtemps déjà. Nous conseillons à ce propos un clic sur un article qui n'a pas vieilli, de novembre 2013, sur Rue 89 Le Nouvel Obs

    Gérard Simonet

     

  •  Charlot37 rue Charlot, mur pignon de l'immeuble de la rue de Bretagne (IIIe). Le 28 janvier 2015 (photo VlM)

     

    Charlot anteMême vue le 22 janvier 2015 (notez que la moto n'a pas changé de place !) (Photo VlM)

     

    Il ne reste plus grand chose des gambettes du graff que nous avons signalé et commenté le 22 janvier ! Une horde d’afficheurs sauvages a déferlé sur ce mur, sans considération pour l’œuvre qu'il avait accueillie, sans doute contre son gré.

    Toujours est-il que ce graff avait une valeur marchande, ne serait-ce que le temps passé par une ou plusieurs personnes et le prix des pots de peintures et des pinceaux. Savoir que tout est anéanti par une bande de béotiens nous serre le cœur.

    Nous n'avons naturellement aucune sympathie pour les commanditaires de ces affiches reproduites en plusieurs exemplaires, en application de la méthode bien connue du matraquage systématique. Nous n'avons qu'un souhait, sous forme d'une alternative : (1) que la Direction de la Propreté de Paris colle une amende copieuse au donneur d'ordre avec prélèvement d'office (une procédure qui n'est pas assez souvent appliquée mais qui est à la disposition des autorités) ou (2) qu'une horde de nouveaux vandales viennent sans trop tarder la nuit recouvrir les affiches présentes, en attendant qu'une autre arrive et ainsi de suite …

    Ce cercle vicieux, les autorités de la Mairie de Paris ont le pouvoir d'y mettre fin. Mais il faut pour cela un peu de courage et de détermination. Nous sommes prêts, s'ils interviennent, à leur témoigner notre respect et notre gratitude.

    Quant au "graffeur", nous ne serions pas contrariés de savoir qu'il a décidé de chercher des sites plus cléments où son travail a des chances de perdurer.

     

  • Bretagne devanture subway taguée
    Vitrine en trompe-l'oeil rue de Bretagne, en juin 2011, sur un mur qui appartient à la Mairie de Paris. La véritable devanture de Subway est à l'angle, au 29 rue Debelleyme (IIIe).

     

    Nous lui avons consacré un article en date du 7 juin 2011. Subway avait cru bon, en ouvrant sa boutique de restauration rapide d'inspiration anglo-saxonne, de supprimer un trompe-l'oeil qui représentait un bistrot ancien, dont on a gardé la nostalgie.

      Bretagne devanture café ancien
    Le décor ancien, avant 2009

     

    Mal lui en a pris. Les vandales-tagueurs se sont rués sur le nouveau décor pour en faire un dépotoir visuel. Cet été, le commerce a changé de mains. Il est dirigé aujourd'hui par deux associés qui témoignent d'une volonté évidente de soigner leur image. Ils manifestent un désarroi profond face à la situation.

    Régulièrement, ils font appel au service de nettoyage des tags de la Mairie de Paris    (0 800 004 626), la société "HTP Graffiti". Ces professionnels repeignent les panneaux latéraux mais déclarent n'avoir pas le droit de toucher à la partie centrale car il s'agit, selon eux, d'une création artistique qui appartient à son auteur.

    On se croit à Clochemerle, mais ce n'est pas tout : un quidam s'est présenté aux gérants et leur a demandé l'autorisation de peindre une oeuvre de son cru. N'ayant aucun droit sur ce mur, ils se sont défaussés. L'artiste, émule sans doute de Jean-Michel Basquiat, s'est alors installé et, dans l'indiférence totale et en plein jour, sans autorisation et sans que le moindre agent de la mairie ou de la police intervienne, il a commis cette oeuvre que tout un chacun peut admirer en ce début du mois de septembre.

    Bretagne subway déco septembre 2011
    Le nouveau décor de septembre 2011

     

    Pas terrible, chacun en conviendra, comme le reconnaissent les deux gérants, un brin penauds ! N'ayant pas réussi à intéresser la mairie du IIIe à leur problème d'identité visuelle, ils nous ont interrogés ce matin : "dites nous ce que nous pouvons faire !"

    Nous leur avons suggéré de rétablir le décor d'origine. Il plaisait à tout le monde et, comme on peut le constater sur la photo, les tagueurs, peut-être pas si vandales et béotiens qu'on pourrait le croire, l'avaient épargné.

    Quant à la Mairie de Paris, il faut qu'elle prenne enfin conscience que ces dégradations qui frappent les façades, le mobilier urbain, les devantures de magasins et autres surfaces qui sont notre cadre de vie, appellent un traitement à la base qui doit compléter la politique indispensable de nettoyage qui est en oeuvre aujourd'hui.

    Il suffit de faire un tour rapide dans les quartiers du Marais pour constater que les vacances ont été fatales au paysage de la rue et que l'entreprise de nettoyage des tags, loin de rattraper un retard qu'elle a pris au changement de prestataire, l'a vu s'aggraver.

    Bertrand Delanoë ne parait pas prendre ce problème suffisamment au sérieux. En attendant qu'une stratégie de traitement à la base soit décidée et porte ses fruits, nous insistons pour dire qu'il faut accentuer les moyens d'intervention. Si le taux d'éradication des graffiti est plus faible que leur renouvellement, nous allons tout droit vers une ville sinistrée où les habitants n'auront plus qu'à pleurer sur la saleté de leurs immeubles, les commerçants sur leurs vitrines défigurées. Quant aux visiteurs de la ville la plus fréquentée au monde, il y a fort à parier que leur jugement sur l'état de propreté de notre capitale, déjà médiocre, ne sera pas à l'honneur des gestionnaires de la Ville.

    Il ne s'agit pas de majorer nos impôts locaux, déjà sollicités au-delà du raisonnable ces deux dernières années. La Mairie de Paris accorde plusieurs centaines de millions d'€ chaque année aux associations, sans réel souci de leur efficacité. Qu'elle fasse la chasse aux subventions inutiles ou inappropriées en affectant les économies au renforcement de la lutte pour la préservation du cadre de vie. Il suffirait de 2% sur 250 Millions d'€, pour dégager 5 Millions d'€ supplémentaires (source : fichier des subventions de la Ville pour 2004 ; c'est l'année où le document est le plus lisible et fournit un total. Notez que 50 autres millions d'€ sont versés par le "département" de Paris)  Accéder au fichier

    Partant d'un constat local, on en arrive à des choses plus graves. Nous sommes à la veille d'une année difficile où il faudra choisir ceux qui seront appelés à nous gouverner pour cinq ans, dans un environnement économique et social dont il n'échappe à personne qu'il est menaçant. Dans ce contexte, tous les gestes, y compris ceux de nos édiles municipales, parce qu'elles sont représentatives d'un courant politique, seront regardés et évalués à la loupe.