Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : hôtel amelot de bisseuil

  • Vieille du t 47 cour int chanel 05 12 16Première cour intérieure de l'Hôtel Amelot de Bisseuil dit "des Ambassadeurs de Hollande", 47 rue Vieille du Temple (IVe) (Photo VlM)

     

    Le magnifique portail sur la rue Vieille du Temple est largement ouvert pour accueillir les curieux qui découvrent que Chanel a choisi de louer cette adresse prestigieuse pour renforcer sa présence dans le Marais.

    L'Hôtel lui-même, avec son corps de bâtiment principal et les trésors qu'il renferme, sa deuxième cour, sa terrasse, ses balustrades et son fronton est désormais isolée par un vaste miroir de la partie avant ouverte au public. Chanel n'a pas décidé de l'occuper. L'interrogation reste donc entière quant à l'identité du repreneur de ce joyau du Marais et de Paris.

    En attendant, on prie pour que cette énorme enseigne qui défigure la cour soit retirée au plus vite.

      Vieille du t 47 chanel & wolford 05 12 16

    Sur la rue, on a désormais côte à côte deux magasins de luxe, Wolford et Chanel. Il y aura des commentateurs pour  regretter cette montée en gamme ; nous sommes tentés de leur répondre : voyez ce qu'étaient ces bâtiments et le paysage de la rue il y a quelques années, du temps où Oliviers & Co tenait une boutique d'huiles fines !

     

    Vieille du temple amelot de bisseuil vue généraleHôtel Amelot de Bisseuil en 2008 (Photo VlM)

     

     L'histoire à rebondissement de ce monument historique ne fait que commencer !

    GS

     

  •   Hotel-amelot-de-bisseuil-paris Hôtel Amelot de Bisseuil, dit "des Ambassadeurs de Hollande", 47 rue Vieille du Temple (IVe), porche et porte d'entrée sur rue restaurés  (Photo VlM, juin 2016)

     

    Nous venons  d'apprendre que l'Hôtel Amelot de Bisseuil appelé aussi Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, 47 rue Vieille-du-Temple (IVe) venait d'être cédé pour 69 M€  mais  le nom de son nouveau propriétaire n'a pas été dévoilé.

    Les rumeurs les plus diverses avaient couru il y a quelques années sur sa vente au fils de l'ancien président tunisien, mais il n'en fut rien.

    Il sera intéressant de connaître quelle destination sera réservée à cet hôtel particulier, l'un de plus beaux du Marais. Des travaux de restauration de la magnifique porte d'entrée de la façade et de la  cour ont été récemment entrepris redonnant du lustre à l' ensemble.

    Vieille du temple amelot de bisseuil cour intérieureCour intérieure, terrasse, balustrade et fronton restaurés (Photo VlM)

     

    Il ne faudrait pas que l'hôtel, qui a appartenu à Paul-Louis Weiller, as de l’aviation lors de la Première Guerre mondiale, centralien et fondateur d'Air France, connaisse les mêmes  déboires que ceux qui ont entaché la restauration de l'Hôtel Lambert situé à la pointe de l'Île Saint-Louis. 

     

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    Amelot n Vues du sud (haut) et du nord (bas) de la rue Vieille du Temple (IVe) (Photos VlM)

     

    Les palissades de chantier sont parties. On découvre désormais la façade rénovée de l'Hôtel Amelot de Bisseuil, dit "des Ambassadeurs de Hollande", l'ancienne demeure du Commandant Paul-Louis Weiller, fondateur d'Air-France, devenu mécène, mort en 1993 à l'âge de 100 ans à Genève. Le magnifique portail en bois sculpté, orgueil du Marais, est revenu de l'atelier de restauration auquel il avait été confié pour que ses bas-reliefs délicats ne souffrent pas de l'opération.

    Les bâtiments sont actuellement la propriété de la société Acanthe Développement, filiale du groupe Duménil-Leblé.

    Nous lui avons consacré de nombreux articles dans les mois passés :

    Faites un détour si besoin est pour vous délecter du changement.

    GS

     

     

  • Amelot de bisseuil romulus remusPortail intérieur de l'Hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, 47 rue Vieille du Temple (IVe). En bas-relief sur l'imposte : Romulus et Remus (Photo VlM)

     

    L'Hôtel est dans les starting-blocks de sa restauration.

    Classé monument historique, il a obtenu le 30 décembre 2014 du Préfet de la Région Île-de-France  une autorisation de travaux pour le traitement de ses façades sur cours et sur rue. Le pétitionnaire est la SCI de l'Hôtel Amelot.

    L'autorisation est assortie de prescriptions. En particulier, le projet de restitution du balcon 17ème siècle sur la façade principale du corps de logis ne sera pas exécuté, le garde-corps central de cette même façade sera augmenté de quelques balustres pour s’ajuster aux dimensions de l'avant-corps, et la peinture du portail en bois sur ses deux faces, sera faite d'une couche très fine sans apprêt pour préserver les détails du décor sculpté.

    Amelot bisseuil cour int et frontonCour intérieure, balcon, fronton et balustrade

     

    On s'accorde à considérer que le portail est le plus beau de Paris et que l'Hôtel, par les richesses qu'il contient, est l'un des plus prestigieux du Marais. Il a été la résidence du commandant Paul Louis Weiller, fondateur d'Air-France, décédé en 1993 à l'âge de 100 ans. Son propriétaire actuel est Acanthe Développement, filiale du groupe Duménil Leblé.

    Le but de la restauration entreprise est la mise en vente du monument. On pense qu'une grande institution française ou étrangère privée pourrait s'y intéresser. La Mairie de Paris et l’État y ont manifestement renoncé, ce qui n'est ni surprenant ni choquant en cette période de disette générale.

    Une remarque cependant : aucune information n'a été communiquée ces dernières années par la mairie du IVe sur le sort de ce joyau patrimonial auquel les habitants de l'arrondissement – et au-delà – portent un immense intérêt. Ou bien le Maire Christophe Girard n'a été informé de rien et n'a pas cherché à l'être (quand nous n'avons jamais cessé de le faire), ou bien étant informé il n'a pas estimé que ses administrés étaient dignes d'en bénéficier. Dans les deux cas, nous avons tout lieu d'être déçus.

     Gérard Simonet

     

  • 20141219_153738Façade négligée sur le 47 rue Vieille du Temple (IVe) et portail monumental. (Photo VlM)

     

    La façade souffre d'un manque total d'entretien qui fait se demander aux amoureux du Marais  : "Que se passe-t-il à l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande ?

    Il est toujours la propriété de la société ACANTHE DEVELOPPEMENT, filiale immobilière du groupe Duménil-Leblé. Nous venons de découvrir que le site Internet de cette société se réfère pour le décrire à un de nos articles – que nous recommandons de relire – qui décrit les merveilles que ce monument recèle. Par exemple la cour intérieure avec sa terrasse et son fronton bordé de colonnes ioniques, dont la restauration est assez récente.

    Vieille du temple amelot de bisseuil cour intérieurePhoto VlM

     

    Son propriétaire le confirme : ce joyau est à vendre. Une rumeur de source proche du dossier affirme qu'un grand magasin en a fait l'acquisition et s'apprête à le mettre en exploitation. Une confusion est possible, toutefois, avec les immeubles d'habitation qui font partie de lot attenant au monument. On sait que "Wolford" y a établi une boutique.

    C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne si l'aquéreur entend préserver ce monument historique et assumer son entretien ; mauvaise si ses appétits marchands le conduisent à le traiter sans respect le patrimoine exceptionnel qu'il représente. La société ACANTHE, que nous avons contactée, n'est pas locace. Elle ne confirme pas l'information ce qui rend probable l'hypothèse qu'elle n'a toujours pas d'acheteur et elle précise que des travaux importants de rénovation sont en cours. Le ravalement de la façade sur rue, dont l'état est déplorable, devrait commencer dès le début de l'année 2015. Ce sera un beau cadeau fait au cadre de vie des habitants du Marais et à tous nos visiteurs.

    Voici ce qu'on trouve dans ses rapports financiers : "Dans le cadre de la valorisation de ses actifs, le groupe entame des travaux d’envergure sur l’hôtel particulier sis rue Vieille du Temple. Celui-ci étant classé « Monument Historique » il est nécessaire de faire appel à des spécialistes des Monuments de France.

    Ainsi des contrats ont été signés avec P. Payen, JF Lagneau et Qualiconsult à hauteur de 600 K€ afin de mettre en place les travaux de ravalement et de réhabilitation de cet ensemble immobilier exceptionnel.

    Les travaux devraient débuter à la fin de l’année 2014 et dureront un an pour un montant total de 3.500 K€".

    Nous savons que le Centre des Monuments Historiques et ses Architectes veilleront à la qualité des travaux mais notre attention et celle de la Mairie de Paris ne seront pas superflues car la destination finale est tout aussi importante.

    Gérard Simonet

     

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    Statue de Beaumarchais (Louis Clausade), rue Saint Antoine (IVe). Photo Jan-Clod

    Il y aura bientôt 115 ans, le 16 mai 1897 que fut inaugurée la statue de Beaumarchais située sur la placette à l’angle des rues Saint Antoine et des Tournelles dans le IV° arrondissement. Ce monument en bronze, très classique, installé sur un socle de pierre, dont la maquette fut présentée au Salon de 1894, est l’œuvre du sculpteur Louis Clausade, second prix de Rome, originaire de Toulouse qui avait remporté le concours organisé par la Ville de Paris. Lors des dernières guerres, la statue a été épargnée, à la différence de nombreuses autres, comme par exemple la statue de Sadi Carnot exécutée par le même artiste, qui ornait un rond-point de Limoges. Elle a été fondue lors de la campagne de récupération des métaux non ferreux lancée par Vichy. Louis Clausade jouissait d’une bonne notoriété même si son œuvre paraît aujourd’hui très conventionnelle, comme en atteste une de ses réalisations maîtresse, la statue intitulée "L’Art Romain" qui orne la façade du Grand Palais. C’est d’ailleurs en finissant cette œuvre que le sculpteur mourut, en décembre 1899, à 37 ans, d’une congestion causée par un refroidissement sur le chantier. Il n’a donc pas pu assister à l’Exposition Universelle de 1900 pour laquelle il avait travaillé.

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    Statue de Clausade "L'art Romain". Façade du Grand Palais

    La statue de Beaumarchais a été installée au coeur du Marais car il fut un habitant du quartier. Il est né dans une maison située à l’angle de la rue Saint Denis et de la rue de la Ferronnerie. Il s’est installé avec sa première épouse, rue de Braque, puis après un « exode » vers le boulevard de la Madeleine, nous le retrouvons dès 1776 occupant l’Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, 47 rue Vieille du Temple (IVe) (cf nos articles des 01/07/2010, 27/01/2011 et 19/12/2012). Il y fonde en 1777 la Société des Auteurs Dramatiques qui est devenue La Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, la plus ancienne des sociétés françaises de gestion collective des droits d’auteur. Il y installe aussi l’Institut de Bienfaisance Maternelle qui se développera après la Révolution dans toute le France. Le but était d’encourager l’allaitement maternel en aidant les mères pauvres au moment de leur accouchement et dans les premiers mois suivant la naissance de leur enfant.

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    La première édition du Mariage de Figaro  (1785)

    C’est aussi dans cet immeuble que Beaumarchais écrivit Le Mariage de Figaro qui fut créé à la Comédie Française en avril 1784 et restera sans doute le plus grand succès de l’histoire de l’institution. Disposant de finances suffisantes, Beaumarchais acheta à la Ville de Paris en 1787 une propriété de 4000 m2 qui occupait la portion du boulevard qui porte son nom allant du N° 2 au N° 20 actuels. Il fit construire à l’ombre de la Bastille un ensemble de grand luxe confié à l’architecte Le Moine.

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    Le jardin était remarquable car il possédait la plupart des agréments que l’on trouvait dans les parcs des belles demeures: labyrinthes, rocailles, bosquets et grottes. Il est rapporté que l’intérieur des pièces des appartements était décoré de statues, de peintures et de frontispices. Il y avait aussi une salle de spectacle, ce qui n’a pas empêché notre illustre personnage de faire construire un théâtre rue de Sévigné (IVe) en utilisant des pierres de la Bastille. Cet édifice situé au N° 11 a été démoli sous le Premier Empire. Après avoir été confondu avec les aristocrates émigrés, Beaumarchais sera condamné et exilé à Hambourg où il séjournera 3 ans. De retour en 1796, Il mourra dans sa propriété, 3 ans plus tard, à l'âge de 77 ans, totalement ruiné.

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      Portrait de Beaumarchais par Nattier

    Rachetée en 1818 par la Ville de Paris aux héritiers, la demeure fut démolie pour faciliter l'ouverture du canal Saint-Martin et y installer un grenier à sel.

    Sans vouloir détailler l’étonnant parcours constitué de périodes fastes, de chutes et de rebonds de l’illustre résident du Marais que fut Pierre Auguste Caron de Beaumarchais, nous pouvons dire qu’il reste un des grands personnages du XVIII° siècle, une des personnalités les plus brillantes de l’époque. Il a connu la gloire et les affres du touche à tout qu’il fut finalement. Proche de la cour, il fut lieutenant général des chasses. Ne négligeant pas l’argent, il fut un spéculateur soupçonné de corruption, de trafic d’armes de captation d’héritage mais aussi d’espionnage. Pourtant, face aux plus belles pages de théâtre dont il est l’auteur, tout s’estompe jusqu’à oublier qu’il fut aussi un musicien accompli et un inventeur à l’origine d’améliorations mécaniques significatives. Une gloire telle que les aime l’Histoire et qui n’a pas hésité à écrire, fort d’une carrière si riche :

    « On ne peut corriger les hommes qu'en les faisant voir tels qu'ils sont. » (Le Mariage de Figaro)

    Dominique Feutry 

     

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  •   800px-Paris_hotel_des_ambassadeurs_de_hollande18Cour intérieure de l'Hôtel des Ambassadeurs de Hollande 47, rue Vieille du Temple IVe

     

    Dans un article et reportage photos du 27 janvier 2011 intitulé « Effervescence autour de l’Hôtel des Ambassadeurs de Hollande (IVe) », "Vivre le Marais !", après avoir rappelé son histoire et le lustre attaché à ce magnifique monument, s’inquiétait de son état et de son devenir rappelant que, depuis la mort de Paul-Louis Weiller, il était resté propriété de la Fondation qui porte son nom, et avait bénéficié de quelques travaux de rénovation, notamment la façade arrière rue des Guillemites (où avaient d’ailleurs étaient placés des étais à cause de la dangerosité du mur).

    Mais ni la façade sur la rue Vieille du Temple, ni le magnifique portail de bois qui est le plus ouvragé du Marais (il est, ce qui est extrêmement rare, sculpté sur ses deux faces, comme d’ailleurs le fronton qui le surmonte) n’ont été entretenus. Il en est de même des intérieurs. Nous appelions alors à une intervention urgente. Nous indiquions que depuis octobre 2010, le nouveau propriétaire de cet ensemble qui comporte aussi des parkings et un immeuble d’habitation était la société Acanthe Développement, filiale foncière du groupe Duménil-Leblé.

    Des bruits divers avaient courus l’an passé sur cet ensemble immobilier comme d’autres, puis finalement la société propriétaire avait précisé qu’elle souhaitait que la partie historique soit cédée à une grande entreprise ou à une institution qui puisse poursuivre la rénovation qui devient, plus le temps passe, vraiment indispensable.

     

           Hotel_Amelot

    La triste façade sur rue de l'Hôtel, 47 rue Vieille du temple (IVe)

     

    Depuis lors que s’est-il passé ?

    Il est difficile de trouver des informations sur cet ensemble. La lecture du rapport annuel de l’année 2011 d’Acanthe Développement apporte cependant deux renseignements intéressants:

    • L’immeuble comprenant des logements au 7 de la rue des Guillemites a été vendu durant l’exercice 2011, pour 5,6 millions d’€ ;
    • Quant à l’hôtel des Ambassadeurs, il est écrit : « Il a été libéré et des études sont en cours afin de réaliser sa rénovation en fonction de l’affectation ».

    Augurons, comme nous l’écrivions l’an passé, que ce joyau du XVIIe siècle retrouve tout l’éclat qu’il mérite autant dans ses parties extérieures qu’intérieures. Il ne faut pas que les passants très nombreux soient interpellés par son état indigne. Indigne pour les habitants du quartier, indigne pour les visiteurs et les touristes, indigne pour le Marais où tous les bâtiments de cette qualité ont été restaurés, indigne pour ceux qui l’ont conçu et habités, les figures célèbres qui l’ont fréquenté.

    Nous insistons sur l’urgence de cette restauration. Certains trouveront que le temps ne s’y prête pas et qu’il ne faut plus attendre de subventions de l’Etat ou de la Mairie. Certes, mais on est en droit d'espérer qu'un mécène éclairé s'y intéresse. Même si l’Hôtel a traversé bien des vicissitudes depuis plus de 350 ans, le sort qui lui a été réservé ces dernières décennies mérite que lui soit donnée une nouvelle jeunesse !

    "Vivre le Marais !" reste attentif au devenir de cet important témoignage de l'architecture et de l'histoire du XVIIe siècle.

    Dominique Feutry

     

  •  Amelot bisseuil galerie psychée
    La galerie de Psyché (Michel 1er Corneille, ca 1660), un des joyaux du monument

                                                                                                   

    Rappel de son histoire et de ses propriétaires :

    1638 – Denis Amelot de Chaillou, intendant des Finances, déjà propriétaire de l'hôtel au 78 rue des Archives (IIIe) qui porte son nom, entreprend sa construction. Il est achevé sous les ordres de son fils, Jean-Baptiste Amelot de Bisseuil, autour de 1657-60. Architecte Piere Cottard. Le sculpteur Guibert est chargé de la décoration.

    Il doit le surnom d'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, qui lui est donné au XVIIème siècle, à une légende autour de diplomates hollandais qui y auraient séjourné (hypothèse non vérifiée) et à chapelain hollandais qui y aurait célébré le culte, ce qui est plus vraisemblable.

    Il fut habité par Caron de Beaumarchais à partir de 1776. C'est là qu'il écrit "Le mariage de Figaro" en 1778, pièce interdite puis finalement autorisée en 1784 par le roi Louis XVI. Beaumarchais y vécut jusqu'en 1790.

    Il subit au XIXème siècle le sort commun des immeubles et monuments du Marais, envahis par le commerce et l'industrie qui lui firent subir des outrages. Il fut sauvé du désastre en 1924 par son classement "Monument Historique". Il est acheté par le colonel Paul Brenot qui entreprend sa restauration, sous la conduite de l'architecte en chef Robert Danis.

    Sa restauration se poursuivra sous l'égide du propriétaire suivant, le commandant Paul-Louis Weiller. Diplômé de l’École Centrale de Paris, héros de l'aviation pendant la première guerre mondiale et inventeur avec Georges Poivilliers, un autre centralien, de la photogrammétrie aérienne, il est aide de camp du chef des armées alliées à la signature du traité de Versailles. il crée la société de fabrication de moteurs d'avions qui deviendra par la suite la SNECMA. Quand Air France voit le jour, par fusion/nationalisation de compagnies aériennes en 1933, il devient membre du conseil d'administration.

    De famille juive alsacienne, il doit fuir la France en 1940 et sa mère mourra à Auschwitz.

    Il exerce après la guerre des activités industrielles qui font de lui un capitaine d'industrie et de la finance. Il a alors les moyens de s'intéresser à l'art et devient un mécène. Il mène dans son hôtel de la rue Vieille du Temple une vie mondaine qui lui vaudra la visite de personnes aussi célèbres que Richard Nixon, Aristote Onasis, Georges & Claude Pompidou et le Grand-Duc du Luxembourg.

    Né en 1893, il meurt à Genève en 1993 âgé de très exactement 100 ans.

    Aujourd'hui :

    L'hôtel est resté depuis la mort de Paul-Louis Weiller propriété de la fondation qui porte son nom. Il a bénéficié de quelques travaux de rénovation, notamment la façade qui donne rue des Guillemites, mais ni la façade sur la rue Vieille du Temple, ni le magnifique portail de bois qui est le plus ouvragé du Marais, n'ont été entretenus. Il en est de même des intérieurs.

    Peu de gens ont eu la chance d'y entrer. Nous avons eu ce privilège et nous pouvons attester de la magnificence des décors mais aussi de leur mauvais état, qui appelle une intervention urgente. Nous vous invitons à nous suivre dans la visite :

    Amelot de bisseuil romulus remus 

    Vue intérieure du portail, surmonté d'un arc en plein cintre qui figure Romulus et Rémus allaités par la louve. Décor sculpté de Thomas Regnaudin (1622-1706). Côté rue, on trouve un décor similaire qui représente deux "renommées" avec leurs trompettes. (Cliquer dans l'image pour voir les détails).

                                                          

    Amelot bisseuil cour int et fronton 
    Vue de la deuxième cour intérieure, richement ornée de statues dans leurs niches, qui représentent l'Aurore, le Crépuscule, et les vertus : la Force, la Vérité, la Prudence, la Justice, la Vigilance et la Sagesse. Terrasse à gauche et portail d'accès à l'aile ouest, avec colonnes ioniques et fronton.

                                                       

    Amelot bisseuil escalier monumental 
    L'escalier et sa rampe en fer forgé, qu'on doit à Le Tellier.

                               

    Amelot bisseuil chambre italienne 
    Plafond de la "chambre à l'italienne"

                                                          

    Son devenir

    Le sort de ce monument, depuis la mort de L.P. Weiller, est resté un mystère. Des bruits ont circulé par périodes. Rien ne s'est concrétisé jusqu'à  l'an passé où on a fini par apprendre que la Fondation avait vendu son bien. Le nouveau propriétaire est la société Acanthe Développement, filiale foncière du groupe Duménil-Leblé.

    Elle a acquis en octobre 2010 deux ensembles immobiliers dont l'un est l'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, pour 1.718 m², l'autre un immeuble attenant d'habitation de 18 petits lots actuellement loués,  sis 7 rue des Guillemites pour 826 m² , et une quinzaine de parkings au 6 rue des Guillemites. Le tout pour la somme de 38 millions d'€. On peut estimer autour de 6 millions d'€ la valeur des immeubles et parkings, il reste 32 millions comme valeur estimée du monument historique.

    Depuis, les bruits les plus fous circulent. En ce moment, à constater la fièvre qui couve chez les journalistes des magazines et quotidiens, il doit se passer quelque chose. On assiste au syndrome du "riche dirigeant du Golfe ou d'ailleurs qui veut son pied-à-terre à Paris". Une version renouvelée de l'affaire "hôtel Lambert".

    Il est plus probable, c'est notre souhait en tous cas, et c'est l'écho que nous avons trouvé auprès d'Acanthe Développement, que la partie "monument historique" du bien, séparée des immeubles d'habitation, aille à une grande entreprise capable de poursuivre sa rénovation sous le contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, pour en faire son siège social ou un lieu pour des réceptions de prestige. On évoque aussi telle ou telle "fondation" à vocation de mécène.

    En tout état de cause, le "bon peuple" ne sera pas convié à la fête, si ce n'est peut-être à l'occasion des journées du patrimoine et ce n'est pas rien. On pourra regretter que ni l’État (qui n'a plus d'argent) ni la mairie de Paris (qui a déjà été amenée à puiser abondamment dans nos poches) n'aient d'intérêt à la chose.

    Dans ce cas, il faut se résigner au jugement de Salomon qui donna l'enfant que deux mères se disputaient, à celle qui se déclarait prête à le céder à l'autre pourvu qu'il ait la vie sauve.

    Gérard Simonet

     

    Références : Le Marais, Alexandre Gady ; Le Marais, Danielle Chadych ; Wikipédia ; collection privée

    Intéressé par l'association : cliquer ICI 

                                                                                                                   

  •  Vieille du temple amelot de bisseuil cour intérieure


    Hôtel Amelot de Bisseuil, dit "des Ambassadeurs de Hollande", 47 rue Vieille du Temple (IVe). Façades intérieures ouest et sud. Balcon à balustres, porte à colonnes ioniques et mini fronton.

                                                                                                                                            

    Nous lui avons consacré un article en décembre 2008 à l'occasion du départ du magasin Oliviers & Co, installé depuis au 34 de la rue des Francs-Bourgeois (IIIe), dans les murs de "l'hôtel Poussepin".

    Nous indiquions alors que l'hôtel était "prêt à reprendre du service". C'est l'un des derniers "monstres sacrés" du Marais, en mal d'affectation. Monument historique du XVIIème siècle, qu'on doit à l'architecte Pierre Cottard, il est plutôt compact mais son architecture et sa décoration intérieure et extérieure en font un site parmi les plus prestigieux du Marais.

    Il présente une façade sur la rue Vieille du Temple avec un portail surmonté d'un arc en plein cintre qui entoure un bas-relief représentant deux "renommées".

    Vieille du temple amelot de bisseuil fronton

    Tout en regrettant la noirceur des murs et du fronton, il faut s'arrêter devant ce bas-relief qu'on doit à Thomas Regnaudin. Il représente en effet deux divinités ailées, qui ne sont pas des anges mais l'avatar des "déesses aux cent yeux et aux cent bouches", filles de Gaia, qui dans la mythologie grecque inspiraient la terreur pour leur capacité à percer et à divulguer les secrets. A partir du moyen-âge, ayant perdu leurs attributs opérationnels chez les latins, il ne leur resta que les ailes mais on les voit, comme ici, armées de "divines trompettes", les fameuses trompettes de la renommée.

      

    Côté cour, le fronton est décoré de la même manière par une sculpture représentant les fondateurs de Rome, Romulus et Rémus en compagnie de leur louve nourricière. Il y a tant de merveilles sur le portail et autour des deux cours intérieures que nous devrons leur consacrer un jour une conférence ou une visite guidée.

    A titre d'exemple, la photo du haut concerne la seconde cour, dont les murs ouest et nord
    sont ornés de huit statues. On en voit deux ici seulement, dans leurs
    niches. Elles représentent les "vertus" (force, vérité, prudence,
    justice, vigilance, sagesse) ainsi que l'aurore et le crépuscule.

    L'hôtel offre une deuxième façade sur la rue des Guillemites. Cette portion a déjà bénéficié d'une rénovation, sous le contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, Jean-François Lagneau.

                                                                                                                                                  

    Vieille du temple amelot de bisseuil
guillemites
(2)

    Vieille du temple amelot de bisseuil vue
générale

     

    A gauche, façade rue des Guillemites, à droite façade rue Vieille du Temple

                                                                                                                                

    L'hôtel fut la demeure de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais de 1776 à 1790. Il y écrivit son grand succès, le Mariage de Figaro, que Louis XVI, très prude, commença par bouder avant de l'autoriser du bout des lèvres. On n'est pas certain, en revanche, que des diplomates hollandais l'habitèrent. Son surnom pourrait n'être que le fruit d'une anecdote.

    Les intérieurs sont remarquables avec des pièces comme la galerie de Psyché, la chambre "à l'italienne" et le salon de Flore qui sont intacts ou bien restaurés.

    La SCI Amelot de Bisseuil, propriétaire de l'hôtel, est sur le point d'en conclure la vente. Plusieurs acheteurs sont en lice, avec des projets qui tous promettent la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel. Mais il faudra sans doute le rendre "exploitable". C'est là que les difficultés peuvent apparaitre, comme on l'a vu pour l'hôtel Lambert, dans l'Ïle Saint louis. Nous verrons s'il est possible sur ce dossier de faire l'économie d'une polémique.

                                                                                                  

    Bibli. : Danielle Chadych, Le Marais ; Alexandre Gady, Le Marais

                                                         

    Pour une visite à l'intérieur de l'hôtel avec l'agence immobilière (de collection) chargée de la vente Cliquez ICI. Pour une présentation en anglais du bien en vente Cliquez Là.

                                                                                                                                                       

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