Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : hotel de sully

  • OmégaCour de l'Orangerie, Hôtel de Sully (IVe) et les installation de la société OMEGA (Photo VlM)

     

     

    Il y eu la grosse taupe en son temps et d'autres facéties depuis, dans la cour/jardin de l'Hôtel de Sully devant l'orangerie.

    Cette fois, le siège du Centre National des Monuments Historiques qui occupe l'Hôtel a bien voulu, contre paiement d'une compensation financière, que la marque prestigieuse de montres OMEGA installe des stands publicitaires dans le jardin et dans le corps de bâtiment de l'orangerie.

    En toute rigueur, on aurait préféré que l'évènement n'ait pas eu lieu car cet endroit est porteur d'une immense sérénité que beaucoup d'entre nous aiment savourer dans la contemplation, les yeux posés sur la façade de l'orangerie, sur la grande rosace en pierre qui borde le flanc est du jardin ou sur la façade arrière du corps de logis de l'Hôtel de Sully et ses sculptures allégoriques représentant le printemps et l'été.

     

    Panneau solaire

    Il reste que les installations de la firme OMEGA, par leur qualité et leur raffinement, ne juraient pas vraiment dans le cadre prestigieux qu'elles occupaient. A titre d'exemple, avoir placé la marque de ses montres discrètement au-dessus du panneau solaire est un clin d’œil spirituel dont il faut saluer l'à-propos.

    Nous nous sommes exprimés à l'imparfait car ce mardi 11 octobre verra la fin de l'exposition promotionnelle. Gageons qu'elle ait rapporté au Centre National des Monuments Historiques de quoi financer des travaux de restauration ici ou là pour le grand bonheur de ceux qui savent apprécier le patrimoine exceptionnel dont nous sommes dépositaires en France.

    Gérard Simonet

     

  • P1080539Sculpture de Tatiana Wolska : "Principe d'incertitude". Bouteilles plastiques Badoit thermochauffées (Photo VlM)

     

    Que le physicien allemand Werner Heisenberg, auteur du principe d'incertitude qui est la base de la mécanique quantique s'en réjouisse ou pas, cette "sculpture" contemporaine est censée lui rendre un hommage dont on a du mal à voir les tenants et les aboutissants.

    Elle est là en tout cas, dans le jardin de l'Hôtel de Sully, face à l'orangerie. Ceux qui souhaitent découvrir cette œuvre de Tatiana Wolska ont jusqu'au 28 octobre.

    Elle n'est pas seule à exposer ses sculptures. Dans l'autre moitié du jardin, on trouve deux œuvres de Boris Lafargue, dont celle-ci baptisée "Le Trépied".

    P1080540Boris Laforgue : "Le Trépied" (Photo VlM)

     

    Il s'agit d'un tube carré, en inox (de quoi lui assurer longue vie), sectionné et soudé à angle droit de sorte que trois sommets reposent sur le sol (en cliquant gauche sur la photo, et en agrandissant on découvre le nom de l'artiste sur la plaque du premier plan).

     Il est très déplaisant d'éprouver la sensation devant ce genre d'évènement qu'on "décroche" comme un avion qui perd de la vitesse, avec le sentiment confus que l'âge y est pour quelque chose. Comment échapper pourtant à cette interrogation : "ces objets ont-ils quelque chose à voir avec l'art ?"

    Aussi ai-je pris l'avis de la sociologue Nathalie Heinich qui propose trois définitions de ce qu'est l'art, en distinguant l'art classique, moderne (jusqu'à 1945) et contemporain. Voici ce qu'elle dit de l'art contemporain : "dans le paradigme contemporain, l’art consiste en un jeu avec les frontières de ce qui est communément considéré comme de l’art".

    Tout le monde ne sait pas ce qu'est un paradigme. C'est pourtant simple, écoutons-la : "Un paradigme, c’est une structuration générale des conceptions admises à un moment donné du temps à propos d’un domaine de l’activité humaine : non tant un modèle commun – car la notion de modèle sous-entend qu’on le suive consciemment – qu’un socle cognitif partagé par tous".

    Et voici pourquoi votre fille est muette !

    Allez donc sans idée préconçue, car j'ai peut-être insidieusement semé la dérision dans vos esprits, voir cette exposition. Si comme moi, l'émotion ne vous étreint pas devant ces artefacts, vous aurez tout de même le loisir d'admirer un fois de plus l'Hôtel de Sully et ses dépendances, à une encablure de la place des Vosges qui vaut à elle seule le déplacement.

    Gérard Simonet

     

     

  • Hotel de sully taupe 

    On peut voir en ce moment en l'austère mais magnifique hôtel de Sully (62 rue St Antoine – IVe ), dans le jardin devant l'orangerie où il fait bon méditer, un énorme monticule de terre d'où émerge la tête d'une taupe géante, et ses deux pattes en forme de serfouette.

    Cette facétie est une oeuvre d'art. On la doit à Ghyslain Bertholon, elle a pour nom "Taupologie de l'hôtel de Sully".

    C'est amusant, mais il n'est pas indispensable que cette réalisation reste là très longtemps. C'est sans doute ce qu'a prévu le Centre des Monuments Nationaux qui est implanté depuis deux ans dans ces bâtiments somptueux qu'on doit au maître maçon Jean Notin d'après des dessins de Jean 1er Androuet du Cerceau (début XVIIème siècle).

    Une rosace finement ciselée posée dans un angle du jardin semble égarée dans un décor qui n'est pas le sien. On ne peut que l'admirer cependant pour son élégance et l'hommage rendu à la figure géométrique du cercle, lui-même décomposé en une multitude d'arcs qui constituent la structure de l'ouvrage.

    Hôtel de sully rosace Cliquez (jusqu'à deux fois) dans la photo, elle est encore plus belle !

     

    Post scriptum du 12 avril 2012 :

    Nous avons organisé aujourd'hui une "visite guidée" dont le thème était  "La place des Vosges". En traversant l'hôtel de Sully et sa magnifique orangerie, nous avons constaté que "la taupe" n'était plus là. En écho à ce que nous disions plus haut, sa disparition a été remarquée mais n'a pas déclenché un torrent de larmes.

     

  • St antoine 21 hôtel de mayenne gravure ancienne St antoine hotel de sully facade rue bis

    Non, il ne s'agit pas du même bâtiment, mais de frères jumeaux : à gauche l'hôtel de Mayenne, 21 rue St Antoine (IVe), gravure ancienne représentant l'édifice avant l'adjonction en 1889 de la partie centrale et à droite l'hôtel de Sully, 62 rue St Antoine, tel qu'il apparait aujourd'hui après sa rénovation récente.

                                                                                                                 

    L'affaire a fait débat entre la Mairie de Paris et son bras armé la Commission du Vieux Paris, et le Ministère de la Culture, partisan du retour à l'architecture originelle de la façade, en application du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. Le dossier de restauration incluait la suppression de l'ajout du XIXème siécle (notre article du 19 novembre 2009)

    La discussion est close. Le Maire de Paris s'est rangé à la décision du Préfet de Paris d'autoriser les travaux de restauration et de mise en sécurité de ces bâtiments qui abritent l'Ecole des Francs-Bourgeois. Les panneaux d'information qui ont été placés sur la façade, annoncent le démarrage imminent du chantier qui sera supervisé par Jean-François Lagneau, Architecte en Chef des Monuments Historiques.

                                                                                                                                                     

  • St antoine 17 visitation

    Le Temple de la Visitation Sainte Marie, 17 rue Saint Antoine (IVe), du nom de la congrégation des "Filles de Sainte Marie", ancienne église baroque Sainte-Marie-des-Anges, que l'on doit à François Mansart qui la conçut en 1632. Dévolue par décision de Napoléon en 1802 aux chrétiens réformés, elle accueille à présent plusieurs cultes protestants : classique, afro-antillais, japonais et arabe

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    Cette église, Jean-Etienne Chautard la connait bien. Depuis qu'il s'est installé en face, au 16 de la rue, il a assisté à sa restauration et au retour des pots à feu (*) de quatre mètres de haut qui ceinturent la coupole. Il s'est aussi passionné pour un lieu où "l'histoire pèse d'une densité particulière". Derrière l'église se cache l'ancien couvent des Filles de la Visitation, une institution qui s'apparentait au Carmel par la rigueur de sa règle.

    Les activités de notre association nous ont conduits vers lui. Nous nous sommes rencontrés. C'est un personnage captivant, passionné d'histoire et d'architecture au point d'avoir décidé, pour conduire ses recherches, de travailler à mi-temps, à la Coface où il est cadre commercial.

    Ses travaux tiennent dans une brochure de 120 pages intitulée  "16 rue Saint Antoine, 1608-2009 : 400 ans d'histoire". Ils ont bénéficié de l'intérêt et de l'aide des Archives Nationales. Ils sont consacrés à la vie patrimoniale de la congrégation qui a vécu autour de son immeuble du 16 de la rue Saint Antoine, au sein d'un périmètre délimité par l'impasse Guéménée, la place des Vosges, la rue des Tournelles et la rue Saint Antoine, celle des "Filles de la Croix". Des religieuses ouvertes sur le monde, contrairement à leur vis à vis, dont la charge était  "d'éduquer les jeunes filles".

    On avait donc face à face, de part et d'autre de la rue, avec la Bastille en toile de fond, deux couvents qui ont laissé leur empreinte sur le quartier d'aujourd'hui.

    Couvents ste croix et visitation

     Au contraire des Filles de la Croix, celles de la Visitation vivaient donc recluses. Cet engagement leur valut une rigueur plus élevée de la part des révolutionnaires de 1789, qui avait peu d'estime pour les excès de piété. On les éjecta très vite de leurs murs et de leur cloître qui reçurent ultérieurement des affectations profanes et subirent divers outrages architecturaux qui subsistent de nos jours.

    Cloitre visitation

    Cloître de la Visitation. Les arcades ont été fermées. La galerie est convertie en "show-rooms". Un atelier en briques (à droite) occupe le centre de la cour pavée.
     

    Ces ajouts doivent disparaître au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. Les instances chargées de sa révision verront-elles d'un meilleur oeil ce tribut payé par l'histoire et la culture au commerce et à l'industrie des XIXe et XXe siècles ? On devra attendre pour savoir.

    Allons ensemble de l'autre côté de la rue retrouver Jean-Etienne Chautard dans son appartement du XVIIe. On entre malheureusement par un garage (350 places de voitures), qui se prolonge loin derrière au coeur de ce qui a été le couvent des Filles de la Croix. On se dit qu'on ne pleurerait pas sa disparition mais on se demande comment, en pratique, plusieurs étages de béton pourraient être curetés sans parler de l'opposition que pourrait susciter un tel projet chez les clients utilisateurs du parking.

    L'immeuble du 16 a connu deux surélévations successives mais le deuxième étage où nous nous rendons est d'origine même si, bizarrement, les trois fenêtres sur rue ont été rétrécies par une reprise de maçonnerie. Le clou de la visite est l'escalier.

    St antoine 16 escalier

    Il vaut à lui seul le détour. C'est un bel escalier Louis XIII "à quatre noyaux et ballustre de bois carrés, du milieu du XVIIème siècle", qui dessert les quatre premiers étages.

    Avec l'hôtel de Sully, sompteusement restauré, l'hôtel de Mayenne qui fait pendant et attend sa propre restauration, ces anciens couvents où trône l'ouvrage remarquable qu'est l'église de la Visitation, on a envie de se retourner et voir par enchantement la porte Saint Antoine et la Bastille qui complétaient si richement la perspective. On se dit que les révolutionnaires auraient été bien inspirés, ayant pris la forteresse de la Bastille, de la conserver pour la transmettre à la postérité.

    St antoine perspective bastille gravure ancienne

    A gauche, les bâtiments du couvent des Filles de la Croix. A droite, l'église de la Visitation et l'hôtel de Mayenne. Au fond, la Bastille. (gravure d'époque)

     

    (*) Pot à feu : ornement représentant un vase d'où sortent des flammes

                                                                      

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