Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : hôtel libéral bruand

  • Vue de l'entrée depuis la rue de Thorigny (IIIe)

            

    Derrière un haut mur et une porte cochère imposante se trouve au 1 rue de la Perle dans le IIIe arrondissement, l'hôtel particulier Libéral Bruant. Ce très bel immeuble est connu par ceux qui ont eu la chance dans un passé récent de se rendre au musée Bricard consacré à l'histoire de la serrurerie logé  cet endroit. Il présente des proportions élégantes en forme de L , dispose d’un corps de logis principal entre la cour d’honneur et un petit jardin situé à l’arrière, ainsi qu'une aile en retour adjacente à cette cour. Il possède de plus de très belles caves voûtées.

    C'est à la famille Bruant de Carrières que l'on doit ce monument classique si typique du XVIIe siècle. En effet, Libéral (1635-1697), architecte devenu maître général des œuvres de charpenterie du royaume en 1670 (à qui l'on doit la Salpétrière, les Invalides et l'église Note Dame des Victoires) et son frère Louis se retrouvent tous deux adjudicataires en 1683 d'un terrain en plein Marais. Libéral qui avait pour élève Jules Hardouin-Mansart exerce en effet la double activité d'architecte-entrepreneur et de promoteur immobilier, chose fréquente en cette époque de grandes transformations de l'urbanisme. Le terrain de la rue de la Perle est alors loti, plusieurs hôtels particuliers destinés à la location et à la vente sont construits dont la propre demeure de Libéral que nous pouvons donc admirer encore aujourdhui et qu'il occupera jusqu'en 1697.

     

    Façade sur cour

    La façade sur cour a la caractéristique, ce qui est fréquent durant la seconde moitié du règne de Louis XIV, d'être percée de baies cintrées où s'intercalent aussi des fenêtres rectangulaires de proportions moindres et des niches (dites oculi aveugles) où sont placés des bustes d’empereurs romains. Sur le large fronton sont sculptés deux angelots et des cornes d’abondance.

    Au décès de Libéral Bruant, l'hôtel est loué au mathématicien Guillaume François Antoine de l'Hospital, membre de l'Académie des Sciences. Un siècle plus tard il est loué à l'ingénieur Perronet qui y installe de 1771 à 1788 l'Ecole des Ponts et Chaussées. L'hôtel est transformé après la Révolution en ateliers et devient ensuite propriété de la ville de Paris. Il a été vendu en 1968 à la société Bricard qui s’était engagée à le restaurer et à y installer un musée de la serrure, ouvert en 1976 et fermé en 2003. Alors mis en vente ce témoin de l'architecture du XVIIe siècle est devenu un centre d'art contemporain.

    En novembre 2009, nous commentions le refus de la Commission du Vieux Paris de construire un parking sous la cour. A l'évidence, sa recommandation a été suivie par le Maire de Paris car nous n'avons jamais observé depuis de travaux ressemblant de près ou de loin au creusement de la cour.

    Dominique Feutry

     

  • Perle 1 hôtel musée bricard ouvert Bien protégé derrière son mur d'enceinte, l'ex musée Bricard de la serrurerie, 1 rue de la Perle (IIIe) a été rendu à l'habitation après rénovation tout récemment. Un propriétaire privé en a fait l'acquisition. Admirez le tympan profane et les deux putti joufflus qui le décorent de part et d'autre de la rosace.

                                                                                                     

    Au cours de sa séance du 1er octobre, la "Commission du Vieux Paris" a adopté une résolution visant à interdire des travaux de creusement de la cour pour, notamment, l'aménagement d'un parking pour voiture.

    Elle invoque à ce propos le PLU (plan local d'urbanisme) de Paris qui restreint la réalisation de parkings souterrains dans la capitale. Le PLU n'est pas opposable au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais mais c'est l'objet de la mise en révision du PSMV de les rendre compatibles. La commission anticipe en somme des décisions attendues mais pas encore entérinées.

    L'avis de la "Commission du Vieux Paris" n'est que consultatif mais ses recommandations sont généralement suivies par le Maire de Paris. Il ne faut pas le confondre avec l'avis conforme de l'Architecte des Bâtiments de France, au titre du PSMV, qui est exécutoire. 

    La construction de cet hôtel particulier date de la fin du XVIIème siècle. Il est connu sous le nom de son constructeur, l'architecte Libéral Bruand. Tout comme son voisin l'hôtel Salé (musée Picasso) qui abrita l'Ecole Centrale des Arts & Manufactures à sa création, celui-ci servit de cadre à l'Ecole Nationale des Ponts & Chaussées.

    Il y a cinquante ans environ, la société Bricard en fit l'acquisition pour le restaurer et y implanta le "musée de la serrurerie" qu'on pouvait visiter encore il y a dix ans. Une nouvelle rénovation est ensuite intervenue pour sa transformation en demeure habitable.

    Limiter la place de la voiture dans Paris est un objectif auquel nous adhérons volontiers. Nous constatons simplement mais amèrement que le-dit PLU ne s'attaque pas à la prolifération des deux-roues motorisés, source de bruit, de pollution, d'encombrement des trottoirs, d'incivilités et d'accidents. Mieux, nous apprenons que la Ville de Paris va offrir 18.000 places de plus en surface aux motos.

    Va-t-elle en même temps résilier la charte signée début 2007 avec l'association "Les motards en colère" (ils le sont restés, en dépit de cette faveur), qui les autorise, de manière illégale (le préfet de police n'a pas voulu cautionner cette initiative) à stationner et à rouler sur les trottoirs.

    Denis Baupin, Adjoint au Maire pour les déplacements, s'était justifié à l'époque en disant: "ces mesures sont transitoires en attendant qu'il y ait davantage de places de parking deux-roues." Nous y voilà et nous attendons maintenant que le Maire de Paris renonce à cette charte controversée. La vérité est qu'on en doute.

    On peut donc s'interroger sur l'inadéquation entre ces mesures du PLU qui visent à expulser quelques voitures du sous-sol de Paris, et une politique qui fait la part désormais trop belle aux propriétaires d'engins polluants qui se garent en surface, où ils veulent et sans payer.

    Bien sûr, la Commission du Vieux Paris n'a pas vocation à se préoccuper de la pollution et du cadre de vie. Le Maire, oui.