Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : la nuit à paris

  • Paris la nuit

     

    Que retenir de cette réunion ? Après des échanges d’amabilités avec le Maire du 4éme arrondissement,  M. Delanoë a pris la parole pour préciser le choix du thème retenu pour ce bilan de mandature : « La nuit à Paris », en précisant qu’il regrettait de devoir se lever à l’heure où autrefois il se couchait et qu’il comprenait combien on pouvait aimer la vie à Paris, ses couleurs, ses respirations…

    Il a rappelé que des personnes travaillaient le jour et d’autres la nuit, et reconnu que ce sujet  était difficile avec des demandes à la fois légitimes et contradictoires. Pour lui toutefois « Paris est une ville qui a besoin d’être éveillée à toutes les heures de la nuit ». Soulignant les efforts menés en matière de transports et de sécurité  des personnes la nuit, M. Delanoë a indiqué qu’il avait demandé l’organisation des "Etats Généraux de la Nuit" car nombre de parisiens se plaignaient du bruit (idée qui serait reprises dans d’autres capitales). Selon son analyse grâce à cette instance dont les résultats sont patents … des progrès ont été faits et du chemin reste encore à parcourir.

    La réunion s’est poursuivie par une présentation par un expert qui a consacré des décennies de réflexion sur la nuit. Son propos a porté sur un historique et des réflexions sociologiques  et philosophiques assez éloignés du bilan attendu. Finalement la conclusion  de ce dernier a porté sur les propositions suivantes :

    – Revoir l’éclairage,

    – Créer des points d’eau,

    – Créer des oasis de temps continu,

    – Installer davantage de toilettes publiques, de bancs…

    – Aller plus loin dans l’ouverture des parcs la nuit.

    Ensuite a commencé la longue séance des questions, les réponses étant données ensuite globalement. Béotien de ce type de manifestation, quel ne fut pas mon étonnement de constater deux files de questionneurs, tous à la queue leu leu, venant présenter leurs doléances  aux représentants de l’autorité municipale.  Une scène qu’aurait sans doute aimé décrire George Orwell dans un de ses romans.  Ces deux cohortes d’administrés  (debout, attendant patiemment  leur tour pour passer et poser leur question au moyen de deux seuls micros fixes mis à leur disposition, chacun défendant ses intérêts) avaient un côté scolaire et quelque peu suranné voire inconvenant.

    Les questions et remarques, une vingtaine environ, la plupart sur la nuit, étaient éloignées des sujets comme la propreté, la sécurité des personnes, la pollution, des points pourtant essentiels qui font partie des  préoccupations de nos adhérents et des parisiens du quartier.

    Les réponses et les explications apportées par le Maire et ses Adjoints sont regroupées et résumées ci-dessous. Le maître mot étant de toujours de  trouver un compromis, ce qui conduit à des renvois du type études, conciliations, échanges, médiations … sans véritable mesure concrète.

     

    La nuit

    Saisissant la remarque d’un étudiant qui constatait que faire la fête devenait cher, surtout après 1h00 du matin lorsque la plupart de bars fermaient, tout en soulignant que les transports se raréfiaient à ces heures tardives, M. Delanoë a rappelé que les étudiants étaient au nombre de  300 000 et qu’ils devaient aimer Paris et pouvoir s’y amuser.

    Cette question qui ramène au sujet principal des échanges de la soirée  est pour notre Maire «un enjeu de civilisation» (sic). Le Maire de Paris a rappelé que la Préfecture de Police avait été jusqu’à récemment un obstacle, notamment dans le Marais, et qu’il fallait l’aider à "devenir plus constructive". Favorable à  l’extension des horaires de la RATP, il l’est moins sur celle des services que réclamait un intervenant sans pour autant demander le « couvre-feu » dès 20h00.

    Il n’est pas hostile à l’installation  des péniches à l’extérieur de Paris mais cela doit être décidé en concertation avec le Maire du 4ème arrondissement. Quant aux lieux de vie (boîtes de nuit), il est à la fois pour leur installation à Paris et en dehors de la capitale.

     

    Le bruit

    Pour notre Maire, les principales sources de bruit sont les véhicules motorisés notamment les deux roues, ainsi que  les voisins qui souvent osent se plaindre du bruit que font les autres ! Mais n’y a-t-il pas sur ce plan, de la part des plaignants, toujours selon lui, un  certain égoïsme alors qu’ « il y a  des gens (des SDF) qui crèvent dans la rue » (SIC) ? Sa préoccupation première est donc d’augmenter les capacités d’accueil d’urgence pour l’hiver, rappelant au passage tous les efforts entrepris en matière de logement social.  Malgré cela M. Delanoë va œuvrer en relation avec la Préfecture de Police afin que les 2 roues motorisées soient davantage verbalisées. Une action sera aussi menée pour réduire le bruit émanant des sirènes des voitures de police (voir notre article du 19 juillet 2012) qui ne sont pas toujours en action à bon escient.

    Par contre il est d’accord pour que soit réactivé le projet de loi relatif à l’abus de plainte.  C'est le projet que Mme Sandrine Mazetier avait proposé l'an dernier et que l'Assemblée Nationale avait rejeté à la suite. Nous l'avions pour notre part résolument combattu car nous jugeons scandaleux de sanctionner ceux qui souffrent.

     

    Les berges de la Seine

    Ce sujet a été traité essentiellement par Mme Hidalgo qui a rappelé qu’il y aurait des activités de nuit sur les berges (sport, concerts, cinéma …). Selon sa présentation, il s’agit d’un véritable lieu de vie où beaucoup de choses seront possibles au rythme des saisons, y compris pour les enfants qui pourront même y fêter leur anniversaire (des endroits réservés seront installés à cet effet). Tout a donc été prévu,  espérons que tout sera fait aussi pour éviter les débordements de toutes sortes…

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    En résumé, nous avons eu un bilan sous forme de satisfecit. Le peuple du quartier s’est exprimé, nombre d’adeptes ont cru bon de faire l’apologie de  la fête la nuit, en esquivant les nuisances que cela entraîne pour les riverains. Des pans entiers de notre quotidien ont été mis sous le boisseau. Aucune solution concrète n’a été apportée sur les questions de propreté, de pollution de l’air, les tags, l’affichage sauvage, la question des terrasses des bars qui empiètent sur le domaine public, l’extension des espaces verts…. Pas davantage sur l’accroissement des incivilités, le stationnement illicite des deux roues…..Un observateur naïf cherchait où pouvait se trouver la véritable ligne directrice en dehors du sujet de la nuit à Paris.

    Une réunion plutôt décevante alors que la nuit devrait plutôt passer au second plan en cette difficile et longue période de crise que nous traversons.

    Dominique Feutry

     

  • Compte rendu mandat delanoë IVe 02 09 12

    La salle des fêtes de la mairie du IVe. A la tribune : Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo, Patrick Bloche, Mao Péninou et Christophe Girard

     

    On s'y attendait : foin des sujets qui préoccupent principalement les habitants du IVe tels que l'occupation indue de l'espace public, la propreté, l'invasion des flyers et le bruit, le Maire de Paris avait choisi de nous parler des charmes de la nuit.

    "Ô nuit enchanteresse, divin ravissement", ce vers des "Pêcheurs de Perles" de Georges Bizet  suffirait à lui seul à résumer son exposé et celui – interminable – de Luc Gwadzinski, universitaire spécialiste des questions nocturnes.

    J'ai eu envie de lui répondre mais les deux files qui se sont constituées derrière les micros, littéralement trustés par les professionnels de la nuit, m'en ont dissuadé.

    Je brulais de lui dire que nous sommes tous des amoureux de la nuit. J'avais envie, cependant, d'ajouter un argument qui n'a pas été formulé : quand le ciel est dégagé de toute pollution lumineuse, atmosphérique ou simplement de nuages, la nuit est le seul moment où l'on puisse admirer la voute céleste. Et se dire que tous ces points lumineux, planètes et étoiles de notre galaxie, sont des milliards au milieu de milliards d'autres galaxies. Ce qui nous fait dire que nous-mêmes et nos problèmes sont tellement petits qu'ils sont insignifiants.

    Ce commentaire n'est pas plus creux que le long exposé de M. Gwadzinski dont on se demandait à la fin, avec tout le respect et la sympathie qu'on a pour lui, ce qu'il avait voulu démontrer.

    Ma réflexion cosmologique me fait dire pour ce qui nous concerne, habitants de l'arrondissement et d'ailleurs, qu'il n'y pas de conflit sérieux à propos de la nuit. Qu'on se rassure et que ceux qui dirigent la Cité rengainent leurs plaidoyers inutiles, nous adorons la nuit. Nous l'aimons tellement que nous la voulons sereine, soucieuse de chacun, et respectueuse des lois de la Cité qui sont le ciment de notre démocratie.

    On a beaucoup parlé des riverains. Que les choses soient claires : les riverains ont une seule exigence, le respect de la Loi. Il y a un code de l'environnement, un code de la santé publique, des règlements municipaux, des arrêtés préfectoraux. Qu'ils soient appliqués le jour comme la nuit. Il n'y aura plus de débat. Mais si certains fondent leurs commerces sur l'hypothèse qu'on peut s'en affranchir ou y déroger, qu'ils ne s'étonnent pas s'ils nous trouvent sur leur chemin.

    Je témoigne que nous avons peu de problèmes relationnels avec des exploitants dans le Marais. Quand un épiphénomène apparait, nous le réglons avec les moyens dont nous disposons. Il continuera d'en être ainsi tant que la situation reste gérable. Si, par accident, un établissement de nuit de grande capacité ouvrait ses portes dans un de nos quartiers, on passerait de l'équilibre fragile d'aujourd'hui à une situation de chaos urbain. Il ne nous resterait plus qu'à quitter le Marais et aller vivre à Rodez. M. Delanoë l'a désignée à nouveau sans la nommer, cette pauvre ville sur laquelle il s'acharne. Parce que c'est humiliant, les aveyronnais de Paris pourraient s'en souvenir en 2014 et garder à ses successeurs un chien de leur chienne !

    Gérard Simonet