Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : locations saisonnières Paris

  •    Marais-la-frenesie-AirbnbTouristes cherchant le code d'entrée pour accéder à leur location  

     

     

    Depuis peu, la Mairie de Paris et le gouvernement semblent enfin prendre la mesure des conséquences multiples du  développement  anarchique des plateformes proposant des locations saisonnières. Conséquences que nous avons dénoncées maintes fois et que subissent  les parisiens en particulier ceux des arrondissements du centre dans lesquels se trouve le Marais !  

    Est-ce que la limitation récente des locations à 120 jours maximum par an par bien loué combinée à un numéro d'enregistrement devant figurer depuis le 1er décembre sur les annonces publiées seront des mesures suffisantes pour mieux réguler cette activité ? L’application prochaine d’une taxe de séjour (assez faible unitairement) saura-t-elle rétablir une concurrence plus saine avec le secteur hôtelier ?

    L’arrêt annoncé du règlement des séjours en meublé touristique par le biais de cartes rechargeables  (moyen de paiement au demeurant légal)  subitement  découvert  comme moyen d’évasion fiscale va-t-il retirer du circuit les propriétaires qui avaient trouvé là un effet d’aubaine ?

    En réalité, à l’avenir, rien n’est encore gagné. Les difficultés techniques soulevées pour collecter la taxe de séjour, la mauvaise volonté des plateformes  de location qui ont fondé leur organisation sur un modèle planétaire puissant qu’elles ne souhaitent pas remettre en cause, sinon pour l’enrichir, et la nécessité pour les municipalités et de l’administration de disposer d’équipes renforcées de contrôles in situ et à distance rendent l’équation bien complexe à résoudre . Les  clients de tous horizons  utilisant  ces sites pour se loger ont pris des habitudes qu’il sera difficile de modifier.

    Ces mesures qui essaient de réglementer les meublés touristiques, présentées avec abondance de publicité, mettront du temps à s’appliquer et nous découvrirons tôt ou tard des solutions de contournement qui ne manqueront pas d’être imaginées par les uns et les autres.  La récente convocation à Bercy  des dirigeants français concernés et les menaces de poursuites judiciaires de la part de la mairie de Paris  auront-elles un effet  sur l’amélioration de l’offre de logements locatifs déjà obérée par la politique municipale du développement à tout prix des logements sociaux ?

    Il est un fait incontestable cependant, la pression des habitants et des hôteliers et la très mauvaise perception que provoque la possibilité d’évasion fiscale pour les loueurs  ne sont pas étrangères  à la réaction des élus, certains veulent d’ailleurs  réglementer davantage  encore cette activité  (cf notre article du 23 novembre 2017 ). Il est juste regrettable que des mesures n’aient pas été prises plus tôt.

    La réception en grande pompe et tapis rouge en février 2015 par le 1er adjoint de la Maire de Paris,  de Brian Chesky, fondateur et  président d’Airbnb (notre article du 28 février 2015) n’est pourtant pas si lointaine.

    « Savoir écouter les autres, c’est encore ma meilleure façon d’entendre ce qu’ils disent »  (Pierre Dac)

    Dominique Feutry

     

  • Valises roulettes barcelone 2016Touristes-usagers des locations saisonnières à Barcelone (Boursorama)

     

    Dans la Mairie du IVe arrondissement, organisé par l’association « Aux Quatre Coins du Quatre », a eu lieu samedi 18 mars, de 9 à 13 heures, un passionnant et intense colloque concernant l’impact des locations saisonnières sur la vie du Marais.

    La salle des mariages était bondée. Les cinquante participants étaient des habitants du Marais, hôteliers, loueurs de chambres ou d’appartements, agents immobiliers, mais aussi démographes, cartographes, ingénieurs, urbanistes, architectes, chercheurs, élus et membres d’associations. Seuls manquaient les représentants des plate-formes numériques de location, pourtant invités.

    Durant les trois premières heures ont été exposés le succès de la location saisonnière, la modification très rapide du Marais, le besoin d’équilibre entre résidents et touristes pour vivre ensemble, l’impact des habitants éphémères sur la vie des Copropriétés et sur les commerces, la notion de « tourisme de proximité», l’évolution depuis 2015 du modèle hôtelier, les pourcentages dans chaque arrondissement des locations saisonnières Airbnb de résidences secondaires ou principales, leur très forte rentabilité, le signalement des infractions (délation ou résistance ?) la difficulté du contrôle, la faiblesse des amendes, le laxisme de l’État, mais aussi la volonté de la Mairie de Paris de réguler cette activité, devenue indispensable au tourisme parisien, et sa comparaison avec les régulations à Berlin, Amsterdam, Barcelone ou Milan.

    La quatrième heure a été consacrée à des tables rondes entre participants, pour formuler les questions et constatations à faire remonter aux élus.

    Les actes de ce colloque conséquent sont espérés prochainement.

    En attendant, il est temps de questionner sur les locations saisonnières les candidats aux prochaines élections.

    Patrice Roy

     

  •  Sans-titreDes touristes louant pour une grande part sur les plateformes de locations saisonnières (photo VlM)

     

    A la suite d’une plainte contre X pour non-respect de la réglementation déposée en novembre dernier par les professionnels du secteur de l’Hôtellerie (une soixantaine d’associations et d’organismes) contre les plates-formes de locations saisonnières de logements dont la plus connue est Airbnb, une enquête a été ouverte par le Parquet, a révélé récemment la presse. D’après les informations avérées ou non qui circulent,  alors que l’offre de locations proposée par les particuliers est devenue supérieure à celle  des professionnels,  il semblerait que les sites en question ne soient pas accrédités pour encaisser de l’argent et de surcroît ces sites exerceraient illégalement la profession d’agent immobilier ou d’agent touristique qui suppose l'inscription préalable sur un registre professionnel, or ils n’y figureraient pas.

    En réponse sans doute aux difficultés rencontrées par le secteur hôtelier qui subit de plein fouet cette concurrence, quatre amendements votés par la Sénat seront discutés en Commission mixte paritaire le 29 juin à l’occasion du projet de loi « Pour une République numérique ». Si ces propositions étaient acceptées, elles limiteraient fortement l’activité des plateformes visées. Ainsi pour figurer sur un site,  il faudra justifier de sa qualité de propriétaire  ou de l’autorisation du bailleur. Tout loueur devra s’enregistrer auprès des mairies quelle que soit la taille de la  commune considérée (et pas  seulement celles de plus de 200 000 habitants), avant de faire paraitre une offre de location.

    Les plateformes devront aussi transmettre au fisc les revenus perçus pas leurs utilisateurs afin de limiter la fraude fiscale. Enfin le 4ème amendement  est lié à la loi ALUR qui commande de louer  pour une durée maximale de 120 jours. Cette durée est déjà critiquée car des villes ont d’ores  et déjà imposé une durée plus courte  (New York, San Francisco..) voire même supprimé simplement toute location saisonnière comme à Berlin qui craint une raréfaction de l'offre locative pour ses habitants.  

    Pour ce qui concerne Paris, des contrôles ont été annoncés à grand renfort  de publicité.  Une liste des déclarations des loueurs par arrondissement a été rendue publique sur le site de la mairie, mais elle est bien pauvre au regard des locations existantes, notamment dans le Marais. Des règles ont été instituées, mais elles  restent bien molles. Fin mars en effet, un accord a été signé avec Airbnb afin que les loueurs  susceptibles de dépasser les quatre mois de location par an, reçoivent via Airbnb (!) un e-mail leur rappelant la réglementation. Il faut savoir que ce site perçoit  pour le compte de la Ville depuis octobre 2015 la taxe de séjour (4,6 millions € en 2015).  

    Rappelons incidemment que le dirigeant d’Airbnb avait été reçu en grandes pompes à l’Hôtel de Ville par le 1er Adjoint de la Maire en personne  (voir notre article du 28 février 2015). Enfin le tableau ne serait pas complet si nous ne parlions pas du nombre de nuitées réservées sur Airbnb qui a doublé en 2015,  passant à 23,8 millions dont 50% en Europe. Paris concentrant le un tiers des logements offerts à la location sur l’Hexagone.

    Nous espérons que les 4 amendements cités plus haut seront adoptés par les parlementaires car si souvent les retombées économiques de cet afflux de touristes sont mises en avant,  rien ne permet d’affirmer que sans Airbnb et autres plateformes, les touristes ne seraient pas venus néanmoins dans notre pays.

    Dominqiue Feutry

     

  • BerlinBerlin, capitale de la République Fédérale d'Allemagne

     

    La presse se fait l'écho aujourd'hui des mesures prises par la ville de Berlin pour juguler le développement de la location saisonnière qui crée une véritable bulle immobilière et un problème aigu de logement dans la capitale allemande.

    Lire en particulier :

    L'excès de tourisme tue le tourisme. Présentée comme un paradis par les idolâtres de la fête, Berlin commençait à être décriée par ses propres habitants en 2012, au moment où le Maire de Paris Bertrand Delanoë la citait comme un modèle. Sa prise de position lui avait valu un article de notre part daté du 19 septembre 2012.

    Aujourd'hui c'est une autre facette des pratiques berlinoises qui est sur la sellette : celle des locations saisonnières, très liée du reste à la première, auxquelles les autorités allemandes ont décidé de s'attaquer sous la pression des berlinois qui en dénoncent les nuisances et leur impact sur la qualité de leur vie quotidienne.

     

     

  •  Photo-1L'hôtel de luxe Peninsula nouvellement ouvert avenue Kléber (VIIIe)t

     

    La polémique enfle sur le projet de taxation des séjours dans les hôtels de luxe de la capitale. La Maire est en première ligne sur cette question sachant que les discussions sont en cours avec le gouvernement et la profession qui est vent debout contre l’application de cette probable taxe.

    La question est pour l’instant de savoir quel en sera le montant et où placer le curseur ? Le luxe commence-t-il à la catégorie des 3 étoiles et à 100 € la nuit ou est-ce au-delà ?

    La réponse est que la ville a besoin de boucler son budget et cela pèse lourd dans la balance. Il est vrai que les arguments mis en avant en faveur de cet « impôt » ne sont pas dénués de fondement. D’une part la mairie souligne que des capitales et grandes villes européennes ont déjà mis un tel système en place. Il est aussi rappelé que les touristes bénéficient des services divers comme les transports en commun subventionnés , le nettoyage de la ville dû à l’afflux de touristes (même si nous sommes mal classés)… Tout cela est coûteux et il est vrai que ce sont les impôts des parisiens qui en assurent le financement. Est-ce normal ? Il y a à cet égard une forme d’injustice.

    Les professionnels du tourisme avec le Ministre des Affaires étrangères militent contre cette taxation qui, selon eux, fera fuir les touristes et pèsera sur les recettes dégagées par ces visiteurs dont la France a tant besoin. La réponse de ceux qui ne sont pas d’accord avec ce point de vue est que l’attractivité de Paris est telle que l’incidence sera marginale d’autant que seuls les touristes les plus aisés seuls touchés dans cette affaire.

     

    Ban1

    Le livre intitulé "S'enrichir grâce à la location saisonnière"

     

    Bien entendu tous ces arguments se défendent mais il est un domaine pour lequel ce sujet devrait être aussi d’actualité, celui des locations saisonnières.

    Non seulement l'offre croit de façon exponentielle. Non seulement elles concurrencent de façon déloyale les hôtels. Non seulement elles amènent des nuisances que nous avons maintes fois souligénes (fêtes nocturnes bruyantes et arrosées dans les immeubles, bruit des roulettes conséquence du va et vient continuel des valises…) mais beaucoup dénoncent l’insuffisance de la réglementation relative à cette activité. Un bon moyen de rétablir une saine concurrence ne serait-il pas d’inclure aussi ces locations dans le champ d’application de cette future taxe ? Seuls les mal informés peuvent croire que les locations saisonnières ne dépassent jamais ce seuil de 100 € qui semblerait à l’avenir devoir déclencher la taxation qui fait débat… Les habitants du Marais savent qu’il n’en est rien bien au contraire !

    Nos édiles et les professionnels du tourisme seraient donc bien inspirés d’étudier l’extension du champ d’imposition de la future taxe aux locations saisonnières, nonobstant la mise en oeuvre des mesures et réglements qui s'appliquent à ce type d'activité.

    Dominique Feutry

     

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  • St antoine valises roulettes floutée 12 03 12
    Ces valises à roulettes symbolisent un phénomène qui explose à Paris : la location de courte durée d'appartements meublés.

                             

    Ils envahissent les résidences parisiennes, ces touristes qui trainent leur valise derrière eux. Ils vont et viennent dans les immeubles qui résonnent souvent, quand il n'y a pas d'ascenseur, du boum-boum des roulettes sur les marches d'escaliers. Ils viennent de tous les horizons. Paris est une tour de Babel où les langues entendues, dans le métro, dans la rue, n'évoquent plus rien de ce que nous connaissons.

    Grâce à Internet, ils ont trouvé le studio dont ils rêvaient dans le Marais : immeuble ancien, poutres et pans de bois, escaliers cirés. Ils passent leurs vacances dans le saint du saint, le cœur du Paris historique, dont ils savent qu'il est riche en animations en tout genre. La facture est plus douce qu'à l'hôtel. On peut davantage se serrer dans un studio ou un deux pièces et on peut faire sa cuisine soi-même ce qui évite la composante restauration qui pèse lourd dans les dépenses de séjour à l'hôtel.

    On comprend clairement qu'il y ait une "demande". D'où provient l'offre ?

    Elle ne peut être que diverse mais une typologie simplificatrice peut être dégagée : (1) les propriétaires d'un "pied-à-terre" à Paris qui cherchent à en réduire le coût voire gagner quelques sous et (2) les investisseurs avertis qui ont acquis le bien en vue de sa location meublée, sans intention de l'occuper, dans une vision productiviste.

    Il serait abusif de condamner moralement les premiers. Ou alors, il faudrait en vouloir à tous les parisiens qui ont leur résidence secondaire dans le Luberon ou en Corse et qui n'hésitent pas à la prêter, moyennant "contribution financière", à des gens qu'ils connaissent plus ou moins.

    On est tenté d'être moins tendre à l'égard de riches nationaux ou étrangers qui investissent en vue de louer à la petite semaine car la difficulté de se loger à Paris est due en partie à la faible motivation des propriétaires à louer leur bien vide ou meublé sur la base d'un bail ordinaire. Il ne faut pas se tromper toutefois, un rendement financier plus faible n'est pas la raison essentielle mais plutôt le risque de non-paiement des loyers et l'absence de liquidité du bien, dans les faits, le jour où on a envie de le vendre ou de l'occuper.

    Les commentateurs mettent en avant régulièrement le rendement des locations meublées courte durée. Il est exact que le loyer "brut" atteint deux ou trois fois celui d'un appartement en location longue durée mais, ramené à l'année, compte tenu d'un taux d'occupation qui n'est pas de 100%, la recette est moindre et le rendement obéré par des charges incontournables de gestion (entrées-sorties, nettoyage, publication sur Internet …).

    Il n'y a donc pas de justification morale à condamner la pratique. Quel est d'ailleurs le "code" qui le justifierait ? Il convient d'ajouter que ces locations pallient l'insuffisance ou la cherté excessive de l'hôtellerie traditionnelle. En ce sens, elles favorisent le tourisme et pèsent de leur poids dans les statistiques qui font de Paris la ville la plus visitée au monde avec  un chiffre de 35 Millions de personnes/an.

    En revanche, il n'est pas choquant que les pouvoirs publics réagissent. A l'Hôtel de Ville, on considère que la location meublée courte durée contrarie une politique du logement qui vise à développer l'offre locative traditionnelle. De ce point de vue, il existe une alliance objective avec les professionnels de l'hôtellerie qui y voient une concurrence jugée déloyale.

    Aussi la Mairie de Paris a-t-elle réactivé en 2009 l'article 631.7 du code de la construction  qui, pour les villes de plus de 200.000 habitants, interdit la location meublée dans des logements qui ont le statut d'habitation. Chargée du contrôle de la "destination" des logements, elle exige désormais que tout changement du statut "habitation" vers celui de "commercial" fasse l'objet d'une déclaration, et elle oppose généralement à ce changement des conditions qui sont dissuasives. Le propriétaire se trouve dès lors en infraction si un logement n'ayant pas le statut commercial est proposé par lui en location meublée courte durée.

    Les habitants propriétaires-résidents ne sont pas opposés par principe à ce que d'autres propriétaires, non résidents, se livrent à cette pratique pour autant que le règlement de copropriété autorise l'utilisation commerciale du logement. Dans le cas contraire, il appartient au syndic et au conseil syndical de faire en sorte que chacun en soit averti et que le règlement soit respecté.

    Si on en juge par des réactions recueillies auprès d'un certain nombre d'entre eux, tout est affaire de mesure. Si le phénomène est marginal, il n'est pas dérangeant. S'il prend des proportions excessives, des nuisances sont dénoncées : sonores (arrivées/départs tardifs, fêtes et vie nocturne bruyante), dangers de fuites d'eau ou de gaz dues à des robinets mal fermés, insécurité (large diffusion des codes d'accès), dégradation du standing de l'immeuble, allées et venues ou syndrome "hall d'hôtel", travaux fréquents de remise en état, etc … On reproche aussi aux visiteurs leur absence de soins à l'égard du cadre de vie et des parties communes.

    Au-delà des aspects fiscaux propres à l'activité et à ceux qui s'y livrent, des amendes  administratives lourdes sanctionnent le non-respect de l'obligation de déclaration de l'usage commercial. Pour autant, la procédure de verbalisation ne nous parait pas encore bien établie.

     

    Autre article qui date de novembre 2010 : Le marché de l'immobilier dans le Marais

     

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