Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : Marais



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    L'homme au chapeau melon

     

    Nous évoquions dans deux articles ( 23 mai et 13 juin), la courte vie de deux potelets magnifiquement "humanisés" devant le magasin de chaussures homme dénommée  "L'échoppe de Black Dandy" situé au 23 rue des Blancs Manteaux (IVe). Tous deux avaient été gommés par le pinceau de l'employé municipal chargé de repeindre en marron tous les potelets de la rue sans distinction. 

    Quelle ne fut pas notre surprise de retour de congé de découvrir que les potelets étaient réapparus avec d'autres atours, encore plus riches et plus attractifs, tous deux coiffés d'un chapeau.

     

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    Nous savons que cette réalisation est l'oeuvre du responsable du magasin.

    Bravo l'artiste car nous restons pantois face à un tel tour de main, et une telle délicatesse! Espérons que ces potelets "customisés" ne subiront pas le même sort que leurs prédécesseurs et que d'autres peut-être, habilement transformés viendront, les rejoindre. Espérons aussi que que cette initiative ne serve pas d'incitation à des transformations facétieuses et de mauvais goût à l'encontre du mobilier urbain et de la signalétique de la Ville.

    Dominique Feutry 

     

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     L'étroitesse de la rue Michel Le Comte (IIIe) ne permet pas le double sens aux cyclistes 

     

    Dans un article du 8 août dernier intitulé "Cyclistes à contre-sens dans des rues étroites: attention danger", nous soulignions combien la décision de laisser les cyclistes circuler à double sens dans des rues étroites représentait des risques d'accident.

    Nous avions en particulier évoqué le cas de la rue Michel Le Comte empruntée par des bus et des camions.

     

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    Vivre le Marais! annonçait saisir le Maire du IIIe arrondissement afin de l'alerter sur ce choix à risque. Ce dernier vient de répondre dans une aimable lettre que cet aménagement de la rue était une expérimentation et qu'il venait de saisir les services de la Voierie et des Déplacements afin "de mettre un terme à cette autorisation d'ici la fin du mois d'août".

    Nous tenions à vous faire part de cette information et à remercier le Maire de sa décision rapide qui évitera, n'en doutons pas, de mettre en danger inutilement les conducteurs et les passants.

    Dominique Feutry

     

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    « Long comme un jour sans pain » tel pourrait être l'un des nombreux proverbes relatifs au pain qui s'adapte le mieux à la situation de nos boulangeries en cette période de congés estivales ?

    En effet, peu d’entre elles sont restées en activité en juillet et surtout en août. Ainsi selon les chiffres de la Chambre professionnelle des artisans boulangers-pâtissiers, le IVe (hors l’Ile Saint Louis) n’en compte plus actuellement que 9 ouvertes, soit théoriquement une pour 2 800 habitants, et le IIIe seulement 10, soit environ une pour 3 400 habitants. Or à titre de comparaison, les Ier et IIe arrondissements ont un ratio respectif de 2900 et 3 000. Le nombre de commerces concernés semble dont tout à fait insuffisant pour le IIIe et mériterait d’être revu dans le futur !

    Si à Paris les congés des boulangeries sont réglementés par la Préfecture, la seule profession artisanale concernée par cette réglementation, c’est curieusement un héritage de la Révolution française, de l'Assemblée Constituante plus spécifiquement qui décida que les autorités pouvaient réquisitionner les boulangers afin de ne pas laisser Paris manquer de pain et éviter de ce fait les émeutes. Une loi de 1957 a même donné aux maires, dans le cadre de leur pouvoir de police municipale, le droit de réglementer, si nécessaire, les fermetures annuelles des boulangeries. Les boulangers de Paris et de la Petite Couronne sont donc tenus d'ouvrir un mois au minimum durant l'été, soit en juillet, soit en août, en alternance, selon l’année. La Chambre professionnelle est bien entendu partie prenante dans cette réglementation notamment en matière de dérogations toujours possibles.

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     Une boulangerie fermée rue du Pas de la Mule (IIIe). Photo VlM!

    Il est bien normal et naturel que notre boulanger prenne ses congés dont il a grand besoin mais il est vrai aussi que ne plus trouver de pain près de chez soi est ennuyant. A l’avenir le IIIe arrondissement devra être rééquilibré comparativement aux autres arrondissements.

    Réglementer les congés peut paraître curieux aux non-initiés, pourtant dans les entreprises ou les administrations la continuité de service doit être assurée et des dispositions existent à cet effet. La France souvent décriée par les pays étrangers sur sa léthargie estivale ne peut pas en effet se trouver en arrêt complet sous prétexte des congés.

    Dominique Feutry

     

     

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    Un graffiti  de Banksy

     

    Dans un article récent, le journal Le Figaro relatait la "razzia sur le street art londonien", c'est-à-dire l'enlèvement des murs sur lesquels ils étaient apposés, des graffitis qui seront ensuite mis en vente. Plusieurs "arrachements" ont ainsi déjà été perpétrés, sauvages ou autorisés, ils sont opérés au grand dam des résidents qui ont l'habitude de les côtoyer…

    La police ne semble pas trouver matière à enquêter, seules les municipalités des banlieues où sont commis ces faits cherchent à comprendre ces disparitions auprès des propriétaires des immeubles.

    Il apparait que le volonté de faire des affaires combinée à un certain flou juridique soit à l'origine de ces pratiques. Les maisons chargées des ventes de ces graffitis invoquent le risque de dégradation par des tagueurs et donc la nécessité de les protéger. La vraie question est en fait celle de savoir à qui appartiennent ces réalisations de "street art"? La loi anglaise comme la loi française est précise, elles appartiennent au(x) propriétaire(s) du bâtiment sur lequel elles sont dessinées.

    Il ne s'agit en fait que d'un volet supplémentaire à la problématique des tags et de la façon dont est traité l'espace public.

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    Un exemple de tags qui sévissent sur nos rues

     

    Il s'avère que le cas évoqué dans l'article du quotidien touche un auteur  "renommé", Banksy, dont les graffitis sont plutôt agréables à l'oeil. Il n'empêche que seuls les propriétaires sont fondés à les faire enlever pour les mettre en vente. Comme la loi  prévoit qu' "une oeuvre sauvage créée dans la rue est pénalement repréhensible et passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 3 700 €…", c'est la raison pour laquelle la plupart ne sont pas signées. Dès lors l'auteur ne peut plus revendiquer le droit d'auteur ni s'opposer à son enlévement même si sa cote est très élevée!

    Dans notre quartier du Marais cette menace de voir des graffitis "arrachés" de leur mur afin d'être vendus ne s'est pas encore produite et le risque qu'il en soit ainsi ne devrait malheureusement pas arriver puisque nous avons presqu'exclusivement des tags ideux ou des collages qui souillent et salissent les façades de nos immeubles, un véritable fléau…

    Nos murs et nos yeux ont donc encore beaucoup de soucis à se faire ! 

    Dominique Feutry

     

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    Coucher de soleil sur la Seine un soir d'été à Paris

     

    Excepté la forte chaleur et les pics de pollution, vivre à Paris pendant les congés d’été plait souvent à ceux qui ne quittent pas la capitale et qui reculent ou avancent leurs congés annuelles pour mieux savourer, non pas le calme mais un rythme plus ralenti, moins oppressant, loin de la foule que l’on côtoie habituellement.

    Une exception cependant concerne les gares dont la fréquentation reste forte. Les piétons doivent d’ailleurs veiller, aux abords de celles-ci, aux bagages à roulettes qui, outre leur bruit, peuvent rouler allégrement sur vos pieds si vous n’y prenez pas garde. Les touristes sont nombreux et ils occupent aussi largement les parcs et jardins. Celui de la place des Vosges en est un bon exemple. Mais il est plus agréable de circuler dans les rues, de prendre les transports en commun moins bondés et pourtant leur rythme de passage est moins soutenu.

    Les queues habituelles ont souvent disparu, qu’il s’agisse de prendre ses billets RATP, de trouver un table dans un restaurant ou de se rendre à un spectacle. La moindre affluence fait que notre quartier parait un peu plus propre, le nettoyage a souvent lieu à une heure plus tardive dans la matinée et c’est dommage pour les lève tôt. Les effectifs affectés du fait des vacances sont sans doute réduits. Le stationnement des véhicules est facilité car le trafic est en baisse à ce moment de l’année. Il est regrettable que les cars de touristes se garent n’importe où et qu’ils soient peu verbalisés, alors que très fréquemment ils laissent tourner leur moteur à vide de façon à maintenir la climatisation dans l' habitacle au détriment des pauvres parisiens qui sont ainsi davantage pollués (voir notre article du 30 mai 2013).

     

    ImagesCAMA3OAHLes quais ensablés (IVe) de Paris Plage

               

    Nos commerçants « préférés » ferment les uns après les autres (seuls 6% des boulangers de Paris sont ouverts!), ce qui nous donne l’occasion de fréquenter ceux où nous ne nous rendons pas ou peu, nous découvrons ainsi d’autres adresses. Et puis, il est possible de flâner le long des quais, au-dessus ou dans les espaces aménagés de Paris Plage qui a cette année la chance d’un temps tout à fait adapté le long de la Seine dont on dit que la qualité de l’eau est sensiblement améliorée. Le soir il y a toujours des fêtards mais leur grande masse est partie près de la mer ou de l’océan, rendant nos nuits moins bruyantes sauf malheureusement dans des endroits bien sériés ou lorsque les terrasses des établissements ouverts tardivement créent de la gêne (voir notre article du 23 juillet 2013 sur la place du Marché Sainte Catherine).

    L’été est aussi la période des travaux qui peuvent nuire à la tranquillité, soit parce qu'ils démarrent très tôt le matin, soit parce que des installations incommodent toute une rue comme cette importante plaque de fer qui recouvre, rue Michel Le Comte (IIIe), une fosse creusée pour recevoir le raccordement au chauffage urbain, devant le bâtiment où sont aménagés des logements sociaux. Chaque fois qu’un véhicule roule sur cette plaque, on croirait qu’il passe un tremplin et le bruit sourd qui s’en suit est alors assommant et bien pénible. Le phénomène se produit en continu de jour comme de nuit sauf lorsque le rue est interdite à la circulation, mais cela ne se produit jamais de nuit.

    Enfin ceux qui ont néanmoins quitté Paris durant l’été ont dû prendre les précautions d’usage pour protéger leur domicile (prévenir son voisin ou son gardien, ne pas omettre de brancher l’alarme…), les vols déjà nombreux en temps normal redoublent en cette période propice aux malfrats.

    Dominique Feutry

     

     

  • Lycee_Charlemagne_Eglise_Saint_Louis_Saint_Paul (1)Le lycée Charlemagne 14, rue Charlemagne (IVe) ancienne maison professe des jésuites

      

    Le lycée Charlemagne, 14 rue Charlemagne (IVe), occupe aujourd'hui des locaux situés entre la rue Saint-Antoine et la rue Charlemagne. Ces locaux  ont fait partie d'un ensemble appartenant autrefois aux jésuites, dans un quartier habité alors par la noblesse. A la suite d'un don en 1580 du Cardinal de Bourbon, ils reçoivent l'Hôtel de Rochepot et Damville. L'hôtel initial est aménagé et des constructions sont ajoutées dès le début du XVIIe siècle pour en faire leur résidence qui sera la plus importante et la plus connue de l'ordre. Ils installeront dans celle-ci  une maison professe destinée à accueillir théologiens et scientifiques jusqu' à leur expulsion un peu avant la Révolution.

    Par ailleurs une partie de l' Hôtel sera démolie pour y construire la chapelle qui sera remplacée ensuite par l'imposante église Saint-Paul-Saint-Louis que nous connaissons aujourd'hui (cf notre article du 14 setembre 2012) qui fut richement meublée, les jésuites ayant souhaité en faire un centre intellectuel important. L'édifice montra par sa monumentalité toute l'importance que la Compagnie de Jésus attachait à cette fondation. La biblothéque constituée à la  suite de legs était une des plus importantes de Paris et comptait plus de 40 000 volumes.

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    Etat actuel de la bibliothéque, qui contenait  40 000 volumes, décorée par Giovanni Gherardini 

     

    La plupart de confesseurs des rois seront issus de cet endroit notamment  les plus célèbres, le Père de La Chaise ou le père Bourdaloue dont les prédications étaient très suivies. De 1762 à 1767, les bâtiments sont désertés suite à l'expulsion de la Société de Jésus par le duc de Choiseul qui fit femer leurs 200 collèges suite à l' «affaire Lavalette» (scandale financier qui suivit la banqueroute du jésuite Antoine Lavalette et donna l'occasion à Louis XV de bannir les jésuites de France). 

    En 1767,  les chanoines réguliers de la réforme de Sainte-Geneviève, les Génovéfains du Val-des-Écoliers, acquièrent l'ensemble et s'installent dans le noviciat des Jésuites. Ils louent la grande galerie bibliothèque à la Ville de Paris pour y ouvrir jusqu'en 1790, la bibliothèque publique de la ville de Paris.
    À la Révolution française, les bâtiments deviennent un dépôt.

    Quant à la  bibiothéque, le Directoire la met en 1795 à la disposition de l'Institut National des Sciences et des Arts, 20 à 30 000 ouvrages sont alors pillés. C'est en 1797 que l'ancienne maison professe des jésuites est transformée en École Centrale de la rue Saint-Antoine. Une loi de 1802 édicte que l'école centrale de la rue Saint-Antoine devient le Lycée Charlemagne. En 1815 et jusqu'en 1848, il s'appellera alors le Collège Royal de Charlemagne et accueillera 400 pensionnaires.
    En 1840, il donne son nom à la rue et au passage qui le bordent. 

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    Photographie du départ de l'escalier principal classé, prise verticalement 

     

    De l'habitation du Père général de la Maison professe, il ne reste  qu'un petit bâtiment abritant aujourd'hui l'intendance du lycée ainsi que des appartements de fonction. L'ensemble, le « couvent des Grand Jésuites ». est à quelques modifications près le corps central actuel du lycée.

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                        Eugène Chevreul photographié dans son cabinet de travail                                    

    La Maison professe n'est pas austère, elle présente une somptueuse décoration dont il reste peu  de choses. Giovanni Gherardini (1638-1723), peintre italien de Bologne qui a beaucoup travaillé pour les jésuites en France, a réalisé la fresque de la grande bibliothèque et le plafond de l'escalier d'honneur dont la rénovation du lycée en 1994 a permis de retrouver certains vestiges, notamment un plafond à poutres peintes et des fragments de la fresque. 

    L'ancienne bibliothèque et l'escalier principal ont été classés monuments historiques en 1988.

    Le grand chimiste Eugène Chevreul a enseigné dans ce lycée dans lequel sont passés nombre d'élèves connus. Citons parmi eux Honoré de Balzac, Gustave Doré, le Maréchal Joffre, Gérard de Nerval, Jules Renard, Léon Blum, Pierre Mesmer ou Francis Blanche.

    Dominique Feutry

     

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    Rue Michel le Comte (IIIe)

     

    Ainsi que nous l'avons publié dans plusieurs articles récents, des nouveaux panneaux de signalisation installés à des croisements ou à des feux tricolores permettent désormais aux cyclistes de passer ou de tourner sur leur droite, même si le feu est rouge. Des panneaux précisent aussi si la voie peut-être empruntée, par ces mêmes cyclistes, à contre-sens. Bien que nous soyons en période de vacance, signe de trafic moins dense, cette nouvelle signalisation devra sans aucun doute être révisée car rouler à contre- sens sur des voies trop étroites est une aberration. Plusieurs lecteurs déjà nous ont alertés, ayant été les témoins d'accidents tout juste évités.

    Ainsi l'exemple de la rue Michel Le Comte est symptomatique à cet égard. Voilà une rue extrêmement étroite bordée de trottoirs, extrêmement étroits eux aussi. Cette quasi ruelle connait un important trafic en temps ordinaire (elle est actuellement bloquée une partie de la journée en raison de travaux de construction de logements sociaux). Elle constitue un axe routier traversant important qui relie le boulevard Beaumarchais au boulevard de Sébastopol et même au delà pour les taxis et les bus qui rejoignent la place des Victoires voire les quais s'ils empruntent les voies souterraines passant sous les Halles. Des camions roulent aussi sur cet axe.

     

     

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    Les nouveaux panneaux de signalisation destinés aux cyclistes

     

    Dès lors que ces gros véhicules roulent rue Michel Le Comte, il n' y a plus de place pour quiconque, y compris pour une bicyclette. Or lorsqu'un cycliste s'engage sur cette voie à contre-sens et qu'il se trouve face à un bus ou un camion, il a comme seule solution de monter sur le trottoir risquant au passage de manquer son coup et de tomber. Si un piéton se trouve à cet endroit, il peut être bousculé ou renversé. Il ne s'agit pas de cas imaginaires mais réellement vécus par des passants et des riverains.

    Conscient du danger, Vivre le Marais! a écrit au Maire du IIIe arrondissement afin de l'alerter et pour lui demander de revoir certains choix qui ont été opérés. Nous attendons sa réponse, mais indéniablement les parisiens empruntant ces rues sont mis en danger…

    Dans le cas présent, certains cyclistes ont été vus arrivant à vive allure à contre-sens de la rue Beaubourg et tournant subitement rue Michel Le Comte, au risque là encore de renverser des piétons…

    Il aurait été judicieux de consulter les habitants, au travers des conseils de quartier par exemple, et de recueillir leur avis avant de s'engager dans des choix qui ne sont pas toujours opportuns…Nous allons suivre les réactions des autorités et nous vous tiendrons informés.

    Dominique Feutry

     

     

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    Le distributeur de la Banque Postale situé au 67 rue des Archives (IIIe)

     

    Un peu en retrait, isolé en dehors des heures d'ouverture du bureau de Poste, le distributeur automatique de billets de la Banque Postale situé tout à côté, au N° 67 rue des Archives, est le site idéal des jeunes "racketteurs" originaires des pays de l'Est ! Leur mode opératoire est rodé. Postés devant une porte cochère de l'autre côté de la rue mais face au distributeur, il sont trois à faire semblant de jouer avec une petite bicyclette. Leur âge est de 8 à 15 ans tout au plus. Dès qu'une victime potentielle s'approche du distributeur pour retirer de l'argent, ils avancent à pas feutrés tels des loups. Ils ont pris soin au préalable de vérifier qu'aucun autre passant trop proche n'allait entraver leur funeste entreprise. Dès qu'ils arrivent sur le trottoir du bureau de Poste, ils foncent sur leur proie, l'un lui tirant un bras, l'autre l'agressant par un flot de crachats, laissant ainsi la voie ouverte au troisième pour retirer les billets déjà sortis du distributeur.

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    La bicyclette servant de leurre, laissant penser que d'innocents enfants sont en train de jouer 

     

    Leur entraînement est tel qu'ils savent à la seconde près à quel moment ils doivent démarrer l'attaque. Les poursuivre serait peine perdue. La rapidité de leur action fait qu'ils prennent la poudre d’escampette à toute allure, empruntant la rue Pastourelle et disparaissant avant que quiconque ait déjà pu réagir.

    Triste société dans laquelle nous vivons, on se croirait au Moyen-Age lorsque les détrousseurs pullulaient ! Même les autorités chinoises ont dû avertir les autorités françaises afin de mieux protéger leurs ressortissants, face au laxisme qui laisse ces enfants des pays de l'Est agir en toute impunité. Et pourtant ces derniers, contraints de voler montrent à tous qu'ils sont aussi des victimes d'une nouvelle forme d'esclavage organisé.

    Quand les Pouvoirs Publics et le législateur prendront-ils véritablement conscience de l’ampleur de ce phénomène qui mine notre vie quotidienne ? Nous attendons des actes et nous demandons à tous ceux qui sont ou seront victimes de ces méfaits intolérables de porter plainte et de nous signaler les distributeurs automatiques de billets du Marais les plus exposés afin que nous les mettions en exergue sur notre blog.

    Dominique Feutry

     

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    Statue de Beaumarchais (Louis Clausade), rue Saint Antoine (IVe). Photo Jan-Clod

    Il y aura bientôt 115 ans, le 16 mai 1897 que fut inaugurée la statue de Beaumarchais située sur la placette à l’angle des rues Saint Antoine et des Tournelles dans le IV° arrondissement. Ce monument en bronze, très classique, installé sur un socle de pierre, dont la maquette fut présentée au Salon de 1894, est l’œuvre du sculpteur Louis Clausade, second prix de Rome, originaire de Toulouse qui avait remporté le concours organisé par la Ville de Paris. Lors des dernières guerres, la statue a été épargnée, à la différence de nombreuses autres, comme par exemple la statue de Sadi Carnot exécutée par le même artiste, qui ornait un rond-point de Limoges. Elle a été fondue lors de la campagne de récupération des métaux non ferreux lancée par Vichy. Louis Clausade jouissait d’une bonne notoriété même si son œuvre paraît aujourd’hui très conventionnelle, comme en atteste une de ses réalisations maîtresse, la statue intitulée "L’Art Romain" qui orne la façade du Grand Palais. C’est d’ailleurs en finissant cette œuvre que le sculpteur mourut, en décembre 1899, à 37 ans, d’une congestion causée par un refroidissement sur le chantier. Il n’a donc pas pu assister à l’Exposition Universelle de 1900 pour laquelle il avait travaillé.

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    Statue de Clausade "L'art Romain". Façade du Grand Palais

    La statue de Beaumarchais a été installée au coeur du Marais car il fut un habitant du quartier. Il est né dans une maison située à l’angle de la rue Saint Denis et de la rue de la Ferronnerie. Il s’est installé avec sa première épouse, rue de Braque, puis après un « exode » vers le boulevard de la Madeleine, nous le retrouvons dès 1776 occupant l’Hôtel des Ambassadeurs de Hollande, 47 rue Vieille du Temple (IVe) (cf nos articles des 01/07/2010, 27/01/2011 et 19/12/2012). Il y fonde en 1777 la Société des Auteurs Dramatiques qui est devenue La Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, la plus ancienne des sociétés françaises de gestion collective des droits d’auteur. Il y installe aussi l’Institut de Bienfaisance Maternelle qui se développera après la Révolution dans toute le France. Le but était d’encourager l’allaitement maternel en aidant les mères pauvres au moment de leur accouchement et dans les premiers mois suivant la naissance de leur enfant.

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    La première édition du Mariage de Figaro  (1785)

    C’est aussi dans cet immeuble que Beaumarchais écrivit Le Mariage de Figaro qui fut créé à la Comédie Française en avril 1784 et restera sans doute le plus grand succès de l’histoire de l’institution. Disposant de finances suffisantes, Beaumarchais acheta à la Ville de Paris en 1787 une propriété de 4000 m2 qui occupait la portion du boulevard qui porte son nom allant du N° 2 au N° 20 actuels. Il fit construire à l’ombre de la Bastille un ensemble de grand luxe confié à l’architecte Le Moine.

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    Le jardin était remarquable car il possédait la plupart des agréments que l’on trouvait dans les parcs des belles demeures: labyrinthes, rocailles, bosquets et grottes. Il est rapporté que l’intérieur des pièces des appartements était décoré de statues, de peintures et de frontispices. Il y avait aussi une salle de spectacle, ce qui n’a pas empêché notre illustre personnage de faire construire un théâtre rue de Sévigné (IVe) en utilisant des pierres de la Bastille. Cet édifice situé au N° 11 a été démoli sous le Premier Empire. Après avoir été confondu avec les aristocrates émigrés, Beaumarchais sera condamné et exilé à Hambourg où il séjournera 3 ans. De retour en 1796, Il mourra dans sa propriété, 3 ans plus tard, à l'âge de 77 ans, totalement ruiné.

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      Portrait de Beaumarchais par Nattier

    Rachetée en 1818 par la Ville de Paris aux héritiers, la demeure fut démolie pour faciliter l'ouverture du canal Saint-Martin et y installer un grenier à sel.

    Sans vouloir détailler l’étonnant parcours constitué de périodes fastes, de chutes et de rebonds de l’illustre résident du Marais que fut Pierre Auguste Caron de Beaumarchais, nous pouvons dire qu’il reste un des grands personnages du XVIII° siècle, une des personnalités les plus brillantes de l’époque. Il a connu la gloire et les affres du touche à tout qu’il fut finalement. Proche de la cour, il fut lieutenant général des chasses. Ne négligeant pas l’argent, il fut un spéculateur soupçonné de corruption, de trafic d’armes de captation d’héritage mais aussi d’espionnage. Pourtant, face aux plus belles pages de théâtre dont il est l’auteur, tout s’estompe jusqu’à oublier qu’il fut aussi un musicien accompli et un inventeur à l’origine d’améliorations mécaniques significatives. Une gloire telle que les aime l’Histoire et qui n’a pas hésité à écrire, fort d’une carrière si riche :

    « On ne peut corriger les hommes qu'en les faisant voir tels qu'ils sont. » (Le Mariage de Figaro)

    Dominique Feutry 

     

    Intéressé par l'association : cliquer ICI

     

     

  • M6 illustration émissionSoir de juin rue des Archives, 2011

    M6 visuel

    Dans le cadre de son émission "Enquête Exclusive", M6 a diffusé le 23 septembre 2012 à 22h55 un reportage sous le titre : "Le Marais, quartier chic, nuit chaudes". Pour le voir ou le revoir http://www.boursier.com/actions/actualites/news/m6-record-pour-enquete-exclusive-sur-les-nuits-chaudes-du-marais-499296.html?sitemap

     

    Les habitants ont participé avec M6 à de longues et multiples séances de tournage. Nous sommes habitués à constater, dans des cas semblables, que l'heure de tournage se résume in fine à cinq  secondes de projection et que la plupart des acteurs se trouvent réduits à l'état de fantômes. Dans le cas présent, c'est plus grave : nous ne reconnaissons pas nos quartiers.

    Voici ce qu'en dit Yvon Le Gall, vice-président de l'association "Vivre le Marais !", en charge du IVe :

                     

    M6 annonce que le numéro inédit
    d'Enquête Exclusive, présenté par Bernard de la Villardière et diffusé
    dimanche 23 septembre à 22H55, sur le thème "Quartier chic et nuits
    chaudes : les secrets du Marais", a rassemblé 1,9 million de
    téléspectateurs, pour une part d'audience record de 18,6% auprès de
    l'ensemble du public. (Source: Boursier.com)

    Las !
    Les habitants du Marais se seraient bien passé d'un reportage à grande
    audience qui caricature de manière aussi outrancière la population du
    quartier. Nos cousins de province retiendront de cette émission que le
    Marais est peuplé d'homosexuels excentriques, habillés de cuir ou
    déguisés en bonnes soeurs, de juifs ultra-violents, de vendeurs de
    falafels orthodoxes et de grands bourgeois calfeutrés dans des hôtels
    particuliers. 
                     
    Commençons
    par la soi-disant communauté gay. Ce terme est un fantasme marketing
    qui ne relève d'aucune réalité tangible. Une orientation sexuelle n'a
    jamais défini une communauté : y a-t-il une communauté SM (sado masochiste) ? Une communauté
    des adeptes des "parties fines" ?  Et cette appellation de "quartier
    gay" ? Si après plusieurs décennies les gays et les lesbiennes ont gagné,
    de haute lutte, le droit à l'indifférence ce n'est pas pour qu'on leur
    rebatte les oreilles de mots qui évoquent le ghetto, quand bien même on lui
    donnerait l'apparence d'un Disneyland gay animé par quelques limonadiers
    opportunistes.
                                   
    Il est grotesque
    de créditer systématiquement les commerces gay d'un impact sur le prix
    de l'immobilier local. Le Marais est un quartier central, proche de la
    Seine et doté d'un patrimoine architectural époustouflant. Fatalement,
    les prix de l'immobilier dans ce quartier ne pouvaient, tôt ou tard, que
    décoller pour rattraper les quartiers en tête de peloton tels que
    St-Germain des Prés. Il faut observer que le Haut-Marais (IIIe) subit le même syndrome alors que son caractère est tout différent.
                                   
    Le
    sympathique rabbin Touitou aura-t-il apprécié l'insistance avec
    laquelle l'équipe de M6 a suivi les ultra-violents de la LDJ (Ligue de
    Défense Juive) ? Beaucoup d'habitants du Marais ont découvert l'existence
    de ce groupuscule à l'occasion du reportage qui suggère que la rue des
    Rosiers c'est un peu Beyrouth en 1982 … Cerise sur le gâteau : des
    policiers dont on se demande s'ils sont simples ou aveugles et qui
    regardent benoîtement la LDJ coller des tracts racistes pratiquement
    sous leur nez ! La Préfecture de Police et le commissariat devraient être
    morts de honte devant l'image de cette patrouille complaisamment
    passive. Leur ministre de tutelle appréciera.
                                 
    Le
    meilleur pour la fin ? Le méchant habitant ronchon qui stigmatise les
    gentils fétards qui hurlent le soir sous ses fenêtres. La réalité est que
    l'inaction des pouvoirs publics, mairie et services de police, sur les nuisances causées par certains commerces et leurs clients a
    exacerbé les tensions entre les habitants et ces commerces. D'aucuns
    écrivent régulièrement que "la nuit se meurt à Paris", c'est évidemment faux et en tout cas elle ne
    meurt pas en silence …
                                    
    Pour
    le plaisir, nous signalons à Julia Montfort, qui a réalisé ce reportage, que ce n'est pas grâce à une pétition que le bar "Le FreeDJ"
    a obtenu une remise de peine lors de sa fermeture administrative du
    printemps dernier. La raison est tout autre et nous invitons Madame
    Montfort à vérifier ses sources quand elle commente des sanctions
    administratives. 
                             
    Par
    contre, nous avons hautement goûté le passage où le patron du FreeDJ
    explique que son établissement est fermé à la gent féminine. A une
    époque de lutte contre toutes les discriminations, ce passage fut un
    grand moment de tolérance, d'ouverture d'esprit et de "vivre ensemble" …
                               
    En
    conclusion, il est regrettable que M6 ait choisi de faire du
    spectaculaire en diffusant ce reportage qui donne une vision aussi
    violente qu'hystérique du Marais. Quid des  commerces en tout genre, des galeries d'art, de la création, de la mode, des activités du tertiaire, des artisans
    d'art, des musées publics ou privés ? Et surtout, où sont passés les
    habitants du Marais ?
                                 
    Yvon Le Gall
    Vice-président de "Vivre Le Marais !" pour le IVe