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Étiquette : paul louis weiller

  • Effervescence autour de l’hôtel des Ambassadeurs de Hollande (Amelot de Bisseuil) 47 rue Vieille du Temple (IVe)

     Amelot bisseuil galerie psychée
    La galerie de Psyché (Michel 1er Corneille, ca 1660), un des joyaux du monument

                                                                                                   

    Rappel de son histoire et de ses propriétaires :

    1638 – Denis Amelot de Chaillou, intendant des Finances, déjà propriétaire de l'hôtel au 78 rue des Archives (IIIe) qui porte son nom, entreprend sa construction. Il est achevé sous les ordres de son fils, Jean-Baptiste Amelot de Bisseuil, autour de 1657-60. Architecte Piere Cottard. Le sculpteur Guibert est chargé de la décoration.

    Il doit le surnom d'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, qui lui est donné au XVIIème siècle, à une légende autour de diplomates hollandais qui y auraient séjourné (hypothèse non vérifiée) et à chapelain hollandais qui y aurait célébré le culte, ce qui est plus vraisemblable.

    Il fut habité par Caron de Beaumarchais à partir de 1776. C'est là qu'il écrit "Le mariage de Figaro" en 1778, pièce interdite puis finalement autorisée en 1784 par le roi Louis XVI. Beaumarchais y vécut jusqu'en 1790.

    Il subit au XIXème siècle le sort commun des immeubles et monuments du Marais, envahis par le commerce et l'industrie qui lui firent subir des outrages. Il fut sauvé du désastre en 1924 par son classement "Monument Historique". Il est acheté par le colonel Paul Brenot qui entreprend sa restauration, sous la conduite de l'architecte en chef Robert Danis.

    Sa restauration se poursuivra sous l'égide du propriétaire suivant, le commandant Paul-Louis Weiller. Diplômé de l’École Centrale de Paris, héros de l'aviation pendant la première guerre mondiale et inventeur avec Georges Poivilliers, un autre centralien, de la photogrammétrie aérienne, il est aide de camp du chef des armées alliées à la signature du traité de Versailles. il crée la société de fabrication de moteurs d'avions qui deviendra par la suite la SNECMA. Quand Air France voit le jour, par fusion/nationalisation de compagnies aériennes en 1933, il devient membre du conseil d'administration.

    De famille juive alsacienne, il doit fuir la France en 1940 et sa mère mourra à Auschwitz.

    Il exerce après la guerre des activités industrielles qui font de lui un capitaine d'industrie et de la finance. Il a alors les moyens de s'intéresser à l'art et devient un mécène. Il mène dans son hôtel de la rue Vieille du Temple une vie mondaine qui lui vaudra la visite de personnes aussi célèbres que Richard Nixon, Aristote Onasis, Georges & Claude Pompidou et le Grand-Duc du Luxembourg.

    Né en 1893, il meurt à Genève en 1993 âgé de très exactement 100 ans.

    Aujourd'hui :

    L'hôtel est resté depuis la mort de Paul-Louis Weiller propriété de la fondation qui porte son nom. Il a bénéficié de quelques travaux de rénovation, notamment la façade qui donne rue des Guillemites, mais ni la façade sur la rue Vieille du Temple, ni le magnifique portail de bois qui est le plus ouvragé du Marais, n'ont été entretenus. Il en est de même des intérieurs.

    Peu de gens ont eu la chance d'y entrer. Nous avons eu ce privilège et nous pouvons attester de la magnificence des décors mais aussi de leur mauvais état, qui appelle une intervention urgente. Nous vous invitons à nous suivre dans la visite :

    Amelot de bisseuil romulus remus 

    Vue intérieure du portail, surmonté d'un arc en plein cintre qui figure Romulus et Rémus allaités par la louve. Décor sculpté de Thomas Regnaudin (1622-1706). Côté rue, on trouve un décor similaire qui représente deux "renommées" avec leurs trompettes. (Cliquer dans l'image pour voir les détails).

                                                          

    Amelot bisseuil cour int et fronton 
    Vue de la deuxième cour intérieure, richement ornée de statues dans leurs niches, qui représentent l'Aurore, le Crépuscule, et les vertus : la Force, la Vérité, la Prudence, la Justice, la Vigilance et la Sagesse. Terrasse à gauche et portail d'accès à l'aile ouest, avec colonnes ioniques et fronton.

                                                       

    Amelot bisseuil escalier monumental 
    L'escalier et sa rampe en fer forgé, qu'on doit à Le Tellier.

                               

    Amelot bisseuil chambre italienne 
    Plafond de la "chambre à l'italienne"

                                                          

    Son devenir

    Le sort de ce monument, depuis la mort de L.P. Weiller, est resté un mystère. Des bruits ont circulé par périodes. Rien ne s'est concrétisé jusqu'à  l'an passé où on a fini par apprendre que la Fondation avait vendu son bien. Le nouveau propriétaire est la société Acanthe Développement, filiale foncière du groupe Duménil-Leblé.

    Elle a acquis en octobre 2010 deux ensembles immobiliers dont l'un est l'hôtel des Ambassadeurs de Hollande, pour 1.718 m², l'autre un immeuble attenant d'habitation de 18 petits lots actuellement loués,  sis 7 rue des Guillemites pour 826 m² , et une quinzaine de parkings au 6 rue des Guillemites. Le tout pour la somme de 38 millions d'€. On peut estimer autour de 6 millions d'€ la valeur des immeubles et parkings, il reste 32 millions comme valeur estimée du monument historique.

    Depuis, les bruits les plus fous circulent. En ce moment, à constater la fièvre qui couve chez les journalistes des magazines et quotidiens, il doit se passer quelque chose. On assiste au syndrome du "riche dirigeant du Golfe ou d'ailleurs qui veut son pied-à-terre à Paris". Une version renouvelée de l'affaire "hôtel Lambert".

    Il est plus probable, c'est notre souhait en tous cas, et c'est l'écho que nous avons trouvé auprès d'Acanthe Développement, que la partie "monument historique" du bien, séparée des immeubles d'habitation, aille à une grande entreprise capable de poursuivre sa rénovation sous le contrôle de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, pour en faire son siège social ou un lieu pour des réceptions de prestige. On évoque aussi telle ou telle "fondation" à vocation de mécène.

    En tout état de cause, le "bon peuple" ne sera pas convié à la fête, si ce n'est peut-être à l'occasion des journées du patrimoine et ce n'est pas rien. On pourra regretter que ni l’État (qui n'a plus d'argent) ni la mairie de Paris (qui a déjà été amenée à puiser abondamment dans nos poches) n'aient d'intérêt à la chose.

    Dans ce cas, il faut se résigner au jugement de Salomon qui donna l'enfant que deux mères se disputaient, à celle qui se déclarait prête à le céder à l'autre pourvu qu'il ait la vie sauve.

    Gérard Simonet

     

    Références : Le Marais, Alexandre Gady ; Le Marais, Danielle Chadych ; Wikipédia ; collection privée

    Intéressé par l'association : cliquer ICI 

                                                                                                                   

  • Effervescence et calme rue des Gravilliers (IIIe)

    Gravilliers 5

    3 rue des Gravilliers (IIIe), la rue ces jours-ci est interdite à la circulation, il est permis de se promener sur la chaussée et de regarder les nuages sans courir trop de risques.

                                                                                                                                                          

    C'est ainsi que mes amis et moi avons découvert cet immeuble. Nous étions déjà passé mille fois devant mais sans lever la tête, là-haut, très haut.  On ne voyait que les devantures indigentes, parfois grotesques, des grossistes-importateurs en maroquinerie qui n'ont toujours pas réalisé qu'ils ont des devoirs  envers le secteur sauvegardé du Marais.

    L'immeuble date de 1898. Nous sommes dans la période post haussmannienne qui voit fleurir un "art nouveau" qui ose des ornements chargés : fleurs, feuilles (d'acanthe), coquillages, sur les étages supérieurs, et des lignes verticales en façades. Il faut vraiment se dévisser la tête ici mais on remarque au 6ème étage un beau balcon en ferronnerie qui file devant des lucarnes ; quatre colonnes lisses avec chapiteau et des consoles représentant des têtes de lions au 5ème ; des fenêtres richement décorées, encadrées de consoles massives au 4ème.

    Des deux côtés de la façade, un ensemble de lignes verticales dessine des loggias sur deux niveaux, qui encadrent des fenêtres plus sobres.

                                                                                                                                                        

    Gravilliers vertus passage surélevé
    Carrefour Gravilliers-Vertus

                                                                                                                                                 

    On doit l'absence totale de circulation à des travaux de surélévation de la voie au niveau de la rue des Vertus. Des panneaux font état de la création d'un ralentisseur. On apprécie toujours l'installation de ralentisseurs car ils forcent des chauffards à agir en hommes civilisés. Pourquoi avoir choisi ce point ? Il y a bien une école mais elle se trouve assez loin dans le renfoncement de la rue des Vertus. La mairie aurait pu en parler au conseil de quartier compétent. Enfin, dans l'absolu, c'est une bonne chose.

    A la réflexion, on se rappelle qu'à la veille des élections municipales de 2008, l'APUR (atelier parisien d'urbanisme) avait proposé la fermeture de cette rue à la circulation (sauf riverains etc …). Le Maire Pierre Aidenbaum n'avait pas osé, pas voulu, les écouter et écouter la vox populi. On a là une démonstration en vraie grandeur que cette disposition ne crée pas de cataclysme.                 

                                                                                                                                                             

    Gravilliers grummes

    Gravilliers 11 fev 10

    Tout près, au 7 et au 11, le chantier de l'hôtel "Jules & Jim" suit son bonhomme de chemin.

                                                                                                                                                    

    La présence de ce stock de grumes venues directement du Congo nous a posé une devinette : à quoi seront-elles utilisées ? Une hypothèse : servir de vraies fausses poutres au bâtiment étroit qui va remplacer l'immeuble "POCHAT". Il serait bien que "Jules & Jim" nous éclaire !