Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : PSMV marais


  • Lissac
     

     Le hangar LISSAC, vue prise depuis le 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe)
                                    

    Ils sont une trentaine au sein d'un collectif qui regroupe des habitants des rues des Francs-Bourgeois et Vieille du Temple. Depuis que LISSAC, en 2006, a évacué le hangar que la société d'optique occupait au fond du passage des Arbalétriers (à hauteur du 38 rue des Francs-Bourgeois), ces riverains de longue date pour beaucoup d'entre eux, ne cessent de réclamer l'application des dispositions incluses dans le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais tel qu'il existe aujourd'hui et qui prévoit la démolition du hangar et son remplacement par un espace vert.

    Le plan prévoit aussi la reconstitution des cheminements, l'un au nord vers la rue Barbette, l'autre à travers l'impasse des Arbalétriers où, selon certains chroniqueurs, les sbires du Duc de Borgogne Jean sans Peur massacrèrent sur sa mule le Duc d'Orléans, en 1407. alors qu'il venait de rendre en l'Hôtel Barbette une visite galante à la reine Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles VI dit "Le Fou", qui résidait lui à l'Hôtel Saint-Paul.

     

    Arbalétriers contraste droite gauche

     

     

     

    Impasse des Arbalétriers, dont la rive Ouest est honteusement traitée par la copropriété qui en a la charge, tandis que la rive Est est remarquablement entretenue par les propriétaires du 34 rue des Francs-Bourgeois (IIIe)

     

    Ils soulignent que la société LISSAC s'est engagée par contrat avec la Ville de Paris, en 1981, à libérer sous 25 ans l'espace qui leur appartenait et à le céder à la Ville gratuitement sous réserve qu'il soit transformé en espace vert. Condition que le PSMV de 1996 a reprise de manière explicite en excluant toute dérogation ou exécution différée dans le temps (notre article du 24 janvier 2012).

    Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, connait bien cette revendication. Il n'est pas certain qu'il veuille y souscrire totalement, mais son sens de la conciliation pourrait le conduire à recommander une solution de compromis qui ne serait pas forcément catastrophique pour les gens qui vivent sur le site. Tout est dans les détails : si une construction devait remplacer le hangar, tout dépend de son emprise, de sa surface, de sa hauteur et de sa destination. Si toutefois les riverains ont la patience d'attendre 2014, date où le PSMV révisé pourrait voir le jour, en même temps que les élections municipales à Paris comme ailleurs.

    Gérard Simonet

     

  • Lissac hangar colorié
    Vue générale sud-est. "Hangars" Lissac (en rouge) et Centre Culturel Suisse (en vert), enkystés entre les rues Vieille du Temple et Francs-Bourgeois (IIIe), au sein d'une zone à forte densité d'habitants

                       

    On a de la peine à imaginer que ce décor sinistre de constructions disgracieuses est le quotidien des habitants qui vivent autour, à quelques mètres seulement de la prestigieuse rue des Francs-Bourgeois, haut-lieu de la mode et du prêt-à-porter chic et cher.

    On l'appelle communément "hangar Lissac". C'est en réalité un assemblage de structures sans valeur architecturale, en béton et parpaings, qui a un temps hébergé des bureaux et entrepôts du fabricant de lunettes Lissac. Un hangar annexe, qui donne sur le fameux passage des Arbalétriers, est exploité par le Centre Culturel Suisse.

    Le plan de sauvegarde et de mise en valeur  (PSMV) du Marais l'avait condamné à la démolition. Au terme d'un accord conclu avec la Ville de Paris en 1980, Lissac avait obtenu l'autorisation de différer le curetage et d'occuper les bâtiments pendant 25 ans, sous réserve de céder gratuitement le terrain et les mur à la Mairie de Paris à l'issue de ce délai, afin qu'un espace vert soit réalisé.

    En 2006, la Ville a donc fait valoir ses droits. Il y a eu quelques soubresauts judiciaires mais la situation a fini par se clarifier. Les riverains ont alors commencé à se manifester. A travers le conseil de quartier et directement auprès du Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum. Ils n'ont reçu que des réponses évasives qui leur font penser que le Maire n'a pas envie d'appliquer les dispositions du plan de sauvegarde. 

    Lissac hangar rousseau 17 01 12
    Le "hangar" Lissac vu de l'ouest (64 rue Vieille du Temple) – photo Pascal Rousseau –

                                                            

    Quant au Centre Culturel Suisse, le contrat a atteint son terme mais la Ville a accepté de le reconduire pour cinq nouvelles années.

    De gros nuages sont arrivés en 2011. On a entendu M. Aidenbaum annoncer alors qu'il renonçait au jardin et envisageait de construire. Construire quoi ? Les hypothèses vont bon train mais aucune n'est confirmée.

    Plusieurs riverains des rues des Francs-Bourgeois et Vieille du Temple, dont certains sont résidents de longue date et maîtrisent le dossier et son histoire, ont raison de souligner que le PSMV fait obligation à la mairie de démolir les constructions et établir un espace vert ainsi que les cheminements anciens entre ces rues et la rue Barbette. Ils n'excluent pas une action en justice pour contraindre la mairie à le faire.

    Le PSMV avait vocation, au-delà de la sauvegarde du patrimoine, à donner de la respiration à un urbanisme trop dense. Le Marais se caractérise par la rareté  des espaces verts et une forte concentration du bâti. Associer dans une même démarche l'élimination des constructions parasites qui le défigurent et le rétablissement des cours et jardins d'origine était un objectif pertinent autant pour sa mise en valeur que pour l'amélioration de la qualité de l'environnement.

    Le PSMV de 1996 est toujours en vigueur et il dit la loi dans le Marais, tant que sa révision, lancée depuis juin 2006, n'est pas effective (on parle de 2014). Le devenir du site Lissac n'est pas tranché. On peut craindre que la Mairie de Paris, qui gère la ville la plus dense d'Europe, cède à sa frénésie de densifier toujours plus et se préoccupe peu de l'opinion des riverains.

     Densité paris dessin sans légende

     

    On nous dira qu'ils ont été consultés à travers les ateliers que les mairies d'arrondissements ont animés et dirigés. Il faut croire que ceux-là mêmes qui s'inquiètent aujourd'hui en ont été absents ou que leurs interventions sont passées aux oubliettes de la concertation.

    Ils sont nombreux en tout cas à se mobiliser. Ce dossier pourrait bien constituer l'un des enjeux de la bataille municipale de 2014.

     

    Post-scriptum du 25 janvier 2012                                   

    Le Maire du IIIe, Pierre Aidenbaum, nous a convié à un entretien aujourd'hui pour un tour d'horizon incluant ce sujet. Il précise que le dossier "Lissac" n'a fait l'objet à ce jour d'aucune décision dans le contexte du plan de sauvegarde actuel ou du plan en cours de révision. Diverses approches sont possibles. Il précise toutefois que les hangars seront bien rasés. La réalisation d'un jardin, sous réserve qu'il soit public, n'est pas exclue.

     

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  • Pas de la mule 2 façade
    Immeuble du 2 rue du Pas de la Mule (IIIe). Beau portail avec voute en "anse de panier".

     

    On sait peu de choses sur la rue du Pas de la Mule. Simplement que son percement date de 1603 et qu'elle permet de rejoindre la place des Vosges au boulevard Beaumarchais en traversant la rue des Tournelles. Les nos pairs sont dans le IIIe, les nos impairs dans le IVe. On note qu'elle gravit une pente au-delà de cette rue pour atteindre le talus sur lequel reposent les immeubles du boulevard. On suppose qu'elle doit son nom à un dispositif dit "pas de mule" qui permettait de monter plus facilement cette rue à cheval.

    Une chronique nous apprend que dès 1560, "le premier président du parlement de Paris, Gilles Lemaistre, passait par là monté sur une mule, suivi de sa femme dans une charrette et de sa servante sur une ânesse, allant le soir voir pendre les gens qu'il avait jugés le matin". Voilà qui est parfaitement sinistre et quelque peu misogyne.

    Entrons par ce portail. On découvre une cour entourée de bâtiments XVIIIème siècle, que le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais considère intéressants donc "à conserver et à mettre en valeur".

    Pas de la mule 2 cour intérieure

    L'édicule qu'on entrevoit sur la gauche n'a pas lui cette chance. Il est en "tâche jaune" donc "à démolir". Comme la tendance observée dans l'élaboration de la nouvelle version du PSMV est carrément en faveur de la conservation de l'existant, et que de surcroît ce bâtiment est fort utile car il abrite le gardien des immeubles, il a toutes les chances de survivre.

    Approchons nous du portail du fond en notant le caractère féerique et exhubérant du cadre, que la photo rend bien.

    Pas de la mule 2 portail cour intérieure
    On s'attend tout naturellement à trouver dans ce décor de marquise, niche, arcades et menuiseries, derrière le portail, un escalier superbe. On n'est nullement déçu.

    Pas de la mule 2 escalier
    Ce bel escalier du XVIIIème siècle avec sa rampe en fer forgé est menacé toutefois de laisser sa place à un ascenseur. C'est apparemment le voeu des propriétaires. Parions qu'il s'agit plus vraisemblablement des occupants des étages supérieurs (3ème, 4ème ?).

    La Commission du Vieux Paris en a été saisie par la Mairie de Paris. Dans sa séance plénière du 15 septembre 2011, elle a émis un avis défavorable à ce projet. Le Maire de Paris n'est pas tenu de l'écouter mais nous nous permettons de dire, en cette circonstance, qu'il serait mal avisé de ne pas le faire. Le PSMV a la particularité de protéger notre patrimoine collectif, qu'il s'agisse des constructions ou des intérieurs. Les propriétaires n'ont pas sur cet ouvrage droit de vie ou de mort. C'est ainsi que la loi est faite dans les secteurs sauvegardés comme le Marais.

    Un détail pratique nous échappe pour le moment : l'Architecte des Bâtiments de France doit se prononcer. Sa décision est sans appel : pas de visa conforme, pas de permis. Son service a-t-il déjà statué et de quelle manière ? Que les limiers de l'association aillent bd Morland consulter le dossier. Nous serons ravis de publier leurs conclusions. Il serait assez attristant, en tout cas, d'apprendre que le visa a été accordé et que le salut de l'escalier menacé ne tient plus qu'au fil d'une Parque dont le nom est "Commission du Vieux Paris".

     

    Pour agrandir les images, clic gauche jusqu'à deux fois dans la photo

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  • Au maire 25 sobhic panoramique 
    25 rue au Maire (IIIe), un décor à la manière d'Hitchcock, une saga judiciaire qui remonte à 2004 (cliquez dans l'image pour l'agrandir)

     

    L'affaire date en effet de 2004. La Mairie de Paris et les Bâtiments de France découvrent que l'un des copropriétaires du 25 rue au Maire (IIIe), la SCI Victor, dont le gérant est M. Jianging LI, exécute des travaux d'aménagement de locaux à usage commercial et d'habitation, sans déclaration préalable, en secteur protégé par le PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais. L'affaire est appelée devant le Tribunal de Grande Instance de Paris.

    Cinq copropriétaires se portent parties civiles aux côtés de la Mairie de Paris et du Ministère de la Culture (Bâtiments de France). Notre association, qui s'appelle alors "Association des Haudriettes", fédère plusieurs associations du IIIe et du IVe, car elle seule bénéficie de "l'agrément " au titre du code de l'environnement, et se porte également partie civile, au nom du respect des règles d'urbanisme.

    Le prévenu est condamné en première instance. Il fait appel le 9 mai 2005. Sa condamnation est confirmée et sa pénalité alourdie : il devra payer 20.000 € d'amende (contre 4.000), démolir une verrière sur cour sous 3 mois et sous astreinte de 75 €/jour de retard, et verser 800 € de dommages-intérêts à chaque partie civile, majorés de 300 € au titre de l'article 475-1 du code de procédure pénale.

    Il décide de se pourvoir en cassation mais sa demande est rejetée le 14 décembre 2005.

    Rien depuis ne s'est passé, à notre connaissance. Pas un frémissement. Nos demandes par huissier de règlement des sommes dues, sont restées infructueuses. La façade de l'immeuble est toujours plus délabrée, dans un environnement, nous en avons parlé dans un article récent, qui s'est pourtant considérablement amélioré.

    Coup de théâtre en ce beau mois de mai : la SCI Victor et M. et Mme LI Jianging et Chen Tso Yuan viennent d'obtenir un permis de construire en bonne et due forme pour "le changement de destination de locaux commerciaux à rez-de-chaussée, 1er et 2ème étages sur cour, en habitation (4 logements créés) avec démolition de la partie centrale" (verrière, qu'on peut voir encore dans la cour).

    Au maire 25 verrière 

    La cour pavée va être restituée, conformément aux prescriptions de l'Architecte des Bâtiments de France. Les façades seront ravalées dans les règles de l'art et toutes les ouvertures refaites. La porte d'accès à l'immeuble et la devanture existante s'intègrent dans un projet élégant illustré par une enseigne du genre "Vins de France".

    Au maire 25 façades rénovées sur cour bis

     Projet de la cour après démolition de la verrière (en hachures) et réfection des façades

                                     

    La nouvelle nous enchante. Ce projet, c'est naturellement ce que tout le monde aurait souhaité dès le commencement. Nous nous posons néanmoins deux types de questions.

    En tant que partie civile, dont aucune n'a vu la couleur des dommages-intérêts qui lui sont dûs, chacun comprendra qu'il est légitime que nous réagissions. D'autant plus que nous ignorons si l'amende de 20.000 € assortie de l'astreinte (150.000 € selon nos estimations), a été réglée à l'Etat. Il est vrai en contre partie, que le prix du m² a doublé pendant la période et que cette donnée n'aura pas échappé à un investisseur avisé.

     

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  • Rosiers 4 hammam st paul

    L'ancien "Hammam St Paul", 4 rue des Rosiers (IVe)

                                                                                                                                                     

    Le bâtiment date du milieu du XIXe siècle. Il a hébergé à ses débuts la "société des Israélites polonais de la loi Rabbinique" (Alexandre Gady). Les deux premiers étages ont belle allure. Le deuxième étage en particulier est assez richement décoré pour mettre en relief les fenêtres et offre à la vue des écussons surmontés de têtes d'animaux (qui nous dira de quelles espèces il s'agit : ours, lion ?) qui vantent les équipements de l'établissement : "sauna" et "piscine".

    Le dernier étage, en revanche, semble dû à un ajout ultérieur mais il est vraisemblable qu'il n'en soit rien et qu'il ait été simplement construit "à l'économie" à l'origine, pour abriter des fonctions subalternes.

    Il va être démoli. A sa place, deux étages neufs vont être érigés en surélévation sur l'immeuble. Le deuxième étage de bureaux sera converti en habitation et les deux étages nouveaux seront eux aussi réservés à l'habitation, avec création d'un ascenseur et d'une terrasse sur toit, accessible côté cour. On peut penser que les Bâtiments de France seront attentifs à cette modification, qui se doit de respecter le style de la construction d'origine et les obligations du plan de sauvegarde du Marais (PSMV).

     Il n'y a aucune raison de regretter une telle surélévation. D'autres encore sont posssibles, dans des configurations comparables. Mais nous n'irons pas jusqu'à déclarer avec la Maire du IVe, à propos du PLU (plan local d'urbanisme) de Paris, que "tous les bâtiments devraient être surélevés" (voir article du 17 décembre 2009). Il est plus que probable, du reste, que sa formulation ait largement dépassé sa pensée et ses convictions. Mais ce commentaire n'engage que nous.

     

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  • Photo001

    L'hôtel de Mayenne, 21 rue St Antoine (IVe), photographié depuis les toits du 16 rue St Antoine. [photo Jean-Etienne Chautard]

                                                                                                                                  

    Nous vous annoncions sa restauration d'envergure dans un article daté du 19 février 2010. Les travaux ont été lancés entretemps. Jean-Etienne Chautard en a suivi les étapes depuis la fenêtre de son appartement : 

    1 : toiture centrale enlevée aux deux tiers de la hauteur ( sauf raccords avec pavillons latéraux )
    2 : destruction des deux très grandes cheminées (il a fallu protéger les toitures latérales des deux pavillons )
    3 : destruction du dernier tiers du toit
    4 : destruction des trois fenêtres en façade haute
    5 : (en cours) début de destruction du mur de façade deuxième étage

    La  photo ci-dessus montre le plafond de cet étage réduit à l'état de poutrelles. L'histoire retiendra aussi le fantastique scalpel qui a servi à la découpe (voir ci-dessous)

     

    Photo000
                                                                                                                                                              

                                                                                                                                                          

  • Gravilliers 78

    Immeuble de quatre étages, 78 rue des Gravilliers (IIIe)

                                                                                                                                        

    Faute de recul pour la prise de vue, on ne voit que les deux premiers étages et le rez-de-chaussée. S'agit-il du Marais ? Non, car on se trouve au-delà de la rue Beaubourg, limite ouest du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur). L'avis conforme de l'Architecte des Bâtiments de France n'est pas requis. Pourquoi alors, et à quel titre, la réhabilitation de cet immeuble – qui ne fait pas rêver – a-t-elle été soumise à l'approbation de la "Commission du Vieux Paris" qui siégeait le 1er avril ?

    La réponse est liée au PLU (plan local d'urbanisme) de Paris qui a été voté pendant la précédente mandature. Il prévoyait la protection de 6.000 immeubles environ, hors PSMV du VIIe et du Marais, qualifiés pour leur valeur architecturale ou pour la mémoire qu'ils véhiculent. Leur sélection, qui a été faite, beaucoup en conviennent, avec vitesse et précipitation, n'est pas exempte de critiques.

    Ceci étant, cette protection a désormais le mérite d'exister. Elle diffère par bien des aspect du régime propre aux PSMVs (une centaine en France). En particulier, elle vise des bâtiments quand le PSMV couvre un secteur et elle ne protège pas les intérieurs.

    Son bras armé est la "Commission du Vieux Paris", qui dépend de l'Adjointe au Maire de Paris, Danièle Pourtaud, en charge du patrimoine. La commission siège tous les mois et se penche sur des projets d'urbanisme qui soulèvent des interrogations de nature patrimoniale.

    Dans le cas présent d'un immeuble visiblement abandonné mais inscrit sur la liste des bâtiments "protection Ville de Paris" et qui attend sa réhabilitation, elle s'est prononcée pour "la conservation de l'escalier existant" et s'est "opposée à la démolition des planchers d'origine".

    Il y a souvent, il est vrai, dans ce genre d'immeubles XVIIIe siècle, de jolis escaliers et des rampes qui ne demandent qu'à être rénovés et de belles poutres et solives qui en font le charme.

    Les résolutions de la commission ne sont pas exécutoires, à l'inverse de celles des Architectes des Bâtiments de France, mais il est courant que le Maire de Paris les valide et en fasse la condition d'attribution d'un permis de démolir et de construire.

    Une exception notoire est celle qui a visé l'hôtel de Mayenne, 21 rue St Antoine (IVe), où les conclusions de la commission du Vieux Paris ont été ignorées.

                                                                                                                                                 

  • Haudriettes 5 et 5bis cours rec
     Les deux hangars sur cours pavées des 5 et 5bis rue des Haudriettes (IIIe). (Cliquer sur la photo pour l'agrandir).

                                                                                                                                                    

    Ces constructions parasites prolongent sur les cours intérieures, dont ils détruisent malheureusement les proportions et l'esthétique, un local commercial qui occupe les pieds d'immeubles des 5 et 5bis sur la rue. Propriétés de la famille Quesnel au milieu du siècle dernier, les immeubles des 3,5 et 5bis sont de la même facture, une architecture XIXe siècle, lourde mais plutôt bien intégrée dans l'urbanisme de la rue.

    En 2001, la municipalité nouvellement élue à la tête de la Mairie de Paris, décide l'acquisition des immeubles du 3 et du 5, pour la somme de 130 Millions de Francs. Ils sont alors occupés à 60%. La SAGI, bailleur social de la Ville de Paris, procède à une rénovation sérieuse et les appartements libres sont affectés à des bénéficiaires de logements sociaux. On y relogera en particulier des familles victimes de l'incendie du squatt du "Roi Doré".

    Le 5bis n'est pas concerné. Pour faire face à ses charges, les propriétaires l'avaient préalablement vendu en copropriété.

    Un grossiste-importateur en maroquinerie occupait un local sur rue à l'enseigne "DIXIMPORT", prolongé sur les cours intérieures, par des hangars avec verrières, pour une surface totale de 400 m². Comme nous le disions dans notre journal "Vivre le Marais !" n° 31, le commerçant a déménagé en mars laissant ses locaux libres de toute activité.

    Au titre du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, les deux hangars figurent respectivement en tâches jaune (pour le 5) et orange (pour le 5bis), ce qui veut dire  que "leur démolition pourra être imposée à des fins de mise en valeur ou en raison de leur vétusté (sauf pour les tâches orange tant qu'il y a maintien des activités)". L'activité ayant cessé, les deux constructions sont vouées au même sort.

    Comment se peut-il, dans ces conditions, que la mairie du IIIe vienne de confirmer au conseil de quartier Ste Avoye, que ce local accueillera prochainement un MONOP', au grand dam des habitants copropriétaires du 5bis, qui viennent de distribuer un tract révélateur de leurs inquiétudes mais aussi du ressentiment qu'ils éprouvent à la constatation qu'une transaction, dont ils sont partie prenante, s'est déroulée au-dessus de leur tête.

    Haudriettes 5bis tract avril 2010

    Cette affaire présente plusieurs facettes.

    Un volet patrimonial, tout d'abord.

    Le PSMV a pour vocation de mettre en valeur le Marais en lui donnant une respiration qui lui fait encore défaut. Il ne fait de doute pour personne que les deux verrières que nous voyons sur la photo enlaidissent une cour pavée qui ne demande qu'à retrouver ses proportions originelles.

    Le PSMV est en révision et nous savons que les orientations prises, même si elles ne seront approuvées qu'à l'issue d'un processus de près trois ans, recommandent plus de considération pour la mémoire du XIXe siècle, son architecture et son héritage industriel. Peut-on affirmer que ces verrières entrent dans cette catégorie ? Certainement pas. Au nom de quels principes, l'agence Blanc-Duché chargée de sa révision et les architectes de Bâtiments de France pourraient-ils renoncer à une injonction de démolir ?

    Un volet économique, ensuite.

    La disparition du monopole du commerce de gros, et singulièrement de la maroquinerie d'importation, est un objectif que la mairie du IIIe partage avec les habitants. Il faut bien entendu accepter qu'il soit remplacé par autre chose. Un MONOP' de ce point de vue n'est pas forcément une mauvaise affaire si sa direction fait preuve d'une bonne écoute à l'égard des riverains.

    Un volet foncier, aussi.

    La démolition a un coût. Sans doute la RIVP, qui a pris la suite de la SAGI comme bailleur social du 5, pourrait y faire face, mais quid des copropriétaires du 5bis ? Sur quelle base indemniser le propriétaire de la verrière (qui ne vaut théoriquement que le prix du terrain) et y aurait-il accord pour financer les travaux de réhabilitation de la cour ?

    Un volet règlement de copropriété, enfin.

    La création d'un nouveau commerce implique des travaux d'aménagement intérieurs et extérieurs (devanture, enseigne) dont certains doivent être acceptés en assemblée générale. A défaut, la Direction du Permis de Construire et du Paysage de la Rue, puis les Bâtiments de France, dans le cadre de leurs compétences, ne peuvent examiner le dossier de façon formelle. Aux dires des membres du conseil syndical du 5bis, le dossier ne leur a pas été présenté. On observe, du reste, qu'aucune "Demande Préalable d'autorisation de Travaux" n'a été déposée bd Morland, au siège de l'urbanisme.

    Il ne faut pas s'étonner, en l'absence d'information, que des commentaires désobligeants circulent : pouvoir de l'argent, entregent, mépris du patrimoine collectif au bénéfice du lucre, volonté de passer en force …. Il existe une façon très simple de l'éviter : INFORMER, JUSTIFIER et NEGOCIER.

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  • Michel le comte 25 entrée

    25 rue Michel le Comte, entrée du passage et grossiste maroquinier


    Il reste peu d'ensembles immobiliers à réhabiliter dans le Marais.

    La rue Michel le Comte, il y a vingt cinq ans, était un coupe-gorge sinistre. On a assisté successivement à la restauration des hôtels Lenoir de Mézières (n°19), Ferlet, (n°21), d'Hallwyll (n°28), de plusieurs bâtiments d'un intérêt architectural certain comme l'hôtel Louis XV du n°16 en fond de cour, la Maison  du collège de la Marche (n°17), les bâtiments des n°22, 24 et 26 rénovés en 2001, avec des finitions, cependant, dont la qualité a été quelque peu sacrifiée, et le n°30, annexe de l'Hôtel Dieu sous Louis XIV, qui a conservé son portail à impostes et ses vantaux.

    Il y a une ombre au tableau : le gymnase qui n'honore ni son architecte, ni la Mairie de Paris qui en assura la maîtrise d'ouvrage dans les années 80.

    Il reste une vaste parcelle en friche, à laquelle on accède par le passage du 25, et qui s'étend très loin en arrière vers un ensemble de bâtiments XVIIIe et XIX, dans un état de délabrement qui lui donne un air de cour des miracles.

    Il est hors de question d'offenser ceux qui ont trouvé le moyen de s'y installer et d'y travailler, mais incontestablement nous avons affaire à un habitat qui mérite d'être réhabilité.

    Entrons ensemble dans cet univers qui pourrait effectivement servir de décor à une reconstitution des années 50.


    Michel le comte 25 passage  

    Un long couloir dessert les bâtiments sur rue, en arrière et jusqu'à une cour assez grande au sud. L'état des lieux dénote une absence totale d'entretien depuis des décennies.

       

    Michel le comte 25 atelier sur cour


    On découvre à droite un atelier sous verrière qui occupe l'essentiel d'une cour intermédiaire.

    Michel le comte 25 cour sud vue du passage

    La cour, au fond du passage, bordée de constructions de qualité très médiocre.

    Michel le comte 25 couloir escalier porte sur cour   

    Cette vue révèle l'état de vétusté des immeubles.

    Michel le comte 25 escalier à vis bât central

      

    Escalier hélicoïdal en fond de cour.

                                                                                                            

    Le devenir de cet ensemble immobilier a été longtemps incertain. Un moment, on a cru qu'une entreprise de rénovation en ferait l'acquisition mais un désaccord entre les propriétaires a fait échouer le projet. Finalement, c'est la Mairie de Paris qui a pris en charge sa réhabilitation et qui décidera de l'affectation des locaux et logements créés, à travers le bailleur social SGIM (société de gestion immobilière de la Ville de Paris).

    Il faudra au préalable faire des choix. Le bâti date des XVIIIe et XIX siècles. Tout ne mérite pas d'être conservé. Il semble à première vue qu'un curage sélectif s'impose car les constructions parasites sont nombreuses et créent un urbanisme anxiogène.

    Si on se réfère au PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais, pour cette parcelle, seuls les bâtiments sur rue sont à conserver. On comprend que le reste peut être démoli et en partie reconstruit, en prenant soin de ménager quelques espaces verts et de sauvegarder les cours pavées. Dossier complexe mais intéressant qui devrait passionner les Bâtiments de France et l'agence Blanc-Duché chargée de la révision du PSMV.

    Sans oublier la Mairie du IIIe qui voit dans cette opération l'une des dernières chances de récupérer du foncier pour le réhabiliter et étendre son parc de logements sociaux. On lira à ce propos l'intéressant article de Gauthier Caron-Thibault, Maire-Adjoint, sur son blog rue de bretagne, qui donne des précisions importantes sur la nature des logements envisageables et les moyens à mettre en oeuvre pour reloger les habitants et entreprises qui occupent l'espace aujourd'hui.

       

       

  •    Pierre au lard galerie spaghetti google coul

    En couleurs, l'implantation envisagée par les promoteurs pour la boite de nuit, du 14 rue Saint Merri au 3 de la rue Pierre au Lard. La partie jaune correspond à une "tâche jaune" du PSMV (plan de sauvegarde et de mise en valeur) du Marais.

       

    Nous rendions compte, dans notre article du 7 janvier, du refus du Préfet de Police de Paris et du Procureur de la République d'accorder une licence IV à ce nouvel ensemble.

    Depuis, les gérants du COX qui exploitent aussi le FREE DJ, 35 rue Ste Croix et ambitionnent de s'étendre encore en fusionnant le "Curieux Spaghetti", 14 rue St Merri et la galerie d'art du 3 rue Pierre au Lard, répondent qu'ils n'envisagent plus la création d'une boite de nuit mais un "centre pluriculturel avec studio d'enregistrement pour des groupes ou des émissions de télé, un lieu d'expositions temporaires et une salle pour des soirées ou des mariages" (Le Parisien)

    Il reste un hic cependant.

    Le bâtiment du 3 rue Pierre au Lard, une ancienne galerie d'art dont l'activité a cessé depuis quelque temps, est inscrite en "tâche jaune" au PSMV du Marais. Le PSMV est accessible en ligne désormais sur le portail de la Mairie de Paris. Pour accéder aux parcelles concernées, rien de plus facile, utilisez ce lien, puis cliquez dans la zone 7 du plan du Marais. Vous constaterez que le bâtiment du 3 rue Pierre au Lard brille d'un jaune vif qui ne laisse aucun doute sur sa qualification.

    Pierre au lard 3 travaux 18 11 09

    3 rue Pierre au lard

       

    Il s'agit, au titre de la légende du PSMV, accessible avec le même lien, d'un "immeuble dont la démolition pourra être imposée à des fins de mise en valeur ou en raison de sa vétusté"

    On est tenté de se dire que ce n'est pas sans raison que les promoteurs de ce projet ont préféré lancer les travaux d'urbanisme sans autorisation préalable de la Mairie de Paris. La vigilance des associations a permis d'interrompre le processus et leur a valu un procès-verbal et la menace d'être déférés en correctionnelle.

    Comment vont-ils surmonter ce nouvel obstacle ? Le risque est trop grand pour les riverains que le nouvel habillage du projet ne change pas sa finalité. Ils ne feront certainement rien qui puisse en faciliter l'exécution.