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Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : stationnement deux-roues paris

  • Archives 47 motos dimancheMotos sur le trottoir face à l'Hôtel de Soubise, 47 rue des Archives (IIIe)

     

    Notre article du 26 novembre 2014 dont le titre est repris pour celui-ci a suscité une longue réponse et une prise de position de Marc Ambroise-Rendu. Marc est journaliste. Il a animé dans le passé la rubrique "environnement" du quotidien Le Monde. Il est président d'Île-de-France Environnement.

    Il a réagi à notre article sur un sujet auquel il a manifestement souvent réfléchi. Il faut savoir que, comme il le dit lui-même, il a de tout temps enfourché des deux-roues, généralement motorisés. Il s'exprime donc à deux titres au moins : comme usager de ce moyen de transport et en spécialiste de l'environnement. L'humanisme qui le caractérise depuis toujours n'est pas étranger non plus à sa rhétorique. Voici in extenso la tribune qu'il a bien voulu rédiger en réponse à notre article.

    Gérard Simonet

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    En réaction à votre propos sur "l'injustice" dont seraient victimes les automobilistes par rapport aux "motards" je me permets les observations suivantes motivées par mon appartenance à l'engeance "deux-roues motorisés", à l'immense tribu des automobilistes et à mon statut de Parisien.

    Je suis arrivé en scooter à Paris en 1954 et j'en possède toujours un qui me sert quotidiennement. A l'époque nous n'étions qu'une poignée et nous ne gênions personne. Par contre j'ai connu à la même époque et comme conducteur d'un "quatre-roues" d'immenses embouteillages autos qui bloquaient pendant des heures la totalité de la capitale certains samedis de pré-fêtes.

     

    Ambroise renduMarc Ambroise-Rendu

    J'ai garé ma voiture (une minuscule 4 cv) et j'ai gardé ma Vespa. J'ai tenté la bicyclette qui m'a été volée assez vite. Je suis porté à supposer que de plus en plus d'usagers ont fait les mêmes constatations. Ils ont cherché à concilier leur obligation de mobilité avec leur peu d'enthousiasme pour le métro (vivre comme une taupe, se priver du paysage urbain de Paris et affronter une promiscuité croissante) et pour les encombrements auto. Ils ont choisi le deux-roues motorisé.

    En outre, en enfourchant ce type de véhicule, ils ont découvvert les satisfactions qu'il procure (surtout quand on a été, comme moi, cavalier) : liberté, rapidité de déplacement, contact avec l'atmosphère et les éléments naturels (même lorsqu'il pleut, qu'il vente ou qu'il neige), moindre pollution émise et respirée (nul n'est plus empoisonné que le conducteur à son volant dans la circulation parisienne).

    C'est pourquoi je prévoyais depuis longtemps l'envahissement des rues et des trottoirs (faute d'anticipation des élus de conseil de Paris et des fonctionnaires de la Préfecture de police) de la capitale par vélomoteurs, scooters et motos. Du temps où je "couvrais"  Paris pour "Le Monde" j'en parlais avec mes interlocuteurs publics qui, sauf exception lorsqu'ils avaient eux-même un "deux-roues motorisé ", me riaient au nez.

    Nous sommes donc arrivés, en raison de la myopie intellectuelle des responsables de notre ville (mais qui donc, hormis les architecte mégalos et les promoteurs cupides, réfléchit à la cité de demain ?) à la situation que nous connaissons. Elle est tout à fait insatisfaisante.

    Oui, les deux-roues motorisés polluent. Pour la santé de tous il faut leur imposer les mêmes exigences qu'aux quatre-roues  (sans normes et sans contrôle les constructeurs continueront à vendre les engins actuels). Après tout le casque est obligatoire et, sauf les dingues, personne ne le conteste.

    Oui, certains deux-roues motorisés font du tapage (même souhait de règlementation et de contrôle : en 6O ans aucun des engins qui m'ont véhiculé n'a été contrôlé).

    Oui, trop de deux-roues motorisés en prennent à leur aise avec le code de la route (si la loi n'est pas la même pour tous, où est la démocratie ?). Ces comportements génèrent d'ailleurs de plus en plus d'accidents urbains entre  "motards". Ils sont donc préjudicialbles pout tout le monde.

    Oui, les deux-roues motorisés se garent sur les trottoirs (comment faire autrement quand la puissance publique ignore votre existence ?). Il faudra bien inventer un système de stationnement légal et donc payant pour deux-roues motorisés. La moto est née en même temps que la voiture : nos "clairvoyants" édiles ne s'en sont pas encore aperçus.

    Moi aussi je souhaite donc un traitement des "motards" qui soit équitable. Mais cette équité doit prendre en compte les avantages urbains de la moto par rapport à la voiture : moindre encombrement de l'espace public (cinq fois moins), moindre usure de la chaussée, moindre pollution, moindre impact visuel, moindre perte de temps, etc, etc. Tout cela pourrait d'ailleurs se mesurer avec une étude d'impact un peu sérieuse.

    Je vais plus loin, beaucoup plus loin. Inadapté à une ville dense, destructeur de l'urbanité, nocif pour la santé, l'usage de la voiture individuelle à Paris devrait devenir exceptionnel et sera, tôt ou tard, contingenté. Celui du deux-roues motorisé de taille modeste deviendra la règle pour les personnes valides. Je propose d'anticiper cette évolution, de l'imaginer avec les usagers-pionniers, puis de l'organiser en souplesse (expérimenter, adapter en conséquence, pousser les constructeurs à l'innovation), calmement et sur le long terme.

    Il ne s'agit pas de faire plaisir à quelques fanatiques. Il s'agit de l'intérêt public.

    Marc Ambroise-Rendu

     

  • Francs bourgeois alignement motos et fouleFoule et deux-roues motorisés rue des Francs-Bourgeois le week-end (Photo VlM)

     

    La Mairie de Paris vient de publier la liste détaillée et exhaustive de tous les parkings deux-roues de la capitale, anciens et nouveaux. Page d'accueil de mairie de paris, cliquer dans : consulter le document au format pdf

    Vous y trouverez, en faisant défiler, arrondissement par arrondissement, les adresses précises des emplacements réservés.

    C'est l'occasion pour nous de rappeler notre position :

    • Les deux-roues motorisés doivent payer l'espace public qu'ils occupent lorsqu'ils stationnent. Le tarif doit être plus faible évidemment que celui des voitures. Une application du type "smartphone" doit être développée pour faciliter l'acquittement
    • Les deux-roues motorisés doivent être soumis au même contrôle technique que les voitures. Rien ne justifie que le décret en ce sens qui date de 2011 soit systématiquement repoussé dans son application.
    • La "charte des motards" signée en 2007 par le Maire de Paris, que le Préfet de Police a rejetée comme contraire au code de la route, doit être abrogée. Elle dispose que les motards peuvent stationner et rouler sur les trottoirs et remonter les files.
    • La police doit agir avec la même rigueur envers les voitures et les deux-roues motorisés lorsque les règles de stationnement ne sont pas respectées.
    • Dès lors que la concurrence entre ces deux moyens de transports, voitures et motos, cessera d'être biaisée en faveur des seconds, dès lors que le nombre de ces engins dans nos rues ne sera plus le simple résultat d'un déséquilibre flagrant entre les contraintes auxquelles ces deux catégories sont soumises, il devient logique de mettre en oeuvre une politique de création de parkings deux-roues dimensionnée aux besoins.

    On peut se demander pourquoi les conditions ci-dessus ne sont pas remplies. C'est très simple : dès que ces mesures sont évoquées, "l'association des motards en colère" (des motards qui ne décolèrent pas car la colère est chez eux institutionnelle, inscrite dans leur nom autant dire dans leurs gènes), décrète une manifestation dans les rues de Paris et d'ailleurs.

    Anne Hidalgo avait fait preuve de bon sens et de courage à la veille des élections de mars. La bouche en coeur n'avait-elle pas dit : "je trouve normal que les motards paient le stationnement". Il a suffi d'une menace de manifestation pour que dans les quarante huit heures elle y renonce. Si on réussit à nous persuader que c'est cela la démocratie, on finira par acquiescer. Mais le chemin est long pour qu'on nous convainque.

    Anne Hidalgo by chris 23 07 14 Anne Hidalgo, mine de plomb signée d'une de nos adhérentes qui, sans rancune, lui dédie ce portrait