Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Étiquette : vivre paris


  • Moto-sproach

    Illustration Michel Loiseau

     

    Les deux-roues motorisés continuent à faire parler d'eux.

    On apprenait le 3 septembre 2021 de la bouche du Ministre en charge de la transition écologique Jean-Baptiste Djébari que le décret paru le 11 août sur l'entrée en vigueur du contrôle technique, en exécution d'une directive européenne de 2014, était reporté sine die…. (notre article du 4 septembre 2021).

    Plus récemment, on a pu lire dans Le Parisien sous la signature de Florent Hélaine le résultat d'une enquête de la Ville de Paris auprès de citoyens pour éclairer les élus en charge de l'élaboration du "plan bruit", sur l'opinion des parisiens à cet égard. Il apparait que 75 % des personnes interrogées sont tellement excédées par le comportement des motards et les nuisances qu'ils nous imposent qu'elles demandent purement et simplement l'interdiction des deux-roues motorisés thermiques dans Paris !

    Le caractère radical de cette mesure lui laisse peu de chances d'être retenue. En revanche, la piste ouverte par les radars anti-bruit dont parle "Environnement-magazine" du 6 janvier et la volonté de faire droit à l'attente très forte des parisiens sur la pacification du vacarme des motos et scooters, pourraient conduire à des essais à court terme par la Ville d'un dispositif de mesure du bruit avec enregistrement de la plaque d'immatriculation du véhicule et une amende de 135 €, voire plus, infligée en temps réel.

     

    HydreL'Hydre de BRUITPARIF

     

    C'est une fois encore BRUITPARIF, développeur du détecteur de bruit "Méduse" en service dans les zones bruyantes depuis plusieurs années à Paris, qui sous le nom de "Radar sonore HYDRE" teste le nouveau dispositif en vraie grandeur du côté de la Vallée de Chevreuse. L'allégorie est frappante : l'Hydre de Lerne était un monstre sanguinaire dont les têtes innombrables repoussaient quand on les coupait. Que les vandales se le tiennent pour dit, il serait présomptueux de s'attaquer à elle, sauf à s'appeler Hercule !

    GS

     

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    Plat logistCarrefour Ordener/Désiré Ruggieri (XVIIIe) : la protestation des riverains (Photo VlM/SV)

     

     

    Pour éviter la présence de poids lourds au cœur des villes, leur encombrement, la pollution atmosphérique et sonore qu'ils génèrent,  il est nécessaire que les pouvoirs publics trouvent des solutions pour effectuer la livraison des marchandises en fin de parcours jusqu'au détaillant.

    Une solution vient immédiatement à l'esprit : créer des pôles de dégroupage en nombre limité dans les villes et desservir les derniers hectomètres à l'aide de véhicules de faible taille et non polluants.

    Cette logique peut séduire. Elle ne peut s'imposer que si les habitants sont d'accord. Un projet de "plateforme logistique" dans le XVIIIe se heurte en ce moment à l'opposition farouche des riverains. Ils nous demandent de publier leur message sous l'étiquette "sauveton18e" :

     

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    UN QUARTIER EN DANGER !
     
     
    NON A LA PLATEFORME LOGISTIQUE !
     
     
    Le quartier Montmartre-Grandes Carrières se mobilise contre le projet délirant d’installation d’une plateforme logistique de 2500 m2 prévue entre les rues Ordener, Marché Ordener, Championnet et Désiré Ruggieri.
    C’est la première plateforme de cette envergure à vouloir s’installer au cœur d’un quartier d’habitations, mais assurément pas la dernière.
     
    Ce projet est INADAPTÉ, il va générer de multiples NUISANCES et accroître le trafic routier dans un quartier déjà saturé. Réalisé sans aucune étude d’impact sur l’environnement et la sécurité, ce projet impliquerait des rotations permanentes avec des flux entrant/sortant de véhicules de livraison. 
     
    Il est DANGEREUX car la circulation se fera par des rues étroites aux trottoirs étriqués qui sont arpentés quotidiennement par les habitants (y compris les jours de marché) ainsi que par les enfants et les groupes scolaires se rendant au stade Championnet. Ce projet augmente indéniablement l’insécurité pour tous les piétons. C’est pourquoi nous demandons que ce projet soit définitivement abandonné ! La Mairie de Paris doit refuser le permis de construire demandé par le promoteur du projet.
     
    Nous demandons aussi que le Maire du 18ème et la mairie de Paris se prononcent contre ce projet qui dégradera considérablement la vie quotidienne des habitants, travailleurs et commerçants, et qu’elles s’engagent clairement à garantir l’équilibre, la sécurité et la sérénité de notre quartier.
     
    Un projet en totale contradiction avec ”L’esprit village des Grandes Carrières” voulu par Eric Lejoindre, Maire du 18ème, qui propose le classement de Montmartre au patrimoine mondial de l’Unesco.
     
    Une mobilisation forte du quartier, une pétition (4500 signatures papier en 10 jours), un site internet, une page Facebook, un twitter et des actions de terrain quotidiennes nous ont donné une visibilité qui a permis d’attirer les médias (Le Parisien, le Figaro, BFM, France 3). 
     
    Le combat continue, nous avons besoin du soutien de tous les parisiens. La décision est attendue avant le 1er octobre…
     
     
     
     
     

     

  •  Berge sully détagage 12 03 21Promenade des berges de la Seine. Opération de nettoyage des tags par la Ville de Paris (Photos VlM)

     

     

    Au risque d'être présomptueux, nous revendiquons d'avoir été les "lanceurs d'alerte" à propos de ce fléau qui sévit dans nos villes : la couverture des murs et du mobilier urbain par des graffitis abscons qui défigurent le paysage urbain et le rendent sauvage et anxiogène.

    Notre première intervention date d'il y a vingt cinq ans sur le grand bâtiment EDF (un gigantesque transformateur enveloppé de murs en trompe-l’œil avec fausses fenêtres) au 49 rue des Archives (IIIe). Une lettre de notre part à Gilles Ménage qui était alors Président d'EDF (et proche de François Mitterrand) déclencha une intervention de leur part et le nettoyage de la façade, ravagée par des tags et des graffiti de la pire espèce. Cette expérience nous montra à l'époque qu'il était possible en tant que citoyens d'agir pour la protection de l'environnement. C'est de là que nous vint l'idée de créer l'association devenue par la suite "Vivre le Marais !"

    Tags petite placeAgressivité, débilité et laideur à l'assaut de ce pauvre mur de la place de Thorigny qui ne demande rien à personne….

     

    Depuis quelques jours les médias s’agitent autour d'un hashtag, #SaccageParis, qui a repris ce thème en mettant le feu aux poudres. Nous en sommes ravis car une mobilisation générale est nécessaire pour venir à bout d'une telle calamité. Un membre de notre association a lancé "non au vandalisme", une pétition que nous vous engageons instamment à signer. Elle a déjà reçu 420 signatures. Note objectif est d'atteindre le seuil symbolique de 1.000 pour entreprendre une action appropriée.

    GS

     

     

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    Gare estLa gare de l'Est, vue depuis le boulevard de Strasbourg

     

     

    L'association aurait pu s'appeler "Vivre Paris Xe !". Elle a décidé de cibler davantage en choisissant un nom très proche d'un terrain que ses fondateurs occupent depuis longtemps : boulevard de Strasbourg et les faubourgs St Denis et St Martin . Elle a tenu le 13 avril un nouveau café-rencontre sous la forme d'une visio-conférence rassemblant ses premiers adhérents. La présidente Delphine Martin nous y a conviés. Nous partageons un objectif commun, la protection de la qualité de vie des habitants, et nous sommes géographiquement voisins.

    Delphine considère que son association est le fruit d'une "incroyable histoire". Voici ce qu'elle en dit :

    "Eté 2018. Gil et moi-même, amoureux du quartier et vivant sur le boulevard de Strasbourg, sommes contraints de quitter notre appartement avec nos petites filles de 4 et 8 ans car nous sommes soumis à d’importantes émanations toxiques émises par des ongleries au rez-de chaussée de notre immeuble.

    Soutenus par des voisins, nous lançons alors une pétition. Très vite, elle suscite l’intérêt et l’engagement d’habitants qui veulent se mobiliser et agir à nos côtés. Début octobre 2018, une première réunion de quelques habitants du boulevard de Strasbourg se tient dans un bar du quartier. Un collectif se crée de manière informelle et regroupe rapidement une trentaine d’habitants.

     

    Mairie Xe

    Ce collectif engage un dialogue constructif avec les pouvoirs publics : la mairie et le commissariat du Xe, les élus, la ville de Paris, la Préfecture de Police, le Député de la circonscription, tous les candidats aux municipales 2020… Les rendez-vous se multiplient. Ils sensibilisent et font des propositions dans tous les domaines qui concernent la vie de leur quartier : environnement, pollution, propreté, aménagements urbains, diversité commerciale, circulation, sécurité, nuisances, culture…

    L'intérêt ne cesse de croître. La pétition atteint 1500 signatures. Pour répondre à la demande générale, ils décident, fin 2020, de fonder une association : Vivre bd de Strasbourg – Fg St-Denis St-Martin ! L’objectif reste la même : améliorer la qualité de vie et l’environnement de leur quartier".

    Elle dépeint ainsi l'association :

    "Comment synthétiser l’objet de notre action ? « VIVRE » s’est naturellement imposé. Le point d’exclamation souligne notre ambition et lui donne un accent tonique. Enfin, le verbe « vivre » fait également référence à un mouvement d'associations de riverains qui agissent depuis 2011 de manière constructive pour l’amélioration de la qualité de vie des Parisiens. Notre association s’inscrit pleinement dans cette démarche.

    Notre identité quant à elle souligne la richesse historique et culturelle de notre territoire, à réhabiliter.

     

    Porte_st_denis_couleurPorte St Denis

     

    Le boulevard de Strasbourg, prolongement de Sébastopol, est souvent considéré comme une simple sortie automobile de la ville vers le nord. Notre point de vue est tout autre. Notre regard d’habitant s’oriente vers le centre de Paris, vers ses théâtres, avec la perspective historique du Tribunal de Commerce sur l’île de la Cité. Suggérant l’entrée dans la ville, notre logotype est constitué de deux carrés représentant les très anciens quartiers historiques Saint-Denis et Saint-Martin identifiés par les deux portes. L’axe central symbolise le Boulevard de Strasbourg. Ce trait d’union entre ces deux quartiers est la raison d’être de notre association.

    Logo

    Une autre lecture du logo illustre un rideau de scène qui s’ouvre sur notre quartier, historiquement celui des théâtres, que l’on veut faire redécouvrir et renaître !

    Enfin, les couleurs sont celles de nos fameuses plaques de rues parisiennes, accompagnées de “l’or” couleur des pierres des Portes de Louis le Grand. Le style graphique est sobre et contemporain".

    Delphine Martin

     

     

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    Anne hidalgo dans la tourmenteAnne Hidalgo, (Photo Olivier Corsan, Le Parisien)

     

     

    Ce "hashtag" saccageparis  a mis le feu au poudre. Son auteur affirme qu'il n'a pas de lien avec les milieux politiques ou associatifs. Il a twitté récemment pour se plaindre de la saleté de Paris  comme le font des milliers de personnes mais lui a touché le jackpot car son message, et le fanion  qu'il a choisi, ont fait mouche. On rapporte qu'il a été partagé des dizaines de milliers de fois !

    Canal st martinCanal St Martin défiguré par les tags

     

    Les commentaires qui foisonnent autour de ce mot-clé (cf  Le Figaro) concernent tout autant la saleté et les déchets sur la voie publique que les affiches, les tags et l'état du mobilier urbain. En transformant de la sorte un acte banal de défoulement en buzz qui a mis en émoi les médias et le monde politique, notre agitateur a réussi en quelques heures à obtenir des dirigeants de la mairie de Paris l'attention que nous leur réclamons depuis des années….

    C'est dire si notre admiration lui est acquise !

     

    Temple tags devanture

    Comme lui nous dénonçons l'état des rues et du mobilier urbain dont la mairie semble se désintéresser : bancs publics, jardinières, armoires et boitiers électriques, boites aux lettres, parcmètres, poteaux et potelets, abribus…. Le long de la Seine, les coffres des bouquinistes que nous avons réussi à faire entretenir souffrent régulièrement des méfaits des vandales. Les murs, les portes et les rideaux métalliques des boutiques revêtus de tags immondes enlaidissent le milieu urbain et créent une ambiance anxiogène.

     

    Banc bois en série république 24 11 20 Banc bois isolé république

     

     

     

     

     

     

     

    Pour compléter ce tableau avant de finir sur une lueur d'espoir, nous sommes obligés de dire aux élus Verts que nous n'apprécions pas du tout la politique qu'ils imposent à la mairie de Paris à propos du nouveau mobilier en bois de récupération. On se demande parfois quels démons  ou quel goût pour la facétie les poussent à faire dans la laideur absolue. Il faut impérativement que les élus sensés (ils sont certainement majoritaires à l'Hôtel de Ville) arrêtent ce massacre !

    On voit qu'il y a du pain sur la planche à Paris et la Maire Anne Hidalgo et son Premier adjoint Emmanuel Grégoire, qu'on sent déjà en ordre de marche pour la présidentielle, seraient bien inspirés de corriger rapidement le tir.

    Ils peuvent s'appuyer d'ailleurs sur des signes encourageants qui nous sont donnés depuis quelques semaines par les services de la mairie, en dépit de la campagne actuelle qui ne fait pas de cadeau à ceux qui sont aux manettes. Colombe Brossel (**), Maire-adjointe en charge de la propreté marque des points. Il n'y a plus de "flyers" sur notre territoire et les affiches sauvages ont disparu. L’effacement des tags a repris de la vigueur, avec des tronçons entiers de rues nettoyés et des interventions ponctuelles qui se font dans les 24/48 heures. On attend toujours la nomination des agents de quartiers dont l'annonce a été faite il y six mois mais nous savons que leur recrutement est en cours.

     

    Terrasse éphémère charlotTerrasse éphémère rue Charlot (IIIe)

    C'est donc un message d'espoir que nous voulons diffuser. Avec une mise en garde sérieuse de notre part cependant pour dire que ces réunions de concertation lancées par l'Hôtel de Ville à propos de la "nouvelle esthétique parisienne" ne doivent en aucun cas servir la volonté maniaque de quelques idéologues activistes de faire approuver, comme ils savent le faire, des décisions loufoques et nuisibles à l'image de Paris et à son rayonnement. Il en est de même pour le devenir du règlement des terrasses et le sort des "terrasses éphémères".

    GS

     

    (**) Colombe Brossel vient de twitter : "Les graffitis doivent faire l’objet d’une réponse pénale. J’ai écrit au Procureur afin que la  préfecture de police effectue un travail d’identification de ceux qui souillent les murs de Paris et que ces actes de dégradation ne demeurent impunis".

     

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    Arts & métiersCarrefour des Arts & Métiers, mars 2021 (Photos VlM)

     

     

    La mairie de Paris lance une enquête sur Internet à propos d'une "nouvelle esthétique à Paris" auprès de tous ceux qui peuvent et souhaitent y répondre. Elle porte principalement sur le mobilier urbain. Je vais m'exprimer à ce sujet en étant conscient qu'il est impossible de le faire sans plonger peu ou prou dans le débat politique. Je demande à nos lecteurs de ne pas m'en tenir rigueur et relever que notre jugement à l'égard de nos élus quels qu'ils soient est toujours en nuances.

    Mon premier commentaire est qu'il n'y a pas d'esthétique possible dans un cadre souillé.  La photo du carrefour des Arts & Métiers montre que la laideur est installée sur les murs et c'est par là qu'il faut commencer en effaçant ces graffitis immondes et en s'assurant qu'ils ne reviennent pas. Les américains ont une expression savoureuse pour décrire un effort qui sans discernement serait futile et  inutile : "lipstick on a pig", ce qui veut dire "du rouge à lèvres pour un cochon".

    On est peut-être sur la bonne voie à ce propos : Colombe Brossel, Maire-adjointe de Paris pour la propreté, assure qu'elle a augmenté les budgets dédiés au service "DansMaRue" et elle a annoncé (pour bientôt ?) la création de postes d'agents chargés de veiller à l'environnement dans chaque quartier. Les résultats sont d'ores et déjà visibles : les affiches sauvages sont en voie de disparition et l'effacement des tags/graffitis est nettement plus performant.

    On est loin encore d'avoir nettoyé Paris. Mais si on se préoccupe de son esthétique, il faut progresser dans cette voie et attaquer pour cela le problème à la base : accroissement des sanctions, vidéo-surveillance, suivi des réseaux sociaux, contrôle de la distribution et du transport des bombes de peinture…

    Certains feront peut-être observer qu'il s'agit de mesures liberticides. Si une majorité de français le pensent, retirons nous sous la tente et laissons le fléau prospérer. Inutile alors de s’interroger sur l'esthétique de la Ville,  installons nous dans la laideur et buvons la avec délectation. On fera en plus des économies qui pourront subventionner par exemple des écoles d'enseignement du street-art et fournir gratuitement des bombes à leurs adeptes !

    Mais si comme je le crois nous sommes nombreux encore à désirer préserver le cadre de vie que nous ont laissé des générations de parisiens, si nous avons encore le goût de ce qui est beau, accentuons l'effort pour qu'il en soit ainsi comme nous y invite "La Tribune de l'Art" de Didier Rykner.

    Il faut observer néanmoins que la Ville, avant même que ses citoyens se soient exprimés, a pris des mesures visibles, notamment pour les bancs publics. On en trouve place de la République ou sur les berges de la Seine, faits de madriers ou de traverses de récupération. Déjà tagués comme il se doit.

     

    RépubNouveaux bancs publics place de la République

     

    Sur un sujet comme celui-ci, on peut s'attendre à des frictions au sein du conseil de Paris. Les élus de "Paris en commun", regroupés autour de la Maire Anne Hidalgo, ne nous semblent pas dévorés du désir ardent d'épater les citoyens avec des mesures provocatrices voire boutefeu. En revanche leurs alliés les Verts (EELV) bénéficient d'un soutien relatif pour leur politique en matière de voirie et de déplacements mais on les considère capables d'accès de folie dès que leur idéologie se met en branle.

    J'encourage nos lecteurs à répondre au questionnaire de la mairie de Paris néanmoins, mais sans illusion. Les décisions sont déjà prises, certaines exécutées comme on vient de le voir. Si la consultation était sincère, on pourrait compter sur les activistes de service pour faire pencher la balance. Il n'est pas inutile cependant de savoir quels sont les mobiliers urbains concernés et quels sont les choix proposés. Il n'y aura plus ensuite qu'à croiser les doigts pour que les décisions les plus absurdes, les moins soucieuses de notre culture et les plus préjudiciables à notre cadre de vie, ne nous soient pas imposées.

    Paris doit rester la plus belle ville du monde ! Que la sagesse, la sobriété, le goût et le discernement soient avec nous pour que l'esprit des lieux soit respecté !

    Gérard Simonet

     

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    Temple 83 cour intérieure 11 03 21Dans cette résidence de la rue du Temple (IIIe) des ateliers d'architectes ont été transformés en résidence hôtelière, louée sur le mode Airbnb. (Photos VlM)

     

     

    On peut lire aujourd'hui dans le quotidien "Le Parisien" un article pleine page de Delphine Denuit sur les locations saisonnières, qui révèle enfin la véritable dimension du problème vécu par les citadins.

    On a amusé la galerie pendant des années avec les fameux 120 jours qui sont la durée de location maximale autorisée pour la location de sa résidence principale. Certains en ont fait un paramètre important alors qu'il est marginal : combien de parisiens résident hors de chez eux plus de quatre mois par an ?

    De façon plus efficace, la mairie de Paris s'est intéressée aux résidences secondaires et autres pied-à-terre qui représentent 9% des logements à Paris et sensiblement plus dans les arrondissements du centre. Il est interdit de les mettre en location touristique type Airbnb s'ils n'ont pas le statut "commercial". Le changement de statut d'habitation à commercial est semé d'embuches au point qu'il est devenu virtuellement impossible. Cette source de locations touristiques s'est quelque peu tarie et Ian Brossat, Maire-adjoint communiste de Paris en charge du logement, peut légitimement s'en féliciter.

    Mais Ian Brossat qui n'est pas naïf reconnait que le sujet est ailleurs. Nous en avons pris conscience nous-mêmes au temps où la mairie diffusait le BMO (bulletin municipal officiel) qui donnait régulièrement la liste des demandes de permis de construire et d'autorisation de travaux. Ce document n'est plus disponible mais nous avons eu tout le loisir il y a 3 à 5 ans d'observer qu'il incluait de nombreuses demandes d'autorisations de travaux chaque quinzaine pour la transformation d'entrepôts, d'ateliers et autres espaces commerciaux en "résidences hôtelières".

    Le phénomène a peu de raison de s'être éteint, car il existe encore dans nos quartiers des locaux de ce type et la mairie par la bouche de M. Brossat déclare qu'elle est impuissante à domestiquer la tendance.

    Ce n'est pas totalement vrai. Nous sommes en secteur sauvegardé (SPR ou site patrimonial remarquable). La direction de l'urbanisme qui délivre les autorisations avec le visa conforme de l'ABF (architecte des bâtiments de France) pourrait si elle s'en donnait la peine veiller au minimum au respect de notre patrimoine collectif et mettre ainsi quelques contraintes à la poursuite d'une démarche endiablée vers ce qui est perçu comme un eldorado.

    Location coute durée charles V 05 04 14Quand allons-nous revoir dans les rues de Paris le stéréotype de la location saisonnière, le touriste et ses valises à roulettes ?

     

    Au but du compte, que faut-il penser de la situation ? D'abord, raison garder. La location saisonnière est au point mort en ce moment, à cause du COVID mais aussi en raison des mesures restrictives appliquées par la mairie de Paris au parc de résidences secondaires. Il reste le risque de prolifération des "résidences hôtelières" (voir à ce propos notre article du 6 novembre 2019 et l'interview du propriétaire d'un hôtel traditionnel du Marais qui nous dit ce qu'il pense d'une concurrence qui peut être déloyale.

    On ne peut pas s'opposer à tout. Il est très positif tout d'abord de constater la disparition progressive d'activités de grossistes qui causaient d'énormes nuisances dans nos quartiers avec des livraisons incessantes qui bloquaient les rues, provoquaient des concerts de klaxons, polluaient et faisaient courir des risques élevés d'incendie à la population. On doit aussi souligner le peu de considération de leurs gérants pour l'esthétique du Marais (devantures, enseignes…)

    Il n'est pas choquant qu'une activité économique en remplace une autre. Il faut simplement que la nouvelle venue obéisse à des règles et des contraintes : acceptation des travaux par la copropriété, vigilance de la direction de l'urbanisme et de l'ABF sur les transformations, respect des règlements en matière d'hygiène, de sécurité, de confort et d'accessibilité. Nous comprenons que les textes sont en cours d'élaboration par l'exécutif. Ces règles seront les bienvenues. A défaut c'est la profession de l'hôtellerie qui aura son mot à dire et qui ne s'en privera certainement pas.

    Gérard Simonet

     

     

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    Ass nat jpgL'Assemblée Nationale, chambre des Députés (Photo le Figaro)

     

     

    Le quotidien Le Figaro, comme la plupart des médias, se fait l'écho du dépôt ce 17 février par François Jolivet et une soixantaine de députés issus de la majorité LREM et de l'opposition LR, d'une proposition de loi qui appelle à «interdire l'écriture inclusive dans les documents administratifs et pour les personnes morales chargées d'une mission de service public".

     

    Ass nat proj loi

     

    Nous saluons cette initiative au nom de notre attachement à la sauvegarde du patrimoine collectif français, dont la langue de Montaigne fait partie. De quoi s'agit-il ? On tronque les mots avec des points séparateurs pour s'adresser aux personnes des deux sexes. Par exemple : "Cher.e.s concitoyen.ne.s… Cher.e.s lect.eur.rice.s… (notez qu'on a perdu les accents au passage !).

    Dans sa séance du 26 octobre 2017, l'Académie Française rejetait cette écriture en ces termes : "Prenant acte de la diffusion d’une « écriture inclusive » qui prétend s’imposer comme norme, l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde. La multiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs."

    Cette mise en garde n'a pas découragé ses partisans qui ont agi depuis en tirant parti de l'activisme de courants politiques et idéologiques. C'est ainsi que dans certaines sphères, notamment à l'université, on en est venu à discréditer les dossier rédigés dans la forme officielle de notre langue.

    Il y a d'autres façons plus efficaces et moins pénalisantes pour notre langue de défendre l'équilibre femmes/hommes dans notre pays, puisque tel est l'objectif revendiqué. On constate pourtant avec étonnement que le site de la mairie de Paris a cédé à cette dérive…

    Nous ignorons à cette heure si le projet de loi sera adopté. En tout état de cause, il est rassurant de constater que les consciences se réveillent et que de nombreuses voix s'élèvent autour de nous pour que cesse cette entreprise de sape de notre identité.

    GS

     

  • BretagneRue de Bretagne (IIIe) (Photos VlM – clic gauche jusqu'à 2 fois pour agrandir)

     

     

    Le quotidien Le Parisien publie ce mercredi 17 février un article signé Cécile Beaulieu avec interview de Gilles Pourbaix, président de l'association "Réseau Vivre Paris !", à propos des terrasses qui se sont créées au printemps 2020 à l'instigation de la Maire de Paris pour permettre aux bars-restaurants de recevoir du public à l'extérieur de leurs établissements.

    Elle analyse parfaitement la situation en ces termes : "Elles ont poussé par milliers dans les rues de la capitale. De toutes les tailles, faites de palettes  parfois protégées par des bambous, ou des bâches en plastique, avec sol en moquette vert gazon. Dès que la Ville a autorisé les cafetiers et restaurateurs à se doter de terrasses éphémères, ces deniers, cruellement touchés pas la la crise sanitaire ont rivalisé d'ingéniosité pour s'offrir un espace extérieur. Il en existe 8.000 aujourd’hui à Paris !".

    Gilles Pourbaix enchérit : "C'est abominable ! Certaines installations sont devenues de véritables poubelles. Elles enlaidissent les rues, donnent à certains de nos quartiers des airs de bidonvilles. Les déchets s'y accumulent, favorisant la prolifération des rats. Elles confisquent des places de stationnement, celles réservées aux personnes handicapées, aux vélos et aux livraisons."

    En conclusion, le Président de Réseau Vivre Paris rappelle que son association a annoncé qu'elle porterait plainte. Il précise "en référé, pour occupation de l'espace public". Sa crainte est que ces aménagements "soient pérennisés cet été à l'occasion de la révision du règlement des étalages et des terrasses. On se souvient que les représentants du mouvement "Vivre Paris !" avait été associés à sa rédaction et à son approbation par Élisabeth Borne, alors Directrice de l'urbanisme à la mairie de Paris, il y a dix ans en 2011.

    PicassoRue Vieille du Temple, sur fond de musée Picasso (IIIe)

     

    Les exemples ne manquent pas dans Paris-centre mais le pire a été évité car le Maire Ariel Weil a été vigilant et sensible à nos interventions. La place du Marché Ste Catherine a été évacuée, la terrasse-pergola du "Café Charlot" rue de Bretagne a disparu et la terrasse-palissade de la brasserie La Fronde a connu un début de rabotage sur sa longueur (il faut poursuivre !), débarrassée de son enseigne racoleuse. Les autres établissements, dans leur ensemble, ont eu une attitude raisonnable et responsable qui augure positivement de ce qu'il adviendra au sortir de la crise.

    Gérard Simonet

     

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    St merri barrière gérardLa barrière rue Saint-Merri, côté rue du Temple (Photo VlM). Présence paradoxale de véhicules à l'arrêt…


     

    Nos entretiens avec le Maire Ariel Weil sur le sujet de la piétonisation de Paris-centre ont toujours été sans ambiguïté de part et d'autre : nous sommes favorables à la limitation du trafic des voitures et des motos, à l'élimination de la circulation de transit, pour autant que l'accès aux riverains et aux véhicules de service et de livraisons soit assuré. Le Maire nous a donné sa garantie sur ce point fondamental.

    Un premier pas vient d'être franchi avec la fermeture sélective de certaines rues qui abritent des écoles primaires et maternelles. Parmi elles, la rue St Merri qui assure le lien entre la rue du Temple et la rue du Renard. Les riverains s'expriment. Il n'y pas de contestation de principe contre la mesure mais, le diable étant dans les détails, ils demandent dans la tribune qui suit, des assurances que les engagements du Maire soient réellement tenus dans toutes ses implications.

     

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    Il n’y a pas que des écoliers dans les “rues aux écoles” !

     

    Cela s’appelle des “rues aux écoles”, et c’est un engagement de mandature. Depuis la rentrée des classes 2020, des dizaines de rues se sont vues ainsi interdites à la circulation automobile par des barrières pivotantes fermées par cadenas dans l’objectif proclamé d’apaisement de l’espace public. On nous explique qu’il s’agit par là de sécuriser le cheminement des familles aux abords des écoles et de limiter la pollution de l’air et la pollution sonore.

    Nul ne peut décemment aller contre de si louables préoccupations, mais on aurait pu penser que la transformation des rues accueillant des écoles en aires piétonnes eût pu suffire. Dans ces zones, nous dit le Code de la route (article R 110-2), le piéton a la priorité sur la chaussée sur tout véhicule et la circulation de transit est interdite ; mais la desserte interne reste permise aux véhicules autorisés, qui doivent circuler au pas ainsi d’ailleurs que les cyclistes. En effet, l’aménagement piétonnier d’une rue ne saurait légalement interdire l’accès par des véhicules au domicile des riverains (…) car le libre accès des riverains à la voie publique est une liberté fondamentale (Conseil d’État, décision du 14 mars 2011, n°347345).

    Qu’apporte donc de plus une barrière physique ? Il est sûr qu’elle empêche absolument la circulation de transit, mais elle fait obstacle en même temps au libre accès des riverains à la voie publique. Or la circulation de transit est déjà interdite et la municipalité est parfaitement au courant du droit des riverains puisque qu'elle indique sur son site que "les rues St Merri, Poulletier et du Fauconnier ont fait l'objet d'une implantation de barrière mi-décembre pour limiter la circulation à la seule desserte locale".

     Elle reconnaît donc que la desserte locale est autorisée et doit se faire librement. De même, la Direction de la voirie a répondu à un riverain qu’au cas où « un système de fermeture serait mis en place (…), les riverains connaîtront et posséderont les modalités d’accès. »

     

    école st merri 08 02 21L'école primaire/maternelle "avant-gardiste" et la piscine de la rue St Merri, carrefour St Merri/Renard (IVe) (Photo VlM)

     

    Cependant, la réalité des faits et des décisions est tout autre. S’agissant de la rue Saint-Merri, où les riverains n’étaient pas opposés à des fermetures courtes de la barrière aux heures d’entrée et de sortie des classes sous réserve qu’ils continuent à avoir un libre accès à leurs domiciles, « aucune remise de clefs ne sera à priori effectuée. » Tout au plus, la Directrice de cabinet adjointe propose-telle que des membres de la communauté éducative assurent une présence à la barrière lorsque celle-ci est fermée pour laisser passer les riverains. Quelle garantie a-t-on du respect d’un tel engagement sur la durée ? On croit rêver… Dans les “rues aux écoles”, il n’y a pas que des écoliers !

    Le libre droit d’accès des riverains à leurs domiciles doit être respecté. Il faut également que ces barrières, si elles doivent être maintenues pour la sécurisation des abords des écoles, soient impérativement ouvertes hors des heures de classe : le soir, les week-end, pendant les vacances scolaires. Car l’apaisement de l’espace public ne passe pas seulement par des mesures de diminution drastique de la circulation automobile. Il passe aussi par une politique ferme de limitation des nuisances sonores liées à l’envahissement de la chaussée par toutes sortes d’activités bruyantes et à l’installation sauvage de terrasses et étals sur l’espace public, auxquels la fermeture de ces barrières le soir et les week-ends constituerait malheureusement une invite involontaire.

    Car voyez-vous, dans les “rues aux écoles”, il n’y a pas que des écoliers, il y a aussi des habitants !

    Le collectif St Merri/Pierre au Lard