Vivre le Marais, Vivre Paris Centre !

Chronique de la vie au cœur et autour du centre historique de Paris

Auteur/autrice : Vivre le Marais

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    La première mairie du IIIe arrondissement était installée au 11, rue Béranger. Il a été décidé d’en construire une nouvelle en 1862. Elle ne fut terminée qu’en 1867 après presque 4 années de travaux. Les travaux ont été dirigés par les architectes Victor Calliat (à qui l’on doit les locaux de la préfecture de Police) puis par Eugène Alexandre Chat qui a pris le relai (à qui a été confiée l’édification du lycée Turgot). Néo renaissance, comme la plupart des mairies bâties à cette époque sur un modèle inspiré par la mairie du 4° imaginée par l’architecte Antoine Nicolas Bailly à la demande du Préfet Haussmann, le bâtiment face au square du Temple, rue Eugène Spüller (du nom d’un proche de Gambetta plusieurs fois ministres) est en forme de H. Les ordres dorique, corinthien et ionique sont abondamment utilisés. On remarquera sur la façade principale un portique qui permettait le passage des voitures à chevaux et donnait un accès direct au vestibule.

    1mair6                                              La lucarne centrale 

    La lucarne ou est installée l’horloge est surmontée de deux figures allégoriques intéressantes qui représentent l’industrie et le commerce. L’escalier d’honneur à l’intérieur du bâtiment est imposant, il se divise en deux volées qui lui donnent son caractère magistral. Les salons du 1er étage sont dans la même veine. Le salon d’accueil dit « Le Péristyle » dispose d’un plafond à caissons avec des bas- reliefs peints en 1860 par Jean Lagrange (1831-1908) illustrant notamment les arts, les métiers le mariage et le vote. Un vitrail occupe le centre du plafond.

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     La salle des mariages 

    Les fresques du salon « d’Attente » ont été exécutées en 1882 par Diogène Maillart (1840-1926), élève de Delacroix et Grand Prix de Rome. Plusieurs musées dont le Petit Palais exposent certaines de ses toiles. Dans la salle « des mariages », le plafond est décoré de motifs floraux et de réhauts à la feuille d’or. Une cheminée en pierre de grande taille est agrémentée d’une horloge et du buste de Marianne.

    Document                                     Détail d'une peinture des plafonds

    Lorsque Napoléon III fut déchu, son portrait peint fut enlevé et remplacé ensuite par une figure antique «l’allégorie du mariage» tenant le code civil dans une main et la justice dans l’autre réalisée par Achille Sirouy (1834-1904) qui a réalisé les fameux décors de l’Hôtel de Salm. La salle des fêtes décorée de peintures représentant la peinture et la danse qui se trouve dans l’autre aile tient lieu de pendant à la salle « des mariages ». Elle est de taille plus modeste et présente moins d’intérêt. Elle est appelée Odette Pilpoul, en hommage à une grande résistante qui fut secrétaire générale adjointe de la mairie. Une mairie classique, bien représentative du style qui fleurissait à la fin du Second Empire et au début de la Troisième république et qui mérite d’être admirée tant au plan architectural que pour ses décors et la qualité des matériaux qui ont alors été utilisés pour son édification.

    Dominique Feutry

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    Camera
    Plus des trois quarts des 1000 caméras de vidéoprotection sont déjà installées dans les rues de Paris, le solde devrait l’être d’ici la fin de l’année. Des rencontres que nous avons eues avec les représentants de la Police lors des conseils de quartier, ou avec les Commissaires et leurs équipes…), il ressort que la mise en œuvre de cette couverture par vidéo surveillance dans Paris est un dispositif jugé efficace. Des voleurs et agresseurs sont souvent identifiés grâce à ces matériels. Les 3e et 4e arrondissements compteront bientôt respectivement 24 et 44 caméras. Comparé aux autres arrondissements le 3e fait malheureusement figure de parent pauvre! Si l’on ajoute les caméras des transports en commun (RATP, SNCF), la Police aura ainsi accès à près de 16 000 caméras. Depuis le lancement du plan « vidéo protection »(PVPP), 100 délinquants responsables de cambriolages, vols à la tire et agressions ont été arrêtés, évitant aux enquêteurs de longues recherches.

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                                           Salle de videosurveillance

    Comment sont choisis les emplacements destinés à recevoir une caméra ? Discrètement installées le plus souvent sur les poteaux d’éclairage, les caméras sont concentrées sur les voies les plus fréquentées, sur les zones où la délinquance est connue, les lieux très touristiques et ceux dits « sensibles ». La surveillance a lieu en continu dans des salles équipées de la Police. Les bandes vidéo sont conservées 30 jours, celles jugées les plus intéressantes sont gravées sur disque dur. Indéniablement le maillage de Paris par des caméras de vidéo protection est une avancée en matière de sécurité des personnes et des biens. Elles ne résolvent pas toutes les affaires mais elles jouent aussi un rôle de prévention et rassurent les habitants. Le commissaire principal du 4e arrondissement recommandait récemment aux parisiens de lever la tête lorsqu’ils se déplaçaient à pied afin de relever les équipements déjà en place et de privilégier alors pour leurs déplacements, notamment de nuit, les itinéraires parsemés de caméras. Nous encourageons les pouvoirs publics à continuer d’équiper Paris de caméras à l’instar d’autres grandes villes. Face à la délinquance ces équipements constituent une réponse adaptée et performante comme le montrent les premières statistiques publiées.

    Dominique Feutry

     

  •  arbres

    Nous avons rappelé dans un article en date du 26 juillet dernier que notre quartier méritait davantage de verdure qu'il n'en disposait actuellement. Madame Monique Saliou, Adjointe au Maire du 3e en charge de l’Espace public, a souhaité apporter la réponse ci-dessous que nous publions dans son intégralité.

    "J’ai souhaité réagir à l’article intitulé « La verdure dans le Marais » dans lequel se trouve l’idée que nous (le 3e arrondissement) serions les enfants pauvres de Paris en matière de verdure. Je me réjouis que la préoccupation de son auteur rejoigne la mienne : nous avons besoin, à Paris, de ces lieux de calme et de sérénité que sont les espaces verts. Sommes-nous si mal lotis dans le Marais ? Je rappelle que la Ville, dans son ensemble, a fait de gros efforts pour améliorer le cadre de vie de tous. Les Parisiens disposent de 480 parcs et jardins, et depuis 2001, 32 hectares d’espaces verts nouveaux ont été livrés. Le 3e comptabilise, quant à lui, 5 jardins (Hôtel Donon, Archives Nationales, Musée Carnavalet, Anne Frank, Madeleine de Scudéry) et 6 squares (du Temple, Emile Chautemps, Georges Cain, Léopold Achille, Léonor Fini, Pauline Roland). Parmi ceux- ci, trois au moins ont été ouverts récemment : le jardin Anne Frank qui offre aux enfants du quartier un lieu de jeu particulièrement bienvenu dans une partie très minérale de l’arrondissement ; le jardin Madeleine de Scudéry ouvert en 2009 ; le jardin des Archives Nationales réouvert en 2012. Enfin les amateurs de jardin peuvent exercer leur passion dans deux jardins partagés, le Potager des Oiseaux et le jardin partagé Anne Frank. J’ajoute que dans ce quartier chargé d’histoire et où les contraintes architecturales sont fortes, ma préoccupation constante est de protéger le passé tout en répondant aux exigences du présent. Les aménagements réalisés visent l’adaptation de nos espaces verts aux besoins des familles et aux aspirations diverses de la population, de tous âges, qui fréquentent, nombreuse, nos jardins toute l’année et toute la journée. Je rappelle, à cet égard, que les horaires de fermeture du jardin Anne Frank ont été étendus l’hiver pour répondre aux besoins exprimés par les associations et les conseils de quartier. Ultime cause dé fierté, le square du Temple, vient de remporter le prix de la décoration durable, lors du dernier concours parisien des espaces fleuris.

    Monique SALIOU, Adjointe au Maire du 3e en charge de l’Espace public

     

    Arbres à fleurs dans Paris au printemps

                                             Paulownias en pleine floraison

    Nous remercions Madame Saliou, lectrice de notre blog, pour sa réponse qui rappelle effectivement toute l'importance des espaces verts. Certaines imprécisions ont pu ainsi être corrigées notamment quant au nombre d'espaces verts situés dans le 3e arrondissement. Nous pensons que Paris comme beaucoup de villes ont fait des efforts sur ce plan mais que la tâche n'est pas terminée pour autant. Nous estimons en particulier que nos rues, placettes et certains espaces adaptés devraient être davantage plantés d'arbres. Quoi de plus harmonieux que des rangées d'arbres qui embellissent l'espace urbain ? Agréables à l'oeil, ces plantations participent à l'amélioration de l'hygrométrie et de la qualité de l'air en absorbant le CO2. Elles agrémentent nos quartiers et sont aussi le signe d'une réelle prise en compte des enjeux écologiques. Des actions ont été menées en 2002 dans la rue Beaubourg par exemple qui a reçu des chênes verts, mais ils ne sont plantés que de façon parcellaire et pas sur toute la longueur de la rue. Signalons que ce type d'arbre ne perd pas ses feuilles en hiver. Alléchés par ces initiatives d'alors, les parisiens auraient aimé qu'il y en ait beaucoup plus.

      Arbres rue Beaubourg

    Malheureusement cette première action n'a pas été suivie de suffisamment d'autres aussi visibles, tout le moins dans notre secteur. Or les statistiques de la Mairie de Paris qui possède cinq Divisions des Plantations indiquent qu'au-delà des remplacements, 9000 arbres supplémentaires sont plantés chaque année dans la Ville. Bien sûr, nous connaissons et imaginons assez bien les contraintes techniques qui peuvent exister. Un arbre ne peut pas être planté n'importe où ! Entre les câblages et tuyaux souterrains, les lignes de métro, le mobilier urbain, la largeur insuffisante des trottoirs ou des rues, les risques liés à la croissance des arbres et de leurs racines, les contraintes sont nombreuses.

                              La rue de Turenne entre la place des Vosges et la

     rue de Bretagne serait transformée avec de arbres

    Nous savons aussi que le si bel exemple de plantations réussies rue du Trésor ne peut pas être dupliqué partout. Toutefois, sans vouloir transformer toutes les rues du Marais en espaces forestiers, nos élus doivent être particulièrement vigilants dans ce domaine. L'attente des parisiens de notre quartier de pouvoir disposer de davantage de verdure, en complément de celle déjà offerte par les parcs et jardins et les fleurissements installés ici ou là, est réelle. Alors plantez-nous encore des arbres !

    Dominique Feutry

     

     

  • Cox attroupement 06 04 12 a 20h45 recad
    Soirée ordinaire au COX, vers 21h00, avril 2012. Au centre, la rue des Archives, et son affluent en haut à gauche : le "square" Ste Croix de la Bretonnerie, une rue qui fait le tour par derrière du pâté de maisons pour finir rue Ste Croix (IVe). En haut à gauche, un "Starbucks" et plus au fond un restaurant américain style années 50, "HD Dinners", invisible et inaccessible du fait de la foule

     

    Le phénomène d'attroupement le soir devant cet établissement de la rue des Archives (IVe) ne date pas d'hier. Dans le passé, jusqu'en 1995, c'était un bar de quartier comme il y en avait tant. Les nouveaux exploitants en ont fait un concept fondé sur un "business model" original : accueillir les clients sur l'espace public, debout leur verre à la main, sur le trottoir ou sur la chaussée.

    En 2009 les riverains ont réalisé que la situation n'était plus tenable. Tant pour les habitants du square Ste Croix très gênés pour rentrer chez eux, que pour les passants de la rue des Archives, obligés de se dévier de leur route en empruntant la chaussée, comme on le voit très bien sur la photo. Et bien sûr pour les riverains habitant l'immeuble concerné ou les immeubles de l'autre côté de la rue. Subir tous les soirs un attroupement aussi dense, la musique et le bruit des voix qui vont avec, n'est évidemment pas un sort enviable.

    La Maire du IVe, Dominique Bertinotti, s'était efforcée en réponse à la contestation, de trouver une solution d'aménagement de la rue capable de satisfaire l'exploitant et les riverains. C'est peu de dire que la tentative s'est soldée par un échec. La signature par les parties concernées d'une "charte des bons usages de la rue des Archives" en 2010 a porté un apaisement momentané mais rien n'a changé aux positions des uns et au comportement des autres. Les réunions du "conseil de la charte", censées en assurer le suivi, se sont espacées au point de sombrer dans l'oubli.

    Plusieurs plaintes ont été déposées au commissariat de police et instruites par ses fonctionnaires. A ce jour, la Préfecture de Police n'a pas donné suite à leurs conclusions. Poursuivre dans une attitude qui attesterait de la faiblesse de l'Etat, ferait de ce bar le bénéficiaire d'un privilège indû que les citoyens ne peuvent accepter. Que dire aussi des conclusions que ne manqueraient pas de tirer les autres établissements ?

    Le nouveau Maire du IVe, Christophe Girard, a reçu les représentants de "Vivre le Marais !" et de "MARAIS-QUATRE". Il les a assurés de sa volonté de faire en sorte que la Loi soit respectée dans son arrondissement. On apprend aujourd'hui qu'il pourrait décider de créer un "vase d'expansion" légitimé, aux consommateurs du bar en leur offrant de l'espace public sur le square Ste Croix. A charge pour les exploitants de faire respecter les nouvelles limites.

    Les riverains s'interrogent sur les raisons qui feraient que la municipalité (aux frais du contribuable ?) cède ainsi devant un "fait accompli". Va-t-on ensuite, sur ce précédent, accorder les mêmes faveurs à tous les établissements qui reproduisent le modèle du COX ?

    Enfin, empêchera-t-on le COX de repartir du territoire concédé pour élargir à nouveau son domaine sur ce qu'il reste d'espace public, sachant que cette politique a été au bout du compte payante ?

    Yvon Le Gall, vice-président chargé du IVe

     

  • Blog-BHV-12-10-2012.jpg

     Le bazar de l'Hôtel de Ville – le BHV – une institution dans le Marais

     

    Comme tous les ans à la rentrée d’automne, de nouveaux commerces s’installent ou sont aménagés dans notre quartier qui en compte beaucoup. Sans vouloir reprendre de façon exhaustive toutes ces transformations, nous évoquerons quelques cas représentatifs qui expliquent les récentes évolutions.
    D’une manière générale, les magasins de mode et les galeries d’art continuent à fleurir au détriment des magasins traditionnels et de bouche. Ces derniers restent concentrés dans des secteurs bien déterminés tels que le rue de Bretagne, la rue Rambuteau et la rue Saint Antoine.

    Excepté quelques cas, les bars et les restaurants se maintiennent en nombre et font plutôt l’objet de rénovation, le plus souvent lors du changement de propriétaire. Par contre la vague porteuse des opticiens et de petites surfaces alimentaires de proximité semble avoir atteint le maillage souhaité.

                                                                                                                                                                    
    UGG Australia, première boutique en France
                                      
    UGG Australia rue Vieille du Temple

    Quelques changements symboliques sont à signaler. A la Bonne Renommée, l’atelier de couture réputé pour ses pièces uniques, installé depuis 1977 dans le Marais et depuis 1983 au 29 rue Vieille du Temple  fait place à la marque de chaussures UGG Australia qui ouvre ainsi son premier magasin en France. Gageons que cette adresse conservera le prestige de son aînée.   
                                                                                                                                                       
                                               
      La librairie Charlemagne

    Au 100, rue Saint Antoine, la Librairie Charlemagne, une véritable institution qu’ont fréquentée des générations d’élèves et d’habitués, est devenue un nouveau point de vente de vêtements de le marque MAJE.
    Situé au n° 36, l’Hôtel Georgette qui remplace l’hôtel du Séjour, donne à la rue du Grenier Saint- Lazare un coup de jeune avec cet établissement ultra moderne.
                
    Signalons aussi des rumeurs concernant le BHV. Il semblerait que ses sous-sols perdent leurs rayons bricolage au profit de la mode au grand dam des affidés de ce lieu qui a plus de 150 ans. Le nom même de l’enseigne serait changé afin de coller davantage à la montée en gamme que souhaiteraient les dirigeants. Certains parlent déjà d’un petit cataclysme aussi important qu’une " journée sans pain " ou que " Paris sans la Tour Eiffel "
    Une affaire à suivre…mais qui démontre que les commerces doivent évoluer avec notre société, les nouvelles habitudes des clients, le lieu où ils se trouvent et la situation économique.
                                                  
    Dominique Feutry
                   
    Post Scriptum du 27 octobre 2012 :
                     
    la Directon du BHV vient de nous faire savoir que le rayon bricolage serait finalement maintenu et que la BHV serait rebaptisé "BHV Marais" à partir de septembre 2013.             
                                                                                                         
                                                                                          
  • Pastourelle 17 entrée ruelle sourdis

    La ruelle Sourdis, qui prend sa source rue Pastourelle (IIIe) entre les n° 15 et 17, dans le prolongement de la très discrète rue de Beauce, et débouche après un coude à gauche sur la rue Charlot, le long du n° 7

              

    La restauration de l'hôtel de Sabran aura donné du fil à retordre aux Bâtiments de France. Ce n'était pas chose aisée de sauvegarder un immeuble du XVIIème siècle qui, au milieu du XIXème a été dévolu au commerce, a subi des destructions, surélévations et amputations diverses pour finir dans les mains des établissements Janvier-Gruson, graveurs-estampeurs, autour de 1920. Un projet de réhabilitation a pourtant été approuvé il y douze ans environ. Il ne s'agissait pas d'une restauration fidèle des bâtiments d'origine mais d'un compromis qui sans être parfait respectait de notre point de vue le caractère et le style du Marais.

     

    Pastourelle 17 cour intérieure 15 10 12 Cour pavée et corps de logis principal. Fenêtres à crossettes XVIIème

                                

    Un étage surélevé au XIXème à été supprimé. Le style des fenêtres est conservé, l'escalier intérieur, l'un des plus anciens du Marais, et sa rampe en fer forgé ont été mis en valeur avec goût.

     

    Pastourelle 17 escalier 15 10 12

     

    Les tourelles et la structure en encorbellement sur la ruelle Sourdis nous ont longtemps interpellés. Depuis l'année 2000, on observait, au-delà d'un portail métallique souvent fermé, qu'elles étaient inachevées. Il en était de même du mur sur rue et du portail en bois. Conséquence d'un litige entre le promoteur de la rénovation et un groupe de propriétaires minoritaires, convaincus d'avoir été lésés. Les choses sont restées en l'état pendant dix ans et plus.

     

    Pastourelle 17 façade 15 10 12

     

    Le Maire du IIIe lui-même s'est efforcé de jouer les conciliateurs. Nous nous souvenons d'une réunion en mairie présidée par son jeune Adjoint à l'urbanisme de l'époque, Oliver Ferrand, à qui nous rendons hommage, devenu par la suite président de "Terra Nova", puis député d'une circonscription des Bouches-du-Rhone en 2012, avant de disparaitre brutalement d'une crise cardiaque dans ses quarante ans en faisant son jogging. Il avait essayé sans succès d'accorder les parties en présence pour que soit enfin terminé un chantier dont l'état faisait injure au quartier.

    L'accord a fini par se faire en 2011/2012. Il faut s'en réjouir car le paysage de la rue, qui a beaucoup bénéficié des rénovations de tous les immeubles qui la bordent, de la poste et des bâtiments de France Telecom de la rue des Archives toute proche jusqu'au carrefour de la rue du Temple, se révèle miraculeusement accueillant. La propreté retrouvée des murs de la poste, envahis il n'y pas si longtemps par des tags ignobles, n'y est pas étrangère.

    Il reste une curiosité : le portail du 17. Tel qu'il est, il semble être encore à l'état brut, en attente de traitemement ou de peinture.

     

    Pastourelle 17 portail 15 10 12

    Questionnée sur le sujet, Sophie Hyafil, Architecte des Bâtiments de France, aurait décrété : "n'y touchez pas, il doit rester dans son jus", pour signifier qu'il avait toujours été dans cet état. Connaissant ses exigences, qui généralement nous protègent des facéties de ceux qui n'en veulent faire qu'à leur tête, nous acquiesçons, tout en doutant, la connaissant, qu'elle ait pu faire usage de cette expression quelque peu triviale.

    Gérard Simonet

     

    Pour tout savoir sur l'histoire de l'hôtel de Sabran :

    – Jacques Hillairet, Evocation du Vieux Paris  – Minuit

    – Alexandre Gady, Le Marais, Le Passage

    – Danielle Chadych, Le Marais, Parigramme

     

     

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                             Vue du marché et de l'Estaminet ds Enfants Rrouges (IIIe)

     

    Situé au 39 rue Bretagne (IIIe) et bénéficiant de deux autres entrées, rue de Beauce et rue Charlot en plein quartier du Marais dit "Bobo", le Marché des Enfants Rouges, enchâssé, voire presque caché, entre des immeubles, est une véritable institution. Près de son emplacement actuel existait depuis 1536 et jusqu'en 1772, l'Hôpital-Orphelinat des Enfants Rouges créé par la soeur de François Ier. Cet établissement recueillait des orphelins de l'Hôtel Dieu. Ces derniers, vêtus de Rouge en signe de charité chrétienne, ont finalement donné leur nom au marché.

    Le Marché des Enfants Rouges est né en 1615 par lettres patentes de Louis XIII. En effet, le quartier prend alors de l'importance et il est nécessaire d'installer un marché. Le Petit marché du Marais était au départ une halle en bois reposant sur 16 piliers de chêne. Il est équipé d'un puits,  puis d'une étable dite "vacherie" comprenant 12 vaches qui donneront leur lait au quartier jusqu'en 1914. Devenu Marché du Marais du Temple. Passant entre les mains de différents propriétaires dont l'astronome de Louis XIV  Jean-Dominique Cassini, objet de spéculations qui n'ont jamais pu se réaliser, le marché qui entre temps a pris le nom de Marché de Beauce puis de Marché des Enfants Rouges, sera cédé à la Ville de Paris en 1912. Son classement à l'ISMH (inventaire supplémentaire des monuments historiques) est intervenu en 1982.

     

                     

                        (Vers 1900)     Entrée rue de Bretagne     (Actuellement)

     

    Aujourd'hui la polémique des années 90 née de la fermeture du marché pour le transformer en parking, crèche et biblothèque est oubliée. Sans la volonté des habitants du quartier et du maire actuel du IIIe arrondissement, ce lieu aurait disparu. Le plus ancien marché de Paris entièrement rénové par l'architecte Florence Bougnoux a rouvert ses portes en 2000, il était fermé depuis 6 ans. Quelques camelots s'étaient installés en attendant, rue de Bretagne, le long du square du Temple.

    Après un début difficile le marché est aujourd'hui extrêment dynamique et un lieu de rassemblement prisé, notamment le dimanche à l'heure du déjeuner où les allées bordant la vingtaine de stands sont souvent bondées. Chacun a le choix entre les plats exotiques (japonais, marocains, libanais, italiens, grecs, antillais), les produits bio et provençaux, le fromager, les fleuristes, les maraîchers, le poissonnier, le charcutier du terroir, les pâtisseries artisanales, la vente de vins, le boulanger et même un commerce de vieilles photographies qui a remplacé un torréfacteur.  

     

    Le potager des oiseaux

     

    Bien entendu le marché compte aussi un restaurant bien connu des habitants du quartier, l' Estaminet des Enfants Rouges où il est possible de se restaurer, comme le propose aussi un certain nombre de stands où sont installés des tables, des chaises et des bancs. Enfin, il ne faut pas oublier de jeter un oeil du côté de la sortie rue de Beauce. Le passage qui relie le marché à cette rue est agrémenté d'un petit square et du Potager des oiseaux, un jardin de 120 m2 de parcelles gérées collectivement par l'Association des Jardiniers du IIIe, chacun des adhérents (environ une soixantaine) pouvant s'exercer ainsi au difficile métier ou passe- temps de jardinier.

    Sans cet ensemble, le quartier des Enfants Rouges ne serait pas tout à fait ce qu'il est aujourd'hui.

    Dominique Feutry

     

  • L'église de Saint Nicolas des Champs

     

    Située dans le IIIe arrondissement, dans un quadrilatère délimité par les rues Saint Martin, Cunin-Gridaine, Turbigo et Réaumur, l’église Saint Nicolas des Champs est toute proche dd la chapelle du Prieuré Saint Martin avec laquelle elle est souvent confondue. Ce dernier faisait partie du Prieuré Saint-Martin devenu aujourd’hui le Musée des Arts et Métiers.

    Bâtie au VIIIe siècle, la chapelle Saint Nicolas des Champs était destinée aux domestiques de l’abbaye.
    Reconstruite au XIe siècle, elle fut érigée en église paroissiale en 1184. Devenue trop petite, elle est reconstruite entre 1420 et 1480 dans le style gothique flamboyant que nous lui connaissons aujourd’hui.

    Agrandie au XVIe siècle, c’est de cette époque que date le splendide et rare portail qui se trouve rue Cunin-Gridaine. Il a été achevé en 1587 à partir de dessins de Philibert Delorme à qui l’on doit notamment la réalisation d’une partie du Louvre et du château d’Anet.
    L’édifice n’attire pas l’œil du fait de sa situation, il est malheureusement enchâssé derrière des immeubles Haussmanniens et très peu visible de la rue Réaumur de même que de la rue Turbigo les plus passantes. Pourtant sa taille est imposante, 90 m de long et 36 m de large contre 128 m et 40 m respectivement pour Notre Dame.

    Détail d'une peinture murale, Georges Lallemant (XVIIe siècle)

    Le clocher culmine à 32 m et l’église comporte un double déambulatoire intérieur bordé de 12 chapelles et hérissé de 100 colonnes ! Bien qu’exécutées à des périodes différentes, elles ont d’ailleurs toutes été cannelées afin de donner une unité à l’ensemble.
    Les marguilliers de l’époque entreprenaient des travaux au gré des finances plus ou moins florissantes dont disposait la Fabrique.
    Une importante restauration a eu lieu de 1823 à 1829. La maison qui lui est attenante du côté sud, datant de 1541, a été préservée.
    Fermée à la Révolution (1791), l’église est transformée en temple de l’hymen et de la fidélité dès 1793.

    Si beaucoup d’objets d’art qu’elle contenait ont alors été dispersés, l’œuvre majeure qui s’y trouve, le retable de l’Assomption de la Vierge peint par Simon Vouet en 1629, haut de 12 mètres, et orné de sculptures dues au célèbre Jacques Sarazin (qui a travaillé en autres pour Le Louvre et les châteaux de Versailles et de Chantilly) est restée en place. Il est un des rares vestiges de ce type à Paris toujours à son emplacement d’origine. Certains témoins de l‘époque ont affirmé que lors de la venue du Commissaire de la République chargé de faire saisir les biens de l'église, l’organiste Antoine Desprez qui veillait sur son instrument a eu l’idée de jouer la Marseillaise, ce qui a eu pour effet d’annihiler toute velléité de destruction.

         Le retable de l'Assomption de la Vierge de Simon Vouet et Jacques Sarazin          

    Lorsque le visiteur pénètre dans l’église, il comprend, face à la richesse exceptionnelle du patrimoine qui s’y trouve, certains n'hésitent pas à dire qu'elle regorge d'oeuvres d'art, que ce lieu a pleinement bénéficié du renouveau spirituel du XVIIe siècle. D'importantes et très rares fresques datant de cette époque ornent des chapelles, certaines ont été restaurées récemment. Les peintures sur toile ou panneaux très nombreux sont accrochés dans les chapelles et sont dues aux peintres célèbres d’alors comme Jacques Stella, Claude Vignon, Georges Lallement ou Nicolas Coypel auteur d’une magnifique Adoration des Bergers. Mais les XV, XVI, XVIII et XIXèmes siècles sont eux aussi bien représentés. Citons deux oeuvres italiennes de premier ordre, le panneau peint de la Sainte Conversation réalisée en 1520 par Amico Aspertini ou la Circoncision de Batistta Trotti exécutée à la fin du XVIe siècle.

        Le baptême de Jésus de Gaudenzio Ferrari (XVIème siècle)

    La statuaire est aussi de grande qualité, la "Vierge présentant l'Enfant Jésus" en marbre de François Nicolas Delaistre fut commandée par Louis XVIII et exécutée en 1817. Elle fait partie des plus belles pièces exposées, de même que les atlantes en bois qui ornent le dessous de la tribune de l'orgue.
    Les orgues sont présentes à Saint Nicolas des Champs depuis 1418 et ont été plusieurs fois reconstruites. L'instrument actuel est dû au célèbre facteur Clicquot. Il comporte des parties des XVII, XVIII et du début du XXe siècles. Son buffet est un des plus beaux de Paris. Louis Braille fut un des titulaires.

    Les grandes orgues vues du choeur

     Parmi les personnages célèbres qui ont fréquenté l'église, citons Louise de Marillac qui a trouvé en ce lieu sa vocation (1623) et fonda la Congrégation des Filles de la Charité.
    Nombre de célébrités comme le mathématicien, philosophe et astronome Gassendi, Guillaume Budé à l'origne de la création du Collège de France, Mademoiselle de Scudéry et des représentants de familles connues comme les Ormesson, La Bruyère, Rochechouart sont inhumés dans l'édifice.

    Il existe tant d'oeuvres rares à admirer que nous ne pouvons pas toutes les citer. Nous vous annoncerons prochainement les dates de la visite guidée qui sera organisée à cet effet et vous permettra de découvrir ce lieu trop souvent oublié des touristes et de parisiens. Enfin, fait exceptionnel, Saint Nicolas des Champs est abondamment citée dans le cadre de l'exposition qui vient de débuter au Musée Carnavalet: "Les couleurs du ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle".
    Gageons aussi que des travaux significatifs pourront être entrepris afin de restaurer et mettre en valeur ce monument chargé d'histoire au patrimoine unique.

     Dominique Feutry

     Intéressé par l'association : Cliquer ICI

     

  • Propreté paris delanoë
    Dessin Olivier Ranson – Le Parisien –

     

    Bon an mal an, malgré les déclarations rassurantes de nos élus, force est de constater que Paris est sale. Nous dénonçons cette évolution insidieuse mais non inéluctable depuis longtemps (voir nos nombreux articles à ce sujet). Malgré quelques efforts louables (changement de sous-traitant pour l'enlèvement des tags, responsabilisation accrue des propriétaires de chiens qui a permis de réduire les salissures dues aux déjections, campagne rappelant les amendes dues lorsque l'on prend la rue pour une poubelle…), les moyens engagés ne sont pas à la hauteur de l'enjeu !

    Nos adhérents nous interrogent de plus en plus souvent et nous font part de leur consternation quant à l'état de nos trottoirs et de nos rues : l'urine, les flyers, les papiers, les canettes, les bouteilles cassées. Le phénomène est amplifié le week-end où le nettoyage est réduit voire absent. Les tags très nombreux, rarement de qualité, ainsi que l'affichage sauvage, exacerbent la problématique.

    Le quartier du Marais doit faire l'objet d'une attention toute particulière sur la question de la propreté. Entre les touristes très nombreux, les squats sauvages, les fêtards alcoolisés irresponsables et les habitants irrespectueux, le laxisme n'est plus de mise. Ce d'autant que certains arrondissements plus à l'ouest et au sud des nôtres sont à l'évidence mieux traités. Preuve que lorsque le sujet est pris en main, les résultats sont patents.

    Des métropoles autres que Paris ont, elles aussi, obtenu des évolutions positives. Nous demandons donc à nos élus de faire de la propreté une priorité et de lui donner une importance toute spéciale. Il est indispensable de tenir une liste des lieux les plus dégradés et de mettre en place un véritable plan de bataille avec les moyens adéquats afin d'endiguer cette dérive très négative sur la qualité de vie des habitants et sur l'image de Paris aux yeux des touristes. Nous proposons la mise en œuvre d’un travail collectif et collégial entre les élus et les habitants.

    A l’instar de ce qui est possible pour la Nuit, pourquoi ne pas lancer les "Etats Généraux de la Propreté". Ceux-ci pourraient servir de véritable épine dorsale d’un plan à moyen terme destiné à donner à Paris, voire à lui redonner, une meilleure place parmi les capitales qui ont fait de la propreté une véritable priorité.

    Les élections municipales approchent, il est grand temps que nos édiles montrent aux parisiens qu’ils sont au moins autant engagés dans la bataille de la propreté que dans la promotion de la nuit.

    Dominique Feutry

     


  • Bretagne devanture café ancien bis cadrée
    C'était il y a dix ans, rue de Bretagne, angle Debelleyme, un joli trompe-l'oeil en forme de café ancien …


            

    Nous avons suivi ses avatars successifs, depuis l'installation d'un "Subway" dont l'entrée et la devanture sont rue Debelleyme. Voilà où nous en sommes aujourd'hui :

    Bretagne devanture subway 07 10 12

    On a peine à croire qu'il s'agit du même endroit tellement il a été saccagé, au nom de "l'art de la rue". En matière d'art pariétal, les hommes de Cro-Magnon faisaient assurément mieux … il y a trente mille ans.

    Nous suggérons au Maire du IIIe, M. Aidenbaum, qui est l'inventeur de la rue de Bretagne d'aujourd'hui, revitalisée depuis dix ans par une politique de réaménagement réussi, de confier à un vrai artiste le soin de rétablir le trompe-l'oeil charmant que nous avons connu et aimé.

    Si de surcroît, au nom du respect du secteur sauvegardé du Marais, il faisait déposer l'immense panneau publicitaire qui trône au-dessus, le paysage de la rue, à ce carrefour, y gagnerait bougrement.

    Pierre Aidenbaum est un lecteur fidèle de notre blog. Qu'il médite sur ces deux décors. Comme on dit maintenant avec élégance : "ya pas photo", non ?

    Gérard Simonet